vendredi 15 mai 2015

Burundi: Nkurunziza de retour à Bujumbura, au milieu des manifestations

le vendredi 15 mai 2015 



Le président burundais Pierre Nkurunziza a regagné vendredi son palais à Bujumbura, où les leaders du putsch raté étaient en fuite ou arrêtés, alors que reprenaient des manifestations hostiles au chef de l'Etat dans certains quartiers de la capitale.

"Nous avons décidé de nous rendre. J'espère qu'ils ne vont pas nous tuer", a eu le temps de glisser par téléphone à un journaliste de l'AFP le chef des putschistes, le général Godefroid Niyombare, alors que des soldats pro-Nkurunziza l'approchaient.

Le chef des putschistes est cependant parvenu à prendre la fuite, selon un officier supérieur de la police. "Nos forces sont en train de le rechercher pour l'arrêter", a assuré cet officier, en confirmant les arrestations de trois autres responsables de la tentative de coup d'Etat de mercredi, dont le porte-parole des putschistes, le commissaire de police Zénon Ndabaneze, et le numéro deux du mouvement, le général Cyrille Ndayirukiye, qui avait annoncé dès jeudi soir l'échec du coup d'Etat.

Alors que les forces restées fidèles au président Nkurunziza traquaient les putschistes à Bujumbura, l'officier a garanti qu'il n'y aurait "pas de bavure": "nous n'allons pas les tuer, nous voulons les arrêter pour qu'ils soient jugés".

Le président Nkurunziza est lui arrivé en milieu d'après-midi à Bujumbura, où il a immédiatement rejoint son palais présidentiel. 


Il venait de sa ville natale de Ngozi, quelque 140 km plus au nord-est, où il a passé la nuit après être revenu au Burundi par voie terrestre. Le chef de l'Etat était resté bloqué en Tanzanie depuis l'annonce de sa destitution mercredi après-midi par le général Niyombare.

Le long du chemin entre Ngozi et Bujumbura, selon des témoins, Pierre Nkurunziza a été salué par des partisans assemblés sur le bord de la route, vêtus de T-Shirts à son effigie. 


En périphérie nord-est de la capitale, quelque 2.000 personnes avaient été acheminées par bus pour l'acclamer dans le quartier de Kamenge, fief du parti présidentiel (Cndd-FDD).

Dès la matinée à Bujumbura, des manifestants opposés à la candidature de Pierre Nkurunziza à la présidentielle du 26 juin avaient à l'inverse répondu dans plusieurs quartiers périphériques à l'appel du collectif anti-troisième mandat à redescendre dans la rue.

Depuis la désignation le 25 avril de Pierre Nkurunziza comme le candidat du Cndd-FDD au scrutin présidentiel, Bujumbura avait été le théâtre de manifestations interdites par le gouvernement mais quasi-quotidiennes, qui avaient cessé avec la tentative de coup d'Etat.

Les manifestants se sont réunis vendredi dans les quartiers habituels de cette contestation -- Musaga (sud), Cibitoke (nord) et Nyakabiga (est).

A Musaga, des centaines de manifestants autour de barricades ont été dispersés par des tirs de sommation de la police. Dans une ambiance électrique, un officier a lancé: "Sachez que ceux qui montent des barricades seront désormais considérés comme des putschistes".

Le centre-ville de Bujumbura était lui calme, les habitants s'y rendant de nouveau après l'avoir déserté pendant deux jours. Aucune présence policière ou militaire particulière n'était visible.

Le président Nkurunziza devait s'exprimer dans la journée sur les ondes de la radio-télévision nationale burundaise (RTNB), mais elle n'avait toujours pas eu lieu en milieu d'après-midi.

La RTBN, au centre de combats à l'arme lourde jeudi entre forces loyalistes et putschistes, et restée tout au long de la tentative de coup sous contrôle des pro-Nkurunziza, était vendredi bien opérationnelle. 


En revanche, les émissions des principales radios et télévision indépendantes restaient coupées: ces médias avaient cessé d'émettre jeudi, après avoir été attaqués, parfois à la roquette, par les partisans du chef de l'Etat.

La Belgique en faveur d'une "transition rapide et sûre" (De Croo)

Le ministre belge de la Coopération au développement, Alexander De Croo, a prévenu vendredi qu'un retour à la situation antérieure au Burundi était "impossible", alors que le président Pierre Nkurunziza, brièvement destitué par un putsch finalement étouffé, est rentré au pays, théâtre de contestations à sa candidature à un troisième mandat. 


"Un retour au +business as usual+ est impossible. C'est ce qui se produit quand on foule aux pieds les accords d'Arusha (les accords de paix signés en 2000 en Tanzanie et qui ont mis fin à une longue guerre civile, ndlr)", a-t-il affirmé dans une interview publiée par le journal 'De Morgen'.

Selon M. De Croo (Open Vld), la constitution burundaise stipule qu'un président burundais ne peut effectuer que deux mandats "au maximum".

"Ce qui se passe maintenant, c'est la conséquence de la candidature du président Nkurunziza à un troisième mandat. Nous comptons sur le fait qu'il s'en rendra maintenant lui-même compte", a dit le ministre, sans réclamer explicitement le départ du chef de l'Etat.

Mais, ajoute-t-il, "notre espoir réside dans (la mise sur pied d') une transition rapide et sûre", de manière à pouvoir "organiser à terme des élections démocratiques dans le respect d'Arusha". 


Selon M. De Croo, il paraît difficile d'organiser le 26 mai les élections législatives et communales prévues. 
_________

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire