samedi 6 juin 2015

RDC: Massacres sans fin à Beni

14 mai 2015

Trois attaques en moins d'une semaine. Plus de de 400 morts depuis l'automne 2014. Les tueries à répétition exaspèrent les populations qui ne comprennent plus l'impuissance de l'armée congolaise et des casques bleus de la Monusco.



La région de Beni est située à 250 km au Nord de la capitale provinciale, Goma – Photo : Licence creative commons

Qui pourra arrêter les massacres à répétition dans la région de Beni, à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) ? 


La longue litanie des attaques d’hommes armés contre les populations civiles vient encore de s’allonger cette semaine dans ce territoire du Nord-Kivu. 

Dernier massacre en date : 23 personnes tuées dans la nuit du mercredi 13 au jeudi 14 mai à Mbau, une localité située à une vingtaine de kilomètres de Beni. 

Le 12 mai, 5 civils étaient massacrés à la machette et à la hache, toujours près de Beni. Le 8 mai, ce sont 7 personnes qui ont été tuées à l’arme blanche à Mulekera, encore en territoire de Beni. 

Enfin, il y a trois semaines, fin avril, la société civile du Nord-Kivu dénombrait 18 morts à Matiba et Kinzika. Et la liste ne s’arrête pas là. 

Depuis l’automne 2014, plus de 400 personnes ont été massacrées par des hommes en armes. Sur le banc des accusés : les miliciens des ADF-Nalu, une rébellion ougandaise, qui sévit dans la région depuis une vingtaine d’années… dans l’indifférence générale.

La colère gronde

Le regain de violence dans la zone de Beni suscite la colère des populations locales qui ont le sentiment d’être délaissées par les autorités congolaises et les casques bleus des Nations-unies. (Monusco). 


Depuis trois jours, Beni est déclarée « ville morte » par la société civile, qui proteste contre l’impuissance du gouvernement. Et la colère se propage dans toute la région. Les villes d’Oicha et de Butembo ont rejoint la contestation. 

A Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu, ce sont les étudiants qui sont descendus dans la rue ce jeudi 14 mai. 

« L’opération « ville morte » va durer jusqu’à ce que le gouvernement trouve des solutions à la problématique de massacres à répétition des civils », indique le communiqué de la société civile.

« Définir les responsabilités »

Sous le feu des critiques, le gouvernement congolais a dépêché son ministre de l’Intérieur, Evaristo Boshab, sur place, mercredi 13 mai. Le ministre entend prendre rapidement des mesures pour lutter contre l’insécurité grandissante dans la région. 


Mais la visite du président Joseph Kabila à Beni, après une série de massacres fin octobre 2014, était déjà restée sans effet – voir notre article. Une statue du président congolais avait même été déboulonnée à Beni. 

Dans ce contexte survolté, le gouvernement souhaite réagir vite. Un cahier des charges a été déposé par la société civile au ministre de l’Intérieur. Dans cette « feuille de route », la société civile propose « de définir les responsabilités des uns et des autres dans la recherche de la paix dans cette région ».

Reprise de la coopération militaire FARDC-Monusco

Au rayon des revendications des habitants de la région : « le changement du commandement des opérations Sukola 1 qui ont failli à sa mission de sécuriser les populations ». 


En décembre 2014, cette opération conjointe de l’armée congolaise (FARDC) et de la Monusco avait contribué à ramener le calme dans la région de Beni, sans toutefois stopper totalement les tueries. 

Mais cette opération a été arrêtée après la brouille entre la Monusco et les autorités de Kinshasa. Les Nations unies accusent en effet certains officiers congolais de corruption et d’exactions. 

Depuis mars dernier, FARDC et Monusco n’entretiennent pratiquement plus de coopération militaire. Pour de nombreux observateurs, il est indispensable de reprendre la coopération militaire dans l’Est de la RDC. 

Avec ce « relâchement » du dispositif sécuritaire dans la région, les groupes armés ont repris du service, jusqu’à lancer des attaques meurtrières contre les FARDC et la Monusco. Une partie de la solution se trouve donc désormais entre les mains des autorités congolaises et des Nations unies.
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Christophe RIGAUD 

Afrikarabia

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