Du 26 au 31 juillet, M. Dismas Kitenge, président du Groupe Lotus basé à Kisangani et vice-président de la FIDH (Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme) a séjourné à Stuttgart, en Allemagne, où il a visité la Base de l’Africom (Commandement de l’armée américaine pour l’Afrique) en compagnie de quatre journalistes de la presse congolaise. Au cours de leur entretien avec le commandant en chef de l’Africom, le général afro-américain William E. «Kip» Ward, les cinq Congolais ont abordé la question de l’implosion de leur pays. Et si on revenait en détail sur ce plan ?
Des explications dites scientifiques
Dès le déclenchement du conflit toujours en cours au Congo, le 2 août 1998, les
«rebelles» ou les «collabos», pour être exact, avaient affiché clairement leurs ambitions. Toute idée de sécession était écartée. Renverser la dictature du président Laurent-Désiré Kabila était leur seul objectif avoué. L’assassinat de ce dernier, le 16 janvier 2001, n’avait pas changé leur profession de foi. Car le successeur du dictateur, son «fils» Joseph Kabila, avait continué à exercer un pouvoir sans contrôle et donc toujours dictatorial ; une donne que les élections de 2006 n’ont d’ailleurs pas changée. Le Congo n’est pas le seul pays africain déchiré par la guerre. Plusieurs autres l’ont été ou le sont, avec des zones contrôlées par le pouvoir et d’autres par la rébellion. Jamais les politiques, scientifiques et journalistes occidentaux n’avaient évoqué la partition ou l’implosion de ces nations. Pourtant, à peine les hostilités ouvertes au Congo, ils ont agité le spectre de l’implosion tout au long de la couverture médiatique de la guerre.
Des explications dites scientifiques
Dès le déclenchement du conflit toujours en cours au Congo, le 2 août 1998, les
«rebelles» ou les «collabos», pour être exact, avaient affiché clairement leurs ambitions. Toute idée de sécession était écartée. Renverser la dictature du président Laurent-Désiré Kabila était leur seul objectif avoué. L’assassinat de ce dernier, le 16 janvier 2001, n’avait pas changé leur profession de foi. Car le successeur du dictateur, son «fils» Joseph Kabila, avait continué à exercer un pouvoir sans contrôle et donc toujours dictatorial ; une donne que les élections de 2006 n’ont d’ailleurs pas changée. Le Congo n’est pas le seul pays africain déchiré par la guerre. Plusieurs autres l’ont été ou le sont, avec des zones contrôlées par le pouvoir et d’autres par la rébellion. Jamais les politiques, scientifiques et journalistes occidentaux n’avaient évoqué la partition ou l’implosion de ces nations. Pourtant, à peine les hostilités ouvertes au Congo, ils ont agité le spectre de l’implosion tout au long de la couverture médiatique de la guerre.
Pourquoi le Congo imploserait-il ?
Africaniste, le professeur belge Gauthier de Villers avait une explication qui ne souffrait d’aucune nuance : «A mon sens, la plus grande menace est plutôt celle d’une implosion, d’un éclatement du pays, dont le maintien de l’unité tient depuis longtemps du miracle» (Le Soir, 5 août 1998). Un deuxième intellectuel belge, Samuel Falmagne, renchérissait : «Les Belges au Congo étaient comme le ciment d’un mur. Maintenant, il ne reste que les briques» (La Dernière Heure, 5 août 1998). Un troisième, l’avocat Mario Spandre, leur emboîtait le pas et laissait entendre qu’il ne s’agirait pas d’une implosion à la yougoslave. D’après lui, l’internationalisation du conflit congolais résultait du fait que «la destruction du tissu économique du pays avait dénoué les liens habilement tissés à Berlin». La présence des troupes étrangères au Congo signifiait que «les forces bloquées par l’arrivée de Léopold II se remettaient en marche». C’est ainsi qu’il voyait « le Zimbabwe repartir vers le nord, l’Angola retourner vers le royaume du Congo et, à l’est, les peuples des royaumes des Bami retraverser la Semliki et la Ruzizi pour occuper le Kivu » (Le Soir, 11 septembre 1998).
Il serait inutile de nous arrêter sur l’argumentation des deux premiers. Elle a été brillamment démentie par les Congolais, mobilisés comme un seul homme derrière l’unité de leur patrie. En fait d’africanistes, ces deux intellectuels belges sont soit des borgnes au pays des aveugles, soit de fieffés menteurs. Passons donc très vite au troisième spécialiste de l’Afrique, l’avocat Mario Spandre. En voyant réapparaître des structures politiques traditionnelles là où agissaient des Etats postcoloniaux clairement identifiés, Mario Spandre tentait de justifier maladroitement la remise en question des frontières héritées de la colonisation telle que mise en branle par la poussée tutsi. Ses propos ne mériteraient que l’indifférence s’ils n’étaient méprisants quand ils suggéraient cette solution à la guerre en cours : « la colonisation du Congo par ses voisins ou une reconnaissance des anciens royaumes » (Le Soir, 11 septembre 1998).
L’agression des pouvoirs tutsi d’Ouganda, du Rwanda et du Burundi, abusivement considérée comme un mouvement migratoire des peuples des royaumes des Bami par Mario Spandre, devait certainement rencontrer la même compréhension chez l’historien Gaëtan Feltz du Département d’Histoire de l’Université d’Antananarivo. Il soutient que la colonisation a stoppé l’expansion des Etats de la région interlacuste, en l’occurrence le Rwanda et le Burundi. Pour lui, le Nord-Kivu était dans la seconde moitié du XIXè siècle l’une des « soupapes de sécurité » du Rwanda, « tant au niveau politique que sur le plan démographique, en particulier lors de crises alimentaires ou de conflits de succession, ou encore de conflits armés». Pour guérir le Rwanda actuel, qu’il estime «traumatisé par une guerre civile ouverte avec des interférences externes», Gaëtan Feltz propose entre autres cette solution : «redéfinir le cadre institutionnel des Etats-nations tels qu’ils existent aujourd’hui, en créant un nouvel ensemble politique de type fédéral ou même confédéral, dans lequel des petits Etats comme le Rwanda et le Burundi seraient associés à ceux de l’est du Zaïre (ce grand ensemble politique devant aussi évoluer vers un système politique de type fédéral). Ainsi, les exutoires d’avant la colonisation - ces fameuses soupapes de sécurité - recouvreraient leur existence en tant que dynamique sociale et politique des peuples de la région ».
On croirait rêver, si la réalité n’avait pas rejoint la «théorie politique» des
«soupapes de sécurité». Les Hutu et les Tutsi du Rwanda et du Burundi seraient-ils les seuls peuples de la région? Le Kivu serait-il un no man’s land ou, pour emprunter au vocabulaire politique du pouvoir colonial belge, une terre vacante? Faut-il dépecer le Congo pour que fonctionnent les « soupapes de sécurité»? Pourquoi le petit Rwanda ne disparaîtrait-il pas de la carte du monde pour se diluer dans le grand Congo ?
Il serait utile de noter, comme l’a souligné Jan Vansina au sujet des écrits d’historiens coloniaux, que Feltz et Spandre ont un faible romantique pour les migrations de l’Afrique précoloniale. Selon cette image, « on suppose généralement qu’un beau jour des milliers d’individus se mirent en marche, détruisant tout sur leur passage et que les migrants vinrent directement de leur point d’origine jusqu’à celui où ils vivaient à la fin du XIXè siècle. Comme si tout l’intérieur de l’Afrique avait été un grand billard où les boules se seraient heurtées l’une l’autre et renvoyées à l’infini».
Ce qui se passe au Congo ne relève pas de la dynamique des migrations traditionnelles ; ce qui a poussé un autre spécialiste de l’Afrique, le Français Richard Banegas, à parler d’un «Yalta informel de l’Afrique centrale» au sujet du sommet de Victoria Falls, du 7 septembre 1998, consacré à la crise congolaise. Il a été le seul à y voir «les nouveaux parrains de Kabila partager le Congo en zone d’influence» (Le Matin, 8 septembre 1998).
A moins de faire avancer le droit international comme semblait le suggérer Mireille Duteil, estimant «ce Congo trop grand et trop riche» (Le Point, 29 août 1996) pour mériter d’exister, rien ne justifie l’implosion de cet Etat. Déjà lors de la guerre de 1996/97, qui avait emporté le régime Mobutu, l’historien congolais Ndaywel è Nziem éclairait l’opinion internationale en ces termes : «Il ne serait pas facile de réussir une partition du pays. Car le Zaïre est géré depuis un siècle comme un Etat unitaire ; il y a eu des brassages de populations ; une culture moderniste est née à partir des centres urbains et s’est disséminée dans les campagnes, tant et si bien que dans toute l’Afrique, aujourd’hui, on reconnaît un Zaïrois. Enfin, il faut ajouter que les velléités sécessionnistes qu’a connues le pays jusqu’ici étaient un moyen de faire pression pour obtenir une meilleure position» (La Libre Belgique, 11 décembre 1996) au niveau du pouvoir national. Au bon milieu de la crise, des acteurs inattendus sont montés au créneau pour porter le flambeau de l’unité de leur pays. Il s’agit des évêques congolais. Ceux-ci ont lancé un avertissement aux envahisseurs et à leurs commanditaires : «Nous disons aux étrangers que notre peuple tient absolument à l’unité de notre pays. Cette unité n’est pas négociable. Nous dénonçons tout plan visant à la balkanisation de notre pays. Le peuple n’en veut pas » (« Conduis nos pas, Seigneur, sur le chemin de la paix», Message des Evêques congolais).
L’origine du discours sur la partition du Congo
Devenue un leitmotiv dans la couverture médiatique de la guerre, la partition du Congo faisait partie du plan d’agression. A défaut d’abattre Kabila et d’installer une dictature tutsi à Kinshasa ; ce qui se confirme de plus en plus autour de Joseph Kabila «sorti des urnes», il fallait abattre le pays lui-même, soit en plaçant les provinces de l’est sous domination tutsi - une réalité de plus en plus criante -, soit en les annexant purement et simplement à l’Ouganda et au Rwanda. Tel fut le sens de la question que se posa le journaliste belge Didier Grogna aussitôt que l’action diplomatique de Kabila porta ses fruits : «L’aide angolaise sauvera peut-être Kabila. Mais le Congo ?» (L’Echo, 25 août 1998).
Dans une lettre adressée au ministre belge des Affaires étrangères le 30 avril 1998, les administrateurs de l’association Sima-Kivu, soutien aux initiatives des mouvements actifs au Kivu, avaient prédit le scénario de l’invasion, en exprimant leur crainte « que la revendication de la nationalité par les Banyamulenge en dehors des structures de l’Etat ne soit un alibi pour ceux qui voudraient de nouveau les utiliser afin de déstabiliser totalement le Congo et l’imploser. Cette implosion serait, dit-on, le prélude à l’occupation militaire du Kivu projetée au profit du Rwanda» (La Libre Belgique, 7 août 1998).
Au chapitre de la balkanisation du Congo, il fallait se demander si les avis des experts, en ce compris les scientifiques, ne relevaient plutôt de la manipulation. Quand, sans états d’âme, «les diplomates étrangers évoquaient l’hypothèse d’une annexion du Kivu, d’un débordement du Rwanda surpeuplé vers le grand pays voisin » (Le Soir, 19 août 1998), quand le ministre belge des Affaires étrangères, Erik Derycke, «jouait dangereusement avec l’idée selon laquelle le Congo pourrait se diviser en plusieurs sphères d’influence, plus ou moins contrôlées par les pays voisins» ( Le Soir, 30 décembre 1998), quand les médias occidentaux abordaient sans cesse ce thème, ils faisaient preuve de légèreté et d’hypocrisie. Car, ils devraient expliquer pourquoi le Congo imploserait alors que l’attachement à l’unité du pays était clairement exprimé par tous les Congolais.
Hypocrites, ils l’étaient car, l’hypocrisie collective accompagne l’agression permanente des pays du Sud par ceux du Nord, comme l’a écrit Aimé Césaire. Une hypocrisie habile à mal poser les problèmes pour mieux légitimer les odieuses solutions qu’on leur apporte. En effet, en juin 1996, avant que les Américains ne décident de larguer leur meilleur protégé en Afrique noire, le dictateur Mobutu Sese Seko, Steven Metz, professeur des sciences militaires aux US Army War College réfléchissait sur l’avenir du Zaïre, en se basant sur des prémices dont la fausseté a été brillamment démontrée par les Congolais, en 1996 comme en 1998.
«Many analysts, écrivait Steven Metz, hold that Zaire is such an artificial nation that unity is ultimately impossible ». Il continuait: «Some observers feel that today Zaire no longer exists as a nation - Kivu has redirected most of its economic activity east, East Kasaï refuses to accept the national currency, and Shaba has been described as a virtual extension of South Africa. There is always the chance that such de facto disintegration will give way to formal secession».
Steven Metz entrevoyait trois scénarios possibles pour l’avenir : celui de la réconciliation, reconstruction, réforme et démocratie ; celui d’une désintégration plus ou moins pacifique, par la négociation ou la reconnaissance de l’impossibilité de l’unité du pays ; enfin, le scénario de la violence, due à un soulèvement populaire, à un conflit ethnique armé ou à la guerre civile impliquant des régions, des groupes ethniques ou des armées personnelles des seigneurs de guerre. Aussi recommandait-il aux stratèges du Pentagone: «The United States should seek the first outcome, accept the second if necessary, and prepare for the third». Et si jamais un pouvoir démocratique émergeait d’une sécession, poursuivait Metz, les Etats-Unis devraient l’encourager, tout en ayant l’unité du pays comme objectif à moyen ou long terme.
Il est ahurissant que Steven Metz et les analystes et observateurs auxquels il se référait confondent la notion de l’Etat et celle de la nation. Certes, Mobutu avait plongé l’Etat congolais dans un profond coma, l’Etat étant défini comme l’autorité souveraine s’exerçant sur un peuple et un territoire bien déterminés. Kabila avait réussi à le réanimer avant que n’intervienne la guerre, qui l’a replongé dans le coma. Mais la nation congolaise, c’est-à-dire le corps d’associés se partageant l’espace géographique Congo et désireux de vivre sous une même loi et représentés par un même législateur, cette nation, elle, reste bien vivante et en très bonne santé.
L’implosion programmée
L’erreur scientifique du professeur Steven Metz fut du pain béni pour les apprentis sorciers américains, en particulier, et occidentaux, en général. Car après sa diffusion le 5 juin 1996, Walter Kansteiner, attaché au Centre d’études des minerais stratégiques [le Congo en regorge] puis Secrétaire d’Etat aux Affaires africaines sous George W. Bush, plaidait, le 15 octobre de la même année, pour
«la création de pays homogènes sur le plan ethnique, ce qui impliquait nécessairement de redessiner les frontières internationales» et «la création d’Etats hutu et tutsi séparés, le dernier à l’Est du Congo». On notera que cette voix d’outre atlantique trouva un écho favorable en Afrique. En effet, le Président étiquette hutu rwandais Pasteur Bizimungu lançait un appel à Berlin II aussitôt que déferlait sur le Congo une vague nommée Kabila. Plus tard, Bizimungu ira jusqu’à arborer «une carte prouvant, selon lui, que l’Est du Congo avait été jadis territoire rwandais». Ce message sera martelé par de nombreux autres dirigeants et intellectuels rwandais, notamment l’ex-ministre des Affaires étrangères {Anastase} Gasana et l’ex-ambassadeur Manzi {Bakaramutsa} alors en poste à Bruxelles.
Le 19 décembre 1996, l’opinion publique internationale était davantage préparée à légitimer ce qui se tramait au sujet du destin congolais. On pouvait lire dans le célèbre quotidien américain International Herald Tribune que «le Congo est le résultat d’une union impossible, non naturelle, la frontière coloniale ne pourra éternellement être considérée comme sacro-sainte ». En mars 1998, le premier des Américains montera en personne au créneau pour avaliser ce discours éminemment fallacieux. Essuyant une larme de crocodile à l’occasion de sa visite à Kigali et répondant au discours de Kagamé, Bill Clinton donnera au Rwanda le feu vert nécessaire à sa nouvelle aventure au Congo. Aux Rwandais complexés par la petitesse de leur territoire national, il dira : «Comme vous l’indiquez, le Rwanda était un seul pays avant que les puissances européennes se réunissent à Berlin pour se répartir l’Afrique. Les Etats-Unis sont à vos côtés».
Aussi nul que peut l’être tout américain moyen sur les connaissances historiques du reste du monde, le Président Bill Clinton ignorait que le partage de l’Afrique par la conférence de Berlin est un mythe et non une réalité. Une ignorance largement partagée par les décideurs rwandais. Car aussitôt que démarra leur nouvelle aventure au Congo, le 2 août 1998, le Président marionnette Pasteur Bizimungu reprenait un discours rangé au placard depuis l’accession de Kabila au pouvoir à Kinshasa, le 17 mai 1997. Répondant aux questions des journalistes occidentaux sur la nouvelle crise, il déclarait : « Je souhaite que le débat tourne autour des frontières héritées du colonialisme. L’Afrique a besoin d’une nouvelle conférence de Berlin».
En août 2000, pendant que le Président Kabila tentait de contourner le dialogue inter congolais, piège à cons destiné à l’éliminer politiquement, Walter Kansteiner revenait à la charge et prononçait l’arrêt de mort de l’Etat congolais dans un autre quotidien américain, le Pittsburgh Post Gazette. « L’éclatement du Congo, déclarait-il, est plus probable aujourd’hui qu’il ne l’était voilà vingt ou trente ans ».
Epilogue
Les Congolais ont démontré combien leur nation était forte. Jamais celle-ci n’a eu l’intention de se suicider, quand même les puissances occidentales, les Etats-Unis en tête, ont bien voulu l’étrangler. Ainsi l’analyse boiteuse de Steven Metz fut remise au premier plan de l’actualité, non pour préparer l’Occident à un désastre éventuel au Congo, mais en cherchant à créer le dit désastre, en voulant imprimer à l’Histoire une marche contraire au bon sens et à la volonté des Congolais eux-mêmes. En effet, à l’heure de la mondialisation ou de la défense des droits de l’homme le plus fort, en l’occurrence l’homme occidental, morceler le Congo faciliterait le contrôle de nouvelles entités étatiques par les multinationales.
Les puissances occidentales se sont ravisées car, face à la détermination des Congolais à vivre ensemble, mettre en branle cette stratégie criminelle équivaudrait à fabriquer une bombe aux conséquences inimaginables. Leur volonté de faire imploser le Congo est-elle à jamais écartée ? Non. D’abord, on retiendra que dans le cas de l’Irak, par exemple, le projet d’agresser ce pays était à l’ordre du jour déjà sous la présidence du démocrate Bill Clinton. Mais il faudra attendre l’arrivée au pouvoir du républicain Georges W. Bush pour que les va-t-en guerre triomphent à la Maison Blanche et que l’invasion de l’Irak ait lieu. Ce schéma peut un jour se reproduire en ce qui concerne le Congo. Des hommes comme Walter Kansteiner peuvent acquérir une plus grande influence au sein de la classe dirigeante américaine et exécuter leur projet macabre. Ensuite, l’irresponsabilité des animaux de la faune politique congolaise aidant, un autre projet de vivisection du pays, piloté de l’intérieur par le gouvernement parallèle dirigé par Joseph Kabila, poursuit lentement mais surement son cours. Les massacres des Congolais dans le Kivu, couplés à la domination tutsi de cette partie du territoire national et des son occupation par des Rwandais, laissent présager un avenir plus qu’incertain.
Tout semble indiquer que pour les puissances occidentales tapies dans l’ombre, la sortie finale de la crise serait un referendum d’autodétermination, truqué bien entendu, qui devrait s’inspirer du modèle soudanais si jamais celui-ci réussissait.
La nation congolaise est toujours en danger. Mais qui s’en soucie du côté des politiciens? Faut-il éternellement maudire l’homme blanc? N’avons-nous pas une grande part de responsabilité dans le gâchis tragique auquel nous assistons ? La nature a horreur du vide, dit-on. L’homme congolais n’a-t-il pas créé lui-même le vide dans lequel s’engouffre la grande capacité de nuisance des puissances occidentales? Du «Guide éclairé» Mobutu au «Libérateur» Kabila, en passant par le «Moïse Sauveur» Tshisekedi, qu’est-ce que la classe politique a entrepris pour éloigner les foudres occidentales de notre pays? Et que dire de notre peuple, abandonné dans la pire des misères et incapable de se révolter, plongé qu’il est dans le boom d’une religiosité sauvage?
Africaniste, le professeur belge Gauthier de Villers avait une explication qui ne souffrait d’aucune nuance : «A mon sens, la plus grande menace est plutôt celle d’une implosion, d’un éclatement du pays, dont le maintien de l’unité tient depuis longtemps du miracle» (Le Soir, 5 août 1998). Un deuxième intellectuel belge, Samuel Falmagne, renchérissait : «Les Belges au Congo étaient comme le ciment d’un mur. Maintenant, il ne reste que les briques» (La Dernière Heure, 5 août 1998). Un troisième, l’avocat Mario Spandre, leur emboîtait le pas et laissait entendre qu’il ne s’agirait pas d’une implosion à la yougoslave. D’après lui, l’internationalisation du conflit congolais résultait du fait que «la destruction du tissu économique du pays avait dénoué les liens habilement tissés à Berlin». La présence des troupes étrangères au Congo signifiait que «les forces bloquées par l’arrivée de Léopold II se remettaient en marche». C’est ainsi qu’il voyait « le Zimbabwe repartir vers le nord, l’Angola retourner vers le royaume du Congo et, à l’est, les peuples des royaumes des Bami retraverser la Semliki et la Ruzizi pour occuper le Kivu » (Le Soir, 11 septembre 1998).
Il serait inutile de nous arrêter sur l’argumentation des deux premiers. Elle a été brillamment démentie par les Congolais, mobilisés comme un seul homme derrière l’unité de leur patrie. En fait d’africanistes, ces deux intellectuels belges sont soit des borgnes au pays des aveugles, soit de fieffés menteurs. Passons donc très vite au troisième spécialiste de l’Afrique, l’avocat Mario Spandre. En voyant réapparaître des structures politiques traditionnelles là où agissaient des Etats postcoloniaux clairement identifiés, Mario Spandre tentait de justifier maladroitement la remise en question des frontières héritées de la colonisation telle que mise en branle par la poussée tutsi. Ses propos ne mériteraient que l’indifférence s’ils n’étaient méprisants quand ils suggéraient cette solution à la guerre en cours : « la colonisation du Congo par ses voisins ou une reconnaissance des anciens royaumes » (Le Soir, 11 septembre 1998).
L’agression des pouvoirs tutsi d’Ouganda, du Rwanda et du Burundi, abusivement considérée comme un mouvement migratoire des peuples des royaumes des Bami par Mario Spandre, devait certainement rencontrer la même compréhension chez l’historien Gaëtan Feltz du Département d’Histoire de l’Université d’Antananarivo. Il soutient que la colonisation a stoppé l’expansion des Etats de la région interlacuste, en l’occurrence le Rwanda et le Burundi. Pour lui, le Nord-Kivu était dans la seconde moitié du XIXè siècle l’une des « soupapes de sécurité » du Rwanda, « tant au niveau politique que sur le plan démographique, en particulier lors de crises alimentaires ou de conflits de succession, ou encore de conflits armés». Pour guérir le Rwanda actuel, qu’il estime «traumatisé par une guerre civile ouverte avec des interférences externes», Gaëtan Feltz propose entre autres cette solution : «redéfinir le cadre institutionnel des Etats-nations tels qu’ils existent aujourd’hui, en créant un nouvel ensemble politique de type fédéral ou même confédéral, dans lequel des petits Etats comme le Rwanda et le Burundi seraient associés à ceux de l’est du Zaïre (ce grand ensemble politique devant aussi évoluer vers un système politique de type fédéral). Ainsi, les exutoires d’avant la colonisation - ces fameuses soupapes de sécurité - recouvreraient leur existence en tant que dynamique sociale et politique des peuples de la région ».
On croirait rêver, si la réalité n’avait pas rejoint la «théorie politique» des
«soupapes de sécurité». Les Hutu et les Tutsi du Rwanda et du Burundi seraient-ils les seuls peuples de la région? Le Kivu serait-il un no man’s land ou, pour emprunter au vocabulaire politique du pouvoir colonial belge, une terre vacante? Faut-il dépecer le Congo pour que fonctionnent les « soupapes de sécurité»? Pourquoi le petit Rwanda ne disparaîtrait-il pas de la carte du monde pour se diluer dans le grand Congo ?
Il serait utile de noter, comme l’a souligné Jan Vansina au sujet des écrits d’historiens coloniaux, que Feltz et Spandre ont un faible romantique pour les migrations de l’Afrique précoloniale. Selon cette image, « on suppose généralement qu’un beau jour des milliers d’individus se mirent en marche, détruisant tout sur leur passage et que les migrants vinrent directement de leur point d’origine jusqu’à celui où ils vivaient à la fin du XIXè siècle. Comme si tout l’intérieur de l’Afrique avait été un grand billard où les boules se seraient heurtées l’une l’autre et renvoyées à l’infini».
Ce qui se passe au Congo ne relève pas de la dynamique des migrations traditionnelles ; ce qui a poussé un autre spécialiste de l’Afrique, le Français Richard Banegas, à parler d’un «Yalta informel de l’Afrique centrale» au sujet du sommet de Victoria Falls, du 7 septembre 1998, consacré à la crise congolaise. Il a été le seul à y voir «les nouveaux parrains de Kabila partager le Congo en zone d’influence» (Le Matin, 8 septembre 1998).
A moins de faire avancer le droit international comme semblait le suggérer Mireille Duteil, estimant «ce Congo trop grand et trop riche» (Le Point, 29 août 1996) pour mériter d’exister, rien ne justifie l’implosion de cet Etat. Déjà lors de la guerre de 1996/97, qui avait emporté le régime Mobutu, l’historien congolais Ndaywel è Nziem éclairait l’opinion internationale en ces termes : «Il ne serait pas facile de réussir une partition du pays. Car le Zaïre est géré depuis un siècle comme un Etat unitaire ; il y a eu des brassages de populations ; une culture moderniste est née à partir des centres urbains et s’est disséminée dans les campagnes, tant et si bien que dans toute l’Afrique, aujourd’hui, on reconnaît un Zaïrois. Enfin, il faut ajouter que les velléités sécessionnistes qu’a connues le pays jusqu’ici étaient un moyen de faire pression pour obtenir une meilleure position» (La Libre Belgique, 11 décembre 1996) au niveau du pouvoir national. Au bon milieu de la crise, des acteurs inattendus sont montés au créneau pour porter le flambeau de l’unité de leur pays. Il s’agit des évêques congolais. Ceux-ci ont lancé un avertissement aux envahisseurs et à leurs commanditaires : «Nous disons aux étrangers que notre peuple tient absolument à l’unité de notre pays. Cette unité n’est pas négociable. Nous dénonçons tout plan visant à la balkanisation de notre pays. Le peuple n’en veut pas » (« Conduis nos pas, Seigneur, sur le chemin de la paix», Message des Evêques congolais).
L’origine du discours sur la partition du Congo
Devenue un leitmotiv dans la couverture médiatique de la guerre, la partition du Congo faisait partie du plan d’agression. A défaut d’abattre Kabila et d’installer une dictature tutsi à Kinshasa ; ce qui se confirme de plus en plus autour de Joseph Kabila «sorti des urnes», il fallait abattre le pays lui-même, soit en plaçant les provinces de l’est sous domination tutsi - une réalité de plus en plus criante -, soit en les annexant purement et simplement à l’Ouganda et au Rwanda. Tel fut le sens de la question que se posa le journaliste belge Didier Grogna aussitôt que l’action diplomatique de Kabila porta ses fruits : «L’aide angolaise sauvera peut-être Kabila. Mais le Congo ?» (L’Echo, 25 août 1998).
Dans une lettre adressée au ministre belge des Affaires étrangères le 30 avril 1998, les administrateurs de l’association Sima-Kivu, soutien aux initiatives des mouvements actifs au Kivu, avaient prédit le scénario de l’invasion, en exprimant leur crainte « que la revendication de la nationalité par les Banyamulenge en dehors des structures de l’Etat ne soit un alibi pour ceux qui voudraient de nouveau les utiliser afin de déstabiliser totalement le Congo et l’imploser. Cette implosion serait, dit-on, le prélude à l’occupation militaire du Kivu projetée au profit du Rwanda» (La Libre Belgique, 7 août 1998).
Au chapitre de la balkanisation du Congo, il fallait se demander si les avis des experts, en ce compris les scientifiques, ne relevaient plutôt de la manipulation. Quand, sans états d’âme, «les diplomates étrangers évoquaient l’hypothèse d’une annexion du Kivu, d’un débordement du Rwanda surpeuplé vers le grand pays voisin » (Le Soir, 19 août 1998), quand le ministre belge des Affaires étrangères, Erik Derycke, «jouait dangereusement avec l’idée selon laquelle le Congo pourrait se diviser en plusieurs sphères d’influence, plus ou moins contrôlées par les pays voisins» ( Le Soir, 30 décembre 1998), quand les médias occidentaux abordaient sans cesse ce thème, ils faisaient preuve de légèreté et d’hypocrisie. Car, ils devraient expliquer pourquoi le Congo imploserait alors que l’attachement à l’unité du pays était clairement exprimé par tous les Congolais.
Hypocrites, ils l’étaient car, l’hypocrisie collective accompagne l’agression permanente des pays du Sud par ceux du Nord, comme l’a écrit Aimé Césaire. Une hypocrisie habile à mal poser les problèmes pour mieux légitimer les odieuses solutions qu’on leur apporte. En effet, en juin 1996, avant que les Américains ne décident de larguer leur meilleur protégé en Afrique noire, le dictateur Mobutu Sese Seko, Steven Metz, professeur des sciences militaires aux US Army War College réfléchissait sur l’avenir du Zaïre, en se basant sur des prémices dont la fausseté a été brillamment démontrée par les Congolais, en 1996 comme en 1998.
«Many analysts, écrivait Steven Metz, hold that Zaire is such an artificial nation that unity is ultimately impossible ». Il continuait: «Some observers feel that today Zaire no longer exists as a nation - Kivu has redirected most of its economic activity east, East Kasaï refuses to accept the national currency, and Shaba has been described as a virtual extension of South Africa. There is always the chance that such de facto disintegration will give way to formal secession».
Steven Metz entrevoyait trois scénarios possibles pour l’avenir : celui de la réconciliation, reconstruction, réforme et démocratie ; celui d’une désintégration plus ou moins pacifique, par la négociation ou la reconnaissance de l’impossibilité de l’unité du pays ; enfin, le scénario de la violence, due à un soulèvement populaire, à un conflit ethnique armé ou à la guerre civile impliquant des régions, des groupes ethniques ou des armées personnelles des seigneurs de guerre. Aussi recommandait-il aux stratèges du Pentagone: «The United States should seek the first outcome, accept the second if necessary, and prepare for the third». Et si jamais un pouvoir démocratique émergeait d’une sécession, poursuivait Metz, les Etats-Unis devraient l’encourager, tout en ayant l’unité du pays comme objectif à moyen ou long terme.
Il est ahurissant que Steven Metz et les analystes et observateurs auxquels il se référait confondent la notion de l’Etat et celle de la nation. Certes, Mobutu avait plongé l’Etat congolais dans un profond coma, l’Etat étant défini comme l’autorité souveraine s’exerçant sur un peuple et un territoire bien déterminés. Kabila avait réussi à le réanimer avant que n’intervienne la guerre, qui l’a replongé dans le coma. Mais la nation congolaise, c’est-à-dire le corps d’associés se partageant l’espace géographique Congo et désireux de vivre sous une même loi et représentés par un même législateur, cette nation, elle, reste bien vivante et en très bonne santé.
L’implosion programmée
L’erreur scientifique du professeur Steven Metz fut du pain béni pour les apprentis sorciers américains, en particulier, et occidentaux, en général. Car après sa diffusion le 5 juin 1996, Walter Kansteiner, attaché au Centre d’études des minerais stratégiques [le Congo en regorge] puis Secrétaire d’Etat aux Affaires africaines sous George W. Bush, plaidait, le 15 octobre de la même année, pour
«la création de pays homogènes sur le plan ethnique, ce qui impliquait nécessairement de redessiner les frontières internationales» et «la création d’Etats hutu et tutsi séparés, le dernier à l’Est du Congo». On notera que cette voix d’outre atlantique trouva un écho favorable en Afrique. En effet, le Président étiquette hutu rwandais Pasteur Bizimungu lançait un appel à Berlin II aussitôt que déferlait sur le Congo une vague nommée Kabila. Plus tard, Bizimungu ira jusqu’à arborer «une carte prouvant, selon lui, que l’Est du Congo avait été jadis territoire rwandais». Ce message sera martelé par de nombreux autres dirigeants et intellectuels rwandais, notamment l’ex-ministre des Affaires étrangères {Anastase} Gasana et l’ex-ambassadeur Manzi {Bakaramutsa} alors en poste à Bruxelles.
Le 19 décembre 1996, l’opinion publique internationale était davantage préparée à légitimer ce qui se tramait au sujet du destin congolais. On pouvait lire dans le célèbre quotidien américain International Herald Tribune que «le Congo est le résultat d’une union impossible, non naturelle, la frontière coloniale ne pourra éternellement être considérée comme sacro-sainte ». En mars 1998, le premier des Américains montera en personne au créneau pour avaliser ce discours éminemment fallacieux. Essuyant une larme de crocodile à l’occasion de sa visite à Kigali et répondant au discours de Kagamé, Bill Clinton donnera au Rwanda le feu vert nécessaire à sa nouvelle aventure au Congo. Aux Rwandais complexés par la petitesse de leur territoire national, il dira : «Comme vous l’indiquez, le Rwanda était un seul pays avant que les puissances européennes se réunissent à Berlin pour se répartir l’Afrique. Les Etats-Unis sont à vos côtés».
Aussi nul que peut l’être tout américain moyen sur les connaissances historiques du reste du monde, le Président Bill Clinton ignorait que le partage de l’Afrique par la conférence de Berlin est un mythe et non une réalité. Une ignorance largement partagée par les décideurs rwandais. Car aussitôt que démarra leur nouvelle aventure au Congo, le 2 août 1998, le Président marionnette Pasteur Bizimungu reprenait un discours rangé au placard depuis l’accession de Kabila au pouvoir à Kinshasa, le 17 mai 1997. Répondant aux questions des journalistes occidentaux sur la nouvelle crise, il déclarait : « Je souhaite que le débat tourne autour des frontières héritées du colonialisme. L’Afrique a besoin d’une nouvelle conférence de Berlin».
En août 2000, pendant que le Président Kabila tentait de contourner le dialogue inter congolais, piège à cons destiné à l’éliminer politiquement, Walter Kansteiner revenait à la charge et prononçait l’arrêt de mort de l’Etat congolais dans un autre quotidien américain, le Pittsburgh Post Gazette. « L’éclatement du Congo, déclarait-il, est plus probable aujourd’hui qu’il ne l’était voilà vingt ou trente ans ».
Epilogue
Les Congolais ont démontré combien leur nation était forte. Jamais celle-ci n’a eu l’intention de se suicider, quand même les puissances occidentales, les Etats-Unis en tête, ont bien voulu l’étrangler. Ainsi l’analyse boiteuse de Steven Metz fut remise au premier plan de l’actualité, non pour préparer l’Occident à un désastre éventuel au Congo, mais en cherchant à créer le dit désastre, en voulant imprimer à l’Histoire une marche contraire au bon sens et à la volonté des Congolais eux-mêmes. En effet, à l’heure de la mondialisation ou de la défense des droits de l’homme le plus fort, en l’occurrence l’homme occidental, morceler le Congo faciliterait le contrôle de nouvelles entités étatiques par les multinationales.
Les puissances occidentales se sont ravisées car, face à la détermination des Congolais à vivre ensemble, mettre en branle cette stratégie criminelle équivaudrait à fabriquer une bombe aux conséquences inimaginables. Leur volonté de faire imploser le Congo est-elle à jamais écartée ? Non. D’abord, on retiendra que dans le cas de l’Irak, par exemple, le projet d’agresser ce pays était à l’ordre du jour déjà sous la présidence du démocrate Bill Clinton. Mais il faudra attendre l’arrivée au pouvoir du républicain Georges W. Bush pour que les va-t-en guerre triomphent à la Maison Blanche et que l’invasion de l’Irak ait lieu. Ce schéma peut un jour se reproduire en ce qui concerne le Congo. Des hommes comme Walter Kansteiner peuvent acquérir une plus grande influence au sein de la classe dirigeante américaine et exécuter leur projet macabre. Ensuite, l’irresponsabilité des animaux de la faune politique congolaise aidant, un autre projet de vivisection du pays, piloté de l’intérieur par le gouvernement parallèle dirigé par Joseph Kabila, poursuit lentement mais surement son cours. Les massacres des Congolais dans le Kivu, couplés à la domination tutsi de cette partie du territoire national et des son occupation par des Rwandais, laissent présager un avenir plus qu’incertain.
Tout semble indiquer que pour les puissances occidentales tapies dans l’ombre, la sortie finale de la crise serait un referendum d’autodétermination, truqué bien entendu, qui devrait s’inspirer du modèle soudanais si jamais celui-ci réussissait.
La nation congolaise est toujours en danger. Mais qui s’en soucie du côté des politiciens? Faut-il éternellement maudire l’homme blanc? N’avons-nous pas une grande part de responsabilité dans le gâchis tragique auquel nous assistons ? La nature a horreur du vide, dit-on. L’homme congolais n’a-t-il pas créé lui-même le vide dans lequel s’engouffre la grande capacité de nuisance des puissances occidentales? Du «Guide éclairé» Mobutu au «Libérateur» Kabila, en passant par le «Moïse Sauveur» Tshisekedi, qu’est-ce que la classe politique a entrepris pour éloigner les foudres occidentales de notre pays? Et que dire de notre peuple, abandonné dans la pire des misères et incapable de se révolter, plongé qu’il est dans le boom d’une religiosité sauvage?
Mayoyo Bitumba Tipo-Tipo, l’intello démystificateur
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