dimanche 19 décembre 2010

Les dernières violences en Côte d'Ivoire ont fait plus de 50 morts, selon l'ONU

LEMONDE.FR avec AFP | 19.12.10 


Le corps d'un soldat ivoirien gît sous une plaque de tôle, à Abobo, dans la banlieue d'Abidjan, vendredi 17 décembre.

Le corps d'un soldat ivoirien gît sous une plaque de tôle, à Abobo, dans la banlieue d'Abidjan, vendredi 17 décembre.AFP/ISSOUF SANOGO
Les violences en Côte d'Ivoire ont fait "ces trois derniers jours plus de 50 morts et plus de 200 blessés", a estimé dimanche 19 décembre la haute commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Navi Pillay. Jusqu'à présent, les bilans sur place faisaient état de onze à une trentaine de morts depuis jeudi dans des violences entre les partisans de Laurent Gbagbo et d'Alassane Ouattara, qui se disputent la présidence depuis le scrutin controversé du 28 novembre.

S'exprimant depuis Genève, Navi Pillay s'est inquiétée de "violations massives des droits de l'homme", dénonçant notamment des enlèvements dont ont fait état des"centaines de victimes et membres de leurs familles". Selon les témoignages recueillis par l'ONU, ces enlèvements dans les maisons sont commis"particulièrement la nuit, par des individus armés non identifiés en tenue militaire, accompagnés d'éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS) ou de milices". "Les informations indiquent que les personnes enlevées sont emmenées de force dans des endroits de détentions illégaux où elles sont gardées au secret et sans instruction. D'autres ont été retrouvées mortes dans des circonstances suspectes", poursuit-elle. Mme Pillay regrette que "la détérioration de la situation sécuritaire du pays et l'entrave à la liberté de mouvement du personnel des Nations unies aient rendu difficile toute enquête sur ces nombreuses violations des droits de l'homme constatées".
UN DÉPART N'AURAIT "AUCUN SENS"
Les Nations unies, qui reconnaissent Ouattara comme président élu et demandent sans relâche à Gbagbo de partir, ont opposé une fin de non-recevoir à sa demande d'un retrait de la mission de l'Onuci. Le secrétaire général, Ban Ki-moon, l'a averti des "conséquences" s'il s'en prenait à elle. "Nous redoublons de vigilance et nous sommes préparés à tout", a déclaré Hamadoun Touré, porte-parole de l'Onuci. Les casques bleus vont "poursuivre" leurs patrouilles mais "nous ne voulons pas de confrontation" avec des forces armées loyales à Gbagbo, a-t-il ajouté. Peu avant que Gbagbo n'exige le retrait des casques bleus (10 000 hommes) et des 900 soldats français de la force Licorne, le siège de l'Onuci à Abidjan avait essuyé des tirs d'hommes armés "vêtus de tenues militaires" dans la nuit de vendredi à samedi, selon la mission. Le président sortant accuse l'Onuci d'appuyer militairement l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) qui soutient Alassane Ouattara.
La France a jugé de son côté qu'un départ de la force de l'ONU et des troupes françaises qui la soutiennent n'avait "aucun sens""ni pour l'Onuci, ni pour la France". Interrogée dans l'émission Internationales (TV5, RFI, Le Monde) sur le rôle des 900 militaires français déployés en Côte d'Ivoire, la ministre des affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, a fait valoir qu'ils n'étaient pas dans ce pays "pour s'interposer entre les Ivoiriens""C'est à la force internationale d'agir" le cas échéant. "Ce n'est pas aux [Français] de s'interposer et ils ne feront pas", a-t-elle insisté. Si les troupes françaises "étaient directement attaquées, vous avez des règles internationales (...) il y a un droit à la légitime défense quand on est attaqué (...). Mais il n'est pas question de prendre une initiative en la matière", a assuré Michèle Alliot-Marie.
TENSIONS DANS LE NORD
Dans le nord du pays, tenu depuis 2002 par l'ex-rébellion dirigée par Guillaume Soro, premier ministre d'Alassane Ouattara, la tension était également perceptible avec la crainte d'une reprise des combats entre FN et FDS. A Djébonoua (centre), dernier poste tenu par les FN avant la zone tampon qui sépare le nord du sud tenu par le camp Gbagbo, un membre des FN a déclaré à l'AFP : "Nos hommes sont aux aguets."
En raison du risque de "violences", le Royaume-Uni a recommandé dimanche à ses ressortissants de quitter la Côte d'Ivoire. Le département d'Etat américain a quant à lui demandé l'évacuation des employés non-essentiels de leur ambassade, une décision justifiée par la "détérioration de la situation politique et sécuritaire" à Abidjan et par un "sentiment anti-occidental croissant" dans le pays.

Le conflit ivoirien s'invite place de la République, à Paris

Des heurts ont opposé dimanche après-midi à Paris des partisans des deux présidents proclamés de Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, faisant deux blessés, a indiqué la préfecture de police. Selon la préfecture, "entre 200 et 300" militants pro-Gbagbo s'étaient rassemblés place de la République, dans le centre de la capitale, d'où ils comptaient défiler jusqu'à la place de la Bastille, quand"une centaine" de pro-Ouattara sont arrivés. Des échauffourées ont alors éclaté entre les deux camps faisant deux blessés, l'un à l'arme blanche sans que la gravité de son état ne soit connue, l'autre à l'œil par un coup de ceinturon. Les forces de l'ordre, nombreuses, sont intervenues dès le déclenchement des violences. Le calme revenu, les deux camps ont continué à se faire face à distance. (Avec AFP.)

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