03/01/2014
Manifestation, le 3 janvier 2014 à Beni, contre l'assassinat du colonel Mamadou Ndala. © AFP
Plusieurs centaines de jeunes ont manifesté vendredi à Beni, dans l'est de la RDC, pour dénoncer l'assassinat la veille du populaire colonel Mamadou Ndala. Beaucoup demandent la vérité sur les circonstances de la mort de leur "héros".
À Beni, tandis que de nombreuses boutiques sont fermées, que la circulation est quasiment nulle, plusieurs centaines de jeunes ont défilé, le 3 janvier, avec à leur tête une vingtaine de femmes de militaires qui ont volontairement revêtu des habits noirs déchirés.
"On a tué Mamadou alors qu'il n'était même pas sur le champ de bataille. . . Nous avons déchiré nos vêtements pour dire qu'en fait la vie de nos maris n'a pas de sens et qu'on pourrait même marcher nues : ça ne dirait rien aux autorités !", commente l'une d'elles.
Jeudi matin, une roquette a ciblé la jeep du colonel Ndala à Matembo, une localité du territoire de Beni, situé dans le nord de la riche province du Nord-Kivu. Le colonel a été tué alors qu'il préparait le déploiement d'un bataillon chargé de combattre les groupes armés locaux et étrangers.
>> Lire aussi : Mamadou Ndala, héros de Goma.
Selon Kinshasa, l'embuscade avait été tendue par la rébellion ougandaise Alliance des forces démocratiques et de l'Armée nationale pour la libération de l'Ouganda (ADF-Nalu), qui pactise avec des milices locales. Dans un communiqué d'hommage, la Mission de l'ONU (Monusco) ne cite aucun auteur, même présumé.
À l'annonce de la mort du colonel, de nombreux habitants de la province ont été choqués : il était considéré comme l'un des principaux artisans de la défaite de la rébellion du Mouvement du 23-Mars (M23), le 5 novembre, après une offensive de l'armée et de la brigade d'intervention de l'ONU.
"Mamadou doit ressusciter"
À divers ronds-points de Beni, des jeunes alimentent des feux de pneus - dont la fumée noire assombrit le ciel de la ville. "Nous brûlons des pneus pour manifester notre indignation face à cet assassinat de notre vaillant combattant", lance Juvénal.
À un rond-point, une jeep de policiers arrive. Elle barre le chemin des manifestants, mais les marcheurs dépassent le véhicule sans encombre. "Allez-y, allez-y", encouragent en chuchotant des policiers au sol, alors que les jeunes et les femmes avancent vers la mairie.
En guise de pancarte, des jeunes portent des feuilles A4. "Où est Mamadou, nous voulons le voir !", "Mamadou doit ressusciter", "Qui l'a tué finalement ? Pourquoi cette trahison ?", "L'auteur de ce crime doit être connu", indiquaient certains messages.
Un garde du corps rescapé du colonel Ndala, le caporal Paul Safari, s'est dit sceptique sur la piste ADF-Nalu : "J'ai vu deux des assaillants, et ils portaient l'ancienne tenue verte des FARDC (forces armées de la RDC). Je ne crois pas que ce soit les ADF-Nalu".
Près d'un feu de pneus, un adjudant affirme que ce ne sont pas les ADF-Nalu qui ont tué le colonel, mais que "c'est la politique de nos officiers". Il n'en dira pas plus, mais des militaires ont laissé entendre que le colonel a peut-être payé de sa vie sa popularité.
Trois femmes assises devant une boutique fermée. Deux d'entre elles tiennent leur visage entre leurs mains, furieuses. La troisième desserre les lèvres : "Le Congo, non. . . Il faut le quitter et changer de nationalité ! Je ne comprends pas que ce commandant, notre libérateur, ait été lâchement tué comme ça !"
___________
Jeune Afrique
Manifestation, le 3 janvier 2014 à Beni, contre l'assassinat du colonel Mamadou Ndala. © AFP
Plusieurs centaines de jeunes ont manifesté vendredi à Beni, dans l'est de la RDC, pour dénoncer l'assassinat la veille du populaire colonel Mamadou Ndala. Beaucoup demandent la vérité sur les circonstances de la mort de leur "héros".
À Beni, tandis que de nombreuses boutiques sont fermées, que la circulation est quasiment nulle, plusieurs centaines de jeunes ont défilé, le 3 janvier, avec à leur tête une vingtaine de femmes de militaires qui ont volontairement revêtu des habits noirs déchirés.
"On a tué Mamadou alors qu'il n'était même pas sur le champ de bataille. . . Nous avons déchiré nos vêtements pour dire qu'en fait la vie de nos maris n'a pas de sens et qu'on pourrait même marcher nues : ça ne dirait rien aux autorités !", commente l'une d'elles.
Jeudi matin, une roquette a ciblé la jeep du colonel Ndala à Matembo, une localité du territoire de Beni, situé dans le nord de la riche province du Nord-Kivu. Le colonel a été tué alors qu'il préparait le déploiement d'un bataillon chargé de combattre les groupes armés locaux et étrangers.
>> Lire aussi : Mamadou Ndala, héros de Goma.
Selon Kinshasa, l'embuscade avait été tendue par la rébellion ougandaise Alliance des forces démocratiques et de l'Armée nationale pour la libération de l'Ouganda (ADF-Nalu), qui pactise avec des milices locales. Dans un communiqué d'hommage, la Mission de l'ONU (Monusco) ne cite aucun auteur, même présumé.
À l'annonce de la mort du colonel, de nombreux habitants de la province ont été choqués : il était considéré comme l'un des principaux artisans de la défaite de la rébellion du Mouvement du 23-Mars (M23), le 5 novembre, après une offensive de l'armée et de la brigade d'intervention de l'ONU.
"Mamadou doit ressusciter"
À divers ronds-points de Beni, des jeunes alimentent des feux de pneus - dont la fumée noire assombrit le ciel de la ville. "Nous brûlons des pneus pour manifester notre indignation face à cet assassinat de notre vaillant combattant", lance Juvénal.
À un rond-point, une jeep de policiers arrive. Elle barre le chemin des manifestants, mais les marcheurs dépassent le véhicule sans encombre. "Allez-y, allez-y", encouragent en chuchotant des policiers au sol, alors que les jeunes et les femmes avancent vers la mairie.
En guise de pancarte, des jeunes portent des feuilles A4. "Où est Mamadou, nous voulons le voir !", "Mamadou doit ressusciter", "Qui l'a tué finalement ? Pourquoi cette trahison ?", "L'auteur de ce crime doit être connu", indiquaient certains messages.
Un garde du corps rescapé du colonel Ndala, le caporal Paul Safari, s'est dit sceptique sur la piste ADF-Nalu : "J'ai vu deux des assaillants, et ils portaient l'ancienne tenue verte des FARDC (forces armées de la RDC). Je ne crois pas que ce soit les ADF-Nalu".
Près d'un feu de pneus, un adjudant affirme que ce ne sont pas les ADF-Nalu qui ont tué le colonel, mais que "c'est la politique de nos officiers". Il n'en dira pas plus, mais des militaires ont laissé entendre que le colonel a peut-être payé de sa vie sa popularité.
Trois femmes assises devant une boutique fermée. Deux d'entre elles tiennent leur visage entre leurs mains, furieuses. La troisième desserre les lèvres : "Le Congo, non. . . Il faut le quitter et changer de nationalité ! Je ne comprends pas que ce commandant, notre libérateur, ait été lâchement tué comme ça !"
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Jeune Afrique
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