lundi 27 juillet 2015

Dialogue : «Kabila» et son «clan» en panne d’imagination

24 Juillet 2015


De gauche à droite : "Joseph Kabila", Augustin Matata Ponyo et Aubin Minaku

Comment conserver le pouvoir d’Etat au-delà du 19 décembre 2016 ? 


C’est la question cruciale qui obsède actuellement les «hommes» faisant partie du premier et du deuxième cercle du pouvoir kabiliste. 

Deux scénarios sortent du lot : la ruse ou la force. 

Tel un élève studieux, «Joseph Kabila» a suivi avec une attention soutenue «l’inflexibilité» affichée par son homologue burundais Pierre Nkurunziza face aux remontrances occidentales. 

Revigorés, les «petits soldats» du «raïs» seraient mobilisés à l’extérieur et à l’intérieur. Objectif : jouer à fond la carte de la «préservation de la paix» qu’il importe d’associer à l’image de «Joseph Kabila». 

Sur un plan congolo-congolais, convaincre les «opposants radicaux» à participer au «dialogue national» avec à la clé le partage de maroquins. Ce sont les confidences que le chef barbouze Kalev Mutond aurait distillées à quelques «proches». 

Le patron de l’ANR (Agence nationale de renseignements) a la réputation d’un homme vaniteux et bavard. Par ailleurs, dans une interview accordée à « jeuneafrique.com », mise en ligne en date du 22 juillet 2015, Tryphon Kin-Kiey Mulumba, ministre en charge des Relations avec le Parlement, soutient le plus sérieusement du monde que « (…) chez nous (Ndlr: Congo -Kinshasa), il n’existe pas d’hommes compétents acceptés par l’ensemble du pays» pour succéder à «Joseph Kabila» lors de l’élection présidentielle fixée au mois de novembre 2016. Des propos qui donnent la nausée.

A l’appui de sa thèse pseudo-scientifique, le ministre Kin-Kiey Mulumba (KKM) rappelle que «la RDC est un Etat post-conflit mais dont les richesses du sous-sol sont encore très convoitées par l’extérieur». 


Le message subliminal est lancé : « Joseph Kabila » est le seul homme capable de préserver la paix civile. Une paix au demeurant inexistante dans la partie orientale du pays.

Faux amnésique, «KKM» feint d’oublier qu’il avait pris le chemin de l’exil en traversant le fleuve Congo en pirogue un certain 17 mai 1997. C’était lors de l’entrée à Kinshasa des troupes rwandaises et ougandaises de l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre). 


Ces troupes étaient commandées par un certain « colonel James », l’actuel ministre rwandais de la Défense, dont l’aide de camp n’était autre qu’un certain «commandant Hyppo» alias «Joseph Kabila». Inutile de chercher loin ceux qui pourraient menacer la paix et la sécurité dans l’ex-Zaïre, devenu un butin de guerre.

Devenu ministre de «Joseph Kabila» avec les privilèges et avantages y afférents, l’ancien «opposant armé» qu’était Tryphon Kin-Kiey Mulumba - qui justifiait son ralliement en 1998 à la rébellion pro-rwandaise du RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie) par la nécessité de combattre le régime dictatorial de LD Kabila et de faire triompher la démocratie et l’Etat de droit -, Kin-Kiey donc, « plaide pour l’instauration du scrutin indirect pour l’élection du président de la République ». Une injure à la mémoire de tous ces concitoyens qui ont payé de leur vie pour l’idéal démocratique et l’avènement de l’Etat de droit. C’est-à-dire d’un Etat institutionnalisé qui survit aux puissants du moment.

Selon KKM, le «dialogue» à venir devrait être l’occasion d’introniser «Joseph Kabila» «par consensus». Et pourquoi pas une "présidence à vie"? 


Chaque fois que les intérêts maffieux du « clan kabiliste » sont en jeu, les Congolais doivent se plier en changeant les règles constitutionnelles. 

Dans le cas sous examen, l’article 70 de la Constitution qui limite à deux le nombre de mandat présidentiel doit être «désactivé» pour permettre à quelques jouisseurs-carriéristes à continuer leur passe-temps favori. Un jeu qui consiste à se livrer à la frivolité tout en se remplissant la panse. Pendant ce temps, la grande masse congolaise broie du noir.

Questions : pourquoi les anciens opposants politiques zaïro-congolais parvenus au pouvoir sont-ils si médiocres ? 


Pourquoi ces messieurs et dames abusent du discours progressiste tant qu’ils militent dans l’opposition et adoptent un langage conservateur dès qu’ils gravissent les marches du pouvoir? Où est la cohérence?

Et revoici le chef barbouze Kalev Mutond

Selon des sources bien informées à Kinshasa, l’administrateur directeur général (ADG) de l’Agence nationale de renseignements (ANR), le très rebutant Kalev Mutond, aurait repris son «bâton de médiateur». 


Signe s’il en était besoin que «Joseph Kabila» et ses «petits soldats» sont dans tous leurs états. Ils sont loin de détenir toutes les cartes du jeu. 

On rappelle que les pourparlers engagés dès le 2 mai dernier par le boss de l’ANR auprès de la direction de l’UDPS, de l’UNC et du MLC s’étaient soldés par un échec pour le moins retentissant.

N’étant pas officier de renseignements de formation, ancien chef de travaux à l’Université pédagogique nationale, Kalev est resté «naturel». L’homme a la réputation d’un bavard doublé d’un vantard. 


Procès d’intention? Ses détracteurs prétendent qu’il lui arrive souvent de confier à ses «proches» le contenu de ses conversations avec «Papa Roméo», autrement dit «Joseph Kabila».

A en croire ces sources kinoises, Mutond se serait rendu jeudi 23 juillet chez l’opposant José Makila Sumanda. 


L’avocat Norbert Nkulu Kilombo (ambassadeur en titre au Rwanda), Néhémie Mwilanya Wilondja (directeur du cabinet présidentiel), Ngoy Lulu (conseiller politique à la Présidence) auraient été présents lors de cette entrevue. De quoi ont-ils parlé ? Un seul sujet : le "dialogue".

Kalev aurait tenté sans succès de convaincre le député national Makila - qui est par ailleurs président d’un groupe parlementaire - d’accepter de participer au dialogue. 


« Le chef de l’Etat a besoin de vous pour travailler ensemble et partager le pouvoir », aurait-il déclaré. Le conditionnel reste de rigueur. Et ce en dépit du fait que ces infos ont été recoupées par l’auteur de ces lignes auprès de trois sources.

Baguenaudant littéralement, Makila aurait commencé par rappeler les travaux des «concertations nationales» dont les recommandations transmises au chef de l’Etat ont été passées «par pertes et profits». 


« Le groupe parlementaire que je préside dit non au dialogue !», dira-t-il.

Sur «conseil» de José Makila, la délégation se serait rendue par la suite au domicile de Vital Kamerhe (VK), le président de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC). 


Selon les sources précitées, Kalev aurait commencé par amadouer «VK» en lui disant : « Le président Joseph Kabila a besoin de toi ». 

Poursuivant son « baratin », le patron de l’ANR aurait promis à Kamerhe le poste de Premier ministre brocardant au passage, semble-t-il, la «croissance macroéconomique» que claironne Augustin Matata Ponyo. Celui-ci appréciera.

Dans sa réponse, « Vital » aurait décliné purement et simplement l’offre. Il aurait profité de l’occasion pour dire tout le mal qu’il pense de la campagne de «satanisation » dont il est l’objet à la RTNC, le média d’Etat, où trône Lambert Mende Omalanga. 


« Il n’y a pas de dialogue qui tienne, aurait conclu Vital Kamerhe. Allons aux élections. Je n’ai rien contre Joseph Kabila.»

Dans une interview accordée à Jeune Afrique, le président de l’UNC a eu ces mots prémonitoires : «C’est très clair : Joseph Kabila, avec ses spécialistes, veut nous tendre un piège. Mais c’est un piège d’amateurs puisque nous savons où il veut nous amener. Kabila est resté en effet constant dans sa détermination d’opérer le « glissement » du calendrier électoral. »

On le voit, Kin-Kiey Mulumba et Kalev Mutond se sont engagés sur un terrain hasardeux. Ils devraient revoir leurs copies…
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Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant

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