le lundi 22 septembre 2014
« L’outil le plus puissant que détienne l’oppresseur est la pensée de l’opprimé. » Steve BIKO
Un gouvernement de ‘’cohésion nationale’’ n’est plus possible au Congo-Kinshasa.
Les éléments de langage utilisé pour conduire les Congolais(es) à croire à sa mise sur pied procèdent tout simplement de l’inversion sémantique. Malheureusement, au royaume des aveugles, les borgnes et les autres opportunistes risquent toujours d’être rois.
Il est curieux que pendant qu’une bonne partie de la communauté congolaise se démarque (formellement) de plus en plus de la conception ‘’biologiste’’ et martiale de la politique vue comme une ‘’question de survie’’ et un lieu d’ exercice de ‘’l’ instinct de conservation’’ par un groupe d’élites compradores congolaises et étrangères, il y ait un usage des ‘’éléments de langage’’ tenant à convaincre les plus naïfs des Congolais qu’un gouvernement de ‘’cohésion nationale’’ va être mis sur pied. Non.
Il n’y aura pas de gouvernement de ‘’cohésion national’’ au Congo-Kinshasa.
Cela pour plusieurs raisons dont la principale est qu’il est, à notre humble avis, impossible d’avoir un gouvernement digne de ce nom dans un ‘’Etat raté’’ géré par des ‘’seigneurs de la guerre’’ s’infiltrant par vagues entières dans les institutions formelles du pays.
Il est plus ou moins sûr qu’un groupe de compatriotes pourrait aller ‘’à la soupe’’ pour accompagner le processus de balkanisation et d’implosion du Congo-Kinshasa orchestré par ‘’les maîtres du monde’’ et leurs proxies.
Il pourrait être rejoint par les membres du RCD-CNDP-PPRD-M23. Ces compatriotes auront accès à l’argent et aux honneurs dont peuvent jouir toutes les élites compradores dans un pays mis sous tutelle ou ‘’néocolonisé’’.
De là à prétendre qu’ils feront partie d’un gouvernement de ‘’cohésion nationale’’, il y a un pas qu’il faudrait se garder de franchir.
Qui dit ‘’cohésion nationale’’ dit, entre autres ‘’confiance mutuelle’’ entre les membres d’une nation ; ‘’consensus maximal’’ sur les grandes orientations culturelles, économiques et sociopolitiques de la nation ; respect de la dignité humaine et des libertés fondamentales au cœur de la nation ; respect de l’équité et de la justice sociale et identification des citoyens à un leadership patriote, national visionnaire et rassembleur.
Pour dire les choses autrement, il y a ‘’cohésion national’’ là où existe un Etat national et social.
En examinant les derniers discours des uns et des autres membres des institutions formelles du pays, il ressort que plusieurs éléments susmentionnés font sérieusement défaut.
A la rencontre de Kingakati du 25 août 2014, ‘’l’autorité morale’’ de la MP (majorité présidentielle) a avoué à ses interlocuteurs qu’il ne fait pas confiance à une opposition habitée par le souci de se venger. (De quoi se vengerait cette opposition ? Pourquoi se vengerait-il ?
De son assimilation à l’ennemi traqué comme une bête ? De son exclusion de l’espace du débat contradictoire ? De fraudes électorales ? Les réponses à toutes ces questions seraient à cherchaient dans l’histoire de la guerre de l’AFDL et de ses conséquences.)
Formellement, les prises de positions des députés de l’UDPS et Alliés, de l’UNC et Alliés telles qu’elles ont été présentées ce dimanche, 21 septembre 2014[1], indiquent que ces compatriotes prennent leur distance vis-à-vis de la MP et de ses députés.650 organisations de la société civile ont dit, il y a quelques jours, leur opposition à la révision constitutionnelle chérie par la MP. 45 évêques de la Conférence Episcopale Nationale du Congo ont écrit une lettre pastorale aux chrétiens Congolais et aux hommes de bonne volonté insistant sur le respect de l’article 220 de la Constitution du pays.
Ils ont même invité les curés et les catéchistes à organiser des échanges autour de cette question dans les CEVB ou dans d’autres lieux de rencontre où la base de la société congolaise peut être présente.
Les partis politiques de l’opposition, les organisations de la société civiles (dont l’Eglise catholique) et certains partis politiques de la MP sont en train de dire non à la marche actuelle du pays.
Ils sont prêts à investir ces lieux recommandés par les Evêques de la CENCO. Comment, dans ces conditions, croire qu’il sera mis sur pied au Congo-Kinshasa un gouvernement de ‘’cohésion nationale’’ sans se dire que cela procède tout simplement de l’inversion sémantique ?
Néanmoins, fondamentalement, plusieurs de ces prises de positions se limitent à l’analyse des épiphénomènes.
La question majeure semble être éludée : comment le Congo-Kinshasa peut-il, aujourd’hui, créer une alternative politique crédible, impliquant ses dignes filles et ses dignes fils dans un grand mouvement unifiant (dénommé par exemple ‘’Congo-Uni’’) par delà les clivages gauche, droite, centre[2] et capable de rompre avec le système de sa vassalisation, de son aliénation et de sa néocolonisation actuelles ?
Un projet de société participatif élaboré dans une synergie entre les forces politiques et sociales et la base de nos populations résistantes au système de la sous-humanisation actuelle des Congolais(es) serait, à notre humble avis, premier pas important vers une issue possible à la mise en coupe réglée du Congo-Kinshasa.
Maduro est en train de gagner le pari chaviste en s’orientant dans ce sens[3]. L’imiter peut être permis.
Malheureusement, il arrive qu’au niveau fondamental de la recherche de la création de cette alternative crédible, il y ait des acteurs dont le discours formel couvre leurs liens aux partisans de la balkanisation et de l’implosion du Congo-Kinshasa[4].
Plusieurs de ces acteurs ‘’apparents’’ sont, en effet, coachés par ‘’les supplétifs des acteurs majeurs’’ de la tragédie congolaise. Tel est le nerf de cette tragédie. D’où l’incohérence majeure et fondatrice de l’Etat raté du Congo-Kinshasa. Elle risque de prendre encore beaucoup de temps…avant qu’elle ne soit exorcisée.
Pour cause. Décrier ces ‘’taupes’’ attire les foudres tribales et ethniques. Cela crée la peur de se voir taxer de tribaliste, d’ethniciste ou de raciste. La peur de voir le Congo-Kinshasa diviser entre l’Est et l’Ouest, le Nord et le Sud, le Centre et l’Est, etc.
Les réseaux sociaux alimentent cette peur. Les preuves et les documents signés sont vite oubliés. C’est triste. Des intellectuels subversifs, capables de dire tout haut ce que tout plusieurs Congolais pensent tout bas, finiront par rompre avec cette peur inutile.
Certains d’entre eux sont déjà prêts. Sans cette rupture, l’issue sera compliquée.
____________________
Mbelu Babanya Kabudi
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[1] http://www.youtube.com/watch?v=uChjbWl3KH0&sns=fb
[2] Nicolas Sarkozy a enfin compris, lors de sa sortie médiatique de ce dimanche 21 septembre 2014 que les clivages gauche, droite, centre, etc. ne signifiaient plus rien. L’Amérique Latine l’a compris un peu tôt. Poutine a créé ‘’Russie Unie’’ longtemps avant l’intervention de Nicolas Sorkozy sur France 2. Et ceux qui étudient le fonctionnement de ‘’l’Etat profond’’ savent qu’en marge de ces grands regroupements, ‘’le pouvoir se joue ailleurs’’.
[3] http://www.legrandsoir.info/la-commune-copresidente-du-venezuela.html
[4] Sur cette vidéo, Nzanga Mobutu, fait subrepticement allusion à cette question : https://www.youtube.com/watch?v=bAxAOPPDy80
« L’outil le plus puissant que détienne l’oppresseur est la pensée de l’opprimé. » Steve BIKO
Un gouvernement de ‘’cohésion nationale’’ n’est plus possible au Congo-Kinshasa.
Les éléments de langage utilisé pour conduire les Congolais(es) à croire à sa mise sur pied procèdent tout simplement de l’inversion sémantique. Malheureusement, au royaume des aveugles, les borgnes et les autres opportunistes risquent toujours d’être rois.
Il est curieux que pendant qu’une bonne partie de la communauté congolaise se démarque (formellement) de plus en plus de la conception ‘’biologiste’’ et martiale de la politique vue comme une ‘’question de survie’’ et un lieu d’ exercice de ‘’l’ instinct de conservation’’ par un groupe d’élites compradores congolaises et étrangères, il y ait un usage des ‘’éléments de langage’’ tenant à convaincre les plus naïfs des Congolais qu’un gouvernement de ‘’cohésion nationale’’ va être mis sur pied. Non.
Il n’y aura pas de gouvernement de ‘’cohésion national’’ au Congo-Kinshasa.
Cela pour plusieurs raisons dont la principale est qu’il est, à notre humble avis, impossible d’avoir un gouvernement digne de ce nom dans un ‘’Etat raté’’ géré par des ‘’seigneurs de la guerre’’ s’infiltrant par vagues entières dans les institutions formelles du pays.
Il est plus ou moins sûr qu’un groupe de compatriotes pourrait aller ‘’à la soupe’’ pour accompagner le processus de balkanisation et d’implosion du Congo-Kinshasa orchestré par ‘’les maîtres du monde’’ et leurs proxies.
Il pourrait être rejoint par les membres du RCD-CNDP-PPRD-M23. Ces compatriotes auront accès à l’argent et aux honneurs dont peuvent jouir toutes les élites compradores dans un pays mis sous tutelle ou ‘’néocolonisé’’.
De là à prétendre qu’ils feront partie d’un gouvernement de ‘’cohésion nationale’’, il y a un pas qu’il faudrait se garder de franchir.
Qui dit ‘’cohésion nationale’’ dit, entre autres ‘’confiance mutuelle’’ entre les membres d’une nation ; ‘’consensus maximal’’ sur les grandes orientations culturelles, économiques et sociopolitiques de la nation ; respect de la dignité humaine et des libertés fondamentales au cœur de la nation ; respect de l’équité et de la justice sociale et identification des citoyens à un leadership patriote, national visionnaire et rassembleur.
Pour dire les choses autrement, il y a ‘’cohésion national’’ là où existe un Etat national et social.
En examinant les derniers discours des uns et des autres membres des institutions formelles du pays, il ressort que plusieurs éléments susmentionnés font sérieusement défaut.
A la rencontre de Kingakati du 25 août 2014, ‘’l’autorité morale’’ de la MP (majorité présidentielle) a avoué à ses interlocuteurs qu’il ne fait pas confiance à une opposition habitée par le souci de se venger. (De quoi se vengerait cette opposition ? Pourquoi se vengerait-il ?
De son assimilation à l’ennemi traqué comme une bête ? De son exclusion de l’espace du débat contradictoire ? De fraudes électorales ? Les réponses à toutes ces questions seraient à cherchaient dans l’histoire de la guerre de l’AFDL et de ses conséquences.)
Formellement, les prises de positions des députés de l’UDPS et Alliés, de l’UNC et Alliés telles qu’elles ont été présentées ce dimanche, 21 septembre 2014[1], indiquent que ces compatriotes prennent leur distance vis-à-vis de la MP et de ses députés.650 organisations de la société civile ont dit, il y a quelques jours, leur opposition à la révision constitutionnelle chérie par la MP. 45 évêques de la Conférence Episcopale Nationale du Congo ont écrit une lettre pastorale aux chrétiens Congolais et aux hommes de bonne volonté insistant sur le respect de l’article 220 de la Constitution du pays.
Ils ont même invité les curés et les catéchistes à organiser des échanges autour de cette question dans les CEVB ou dans d’autres lieux de rencontre où la base de la société congolaise peut être présente.
Les partis politiques de l’opposition, les organisations de la société civiles (dont l’Eglise catholique) et certains partis politiques de la MP sont en train de dire non à la marche actuelle du pays.
Ils sont prêts à investir ces lieux recommandés par les Evêques de la CENCO. Comment, dans ces conditions, croire qu’il sera mis sur pied au Congo-Kinshasa un gouvernement de ‘’cohésion nationale’’ sans se dire que cela procède tout simplement de l’inversion sémantique ?
Néanmoins, fondamentalement, plusieurs de ces prises de positions se limitent à l’analyse des épiphénomènes.
La question majeure semble être éludée : comment le Congo-Kinshasa peut-il, aujourd’hui, créer une alternative politique crédible, impliquant ses dignes filles et ses dignes fils dans un grand mouvement unifiant (dénommé par exemple ‘’Congo-Uni’’) par delà les clivages gauche, droite, centre[2] et capable de rompre avec le système de sa vassalisation, de son aliénation et de sa néocolonisation actuelles ?
Un projet de société participatif élaboré dans une synergie entre les forces politiques et sociales et la base de nos populations résistantes au système de la sous-humanisation actuelle des Congolais(es) serait, à notre humble avis, premier pas important vers une issue possible à la mise en coupe réglée du Congo-Kinshasa.
Maduro est en train de gagner le pari chaviste en s’orientant dans ce sens[3]. L’imiter peut être permis.
Malheureusement, il arrive qu’au niveau fondamental de la recherche de la création de cette alternative crédible, il y ait des acteurs dont le discours formel couvre leurs liens aux partisans de la balkanisation et de l’implosion du Congo-Kinshasa[4].
Plusieurs de ces acteurs ‘’apparents’’ sont, en effet, coachés par ‘’les supplétifs des acteurs majeurs’’ de la tragédie congolaise. Tel est le nerf de cette tragédie. D’où l’incohérence majeure et fondatrice de l’Etat raté du Congo-Kinshasa. Elle risque de prendre encore beaucoup de temps…avant qu’elle ne soit exorcisée.
Pour cause. Décrier ces ‘’taupes’’ attire les foudres tribales et ethniques. Cela crée la peur de se voir taxer de tribaliste, d’ethniciste ou de raciste. La peur de voir le Congo-Kinshasa diviser entre l’Est et l’Ouest, le Nord et le Sud, le Centre et l’Est, etc.
Les réseaux sociaux alimentent cette peur. Les preuves et les documents signés sont vite oubliés. C’est triste. Des intellectuels subversifs, capables de dire tout haut ce que tout plusieurs Congolais pensent tout bas, finiront par rompre avec cette peur inutile.
Certains d’entre eux sont déjà prêts. Sans cette rupture, l’issue sera compliquée.
____________________
Mbelu Babanya Kabudi
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[1] http://www.youtube.com/watch?v=uChjbWl3KH0&sns=fb
[2] Nicolas Sarkozy a enfin compris, lors de sa sortie médiatique de ce dimanche 21 septembre 2014 que les clivages gauche, droite, centre, etc. ne signifiaient plus rien. L’Amérique Latine l’a compris un peu tôt. Poutine a créé ‘’Russie Unie’’ longtemps avant l’intervention de Nicolas Sorkozy sur France 2. Et ceux qui étudient le fonctionnement de ‘’l’Etat profond’’ savent qu’en marge de ces grands regroupements, ‘’le pouvoir se joue ailleurs’’.
[3] http://www.legrandsoir.info/la-commune-copresidente-du-venezuela.html
[4] Sur cette vidéo, Nzanga Mobutu, fait subrepticement allusion à cette question : https://www.youtube.com/watch?v=bAxAOPPDy80
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