samedi 13 juin 2015

RDC-Assemblée nationale : la députée Jaynet "Kabila" pète les plombs!


Jaynet "Kabila"

Au cours d’une séance plénière à huis clos, vendredi 12 juin, les députés nationaux ont examiné les conclusions du rapport de la Commission chargée d’enquêter sur le groupe de pression "Filimbi" (coup de sifflet en swahili). 


Les parlementaires sont arrivés à la conclusion que les activistes de ce mouvement n’ont jamais eu des visées "terroristes" comme l’avait affirmé le ministre de la Communication et médias Lambert Mende Omalanga. 

Certains membres de la représentation nationale ont fustigé la légèreté avec laquelle les services de renseignements qualifient des faits. 

Ils ont déploré la "confiance aveugle" que "Joseph Kabila" semble témoigner aux responsables des services de sécurité. Piquée au vif, la députée Jaynet "Kabila" a pris à partie les contempteurs de son frère de président. Du jamais vu!

C’est une ambiance électrique qui a régné, vendredi 12 juin, dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. C’était à l’occasion du débat sur les conclusions de l’enquête menée par une commission parlementaire sur les activistes du groupe de pression "Filimbi". 


Ceux-ci ont été arrêtés le 15 mars dernier dans la commune kinoise de Masina avec leurs camarades sénégalais et burkinabé qui ont été relaxés sur ordre de "Joseph Kabila". 

Les Congolais, eux, ont été accusés de "menées terroristes". Des libérations ont eu lieu en compte-gouttes. Une torture morale pour la familles.

Le rapport rédigé par les membres de la Représentation nationale (opposition et majorité) est formel : les militants de ce mouvement "n’avaient vraisemblablement aucune visée terroriste". 


Les députés ont aussitôt invité le procureur général de la République "à statuer rapidement" sur les cas de Fred Bahuma et Yves Makwambala, respectivement membre de "Lucha" (Lutte pour le changement) et graphiste du mouvement Filimbi. Les deux militants restent encore en détention. Sans jugement.

Contrairement aux allégations du ministre Mende ainsi que celles des responsables de l’Agence nationale de renseignements (ANR), les membres de ladite commission n’ont obtenu aucun indice matériel attestant que le mouvement Filimbi est une organisation terroriste. Ils n’ont vu ni armes. Ni grenades. Ni cocktail Molotov.

Interrogés, les différents responsables des services dits de sécurité ont été bien incapables de démontrer le contraire aux membres de la commission. 


On peut lire notamment : "S’agissant du caractère terroriste du mouvement Filimbi, les responsables des différents services de sécurité concernés ont déclaré qu’au stade actuel de leurs investigations, aucun indice ne pouvait l’établir".

On rappelle qu’au lendemain des arrestations de la trentaine de personnes venues participer à une réunion d’échange sur la bonne gouvernance en Afrique organisée par Filimbi, le ministre Mende avait présenté cette rencontre du 15 mars comme une "tentative de déstabilisation des institutions" du Congo-Kinshasa. 


Sans vergogne, il avait déclaré que les personnes arrêtées étaient en possession des tenues militaires, du chanvre et un livre intitulé : "Le retour du Djiadiste". Bref, la panoplie d’un "parfait terroriste".

Pour la petite histoire, le rapport rédigé par cette commission parlementaire a été déposé, depuis fin avril, au bureau de l’Assemblée nationale où trône Aubin Minaku. Celui-ci est également le secrétaire exécutif de la mouvance kabilliste. 


Ce n’est que le vendredi 12 juin que le président de la Chambre basse a fini par se réaliser - contre son gré - la nécessité de soumettre le document au débat. De préférence à huis clos.

"Jaynet" pète les plombs

Au cours des échanges, certains députés ont fustigé le caractère fantaisiste des rapports dits de sécurité rédigés par des agents de l’ANR. D’autres intervenants ne se sont pas empêchés de critiquer "Joseph Kabila" et son ministre de la Communication et médias, Lambert Mende Omalanga, surnommé "Tshaku" (Perroquet).

Après le flot de critiques, le sang de la députée Jaynet "Kabila" n’a fait qu’un tour. Elle a déversé sa colère sur son collègue José Makila Sumanda : "Comment osez-vous critiquer le chef de l’Etat? L’article 68 de la Constitution dit clairement que le chef de l’Etat fait partie des institutions du pays. On lui doit, par conséquent du respect. Si vous voulez vous en prendre à sa personne, il faudra attendre l’année 2017 lorsqu’il y aura les élections...".

L’évocation de l’année 2017 alors que l’élection présidentielle est prévue en novembre 2016 a mis la puce à l’oreille des députés de l’opposition. Pour eux, il n’y a plus de doute : le "glissement" est en route.

Le député Makila de revenir à la charge : "Je suis étonné d’entendre quelqu’un parler de l’organisation des élections en 2017". 


S’adressant à "Jaynet", il lance : "Vous voulez qu’on respecte le chef de l’Etat? Nous n’en disconvenions nullement! Je vous fais cependant remarquer que la même Constitution que vous venez de citer parle de l’alternance en 2016. On doit respecter tous les articles de la Constitution et non uniquement ceux qui nous arrangent. Nous avons noté que vous avez votre calendrier...".

"Plus rien ne sera comme avant..."

On rappelle la poignante intervention du député national Gilbert Kiakwama kia Kiziki en date du 24 mars. 


Père d’un des jeunes interpellés, "KG", comme l’appellent ses intimes, n’avait pas trouvé des mots assez durs pour dénoncer ce qu’il qualifiait d’"injustice" commise par les "services".

"Aujourd’hui, déclarait-il, il me paraît impérieux de dire à la nation congolaise à travers sa représentation nationale que j’ai élevé mes cinq enfants et tous les enfants dont j’ai eu à assurer l’éducation, la formation, le suivi ou l’encadrement dans le même et strict respect des principes humanistes, des principes démocratiques, et des principes républicains". 


Et de poursuivre : "Mais, j’ai aussi appris à mes enfants à ne jamais, je dis bien jamais courber l’échine ou mettre les deux genoux à terre lorsque des injustices, des abus, des ignominies, des faits du prince, des mensonges, des vilenies, des calomnies, des subterfuges, des artifices, des contre-vérités sont employés contre eux, sont employés contre leurs convictions, sont employés contre leurs amis, sont employés contre leurs collègues, sont employés contre leurs proches, sont employés, enfin, contre leur famille".

Adepte du "parler vrai", Kiakwama d’affirmer que le gouvernement du Congo démocratique est "trompé" par ‘"ses services" de sécurité. 


Des services qui sont "entrain de commettre une terrible injustice en maintenant en détention arbitrairement depuis le dimanche 15 mars 2015 plus de trente jeunes Congolais membres ou sympathisants du Mouvement citoyen Filimbi qui n’est rien d’autre qu’un collectif de trois associations de jeunes, j’ai cité :

Jeunesse pour une nouvelle Société (JNS) ; Forum national de la jeunesse pour l’excellence (FNJE) et, Lutte pour le changement (LUCHA)". 


"Filimbi regroupe des jeunes patriotes de toutes nos provinces qui ont le droit de réfléchir sur leur pays, le droit de défendre leur idée de la bonne gouvernance dans leur pays, le droit de développer leur vision sociale de leur pays, le droit de débattre de leur pays, le droit d’expliquer la démocratie aux jeunes, le droit d’inviter dans leur pays, le droit d’informer la jeunesse congolaise et de l’éduquer à l’engagement citoyen. (...)", concluait-il.

Revenons à "Jaynet". De mémoire des députés nationaux, il semble bien que c’est la première fois qu’un membre de la fratrie "Kabila" soit "malmené" dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. 


"Plus rien ne sera comme avant...", commentait un député joint, vendredi soir, à Kinshasa. 
_____
B.A.W
© Congoindépendant

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire