samedi 5 septembre 2015

Disparition de Stephan De Witte : Qui protège la "Princesse" Odette Maniema?


La "princesse" Odette Maniema Krempin

Cinq mois après la diffusion de l’enquête co-réalisée par la RTBF et le magazine français «Paris Match» sur la disparition, depuis janvier 2014 à Kinshasa, du Belge Stephan De Witte, comptable du groupe italo-belge Duferco, la justice congolaise - réputée pour sa « célérité » lorsqu’il s’agit d’exécuter les ordres donnés par la «haute hiérarchie» - reste étrangement muette dans un cas assimilable à un homicide. 


Le principe de territorialité de la loi ne commande-t-elle pas l’ouverture d’une information judiciaire pour élucider un fait survenu sur le territoire congolais ? L’implication présumée d’une ancienne consule honoraire du Congo-Kinshasa serait-elle la cause de cette inertie?

Dans son édition datée du 27 août 2015, l’hebdomadaire parisien "Paris Match" est revenu sur l’affaire relative à la disparition de l’expert-comptable belge Stephan De Witte. 


En mission d’affaires à Kinshasa pour le compte de ce Groupe, l’homme n’a plus donné signe de vie depuis le mois de janvier 2014.

Au moment de son « éclipse », De Witte était devenu un familier du Jardin botanique de Kisantu (Kongo Central) où il assumait les fonctions de directeur général. 


Et ce sous la « présidence » de la très énigmatique Odette Maniema Krempin, alias « Princesse du Maniema », patronne de «Promo Kisantu Garden».

Institution placée sous la tutelle de l’ICCN (Institut congolais de conservation de la nature), le Jardin Botanique de Kisantu a été concédé à Maniema Krempin aux termes d’un accord conclu entre l’ICCN, un organisme public congolais, et la chambre de commerce germano-congolaise de Francfort.

Dans ce Congo démocratique où tout investisseur est obligé de recourir à un «parrain» ou à une « marraine » pour se faire ouvrir des portes, la dame Maniema a dû fatalement bénéficier des appuis politiques pour obtenir ce contrat.

Les investigations publiées jusqu’ici sur ce qu’il faut bien appeler « affaire Stephan De Witte » laissent entendre que la « Princesse Odette » a attendu vingt-cinq jours avant de signaler la disparition de celui qui passait pour son compagnon.

En charge du dossier, le juge d’instruction belge Michel Claise tente en vain d’entendre la Congolaise en qualité de témoin. Le magistrat serait en train de préparer une commission rogatoire internationale. 


« Simple témoin, note le journaliste Frédéric Loore, Odette Maniema se profile de plus en plus comme suspecte, bien que rien de concluant ne l’implique à ce stade dans la disparition de son compagnon.»

Pour la petite histoire, Odette Maniema a commencé à faire parler d’elle à partir de 2009. Consule honoraire du Congo démocratique à Francfort, elle organisait des manifestations de « fund rising » pour récolter des fonds au profit notamment de l’hôpital de Kamituga, au Kivu.

Pour mémoire, les noms de Serge Kubla (ancien bourgmestre de Waterloo) et celui de l’épouse de l’ancien Premier ministre Adolphe Muzito ont été cités dans le « volet corruption » de ce dossier.

S’agissant du "volet disparition", on ne pourrait s’empêcher de s’interroger sur l’impassibilité qu’affiche la justice congolaise sur cette affaire. Une affaire assimilable pourtant à un homicide présumé.

Tout en reconnaissant à la dame Maniema Krempin le droit à la présomption d’innocence, il est difficile à comprendre qu’elle n’ait pas été entendue au titre de "simple témoin" ? 


La proximité de la « Princesse » avec le pouvoir congolais lui confère-t-elle un « certificat d’intouchabilité » ? Qui, en définitive, protège Odette Maniema Krempin? 
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B.A.W
© Congoindépendant

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