dimanche 17 mai 2015

Le Burundi, le Congo-Kinshasa et la Rwanda face à la guerre perpétuelle. Un rappel

14 mai 2015



« Un peuple sans mémoire ne peut pas être un peuple libre » D. Mitterrand

La guerre perpétuelle menée contre les Grands Lacs Africains vient de revêtir, sous le contrôle des acteurs pléniers, le visage d’un coup d’Etat. 


Elle devient visible sur un seul front : le front politique. Et en un seul lieu : au Burundi. Et elle se mène sur beaucoup d’autres fronts ailleurs au Rwanda et au Congo-Kinshasa. 

Elle poursuit un objectif raciste et économique : exterminer le plus possibles les populations des Grands Lacs africains et transformer cette partie du Grand Rift en un marché ultralibéral contrôlé par ‘’les gouverneurs de l’empire’’ comme le faisant ‘’Ponce Pilate’’ dans la Rome antique.

Les initiateurs de la guerre de basse intensité et de prédation contre la sous-région des Grands Lacs africains n’avaient pas ‘’la démocratie’’ comme objectif à atteindre. Non. Ils voulaient créer un marché acquis aux normes de l’ultralibéralisme. 


Quand le Burundi sombre dans la violence (depuis ce mercredi 13 mai 2015) et que les compatriotes de cette sous-région croient que c’est le refus de Nkuruzinza de respecter la Constitution de son pays qui est en jeu, ils ne semblent pas comprendre l’enjeu de cette guerre perpétuelle. 

Pour ses acteurs pléniers, la démocratie et les droits de l’homme demeurent ‘’des objectifs illusoires’’. Eux visent l’extension du ‘’marché de l’Afrique de l’Est’’.

Depuis qu’ils sont engagés dans la première guerre mondiale, ils ne luttent pas pour installer ‘’la démocratie’’. Non. Plusieurs d’entre nous devraient prendre le temps d’écouter et de réécouter le discours de George Friedman à Chicago[1]. 


Eux mènent la guerre perpétuelle, à temps et à contretemps, pour l’expansion de leur empire. Comme ils ne peuvent pas être partout à la fois, ils ont simplement besoin des ‘’Ponce Pilate’’ à l’exemple de la Rome antique.

En Afrique, leur empire doit inclure une bonne partie de pays se situant entre la République Centrafricaine et la Mozambique.

Comme ils ne savent pas être partout à la fois, ils organisent des affrontements entre ‘’les loyalistes’’ et ‘’les putschistes’’ des pays qu’ils contrôlent. Ils organisent le chaos constructeur de façon à se présenter en permanence comme ‘’pompiers’’. 


Et cela marche pour des peuples assoiffés des ‘’objectifs illusoires’’ que sont ‘’la démocratie et les droits de l’homme’’ mijotés à la sauce occidentale de l’ultralibéralisme.

A ce point nommé, il y a une corruption spirituelle, politique et morale dont les élites compradores africaines (en costume-cravate) ont du mal à se départir. 


Ils ont beau clamé sur les toits qu’ils font partie du ‘’monde des grands’’ et ils sont malheureusement frappés d’une cécité qui les confinent à ne pas comprendre que les deux plus grandes puissances actuelles du monde ne croient ni en la démocratie, ni dans les droits de l’homme. Il s’agit des USA et de la Chine[2]. 

Cette dernière n’a jamais cru que l’Occident était détenteur des valeurs universelles à exporter. Un philosophe indien, Amartya Sen, le dit autrement.

En écrivant ‘’la démocratie des autres’’, Amartya Sen semblait accorder un peu plus de valeur à la liberté qu’à la démocratie made in Occident. Le sous-titre de son petit livre l’insinue[3].

Des hommes (et des femmes) libres ont, depuis la nuit des temps, initiaient des processus et des systèmes pouvant conduire, selon leur génie propre, leurs pays ou leurs communautés de vie à promouvoir ‘’le bien-vivre’’ sans qu’ils soient soumis aux diktats de quelque maître que ce soit. 


Ils avaient compris que les modes de gestion de la cité ne s’exportent pas. Ils ne se vendent pas. Même si l’ouverture des sociétés les unes aux autres, les rencontres des peuples entre eux, peuvent permettre un apprentissage mutuel.

Plusieurs élites compradores et beaucoup de ‘’négriers des temps modernes’’ ont du mal à assimiler ces leçons historiques : ils sont des ‘’esclaves volontaires’’ de l’ordre ultralibéral et/ou du ‘’nouvel ordre mondial’’ made in USA. 


Elles essaient de servir leurs ‘’maîtres’’ en bâtissant l’histoire de leurs peuples sur des mensonges.

A voir ce qui se passe actuellement au Burundi, il serait bon de revoir le documentaire intitulé ‘’Rwanda’as untold story’’ pour comprendre que les acteurs pléniers tapis dans l’ombre ont encore le contrôle de la sous-région des Grands Lacs qu’ils tiennent à transformer, à tout prix, en une partie du marché du Grand Rift, sans Etats souverains.

Il serait naïf, à notre humble point de vue, de croire à ‘’la fin d’une dictature’’ au Burundi. La fin de la tyrannie de Nkuruzinza nous semble être une porte ouverte à celle du marché ultralibéral auto-régulé. 


Les tireurs des ficelles manipulent leurs marionnettes et les peuples commis à leurs soins comme ils l’entendent. Les masses énormes de ces peuples ont rapidement cru à la fin de la guerre perpétuelle made in USA. Pourtant, elle se poursuit sans état d’âme.

Elle conserve sa particularité : atomiser les populations, les opposer les unes autres. Elle sert un principe : ‘’Diviser pour régner’’. Oui, diviser pour instaurer le règne d’un marché raciste aux profits des 1% d’oligarques d’argent.

Après le Burundi, le Congo-Kinshasa et le Rwanda risquent de faire la même sale expérience. Elle ne sera rien d’autre qu’un visage ponctuel revêtu par une guerre perpétuelle déclenchée il y a plus de deux décennies. 


Un visage ponctuel pour servir une illusion :l’accès des Grand Lacs à la démocratie. Un leurre !
_________________
Mbelu Babanya Kabudi


[1] https://www.youtube.com/watch?v=u1a0FD6iiek

[2] http://www.europe1.fr/emissions/l-interview/jean-louis-beffa-linterview-integrale-939922

[3] A. SEN, La démocratie des autres. Pourquoi la liberté n’est pas une invention de l’Occident, Paris, Payot, 2005.

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