12 juillet 2014
INTRODUCTION
Avant tout, il faut se poser cette question fondamentale de savoir qui parmi les Rwandais mérite ce titre de” héros national ” et la personne habilitée pour le donner. D’orès et déjà, peu de gens y ont pensé et rendu public les résultats de leur réflexion.
Par ailleurs, les différents gouvernements à la tête du Rwanda ont chacun essayé mais à tâtons de reconnaitre” leurs héros à eux et selon eux “et paradoxalement, pas forcément ceux de tout le pays, de tous les temps et toutes les générations.
Drapeau du Rwanda de 1962 à 2001.
Cependant, pour plus de clarté, il est recommandable que cette question soit abordée sur l’angle national en ce qui concerne les héros nationaux et communautaire quant aux héros de diverses communautés humaines comme les groupes éthniques, les équipes sportives, les églises, les écoles, etc…
Fondamentalement, si le but de déclarer quelqu’un héros est qu’il serve en premier lieu de modèle pour les autres de générations en générations hormis toute instrumentalisation politique ou triomphalisme, alors aucun sentimentalisme est à tolérer.
Le site Anglophone Dictionary.com < dictionary.reference.com/browse/hero > apporte plus d’intensité à la signification du héros que les dictionnaires Larousse et Oxford en le définissant comme ” a person who, in the opinion of others, has heroic qualities or has performed a heroic act and is regarded as a model or ideal ” ( un héros est une personne qui, à l’opinion des autres, a des qualités héroiques ou a réalisé un acte héroique et est vue comme exemplaire ou idéale)”.
Pour le Rwanda qui de longue date s’est embourbé dans la marrée noire, qui réellement doivent être ses héros de l’époque contemporaine? Nous laisserons notre lecteur répondre à cette question à partir d’une brève exploration historique dans notre article.
Dans le souci de nous faire comprendre, nous essayerons d’analyser chaque étape de l’histoire qui sans doute a eu des héros connus ou encore inconnus, honorés ou combattus selon les critères de différents gouvernants rwandais.
Enfin, nous concluerons avec une série de recommandations que nous considérons constructives pour des leaders rwandais et des volontaires qui voudront prendre la révolution des mentalités en main afin de relever la société rwandaise des bassesses qui l’ont rongée pendant des siècles entières.
LES PRELUDES DE LA REVOLUTION SOCIALE ET DE L’INDEPENDANCE NATIONALE:
A. LE REGNE DU ROI CHARLES -LEON-PIERRE MUTARA III RUDAHIGWA (1931-1959)
Comme d’autres règnes précédants ses débuts n’ont marqué aucune différence à la politique oligarchique et totalitaire tutsi mais vers la fin, il y eut des changements notoires sous la pression de l’intelligentsia hutu qui criait aux inégalités sociales démésurées et au monopole du pouvoir ainsi qu’au plan décennal de dévelloppement (1950-1960) mise en place par la Belgique sous les recommandations de la mission de l’ONU de 1949 lequel prévoyait la suppression de l’UBUHAKE et le partage des vaches entre seigneurs tutsi et leurs valets.
Kayibanda a fustigé le fait que le roi aurait fait ces réformes démocratiques de lui-même et c’est sur ce débat qu’il a commencé sa lutte politique comme rédacteur des revues comme AMI, Kurer’Imana et Kinyamateka jusqu’à devenir populaire et se reconnaitre lui-même pilier d’une nouvelle conscience du menu peuple rwandais majoritairement hutu: ”les petits m’aiment, m’estiment et m’écoutent “.
Cité par Baudouin Paternostre de la Mairieu, Toute ma vie pour vous mes frères! Vie de Grégoire Kayibanda, premier président élu du Rwanda, Ed. Tequi, Paris, 1994, p.84.
Kayibanda a joué un rôle prépondérant dans la conception et l’élaboration idéologique et la conduite de la première libération du peuple rwandais en 1959. Nous reviendrons à son rôle plus bàs. Au besoin lire Dominique Mbonyumutwa,“la Révolution sociale de 1959” dans < www.dominiquembonyumutwa.info/pages…>.
Le 01/04/1954, le roi Rudahigwa a donc accepté de signer le décret de partage obligatoire du cheptel bovin entre les serviteurs hutu et leurs seigneurs tutsi et de suppression du système de clientèlisme pastoral UBUHAKE.
Il aurait également aboli les travaux publics non rémunérés, et se serait opposé à la chicote ( punition infligée aux hommes adultes consistant à être battus en public, souvent devant leurs familles) à en croire le document ”Histoire-Ambassade du Rwanda à Bruxelles, Belgique” dans <www.ambarwanda.be/index.php%>
Il fut le seul roi tutsi à faire un pas vers la démocratie en acceptant la tenue des élections au niveau des instances dirigeantes S/chefferie, Chefferie et Conseil Supérieur du Pays (Parlement) pour ouvrir la chance aux hutus de s’y faire représenter.
Cependant les tutsi contredits et calculateurs devaient manipuler ces élections à suffrage indirect de façon qu’aucun hutu ne put réaliser le rêve de fouler le seuil du Conseil Supérieur du Pays.
Le roi Mutara Rudahigwa
Il fut premier roi rwandais à être converti au christianisme et baptisé (avec sa mère Radegonde Kankazi Nyiramavugo) en 1943 sous les prénoms de Charles -Léon-Pierre.
Il a été le premier Chef d’Etat en Afrique à dédier son pays à Dieu ( cette consécration au Christ-Roi eut lieu à Nyanza le 27/10/1946 à la mission (paroisse) du même nom bâtie dans une propriété qu’il avait donnée à l’ Eglise en 1935) et le 2 èmme au monde, après Louis XIII (consécration de la France à la Vierge Marie par Louis XIII le 10 /02/1638 renouvelée de celle au Coeur Immaculée de Marie par le Maréchard Pétain le 28/03/1943 ).
Le Saint-Siège prit acte de cette consécration et le 20/04/1947 le Pape Pie XII lui gratifia d’une médaille de Commandeur de l’Ordre de St Grégoire -le-Grand comme le souligne Musabyimana,”Mutara Charles Rudahigwa: un monarque controversé” dans <www.musabyimana.net/..index.html>.
Ainsi, le Rwanda devenait propriété divine à part entière et une promesse imprescriptible entre Jésus Christ, Roi et le peuple rwandais, ses sujets, était scellée. Cette promesse allait être matérialisée par le régne de paix à condition qu’un rôle de premier plan soit réellement accordée à Jésus -Christ.
Cet acte de consécration avait la puissance de lever ainsi toutes les malédictions jetées à tort ou à raison sur le peuple rwandais et présageait d’un bon avenir. Il est à déplorer, en apprenant l’objet des visites de la Vierge Marie à KIBEHO (NYINA WA JAMBO) et de Jésus Christ lui-même de 1981 à 1983 que, et le dédicateur et ses successeurs n’ont pas parvenu à mettre à profit cette consécration et la promessse divine connexe donnée au peuple rwandais. Lire ”l’acte de consécration au Christ-Roi par le roi Rudahigwa “ dans http://ubuntu.altervista.org/pastorale.php ou dans <diocesebyumba.jimdo.com/2011/11/28/…>
Bien que le roi Rudahigwa ait soutenu les extrémistes tutsi et le Conseil Supérieur du Pays dans leur obstination à partager le pouvoir avec les hutu et supprimer toutes les formes d’injustices politiques et socio-économiques imposées au peuple hutu, il aura largement contribué aux changements qui ont servi de prélude à la Révolution sociale de 1959 et à l’indépendence nationale en 1962.
Parmi ces changements, on peut citer les bonnes relations avec les missionnaires catholiques (du moins au début de son règne) qui ont facilité l’éveil des hutu et la prise de conscience de l’autorité tutéllaire, la suppression du système de servage pastoral- UBUHAKE, le partage du cheptel bovin entre serviteurs hutu et leurs seigneurs tutsi, la signature de l’ordonnance accordant des hutus d’être éligibles aux organes dirigeantes du pays, etc.
Bien que tous changements démocratiques s’inscrivaient dans le cadre d’un programme décennal belge sous la demande onusienne, le fait que Rudahigwa les ait pas opposé est en soi louable. Mais par la suite, sous peut-être les pressions des extrêmistes de son son propre camp tutsi, il a visiblement basculé.
G.Musabyimana, art.cit. , nous dit plus sur cet homme qui fut écartelé, surtout après sa déclaration de guerre en juillet 1959 aux hutu qui soulevaient le problème hutu-tutsi (fort de son parti UNAR). En effet, il s’était crée des ennemis dans son propre camp (dont le chef de file était Prosper Bwanakweli).
De même, ses relations avec les missionnaires n’étaient plus aux bons fixes à cause des divergences de vue. Quant aux Belges, il leur reprochait le fait de lui refuser l’indépendance nationale immédiate, ce qui aurait permis de faire taire les hutu, qui demandaient des changements politiques avant l’Indépendance.
C’est dans ce climat qu’il mourût subitement le 25 septembre 1959 à Bujumbura sans laisser d’hertier à cause de sa stérilité. Les causes de sa mort restent encore mystérieuses car aucune enquête officielle et indépendante n’a été diligentée.
Cependant, selon la même source, trois hypothèses ont été avancées:
Accident célébral dû à une incompatibilité des médicaments contre la stérilité et pour la déxintoxication à l’ alcool excessif qu’il prenait selon une thèse de ses médecins.
Poison administré par son médecin traitant, le Dr. Belge Julien Vyncke, selon une thèse des milieux de la cour.
Suicide rituel motivé par l’urgence à quitter le trône car ayant failli à maîtriser le royaume selon une thèse des connaisseurs du code ésotérique (UBWIRU). En tout état de cause, la 3e hypothèse semble remporter sur les deux autres, vu comment les unaristes se sont précipités (trois jours seulement après sa mort) à son enterrement et à la désignation de son demi- frère Jean Baptiste NDAHINDURWA sous le nom royal de guerrier ‘’KIGELI “ (umwami w’intambara), alors sous-chef à RUKONDO dans le territoire d’Astrida (BUTARE). Une source rapporte que Ndahindurwa n’a jamais été intronisé suite aux malentendus des abiru qui devaient conduire des cérémonies d’intronisation. Gaspard Musabyimana, Brève histoire de Kamarampaka (II) dans www.musabyimana.net/lire/br… dit: “A défaut d’être intronisé, le prince Ndahindurwa prêtera son serment d’investiture le 09 /10/1959 à Kigali, en présence du vice-gouverneur général, en qualité de monarque constitutionnel”. ”Une comédie” dira Alexis Kagame commenta ce titre de “monarque constutionnel”.
Pour un souverain du Rwanda de l’époque et même d’aujourd’hui, ” parler d’un monarque constitutionnel qui règne sans gouverner” était tout simplement une contradiction dans les termes. Pire encore, l’idée que le chef de l’exécutif pouvait provenir de l’éthnie majoritaire des Bahutu constituait une offense à la dynastie des Abanyiginya.
Il a tout de meme apposé sa signature au bas du serment, parce que en Munyarwanda traditionnel et précolonial qu’il était redevenu, il ne se sentait pas engagé par ce qu’il signait, mais plûtôt à ce qu’il pensait en son Coeur. ”Kami ka muntu ni umutima we”.
Ce proverbe rwandais dit que “ pour chaque personne, l’unique roi bien aimé à servir en premier lieu, toujours et partout, est son coeur (sa conscience)”.
Pour d’amples détails, lire Fortunatus Rudakemwa,”Le référendum qui le 25 septembre1961 abolit la monarchie et instaura la république au Rwanda” cité par Gaspard Musabyimana, Brève historique de Kamarampaka (I) dans www.musabyimana.net/lire/article/br…C’est vrai que l’histoire se répète comme cet écrivain a dit que la vie est une répétition qui se répète.
Depuis ce moment jusqu’aujourd’hui, trois Chefs d’Etat rwandais (Grégoire Kayibanda, Juvénal Habyalimana et Théodore Sindikubwabo) ont trouvé la mort dans des circonstances non éclaircies.
A présent aucune enquète n’a été initiée pour apporter la lumière mais au contraire, en ce qui le concerne, le FPR s’évertue à coller le sang des feux HABYALIMANA et SINDIKUBWABO sur leurs propres familles pour se couvrir et semer la confusion!
B. LE MANIFESTE DES BAHUTU DE 1957
Dans les anneés 1950 des hommes à majorité hutu ont commencé à hausser le ton pour dénoncer les méfaits du royaume tutsi en particulier les inégalités sociales. Ils ont présenté plusieurs écrits à l’autorité royale, tutéllaire et même à l’ONU, dans lesquels ils exposaient la nature du problème.
Le document le plus important est la note sur l’aspect social du problème racial indigène au Rwanda dit ” Manifeste des Bahutu” du 24 mars 1957 qui est en fait un véritable réquisitoire dans lequel ils faisaient valoir des revendications du peuple opprimé par une minorité au pouvoir et proposaient des solutions.
Les oeuvres de Fidèle NKUNDABAGENZI, Rwanda politique, CRISP., Bruxelles,1962 et de B.Paternostre de la Mairieu, Le Rwanda: Son effort de dévelloppement. Antécédents historiques et conquètes de la révolution rwandaise, Ed. De Boeck, Bruxelles, 1972, 412p., disponibles sur le site books.google.com/books/about/Le –Rwanda > nous font revivre cette histoire fatale de l’oppression hutu et la manière dont les révolutionnaires s’en sont libérée.
Dominiko Mbonyumutwa
Dominique Mbonyumutwa, art. cit., l’un de ces braves révolutionnaires, nous décrit la genèse du Manifeste des Bahutu. Dèjà au plus fort de sa lutte, Kayibanda se fait aussi admirer des tutsi qui voyaient en lui un homme ” plus progressiste que révolutionnaire et estimaient qu’il fallait discuter avec lui de ses idées dans la mesure où il récusait tout extrémisme dans un sens ou dans l’autre”.
Par contre, les traditionnalistes tutsi s’y opposent et présentent à la 2e mission de l’ONU de passage au Rwanda, un document intitulé ‘’Mise au point” qui ne défendait que les intérêts de l’aristocratie tutsi au détriment du peuple rwandais. Kayibanda et ses collègues réagissent par le document qui a été connu sous le nom de “Manifeste des Bahutu” publié en mars 1957. Le sort était ainsi jeté.
La révolution était lancée: ”le mouvement pour l’émancipation des peuples colonisés à la recherche de l’auto-détérmination, puis de l’indépendance” comme dans certains pays d’Afrique et même dans d’autres contrées du monde.
En effet le problème consistait au monopole à la fois politique, économique, social et culturel, source d’abus honteux qui constituaient le joug séculaire sous lequel la population hutu se courbait impitoyablement des fois sous la bastonnade (appellée chicote).
Le document “Succession des des différents régimes politiques au Rwanda et critiques des relations Hutu (Bahutu)-Tutsi (Batutsi) ” dans <http://www.mdrwi.org/livres/succession% 252> souligne ce déséquilibre socio-politico-écomique en défaveur du peuple majoritaire hutu et met en exergue deux instruments d’oppression lourdement pesants UBUHAKE et UBURETWA.
L’UBUHAKE, originairement des alliances avec des droits et devoirs entre familles de la noblesse tutsi pour protéger leurs intérêts, avait converti cette aristocratie militaire en aristocratie terrienne d’éleveurs.
En vertu de l’UBUHAKE les paysans hutu devaient payer la moitié de leur récolte à l’ umwami. Ceci contribua à l’appauvrissement de la population et accentua la scission entre le peuple hutu et la noblesse tutsi bénéficiaire de ce nouveau système économique.
Sur l’UBURETWA, C M Overdulve dit littérallement: ”L’immense majorité du peuple hutu était soumis à l’uburetwa, qui consistait en l’obligation de chaque homme de travailler deux jours par semaine (la semaine traditionnelle était seulement de 5 jours) au service tutsi et ceci sans être rémunéré.
C’est l’umwami tutsi Kigeri IV RWABUGIRI (I865-1895) qui l’aurait instauré et imposé aux cultivateurs hutu. En général les tutsi étaient exempts de l’uburetwa, même si ils n’appartenaient pas à la noblesse. Ainsi ils ont acquis un statut de privilégiés par rapport à la grande majorité hutu.
L’uburetwa était la manifestation la plus humiliante et la plus étendue de la soumission du peuple. Le poids de cette charge a été un obstacle énorme pour les hommes, interdits de travailler régulièrement et suffisament leurs propres champs.
Ce travail donc retombait en grande partie sur les femmes qui avaient déja la lourde charge de la maison et des enfants. En outre, elles pouvaient être appelleés pour certains travaux à la maison du chef tutsi.
Tout cela provoquait une situation de misère sans précédent; ils avaient beaucoup de difficultés pour nourrir la famille et ils vivaient sous la menace constante de la faim.
Mais dans les familles et les ménages hutu, le soir autour du feu de bois, pendant le repas de haricots, le grand-père ou le père racontait une autre histoire, la chronique familiale, qui remontait plusieurs, transmises de pères en fils.
C’est l’histoire qui dit comment, peu à peu, le lignage perdait son autonomie et sa dignité, une histoire d’humiliation et d’oppression croissants de la part des seigneurs et maîtres, les tutsi de toutes les couches, de haut en bas. Cette tradition orale explique les sentiments profondément enracinées de frustration et d’humiliation des Hutu envers les Tutsi.
Ces sentiments se sont accumulées au cours des siècles, bouillon de culture d’une haine inconsciente mais toujours en veilleuse, qui fait partie de l’inconscient collectif du Hutu, transmise, chaque fois renforcée, de génération en generation.
Les Tutsi, eux, ne reconnaissent bien sûr pas ces sentiments de frustration et d’humiliation.Ils ont un un incoscient collectif formé par des siècles de pouvoir et de supériorité.
Ils n’ont aucune idée de ce qui vit dans l’âme des Hutu.Source:Texte tiré de l’article sur internet ” L’Afrique des Grands-Lacs : Dix ans de souffrance,de destruction et de mort par Joan Casoliva, Joan Manresi, Majorque, Janvier 2000” .
Pour votre gouverne, lire aussi Higiro JMV, Distorsions et omissions dans l’ouvrage “Rwanda. Les médias du génocide “in Dialogue no 190, Avril-Mai, 1996. Voici en résumé certaines propositions de solutions du Manifeste des Bahutu:
1. Au point de vue psychologique:
– Couper cours au complexe de supériorité considérant que les élites ne se trouvaient que dans les rangs tutsi ce qui servait de prétexte à la ségrégation éthnique.
2. Dans le domaine socio-économique:
– La suppression des corvées et des ibikingi, la reconnaissance légale de de la propriété foncière individuelle, la création des fonds de crédit accessibles aussi au hutu,l’union économique de l’Afrique belge et de la monopole ,la garantie de la liberté d’expression , etc.
3. Dans le domaine politique:
– La codification des lois et coutumes raisonables, utiles, non imperméables à la démocratisation du pays pour plus de clarté, d’égalité devant la loi et moins de confusion et d’abus.
– La promotion des hutu aux fonctions publiques (Chefs de chefferies, Juges…)
– La détermination de la durée des mandats pour l’exercice des fonctions publiques.
– Le retrait des Chefs de Province des Conseils de Chefferie
– La composition du Conseil Supérieur du Pays par la députation de Chefferie sans exclusion d’européens y ayant élu domicile.
4. Dans le domaine de l’éducation:
– Abandonner la sélection de fait au niveau du secondaire et supérieur qui profite politiquement et économiquement aux seuls tutsi.
– Octroyer des bourses d’études de façon surveillée par le Gouvernement de tuteur belge.
– Augmenter le nombre d’admission aux institutions supérieures en Afriqu e belge pour les généralités, aux universités métropolitaines pour les spécialités et dans l’université du Rwanda pour l’enseignement technique et professionnel
– Faire de l’enseignement artisanal, professionnel et technique à peu de frais une priorié bugdétaire
– Instaurer et multiplier des foyers sociaux populaires à l’adresse des jeunes femmes et filles du milieu rural.
Les signataires de ce document sont 9 intellectuels hutu tous fervents catholiques: Maximilien NIYONZIMA, Grégoire KAYIBANDA, Claver NDAHAYO, Isidore NZEYIMANA, Calliope MULINDAHABI, Godéfroid SENTAMA, Sylivestre MUNYAMBONERA, Joseph SIBOMANA, Joseph HABYALIMANA.
La plupart sortent du Séminaire dont trois anciens grand séminaristes (Gitera, Kayibanda et Nzeyimana en même temps rédacteurs du journal Kinyamateka).
Mulindahabi est Secrétaire à l’Evéché et dirige avec Kayibanda l’Action Catholique. Voir le texte intégral chez Fidèle Nkundabagenzi, L e Rwanda politique (1950-1960), CRISP. , Bruxelles, 1962, pp.19-20 mais aussi chez MC Overdulve, Rwanda: un peuple avec une histoire, 1997.
Malgré l’opposition farouche du Conseil Supérieur du Pays soutenu par le roi, ces hommes déterminés plus que jamais au lieu de se décourager, ont lancé un véritable mouvement social depuis le 1er mai 1957 qu’ils transformeront en lutte politique ouverte (soutenue officiellement par les Belges depuis le 3/12/1958) avec la création (autorisée dès 1959) des parties politiques qui conduiront à la Révolution Sociale de novembre 1959.
Deux principaux partis politiques voire trois sont donc nés de cet éveil hutu dont les grands précurseurs sont Grégoire Kayibanda et Joseph Habyarimana Gitera.
Il s’agit de:
Mouvement Démocratique Républicain (MDR-PARMEHUTU) de Grégoire Kayibanda créé le 06/06/1960 mais qui avait évolué du Mouvement Social Hutu le 1er mai 1957 au Mouvement pour l’Emanipation Hutu le 26/09/1959.
Parti Social Hutu de Joseph Habyalimana Gitera qui est né le 15/02/1959 d’une transformation de l’Association pour la Promotion Sociale des Masses (APROSOMA) du 1er novembre 1957.
Rassemblement Démocratique Rwandais (RADER), composé de tutsi tendance plutôt progressiste. Il y avait aussi l’AREDETWA de Laurent MUNYANKUGE qui défendait les droits du peuple BATWA.
C. LE ROLE DE L’EGLISE: DE DEUX EVEQUES, DEUX MENTALITES, ENFIN UN ENSEIGNEMENT
Joseph Habyalimana Gitera
Comme on l’a déjà souligné l’élite hutu avait commencé un mouvement de protestation par des écrits dans différentes revues comme Kinyamateka, Temps nouveaux d’Afrique et La voix du menu peuple. Joseph Habyalimana Gitera en était le principal animateur.
Il s’est distingué par ses attaques virulentes. Quelques citations rapportées par l’Abbée Fortunatus Rudakemwa nous confirme l’intrépidité d’un homme engagé au « combat.’’
Mourir et être inhumé c’est habituel: mais être châtré et servir d’ornement au kalinga dépasse l’entendement…Ceux auxquels on a spolié les tambours n’ont plus part au pouvoir.Ils sont là les restes de leurs pères, ils ont séché, ils pendent sur le kalinga…
Et toi Gahutu, cela vous parait-il normal? Les dépouilles de vos pères pendent et vous, vous êtes agenouillés pour adorer. Source: ”Fortunatus Rudakemwa », L’évangilisation du Rwanda (1900-1959), Harmattan, P.2005, pp. 339-343.
Il gagna le terrain de l’Eglise en ajustant sa tactique sur la matière doctrinale.Ainsi,il écrivit une lettre datant du 27/10/1958 dénonçant l’idolâtrie de Kalinga qui fut adressée à l’Evêque du lieu de résidence de kalinga (NYANZA),
Mgr A Perraudin alors Vicaire apostolique de Kabgayi dont voici l’extrait : ”Je me permet la respectueuse liberté de m’adresser à mon Evêque, en sa qualité de Gardien et Défenseur de la doctrine du Christ, en ce Rwanda…Le kalinga hamito-rwandais, est centre d’un culte idolâtrique notoire ».
Il est “inganji”, le Kalinga…tambour qui a triomphé sur tous les autres…Triomphera -t-il également sur l’Eglise du Christ au Rwanda Jusqu’à présent, il semble que la conquête des batutsi est plus que ex aequo ils sont presque partout sur les premiers. Leur soupir est partout unanime à vivre l’indépendance, au civil, au religieux, dans les prêtres, les religieuses et les religieux.
Et lesquels sont à la tête? Ceux dont les pères ou les frères ou les cousins, ou les aïeux ou les grands pères, ou les oncles sont les adorateurs fervents de karinga.” (Source: Ibid.)
Grâce à la détermination de l’élite hutu et probablement de sa prière, l’Eglise a voulu rectifier la position erronée des premiers missionnaires catholiques mais aussi du clergé indigène comme Mgr A Bigirimwami qui avait fait éloge de Kalinga à l’occasion du Jubilé de 25 ans du règne de Mutara III Rudahigwa le 30/06/1957.
En effet, les missionnaires soutenaient presque aveuglement les tutsi à l’instar de Mgr Léon-Paul CLASSE dont la citation suivante tirée de sa lettre de 1930 à l’Administrateur belge Résidant Georges MORTEHAM collobore sa complicité dans l’oppression des hutu: “le plus grand tort que le Gouvernement belge pourrait se faire à lui-même et au Rwanda serait de supprimer la carte mututsi…et pour cause Chefs-nés, ceux-ci ont le sens du commandement”.
Evêque André Pérraudin
Au fur du temps, les responsables de l’Eglise témoins des injustices sociales criantes et d’autres abus voire des crimes commis contre le peuple hutu, furent obligés d’opposer à la politique royale un enseignement fondé sur l’amour et l’égalité de tous les êtres humains, enfants d’un même Père. Cette transition vers une nouvelle mentalité culmina avec l’enseignement du Vicaire apostolique de Kabgayi Mgr André PERRAUDIN (18/12/1955-7/10/1989), à travers sa lettre pastorale “Super omnia caritas” pour le Carême du 11 février 1959:
” la loi dvine de la justice et de la charité sociales demande que les institutions d’un pays assurent réellement à tous les habitants et à tous les groupes sociaux légitimes, les mêmes droits fondamentaux et les mêmes possibilités d’ascension humaine et de participation aux affaires publiques. Les instutitions qui consacreraient un régime du privilège, de favoritisme, de protectionisme, soit par des individus, soit par des groupes sociaux, ne seraient pas conformes à la morale chrétienne…” Le texte integral est trouvable dans Vérité, Justice, et Réconciliation, Lettres pastorales et autres déclarations des évêques catholiques catholiques du Rwanda 1956-1962, Textes recueuillis et présentés par Vénuste Linguyeneza, Waterloo, février 2001, pp. 62-73 et sur le site www.cier-be.info
Bien que la réponse à la lettre( mentionnée ci-haut ) de Joseph GITERA contre kalinga, intervenue plus tard le 29 /08/1959 avait été signée par les deux Vicaires apostolique Mgr A Bigirumwami et A Perraudin, les extrêmistes tutsi l’ont contestée l’attribuant à Perraudin seul puisque cette réponse donnait en quelque sorte gain de cause à Gitera:
Aux yeux de l’Eglise, le kalinga ne peut être qu’un emblème; il ne peut être le dépositaire de l’autorité, l’autorité ne peut être dans un objet, mais seulement dans une personne.
Il est indifferent, du point de vue religieux, que le kalinga soit l’emblème de la Nation, ou bien du pouvoir, ou bien de la royauté: c’est l’histoire et la volonté du pays qui peuvent nous dire exactement de quoi le karinga est directement l’emblème.
Comme pour tout national, l’Eglise admet que les marques de respect ou même des cérémonies nationales aient lieu autour de kalinga. Il faudrait expliquer à ceux qui en auraient besoin, que ces marques de respect s’adressent à travers kalinga, à la nation et détenteur de l’autorité.
Si par contre, il s’y faisaient encore des cérémonies superstitieuses ou immorales, » l’Eglise les condamne toutes, mais elle n’est pas chargée d’organiser une surveillance à ce propos.
C’est une question de conscience de la part de ceux qui ont la garde officielle de cet emblème. Si les dépouilles humaines entourent encore le kalinga; elle juge convenable de les ôter.” (Source: Ibid.)
Le roi Kigeli Ndahindurwa, en exil aux USA
Cette prise de conscience de l’Eglise catholique contribua également à la conscientisation de l’autorité colonisatrice belge et dans une moindre mesure au Mwami RUDAHIGWA. En réaction, les extrémistes tutsi rassemblés au sein du Parti UNAR (fondée le 3/09/1959) créèrent des bandes des jeunes Tutsi dites “ABASHYIRAHAMWE” qui étaient très actives sous le règne de NDAHINDURWA intronisé (ou plutôt désigné puisqu’il n’y a pas eu de cérémonies officielles) le 28 /09/1959 et dont la mission spécifique était d’éliminer des leaders hutu, des hutu instruits et d’autres ennemis du Rwanda comme Mgr A. PERRAUDIN dont ils étaient allés jusqu’à accuser au Vatican.
Heureusement, les parties progressistes prirent sa défense surtout dans un télégramme envoyé au Pape Jean XXIII en début décembre 1959 fustigeant “la campagne diffamatoire, prélude d’une persécution sanglante, ouverte contre son Excellence Mgr Perraudin et le clergé missionnaire, par le parti totalitaire dit ” Union Nationale Rwandaise (UNAR).” (Source: Ibid.).
L’histoire se répète. Ce que l’UNAR planifiait à ce moment sans pouvoir l’éxécuter, a été réalisé par le FPR de KAGAME! Nombre de missionnaires au Rwanda, les membres du clergé local et étranger ont été soit abattus soit emprisonnés ou expulsés sans aucune autre forme de procès.
Des exemples sont nombreux: Neuf religieux rwandais dont trois évêques tués à Gakurazo le 05/06/1994, beaucoup de missionnaires tués depuis la prise du pouvoir par le FPR en 1994 dont le Père Claude Simard le 18/10/94, l’assassinat de l’Archevèque de BUKAVU Christophe MUNZIHIRWA en 1996, l’enlèvement puis l’assassinat de l’Evèque de Ruhengeri Phocas NIKWIGIZE lors de son retour au Rwanda en 1996, des dizaines de prêtres catholiques, de religieux et religieuses tués dans le chemin d’exil après la destruction des camps dans l’ex- Zaïre en 1996-97 et j’en passe. Pour la liste encore non exhaustive des religieux tués par le FPR lire Jane Mugeni, ”le FPR est-il anti-catholique?” dans < www.musabyimana.net/../index.html >.
BIBLIOGRAPHIE
1. Dictionary.com < dictionary.reference.com/browse/hero >
2. Baudouin Paternostre de la Mairieu, Toute ma vie pour vous mes frères! Vie de Grégoire Kayibanda, premier président élu du Rwanda, Ed. Tequi, Paris, 1994, p.84.
3. Dominique Mbonyumutwa,“la Révolution sociale de 1959” dans < www.dominiquembonyumutwa.info/pages…>.
4. Histoire-Ambassade du Rwanda à Bruxelles, Belgique” dans <www.ambarwanda.be>
5. Gaspard Musabyimana, ”Mutara Charles Rudahigwa: un monarque controversé” dans <www.musabyimana.net/..index.html> .
6. “Acte de consécration au Christ-Roi par le roi Rudahigwa“ dans http://ubuntu.altervista.org/pastorale.php ou dans <diocesebyumba.jimdo.com/2011/11/28/…>
7. G.Musabyimana, art.cit.
8. Id., Brève histoire de Kamarampaka (II) dans www.musabyimana.net/lire/br…
9. Fortunatus Rudakemwa,” Le référendum qui le 25 septembre1961 abolit la monarchie et instaura la république au Rwanda” cité par Gaspard Musabyimana, Brève historique de Kamarampaka (I) dans www.musabyimana.net/lire/article/br…
10. Fidèle NKUNDABAGENZI, Rwanda politique, CRISP., Bruxelles,1962.
11. Baudouin Paternostre de la Mairieu, Le Rwanda: Son effort de dévelloppement.Antécédents historiques et conquètes de la révolution rwandaise, Ed. De Boeck, Bruxelles,1972,412p. Disponible sur le site books.google.com/books/about/Le –Rwanda >
12. D.Mbonyumutwa, art.cit.
13. “Succession des des différents régimes politiques au Rwanda et critiques des relations Hutu (Bahutu)-Tutsi (Batutsi)” dans <http://www.mdrwi.org>
14. “L’Afrique des Grands-Lacs: Dix ans de souffrance, de destruction et de mort” par Joan Casoliva, Joan Manresi, Majorque, Janvier 2000.
15. Higiro JMV, Distorsions et omissions dans l’ouvrage “Rwanda. Les médias du génocide “in Dialogue no 190, Avril-Mai, 1996.
16. F.Nkundabagenzi, Op.cit. , pp.19-20.
17. MC Overdulve, Rwanda: un peuple avec une histoire, 1997.
18. Fortunatus Rudakemwa, L’évangilisation du Rwanda (1900-1959), Harmattan, P.2005, pp. 339-343.
19. Ibid.
20. Vérité, Justice,et Réconciliation, Lettres pastorales et autres déclarations des évêques catholiques catholiques du Rwanda 1956-1962, Textes recueuillis et présentés par Vénuste Linguyeneza, Waterloo, février 2001, pp. 62-73 cfr < www.cier-be.info >.
21. Ibid.
22. Ibid.
23. Jane Mugeni, ”le FPR est-il anti-catholique?” dans www.musabyimana.net/../index.html
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GISAGE Michel Email: gisagem63@gmail.com
IKAZE IWACU
INTRODUCTION
Avant tout, il faut se poser cette question fondamentale de savoir qui parmi les Rwandais mérite ce titre de” héros national ” et la personne habilitée pour le donner. D’orès et déjà, peu de gens y ont pensé et rendu public les résultats de leur réflexion.
Par ailleurs, les différents gouvernements à la tête du Rwanda ont chacun essayé mais à tâtons de reconnaitre” leurs héros à eux et selon eux “et paradoxalement, pas forcément ceux de tout le pays, de tous les temps et toutes les générations.
Drapeau du Rwanda de 1962 à 2001.
Cependant, pour plus de clarté, il est recommandable que cette question soit abordée sur l’angle national en ce qui concerne les héros nationaux et communautaire quant aux héros de diverses communautés humaines comme les groupes éthniques, les équipes sportives, les églises, les écoles, etc…
Fondamentalement, si le but de déclarer quelqu’un héros est qu’il serve en premier lieu de modèle pour les autres de générations en générations hormis toute instrumentalisation politique ou triomphalisme, alors aucun sentimentalisme est à tolérer.
Le site Anglophone Dictionary.com < dictionary.reference.com/browse/hero > apporte plus d’intensité à la signification du héros que les dictionnaires Larousse et Oxford en le définissant comme ” a person who, in the opinion of others, has heroic qualities or has performed a heroic act and is regarded as a model or ideal ” ( un héros est une personne qui, à l’opinion des autres, a des qualités héroiques ou a réalisé un acte héroique et est vue comme exemplaire ou idéale)”.
Pour le Rwanda qui de longue date s’est embourbé dans la marrée noire, qui réellement doivent être ses héros de l’époque contemporaine? Nous laisserons notre lecteur répondre à cette question à partir d’une brève exploration historique dans notre article.
Dans le souci de nous faire comprendre, nous essayerons d’analyser chaque étape de l’histoire qui sans doute a eu des héros connus ou encore inconnus, honorés ou combattus selon les critères de différents gouvernants rwandais.
Enfin, nous concluerons avec une série de recommandations que nous considérons constructives pour des leaders rwandais et des volontaires qui voudront prendre la révolution des mentalités en main afin de relever la société rwandaise des bassesses qui l’ont rongée pendant des siècles entières.
LES PRELUDES DE LA REVOLUTION SOCIALE ET DE L’INDEPENDANCE NATIONALE:
A. LE REGNE DU ROI CHARLES -LEON-PIERRE MUTARA III RUDAHIGWA (1931-1959)
Comme d’autres règnes précédants ses débuts n’ont marqué aucune différence à la politique oligarchique et totalitaire tutsi mais vers la fin, il y eut des changements notoires sous la pression de l’intelligentsia hutu qui criait aux inégalités sociales démésurées et au monopole du pouvoir ainsi qu’au plan décennal de dévelloppement (1950-1960) mise en place par la Belgique sous les recommandations de la mission de l’ONU de 1949 lequel prévoyait la suppression de l’UBUHAKE et le partage des vaches entre seigneurs tutsi et leurs valets.
Kayibanda a fustigé le fait que le roi aurait fait ces réformes démocratiques de lui-même et c’est sur ce débat qu’il a commencé sa lutte politique comme rédacteur des revues comme AMI, Kurer’Imana et Kinyamateka jusqu’à devenir populaire et se reconnaitre lui-même pilier d’une nouvelle conscience du menu peuple rwandais majoritairement hutu: ”les petits m’aiment, m’estiment et m’écoutent “.
Cité par Baudouin Paternostre de la Mairieu, Toute ma vie pour vous mes frères! Vie de Grégoire Kayibanda, premier président élu du Rwanda, Ed. Tequi, Paris, 1994, p.84.
Kayibanda a joué un rôle prépondérant dans la conception et l’élaboration idéologique et la conduite de la première libération du peuple rwandais en 1959. Nous reviendrons à son rôle plus bàs. Au besoin lire Dominique Mbonyumutwa,“la Révolution sociale de 1959” dans < www.dominiquembonyumutwa.info/pages…>.
Le 01/04/1954, le roi Rudahigwa a donc accepté de signer le décret de partage obligatoire du cheptel bovin entre les serviteurs hutu et leurs seigneurs tutsi et de suppression du système de clientèlisme pastoral UBUHAKE.
Il aurait également aboli les travaux publics non rémunérés, et se serait opposé à la chicote ( punition infligée aux hommes adultes consistant à être battus en public, souvent devant leurs familles) à en croire le document ”Histoire-Ambassade du Rwanda à Bruxelles, Belgique” dans <www.ambarwanda.be/index.php%>
Il fut le seul roi tutsi à faire un pas vers la démocratie en acceptant la tenue des élections au niveau des instances dirigeantes S/chefferie, Chefferie et Conseil Supérieur du Pays (Parlement) pour ouvrir la chance aux hutus de s’y faire représenter.
Cependant les tutsi contredits et calculateurs devaient manipuler ces élections à suffrage indirect de façon qu’aucun hutu ne put réaliser le rêve de fouler le seuil du Conseil Supérieur du Pays.
Le roi Mutara Rudahigwa
Il fut premier roi rwandais à être converti au christianisme et baptisé (avec sa mère Radegonde Kankazi Nyiramavugo) en 1943 sous les prénoms de Charles -Léon-Pierre.
Il a été le premier Chef d’Etat en Afrique à dédier son pays à Dieu ( cette consécration au Christ-Roi eut lieu à Nyanza le 27/10/1946 à la mission (paroisse) du même nom bâtie dans une propriété qu’il avait donnée à l’ Eglise en 1935) et le 2 èmme au monde, après Louis XIII (consécration de la France à la Vierge Marie par Louis XIII le 10 /02/1638 renouvelée de celle au Coeur Immaculée de Marie par le Maréchard Pétain le 28/03/1943 ).
Le Saint-Siège prit acte de cette consécration et le 20/04/1947 le Pape Pie XII lui gratifia d’une médaille de Commandeur de l’Ordre de St Grégoire -le-Grand comme le souligne Musabyimana,”Mutara Charles Rudahigwa: un monarque controversé” dans <www.musabyimana.net/..index.html>.
Ainsi, le Rwanda devenait propriété divine à part entière et une promesse imprescriptible entre Jésus Christ, Roi et le peuple rwandais, ses sujets, était scellée. Cette promesse allait être matérialisée par le régne de paix à condition qu’un rôle de premier plan soit réellement accordée à Jésus -Christ.
Cet acte de consécration avait la puissance de lever ainsi toutes les malédictions jetées à tort ou à raison sur le peuple rwandais et présageait d’un bon avenir. Il est à déplorer, en apprenant l’objet des visites de la Vierge Marie à KIBEHO (NYINA WA JAMBO) et de Jésus Christ lui-même de 1981 à 1983 que, et le dédicateur et ses successeurs n’ont pas parvenu à mettre à profit cette consécration et la promessse divine connexe donnée au peuple rwandais. Lire ”l’acte de consécration au Christ-Roi par le roi Rudahigwa “ dans http://ubuntu.altervista.org/pastorale.php ou dans <diocesebyumba.jimdo.com/2011/11/28/…>
Bien que le roi Rudahigwa ait soutenu les extrémistes tutsi et le Conseil Supérieur du Pays dans leur obstination à partager le pouvoir avec les hutu et supprimer toutes les formes d’injustices politiques et socio-économiques imposées au peuple hutu, il aura largement contribué aux changements qui ont servi de prélude à la Révolution sociale de 1959 et à l’indépendence nationale en 1962.
Parmi ces changements, on peut citer les bonnes relations avec les missionnaires catholiques (du moins au début de son règne) qui ont facilité l’éveil des hutu et la prise de conscience de l’autorité tutéllaire, la suppression du système de servage pastoral- UBUHAKE, le partage du cheptel bovin entre serviteurs hutu et leurs seigneurs tutsi, la signature de l’ordonnance accordant des hutus d’être éligibles aux organes dirigeantes du pays, etc.
Bien que tous changements démocratiques s’inscrivaient dans le cadre d’un programme décennal belge sous la demande onusienne, le fait que Rudahigwa les ait pas opposé est en soi louable. Mais par la suite, sous peut-être les pressions des extrêmistes de son son propre camp tutsi, il a visiblement basculé.
G.Musabyimana, art.cit. , nous dit plus sur cet homme qui fut écartelé, surtout après sa déclaration de guerre en juillet 1959 aux hutu qui soulevaient le problème hutu-tutsi (fort de son parti UNAR). En effet, il s’était crée des ennemis dans son propre camp (dont le chef de file était Prosper Bwanakweli).
De même, ses relations avec les missionnaires n’étaient plus aux bons fixes à cause des divergences de vue. Quant aux Belges, il leur reprochait le fait de lui refuser l’indépendance nationale immédiate, ce qui aurait permis de faire taire les hutu, qui demandaient des changements politiques avant l’Indépendance.
C’est dans ce climat qu’il mourût subitement le 25 septembre 1959 à Bujumbura sans laisser d’hertier à cause de sa stérilité. Les causes de sa mort restent encore mystérieuses car aucune enquête officielle et indépendante n’a été diligentée.
Cependant, selon la même source, trois hypothèses ont été avancées:
Accident célébral dû à une incompatibilité des médicaments contre la stérilité et pour la déxintoxication à l’ alcool excessif qu’il prenait selon une thèse de ses médecins.
Poison administré par son médecin traitant, le Dr. Belge Julien Vyncke, selon une thèse des milieux de la cour.
Suicide rituel motivé par l’urgence à quitter le trône car ayant failli à maîtriser le royaume selon une thèse des connaisseurs du code ésotérique (UBWIRU). En tout état de cause, la 3e hypothèse semble remporter sur les deux autres, vu comment les unaristes se sont précipités (trois jours seulement après sa mort) à son enterrement et à la désignation de son demi- frère Jean Baptiste NDAHINDURWA sous le nom royal de guerrier ‘’KIGELI “ (umwami w’intambara), alors sous-chef à RUKONDO dans le territoire d’Astrida (BUTARE). Une source rapporte que Ndahindurwa n’a jamais été intronisé suite aux malentendus des abiru qui devaient conduire des cérémonies d’intronisation. Gaspard Musabyimana, Brève histoire de Kamarampaka (II) dans www.musabyimana.net/lire/br… dit: “A défaut d’être intronisé, le prince Ndahindurwa prêtera son serment d’investiture le 09 /10/1959 à Kigali, en présence du vice-gouverneur général, en qualité de monarque constitutionnel”. ”Une comédie” dira Alexis Kagame commenta ce titre de “monarque constutionnel”.
Pour un souverain du Rwanda de l’époque et même d’aujourd’hui, ” parler d’un monarque constitutionnel qui règne sans gouverner” était tout simplement une contradiction dans les termes. Pire encore, l’idée que le chef de l’exécutif pouvait provenir de l’éthnie majoritaire des Bahutu constituait une offense à la dynastie des Abanyiginya.
Il a tout de meme apposé sa signature au bas du serment, parce que en Munyarwanda traditionnel et précolonial qu’il était redevenu, il ne se sentait pas engagé par ce qu’il signait, mais plûtôt à ce qu’il pensait en son Coeur. ”Kami ka muntu ni umutima we”.
Ce proverbe rwandais dit que “ pour chaque personne, l’unique roi bien aimé à servir en premier lieu, toujours et partout, est son coeur (sa conscience)”.
Pour d’amples détails, lire Fortunatus Rudakemwa,”Le référendum qui le 25 septembre1961 abolit la monarchie et instaura la république au Rwanda” cité par Gaspard Musabyimana, Brève historique de Kamarampaka (I) dans www.musabyimana.net/lire/article/br…C’est vrai que l’histoire se répète comme cet écrivain a dit que la vie est une répétition qui se répète.
Depuis ce moment jusqu’aujourd’hui, trois Chefs d’Etat rwandais (Grégoire Kayibanda, Juvénal Habyalimana et Théodore Sindikubwabo) ont trouvé la mort dans des circonstances non éclaircies.
A présent aucune enquète n’a été initiée pour apporter la lumière mais au contraire, en ce qui le concerne, le FPR s’évertue à coller le sang des feux HABYALIMANA et SINDIKUBWABO sur leurs propres familles pour se couvrir et semer la confusion!
B. LE MANIFESTE DES BAHUTU DE 1957
Dans les anneés 1950 des hommes à majorité hutu ont commencé à hausser le ton pour dénoncer les méfaits du royaume tutsi en particulier les inégalités sociales. Ils ont présenté plusieurs écrits à l’autorité royale, tutéllaire et même à l’ONU, dans lesquels ils exposaient la nature du problème.
Le document le plus important est la note sur l’aspect social du problème racial indigène au Rwanda dit ” Manifeste des Bahutu” du 24 mars 1957 qui est en fait un véritable réquisitoire dans lequel ils faisaient valoir des revendications du peuple opprimé par une minorité au pouvoir et proposaient des solutions.
Les oeuvres de Fidèle NKUNDABAGENZI, Rwanda politique, CRISP., Bruxelles,1962 et de B.Paternostre de la Mairieu, Le Rwanda: Son effort de dévelloppement. Antécédents historiques et conquètes de la révolution rwandaise, Ed. De Boeck, Bruxelles, 1972, 412p., disponibles sur le site books.google.com/books/about/Le –Rwanda > nous font revivre cette histoire fatale de l’oppression hutu et la manière dont les révolutionnaires s’en sont libérée.
Dominiko Mbonyumutwa
Dominique Mbonyumutwa, art. cit., l’un de ces braves révolutionnaires, nous décrit la genèse du Manifeste des Bahutu. Dèjà au plus fort de sa lutte, Kayibanda se fait aussi admirer des tutsi qui voyaient en lui un homme ” plus progressiste que révolutionnaire et estimaient qu’il fallait discuter avec lui de ses idées dans la mesure où il récusait tout extrémisme dans un sens ou dans l’autre”.
Par contre, les traditionnalistes tutsi s’y opposent et présentent à la 2e mission de l’ONU de passage au Rwanda, un document intitulé ‘’Mise au point” qui ne défendait que les intérêts de l’aristocratie tutsi au détriment du peuple rwandais. Kayibanda et ses collègues réagissent par le document qui a été connu sous le nom de “Manifeste des Bahutu” publié en mars 1957. Le sort était ainsi jeté.
La révolution était lancée: ”le mouvement pour l’émancipation des peuples colonisés à la recherche de l’auto-détérmination, puis de l’indépendance” comme dans certains pays d’Afrique et même dans d’autres contrées du monde.
En effet le problème consistait au monopole à la fois politique, économique, social et culturel, source d’abus honteux qui constituaient le joug séculaire sous lequel la population hutu se courbait impitoyablement des fois sous la bastonnade (appellée chicote).
Le document “Succession des des différents régimes politiques au Rwanda et critiques des relations Hutu (Bahutu)-Tutsi (Batutsi) ” dans <http://www.mdrwi.org/livres/succession% 252> souligne ce déséquilibre socio-politico-écomique en défaveur du peuple majoritaire hutu et met en exergue deux instruments d’oppression lourdement pesants UBUHAKE et UBURETWA.
L’UBUHAKE, originairement des alliances avec des droits et devoirs entre familles de la noblesse tutsi pour protéger leurs intérêts, avait converti cette aristocratie militaire en aristocratie terrienne d’éleveurs.
En vertu de l’UBUHAKE les paysans hutu devaient payer la moitié de leur récolte à l’ umwami. Ceci contribua à l’appauvrissement de la population et accentua la scission entre le peuple hutu et la noblesse tutsi bénéficiaire de ce nouveau système économique.
Sur l’UBURETWA, C M Overdulve dit littérallement: ”L’immense majorité du peuple hutu était soumis à l’uburetwa, qui consistait en l’obligation de chaque homme de travailler deux jours par semaine (la semaine traditionnelle était seulement de 5 jours) au service tutsi et ceci sans être rémunéré.
C’est l’umwami tutsi Kigeri IV RWABUGIRI (I865-1895) qui l’aurait instauré et imposé aux cultivateurs hutu. En général les tutsi étaient exempts de l’uburetwa, même si ils n’appartenaient pas à la noblesse. Ainsi ils ont acquis un statut de privilégiés par rapport à la grande majorité hutu.
L’uburetwa était la manifestation la plus humiliante et la plus étendue de la soumission du peuple. Le poids de cette charge a été un obstacle énorme pour les hommes, interdits de travailler régulièrement et suffisament leurs propres champs.
Ce travail donc retombait en grande partie sur les femmes qui avaient déja la lourde charge de la maison et des enfants. En outre, elles pouvaient être appelleés pour certains travaux à la maison du chef tutsi.
Tout cela provoquait une situation de misère sans précédent; ils avaient beaucoup de difficultés pour nourrir la famille et ils vivaient sous la menace constante de la faim.
Mais dans les familles et les ménages hutu, le soir autour du feu de bois, pendant le repas de haricots, le grand-père ou le père racontait une autre histoire, la chronique familiale, qui remontait plusieurs, transmises de pères en fils.
C’est l’histoire qui dit comment, peu à peu, le lignage perdait son autonomie et sa dignité, une histoire d’humiliation et d’oppression croissants de la part des seigneurs et maîtres, les tutsi de toutes les couches, de haut en bas. Cette tradition orale explique les sentiments profondément enracinées de frustration et d’humiliation des Hutu envers les Tutsi.
Ces sentiments se sont accumulées au cours des siècles, bouillon de culture d’une haine inconsciente mais toujours en veilleuse, qui fait partie de l’inconscient collectif du Hutu, transmise, chaque fois renforcée, de génération en generation.
Les Tutsi, eux, ne reconnaissent bien sûr pas ces sentiments de frustration et d’humiliation.Ils ont un un incoscient collectif formé par des siècles de pouvoir et de supériorité.
Ils n’ont aucune idée de ce qui vit dans l’âme des Hutu.Source:Texte tiré de l’article sur internet ” L’Afrique des Grands-Lacs : Dix ans de souffrance,de destruction et de mort par Joan Casoliva, Joan Manresi, Majorque, Janvier 2000” .
Pour votre gouverne, lire aussi Higiro JMV, Distorsions et omissions dans l’ouvrage “Rwanda. Les médias du génocide “in Dialogue no 190, Avril-Mai, 1996. Voici en résumé certaines propositions de solutions du Manifeste des Bahutu:
1. Au point de vue psychologique:
– Couper cours au complexe de supériorité considérant que les élites ne se trouvaient que dans les rangs tutsi ce qui servait de prétexte à la ségrégation éthnique.
2. Dans le domaine socio-économique:
– La suppression des corvées et des ibikingi, la reconnaissance légale de de la propriété foncière individuelle, la création des fonds de crédit accessibles aussi au hutu,l’union économique de l’Afrique belge et de la monopole ,la garantie de la liberté d’expression , etc.
3. Dans le domaine politique:
– La codification des lois et coutumes raisonables, utiles, non imperméables à la démocratisation du pays pour plus de clarté, d’égalité devant la loi et moins de confusion et d’abus.
– La promotion des hutu aux fonctions publiques (Chefs de chefferies, Juges…)
– La détermination de la durée des mandats pour l’exercice des fonctions publiques.
– Le retrait des Chefs de Province des Conseils de Chefferie
– La composition du Conseil Supérieur du Pays par la députation de Chefferie sans exclusion d’européens y ayant élu domicile.
4. Dans le domaine de l’éducation:
– Abandonner la sélection de fait au niveau du secondaire et supérieur qui profite politiquement et économiquement aux seuls tutsi.
– Octroyer des bourses d’études de façon surveillée par le Gouvernement de tuteur belge.
– Augmenter le nombre d’admission aux institutions supérieures en Afriqu e belge pour les généralités, aux universités métropolitaines pour les spécialités et dans l’université du Rwanda pour l’enseignement technique et professionnel
– Faire de l’enseignement artisanal, professionnel et technique à peu de frais une priorié bugdétaire
– Instaurer et multiplier des foyers sociaux populaires à l’adresse des jeunes femmes et filles du milieu rural.
Les signataires de ce document sont 9 intellectuels hutu tous fervents catholiques: Maximilien NIYONZIMA, Grégoire KAYIBANDA, Claver NDAHAYO, Isidore NZEYIMANA, Calliope MULINDAHABI, Godéfroid SENTAMA, Sylivestre MUNYAMBONERA, Joseph SIBOMANA, Joseph HABYALIMANA.
La plupart sortent du Séminaire dont trois anciens grand séminaristes (Gitera, Kayibanda et Nzeyimana en même temps rédacteurs du journal Kinyamateka).
Mulindahabi est Secrétaire à l’Evéché et dirige avec Kayibanda l’Action Catholique. Voir le texte intégral chez Fidèle Nkundabagenzi, L e Rwanda politique (1950-1960), CRISP. , Bruxelles, 1962, pp.19-20 mais aussi chez MC Overdulve, Rwanda: un peuple avec une histoire, 1997.
Malgré l’opposition farouche du Conseil Supérieur du Pays soutenu par le roi, ces hommes déterminés plus que jamais au lieu de se décourager, ont lancé un véritable mouvement social depuis le 1er mai 1957 qu’ils transformeront en lutte politique ouverte (soutenue officiellement par les Belges depuis le 3/12/1958) avec la création (autorisée dès 1959) des parties politiques qui conduiront à la Révolution Sociale de novembre 1959.
Deux principaux partis politiques voire trois sont donc nés de cet éveil hutu dont les grands précurseurs sont Grégoire Kayibanda et Joseph Habyarimana Gitera.
Il s’agit de:
Mouvement Démocratique Républicain (MDR-PARMEHUTU) de Grégoire Kayibanda créé le 06/06/1960 mais qui avait évolué du Mouvement Social Hutu le 1er mai 1957 au Mouvement pour l’Emanipation Hutu le 26/09/1959.
Parti Social Hutu de Joseph Habyalimana Gitera qui est né le 15/02/1959 d’une transformation de l’Association pour la Promotion Sociale des Masses (APROSOMA) du 1er novembre 1957.
Rassemblement Démocratique Rwandais (RADER), composé de tutsi tendance plutôt progressiste. Il y avait aussi l’AREDETWA de Laurent MUNYANKUGE qui défendait les droits du peuple BATWA.
C. LE ROLE DE L’EGLISE: DE DEUX EVEQUES, DEUX MENTALITES, ENFIN UN ENSEIGNEMENT
Joseph Habyalimana Gitera
Comme on l’a déjà souligné l’élite hutu avait commencé un mouvement de protestation par des écrits dans différentes revues comme Kinyamateka, Temps nouveaux d’Afrique et La voix du menu peuple. Joseph Habyalimana Gitera en était le principal animateur.
Il s’est distingué par ses attaques virulentes. Quelques citations rapportées par l’Abbée Fortunatus Rudakemwa nous confirme l’intrépidité d’un homme engagé au « combat.’’
Mourir et être inhumé c’est habituel: mais être châtré et servir d’ornement au kalinga dépasse l’entendement…Ceux auxquels on a spolié les tambours n’ont plus part au pouvoir.Ils sont là les restes de leurs pères, ils ont séché, ils pendent sur le kalinga…
Et toi Gahutu, cela vous parait-il normal? Les dépouilles de vos pères pendent et vous, vous êtes agenouillés pour adorer. Source: ”Fortunatus Rudakemwa », L’évangilisation du Rwanda (1900-1959), Harmattan, P.2005, pp. 339-343.
Il gagna le terrain de l’Eglise en ajustant sa tactique sur la matière doctrinale.Ainsi,il écrivit une lettre datant du 27/10/1958 dénonçant l’idolâtrie de Kalinga qui fut adressée à l’Evêque du lieu de résidence de kalinga (NYANZA),
Mgr A Perraudin alors Vicaire apostolique de Kabgayi dont voici l’extrait : ”Je me permet la respectueuse liberté de m’adresser à mon Evêque, en sa qualité de Gardien et Défenseur de la doctrine du Christ, en ce Rwanda…Le kalinga hamito-rwandais, est centre d’un culte idolâtrique notoire ».
Il est “inganji”, le Kalinga…tambour qui a triomphé sur tous les autres…Triomphera -t-il également sur l’Eglise du Christ au Rwanda Jusqu’à présent, il semble que la conquête des batutsi est plus que ex aequo ils sont presque partout sur les premiers. Leur soupir est partout unanime à vivre l’indépendance, au civil, au religieux, dans les prêtres, les religieuses et les religieux.
Et lesquels sont à la tête? Ceux dont les pères ou les frères ou les cousins, ou les aïeux ou les grands pères, ou les oncles sont les adorateurs fervents de karinga.” (Source: Ibid.)
Grâce à la détermination de l’élite hutu et probablement de sa prière, l’Eglise a voulu rectifier la position erronée des premiers missionnaires catholiques mais aussi du clergé indigène comme Mgr A Bigirimwami qui avait fait éloge de Kalinga à l’occasion du Jubilé de 25 ans du règne de Mutara III Rudahigwa le 30/06/1957.
En effet, les missionnaires soutenaient presque aveuglement les tutsi à l’instar de Mgr Léon-Paul CLASSE dont la citation suivante tirée de sa lettre de 1930 à l’Administrateur belge Résidant Georges MORTEHAM collobore sa complicité dans l’oppression des hutu: “le plus grand tort que le Gouvernement belge pourrait se faire à lui-même et au Rwanda serait de supprimer la carte mututsi…et pour cause Chefs-nés, ceux-ci ont le sens du commandement”.
Evêque André Pérraudin
Au fur du temps, les responsables de l’Eglise témoins des injustices sociales criantes et d’autres abus voire des crimes commis contre le peuple hutu, furent obligés d’opposer à la politique royale un enseignement fondé sur l’amour et l’égalité de tous les êtres humains, enfants d’un même Père. Cette transition vers une nouvelle mentalité culmina avec l’enseignement du Vicaire apostolique de Kabgayi Mgr André PERRAUDIN (18/12/1955-7/10/1989), à travers sa lettre pastorale “Super omnia caritas” pour le Carême du 11 février 1959:
” la loi dvine de la justice et de la charité sociales demande que les institutions d’un pays assurent réellement à tous les habitants et à tous les groupes sociaux légitimes, les mêmes droits fondamentaux et les mêmes possibilités d’ascension humaine et de participation aux affaires publiques. Les instutitions qui consacreraient un régime du privilège, de favoritisme, de protectionisme, soit par des individus, soit par des groupes sociaux, ne seraient pas conformes à la morale chrétienne…” Le texte integral est trouvable dans Vérité, Justice, et Réconciliation, Lettres pastorales et autres déclarations des évêques catholiques catholiques du Rwanda 1956-1962, Textes recueuillis et présentés par Vénuste Linguyeneza, Waterloo, février 2001, pp. 62-73 et sur le site www.cier-be.info
Bien que la réponse à la lettre( mentionnée ci-haut ) de Joseph GITERA contre kalinga, intervenue plus tard le 29 /08/1959 avait été signée par les deux Vicaires apostolique Mgr A Bigirumwami et A Perraudin, les extrêmistes tutsi l’ont contestée l’attribuant à Perraudin seul puisque cette réponse donnait en quelque sorte gain de cause à Gitera:
Aux yeux de l’Eglise, le kalinga ne peut être qu’un emblème; il ne peut être le dépositaire de l’autorité, l’autorité ne peut être dans un objet, mais seulement dans une personne.
Il est indifferent, du point de vue religieux, que le kalinga soit l’emblème de la Nation, ou bien du pouvoir, ou bien de la royauté: c’est l’histoire et la volonté du pays qui peuvent nous dire exactement de quoi le karinga est directement l’emblème.
Comme pour tout national, l’Eglise admet que les marques de respect ou même des cérémonies nationales aient lieu autour de kalinga. Il faudrait expliquer à ceux qui en auraient besoin, que ces marques de respect s’adressent à travers kalinga, à la nation et détenteur de l’autorité.
Si par contre, il s’y faisaient encore des cérémonies superstitieuses ou immorales, » l’Eglise les condamne toutes, mais elle n’est pas chargée d’organiser une surveillance à ce propos.
C’est une question de conscience de la part de ceux qui ont la garde officielle de cet emblème. Si les dépouilles humaines entourent encore le kalinga; elle juge convenable de les ôter.” (Source: Ibid.)
Le roi Kigeli Ndahindurwa, en exil aux USA
Cette prise de conscience de l’Eglise catholique contribua également à la conscientisation de l’autorité colonisatrice belge et dans une moindre mesure au Mwami RUDAHIGWA. En réaction, les extrémistes tutsi rassemblés au sein du Parti UNAR (fondée le 3/09/1959) créèrent des bandes des jeunes Tutsi dites “ABASHYIRAHAMWE” qui étaient très actives sous le règne de NDAHINDURWA intronisé (ou plutôt désigné puisqu’il n’y a pas eu de cérémonies officielles) le 28 /09/1959 et dont la mission spécifique était d’éliminer des leaders hutu, des hutu instruits et d’autres ennemis du Rwanda comme Mgr A. PERRAUDIN dont ils étaient allés jusqu’à accuser au Vatican.
Heureusement, les parties progressistes prirent sa défense surtout dans un télégramme envoyé au Pape Jean XXIII en début décembre 1959 fustigeant “la campagne diffamatoire, prélude d’une persécution sanglante, ouverte contre son Excellence Mgr Perraudin et le clergé missionnaire, par le parti totalitaire dit ” Union Nationale Rwandaise (UNAR).” (Source: Ibid.).
L’histoire se répète. Ce que l’UNAR planifiait à ce moment sans pouvoir l’éxécuter, a été réalisé par le FPR de KAGAME! Nombre de missionnaires au Rwanda, les membres du clergé local et étranger ont été soit abattus soit emprisonnés ou expulsés sans aucune autre forme de procès.
Des exemples sont nombreux: Neuf religieux rwandais dont trois évêques tués à Gakurazo le 05/06/1994, beaucoup de missionnaires tués depuis la prise du pouvoir par le FPR en 1994 dont le Père Claude Simard le 18/10/94, l’assassinat de l’Archevèque de BUKAVU Christophe MUNZIHIRWA en 1996, l’enlèvement puis l’assassinat de l’Evèque de Ruhengeri Phocas NIKWIGIZE lors de son retour au Rwanda en 1996, des dizaines de prêtres catholiques, de religieux et religieuses tués dans le chemin d’exil après la destruction des camps dans l’ex- Zaïre en 1996-97 et j’en passe. Pour la liste encore non exhaustive des religieux tués par le FPR lire Jane Mugeni, ”le FPR est-il anti-catholique?” dans < www.musabyimana.net/../index.html >.
BIBLIOGRAPHIE
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9. Fortunatus Rudakemwa,” Le référendum qui le 25 septembre1961 abolit la monarchie et instaura la république au Rwanda” cité par Gaspard Musabyimana, Brève historique de Kamarampaka (I) dans www.musabyimana.net/lire/article/br…
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17. MC Overdulve, Rwanda: un peuple avec une histoire, 1997.
18. Fortunatus Rudakemwa, L’évangilisation du Rwanda (1900-1959), Harmattan, P.2005, pp. 339-343.
19. Ibid.
20. Vérité, Justice,et Réconciliation, Lettres pastorales et autres déclarations des évêques catholiques catholiques du Rwanda 1956-1962, Textes recueuillis et présentés par Vénuste Linguyeneza, Waterloo, février 2001, pp. 62-73 cfr < www.cier-be.info >.
21. Ibid.
22. Ibid.
23. Jane Mugeni, ”le FPR est-il anti-catholique?” dans www.musabyimana.net/../index.html
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GISAGE Michel Email: gisagem63@gmail.com
IKAZE IWACU
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