mercredi 4 mai 2011

Butembo: Fusillade du Président du Centre d’Enrôlement de VUTSUNDO

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Un mois après l’assassinat de Mlle Kavira Tsongo Eve dans les locaux du Centre d’Enrôlement de Vutsundo en Ville de Butembo, c’est le tour du Président du même centre à subir le feu des armes des militaires congolais (Fardc en sigle) en son domicile. Pourquoi les militaires congolais s’acharnent-ils contre le centre d’enrôlement de Vutsundo ? Pourquoi la CENI ne sécurise-t-elle pas ses agents et ses centres d’enrôlement?

Dans la nuit du samedi 30 avril au dimanche 1er mai, trois militaires congolais (Fardc) attaquent la résidence de Mr Paluku Kabuyaya, habitant du Quartier Vutsundo et Président du Centre d’Enrôlement de l’Institut Visogho, une école conventionnée protestante de Vutsundo. Les assaillants obligent Mr Kabuyaya de leur ouvrir la porte s’il ne veut pas mourir. Mr Kabuyaya sentant sa mort prochaine, dit adieu à sa femme et à ses enfants. Cependant, il décide de ne pas se laisser abattre comme un mouton qu’on mène à l’abattoir. Kabuyaya veut mourir son couteau à la main. Il prend son plus long couteau à double tranchant (omuyali en Kinande) qu’il utilise lors des fêtes familiales pour égorger des chèvres, etc. Entretemps, les militaires bien armés et fous de colère contre Mr Kabuyaya qi refuse de leur ouvrir sa porte utilisent leurs armes pour défoncer la porte.

Mr Kabuyaya, prêt à mourir, se tient derrière la porte qui commence à céder avec son couteau à la main. Dès que le premier Fardc met ses pieds à l’intérieur de la maison, Mr Kabuyaya lui perfore le ventre avec son couteau à double tranchant. Du coup, les intestins du Fardc sortent et du sang coule en profusion. Le militaire pousse un grand cri pour alerter ses compagnons qui surveillaient les abords de la maison à l’extérieur. Comme le militaire poignardé avait en chambre les cartouches de son arme AK47, il a réussi à faire échapper pêle-mêle quelques cartouches en direction de Mr Kabuyaya qui a pris une balle dans les côtes et une autre qui a failli lui pénétrer le crane. Le Fardc, tenant ses intestins par une main, et avec son arme dans l’autre main, est tombé par terre. Ses compagnons ont accouru pour le trainer dehors, et ont disparu avec lui dans le noir.

Les voisins de Kabuyaya qui suivaient la scène retranchés dans leurs maisons ont vite accouru pour dépêcher Mr Kabuyaya qui saignait abondamment à l’Hôpital de Matanda.

Arrivé dans la salle des soins intensifs, Mr Kabuyaya, une fois qu’il avait repris toutes ses facultés cognitives, a aperçu son bourreau de la veille dans la même salle. Le fardc, bourreau de Kabuyaya, avait menti aux infirmiers qu’il avait eu un accident de circulation. Kabuyaya dans tous ses états, a rassemblé assez de force pour crier les larmes aux yeux « voilà celui qui m’a fusillé et que j’ai poignardé ». Quand la nouvelle est parvenue aux amis de Mr Kabuyaya qui attendaient à l’extérieur de la salle des soins intensifs, c’était la pagaille. Ces amis voulaient entrer dans la salle pour faire comme à Oïcha, c’est-à-dire achever le militaire. Mais le corps médical est vite intervenu pour protéger le militaire rappelant que l’Hôpital n’est pas un terrain de vengeance. Le militaire qui gardait son compagnon poignardé a fait appel à un renfort qui n’a pas tardé d’arriver pour faire la garde autour de la salle où le bourreau et la victime se faisaient tous soigner.

La tension était forte à l’hôpital Matanda mais ce qu’on pouvait craindre, à savoir un affrontement entre les militaires et les habitants de Vutsundo, n’est pas arriver. Le même constat se confirme toujours, à savoir, les tueurs et les voleurs de Beni-Lubero sont des militaires et des policiers des FARDC.

La bravoure de Mr Kabuyaya anime les conversations dans la ville et donne des idées à tous les habitants qui se considèrent comme les prochaines victimes. Il ne faut jamais se laisser abattre comme une bête à l’abattoir. Il faut se défendre. Si Kabuyaya ne s’était pas défendu, il serait mort assassiné après avoir donné tout ce qu’il avait comme argent et comme biens de valeur. L’auto-défense apparait ainsi comme le seul moyen d’assurer sa securité dans ce coin du pays où les militaires et les policiers supposés assurer la securité des personnes et leurs biens, sont malheureusement ceux qui tuent et volent. Le silence du gouvernement de Kinshasa et de la Monusco vis-à-vis de cette situation fait dire aux observateurs que l’insécurité déplorée à Beni-Lubero est un terrorisme de l’Etat qui vise l’extermination des Nande au profit des extrémistes rwandophones.

Ailleurs, toujours dans l’espace Beni-Lubero, les militaires et les policiers tuent et volent les paisibles congolais sous couverts FDLR et Mai-Mai. C’est le cas de Kamandi, Kanyabayonga, etc. Si l’on en croit la radio onusienne okapi, tous les militaires qui y étaient déployés sont en formation. Une explication qui démontre le mépris qu’a l’armée déployée dans la région vis-à-vis de la population locale. En effet, on ne peut comprendre qu’une armée, fut-elle celle d’une république bananière, retire tous ses militaires du front pour les envoyer en formation pendant que l’ennemi tue les citoyens dans la région. Aussi, on ne peut pas accuser les FDLR d’attaquer le territoire de Lubero où le HCR et la Monusco ramènent des FDLR parmi les retournés du Rwanda ( le cas de Luofu et Miriki). Pourquoi le HCR et la Monusco ramènent-ils des retournés dans une région officiellement théâtre de l’opération appelée « AMANI » mais d’où on a retiré tous les militaires du front ! Difficile à comprendre !

Cette confusion fait dire à plusieurs observateurs qu’un génocide est en cours à l’Est de la RDC. Ce génocide est mis sur le compte des FDLR et des Mai-Mai en Territoire de Lubero, ADF-NALU en Territoire de Beni, LRA en Province Orientale. Mais en réalité, les exécutants du génocide en cours sont des militaires, des policiers, et des mercenaires recrutés pour le besoin de la cause. La thèse publiée ce matin sur le site internet OKAPI, une thèse selon laquelle une coalition FDLR-Mai-Mai serait en passe de contrôler tout le territoire de Lubero, profitant de la formation d’autres régiments des Militaires, est comme un ballon d’essai lancer dans l’opinion congolaise. Les congolais doivent dénoncer cette situation qui frise la trahison. La RDC qui a une armée de plus de 100 000 unités ne peut pas abandonner un territoire en guerre sans protection militaire parce qu’elle forme des nouveaux régiments. On ne peut pas dire non plus que les policiers qui devraient assurer la protection des civils ne sont bien équipés quand ces mêmes policiers ont suffisamment des munitions pour massacrer les congolais, détruire les biens des populations, attaquer les centres d’enrôlement de la CENI, etc.

Ce qui manque pour la sécurité de l’Est de la RDC c’est la volonté politique du gouvernement congolais de sécuriser les citoyens et leurs biens, discipliner l’armée et la police, et rendre justice aux victimes, etc. Si l’incapacité du gouvernement d’assurer la securité des citoyens persiste, la loi permet son renversement par le peuple, souverain primaire de qui émane tout pouvoir en régime démocratique. Avec des braves beniluberois comme Mr Paluku Kabuyaya, le peuple congolais doit s’organiser pour suppléer à l’absence de l’autorité de l’Etat dans le domaine de la sécurité des personnes et de leurs biens.

Kakule Mathe
Butembo
©Beni-Lubero Online

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