dimanche 19 décembre 2010

Côte d'Ivoire : la crise post-électorale se prolonge

Des soldats patrouillent dans une rue de Yopougon, à Abidjan, le 18 décembre 2010.
Des soldats patrouillent dans une rue de Yopougon, à Abidjan, le 18 décembre 2010.
REUTERS/Luc Gnago








Par RFI
La situation est calme ce matin à Abidjan mais la crise post-électorale est toujours là. Le camp de Laurent Gbagbo refuse toujours de céder la présidence à Alassane Ouattara, reconnu vainqueur du scrutin du 28 novembre 2010 par la CEI et les instances internationales et africaines. Il semble que depuis la tentative de marche sur la RTI qui s'est soldée, jeudi16 décembre 2010, par la mort de 20 à 30 personnes, aucun incident majeur n'a été signalé dans la capitale économique. Mais nombreux sont ceux qui pensent que le calme qui prévaut à Abidjan est trompeur.

NOTRE DOSSIER SPÉCIAL
Présidentielle en Côte d'Ivoire
Présidentielle en Côte d'Ivoire
Selon plusieurs sources, des tirs ont été entendus cette nuit, samedi 18 décembre 2010, dans les communes d’Adjamé et de Koumassi. A Adjamé, d’après nos informations, il n’y aurait pas eu de victimes, mais en revanche, à Koumassi, des habitants que nous avons joints affirment avoir vu au moins deux cadavres.
Ce dimanche, Abidjan est calme et la ville est toujours quadrillée par les forces de l’ordre ivoiriennes. Mais fait nouveau, tôt dans la matinée, il nous a été signalé que des jeunes, favorables à Laurent Gbagbo avaient monté des barrages sur le grand boulevard Valéry Giscard d'Estaing qui relie le quartier du Plateau à l’aéroport.
En fait, le principal événement de la journée est attendu dans l'après-midi, puisque Charles Blé Goudé doit tenir un meeting dans la commune de Port-Bouët.
Ces derniers jours, le tout nouveau ministre de Laurent Gbagbo a renfilé son costume de général de la jeunesse. Hier, samedi 18 décembre, il était à Yopougon, pour mobiliser les jeunes et leur demander de se tenir prêts, car selon lui, les casques bleus et les soldats français préparent un génocide en Côte d’Ivoire.
Si la foule scandait « l’Onuci et Licorne, dehors ! », Charles Blé Goudé a demandé à son auditoire à ce que la résistance se fasse sans violence. Tout le monde n’a pas l’air convaincu par cet engagement pacifique, puisque du côté de l’Onuci, on affirme aujourd’hui redoubler de vigilance et être prêt à toutes les éventualités.

Hamadoun Touré
Porte-parole de l’Onuci, joint par Carine Frenk.
Notre rôle actuellement, c’est de sauvegarder le résultat de cette élection et nous ne souhaitons pas être dans des situations de confrontation, parce que ce n’est pas la raison de notre présence ici…
 

19/12/2010 par Carine Frenk
Du côté des Forces nouvelles, même vigilance, puisque les troupes de l’ex-rébellion ont été placées en état d’alerte maximum.

Laurent Fabius, ancien Premier ministre socialiste
Invité sur Europe 1
S’il continue comme ça il fera partie des dictateurs et je suis de ceux qui lui demandent de reconnaître le suffrage universel.
 

19/12/2010
Cette situation est bien évidemment à mettre en relation avec la tension diplomatique du moment. Hier, samedi, Laurent Gbagbo a engagé un bras de fer avec la communauté internationale en demandant le départ immédiat de l’Onuci et des soldats français qui appuient les casques bleus. Pour lui, ces forces n’ont rien d’impartiales et servent les intérêts des Forces nouvelles. Dans les journaux de la RTI, on accuse ainsi l’ONU d’avoir ravitaillé en munitions les ex-rebelles désormais au service d’Alassane Ouattara.
Pour un très proche de Laurent Gbagbo, s’il n’est pas question de lancer une offensive militaire contre les troupes de l’Onuci ou de Licorne, dès la semaine prochaine les soldats sous mandat des Nations unies seront considérés comme des forces d’occupation.
Manifestement, à New York, on n'entend pas répondre favorablement à l’exigence de Laurent Gbagbo. Dans un communiqué diffusé par son porte-parole, Ban Ki-moon s’est dit déterminé à ce que « l'Onuci accomplisse son mandat et continue de surveiller et de rassembler les preuves concernant toute violation des droits de l'homme, incitation à la haine et à la violence ou attaque sur les casques bleus de l'ONU ».
Cette semaine, selon toute vraisemblance, le mandat de l’Onuci devrait donc être prorogé mais en revanche, d’après une source diplomatique, il y a fort peu de chance que celui-ci soit renforcé car la Russie y serait jusque-là opposée. 

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