samedi 12 février 2011

Le scandale de Goma ouvre la boîte de Pandore: Le général Ntaganda devenu trafiquant d’or - Entre l’aéroport et le cabinet gouvernoral, le cortège a transite chez le général




Un joli bi-réacteur tout blanc, immatriculé N886DT au pays de Barack Obama (Houston, Texas), stationne à l’aéroport international de Goma (Nord Kivul) depuis le 3 février dernier. Le coucou de luxe est cloué au sol sur ordre des autorités provinciales, et ses convoyeurs placés aux arrêts dans un hôtel de luxe de la place pour interrogatoire. C’est l’affaire des millions de dollars Us et de plus de 400 kgs d’or congolais, saisis, un peu comme par enchantement, par les services de sécurité provinciale, un jour après l’atterrissage de l’aéronef, le 4 février 2011. Elle fait d’autant plus jaser que depuis septembre dernier, le président de la République avait pris la mesure salutaire d’interdiction de toute exploitation minière dans cet Est rd congolais, connu pour souffrir des richesses de son sous-sol depuis plus d’une décennie. C’est désormais connu de tous, la ruée vers l’Est est une randonnée criminelle qui enrichit les mieux armés. Au propre comme au figuré.

Transit à la résidence du généra Ntaganda

Des « hommes du général », puisqu’il en possède personnellement, avaient été aperçus à l’atterrissage du bi-réacteur le 3 février. Certains témoignages à Goma indiquent qu’ils se seraient chargés de débarquer des colis de l’aéronef, en plus du service d’encadrement offert aux passagers, 1 français, 1 Américain, et 2 Négérians. Le lendamain encore, lorsque l’affaire tournait au gris, un officier militaire proche du même Bosco Ntaganda accompagnant l’équipage de l’avion se serait véhémentement opposé à la fouille d’une valise retirée de l’appareil, avant de se voir intimer l’ordre d’emmener de colis au gouvernorat. Non sans passer par la résidence du général Ntaganda, selon d’autres témoignages très suggestifs obtenus par Salongo de Goma.

Mêlé au trafic de dollars et d’or

L’ancien rebelle réclamé par la Cour Pénale Internationale est donc mêlé jusqu’aux os dans l’affaire des millions de dollars et d’or de Goma. L’homme saurait reçu mission de sa hiérarchie de veiller respect de l’interdit prononcé par Joseph Kabila sur l’exploitation minière dans trois provinces de l’Est red-congolais. Lui-même et des sources officielles assurent qu’ils n’ont participé à l’opération que pour attirer les trafiquants internationaux dans les filets des services de sécurité.
Le colonel Wilson Sengivuva, chargé des renseignements militaires à Goma, a indiqué que l’armée avait contribué au démantèlement du trafic déploré, selon l’AFP. « Nous avions accepté d’aider ces voleurs dans le but de les attraper. Nous étions au courant de l’opération depuis 3 semaines. Un vendeur (d’or) nous avait contacté », a-t-il expliqué.

Des zones d’ombre

Il reste que des points d’ombres demeurent, et pas seulement autour de l’identité réelle des acteurs et des commanditaires de l’opération de Goma. Jusque mercredi 9 février, les interrogatoires se poursuivaient encore. C’est à peine si certaines sources révélaient que le sujet américain, déjà recherché par l’Interpol, avait déjà connu des ennuis judiciaires. Sur les 6 millions de dollars Us aussi planent quelques doutes et un zeste de soupçon gros comme le coffre d’une banque.

Il semble que seulement un peu plus d’ 1 million a été récupéré, selon le Gouverneur de la province du Nord Kivu, Julien Paluku, qui évoque l’existence d’une grande quantité de faux dollars. Le jeune gouverneur RCD/K-ML aurait pu être cru sur parole s’il n’y avait pas eu ces témoignages faisant état de l’escale du cortège de la valise au domicile gardé comme un bunker du général Ntaganda. Le général aurait ordonné à ses gardes d’en interdire l’accès à quiconque, et notamment aux éléments de la Garde Républicaine qui convoyaient la valise, selon des sources à Coma.

Ntaganda, maître de l’ouvrage

Le coup de maître de Coma semble donc être l’oeuvre de Bosco Ntaganda. Ce jeune général Fardc (il est né en 1973) a réalise un parcours militaire peu ordinaire. Il aurait lutté dans Armée Patriotique rwandaise durant le génocide en 1994. Avant de se signaler dans les années 2000 aux côtés de Thomas Lubanga, dont il est le chef d’Etat-(Major adjoint de la milice hema qui écume l’Ituri, les Forces Patriotiques pour la Libération du Congo (FPLC).
Les affrontements armés ituriens auxquels le duo est associé ont entraîné la mort d’au moins 50000 personnes, et le déplacement de quelque 300 000 autres, selon des sources humanitaires. Surnommé « Terminator », celui que l’on appelle alors « Commandant Bosco » est déjà connu pour sa méchanceté particulière. C’est à ce titre que la CPI le poursuit. Un mandat d’arrêt en bonne et due forme a été émis à l’encontre de Bosco Ntaganda depuis avril 2008. Peu avant que L’homme n’évince Laurent Nkunda du CNDP, le mouvement rebelle qu’il avait rejoint vers 2005, et ne se rallie à Kinshasa à la faveur des accords de Goma, se mettant ainsi sous le parapluie des Fardc dont il est général.

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