mercredi 15 juin 2011

Elections 2011 en RDC : Etienne TSHISEKEDI attaque Vital KAMERHE

image Etienne TSHISEKEDI et Vital KAMERHE


Etienne Tshisekedi n’a pas confiance en la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) du fait que son président est cofondateur du parti présidentiel, le PPRD. Tshisekedi persiste et signe : « Il ne suffit pas de dire qu’on est contre Kabila pour devenir opposant. » Allusion faite au rapport qu’il y a entre l’opposant historique et ses partenaires de l’opposition, notamment Vital Kamhere, ancien président de l’Assemblée nationale et ex-collaborateur du chef de l’Etat tombé en disgrâce.
Répondant aux questions de Christophe Boisbouvier sur RFI, E. Tshisekedi s’est dit confiant quant à son élection à la présidence de la République, au terme du scrutin prévu, en novembre prochain. Dans les lignes qui suivent l’intégralité de cette interview.
Au Congo Kinshasa, beaucoup pensaient qu’il avait pris sa retraite, mais il n’en est rien ! A 79 ans, Etienne Tshisekedi se lance dans la bataille de la présidentielle. Le 28 novembre prochain, il affrontera le président sortant Joseph Kabila.
Depuis deux semaines, le président-fondateur de l’UDPS, l’Union pour la démocratie et le progrès social, est en Europe. Il a été reçu à l’Elysée à Paris et au Foreign Office à Londres.
Ses espoirs, ses priorités… Depuis Bruxelles, l’opposant historique du Congo Kinshasa a répondu aux questions de Christophe Boisbouvier.

Christophe Boisbouvier : Etienne Tshisekedi, bonjour.

Etienne Tshisekedi : Bonjour

Despuis quelques jours, vous êtes en tournée en Europe. Vous avez déjà été reçu par le ministre britannique en charge de l’Afrique et par le conseiller Afrique du président français. Pourquoi ces contacts ?

Ces contacts sont pour sensibiliser les personnalités de la communauté internationale sur le danger qu’il y a dans la préparation du processus électoral au Congo. Nous avons la certitude que ceux qui organisent les élections sont décidés à rester d’abord au pouvoir par tous les moyens, y compris des fraudes les plus massives, parce que nous ne voyons pas comment nous en sortir autrement. Alors, nous allons voir la communauté internationale pour qu’elle fasse pression pour que les organisateurs de ces élections le faissent d’une manière transparente et crédible.

C’est vrai que les bailleurs de fonds vont financer les élections à hauteur de plusieurs centaines de millions d’euros. Mais s’il y a fraude, à votre avis, est-ce que ce sera plutôt sur les listes ou sur P.V ?

Ils ont fixé la date limite de l’inscription, donc de l’enrôlement au 30 juin prochain. C’est encore un moyen certain pour frauder

Et vous craignez que d’ici le 30 juin tous les Congolais n’aient pas pu s’enrôler ?

C’est  presque certain à voir la lenteur avec laquelle l’enrôlement se fait, avec des kits qui sont presque tous en panne, des agents de la Ceni qui se découragent dans des provinces qui ne sont pas très favorables au pouvoir, ils font tout pour décourager les électeurs ou en les envoyant pour s’enrôler. Donc, ils trouvent toujours une sorte de raisons pour décourager les choses D’autre part, dans ces régions-là, le nombre de bureaux d’enrôlement est tellement petit qu’ils sont à trops grande distance les uns des autres.

Donc, il faut faire des km et des km à pied pour s’enrôler ?

Oui pour s’enrôler.

Est-ce que vous faites confiance à la Ceni et à son président Daniel Ngoy Mulunda pour faire des élections transparentes ?

Non. Il faut dire les choses telles qu’elles sont. M Ngoy Mulunda non seulement il est parent proche de M. Kabila, mais confodateur du PPRD, le parti de Kabila. Comment voulez-vous qu’un homme pareil soit impartial et objectif dans son travail ?

Vous avez boyocotté dans le passé le scrutin. Vous ne craignez pas que certains vous aient oublié ?

Non, au contraire, je crois que la misère a double, même a triplé Si je vous dis que tout le monde exige le changement, c’est à cause du degré de misère qui est devenue insupportable. On peut m’avoir oublié, mais on ne peut pas avoir oublié ma lutte de 30 ans pour l’Etat de droit, pour la bonne gouvernance.

Vous avez deux fiefs depuis toujours, le Kasaï et Kinshasa. Mais est-ce que vous n’êtes pas plus faible dans les autres provinces du Congo ?

Non, nous sommes le seul parti, l’UDPS est le seul parti qui ne soit ps encore compromis dans la gestion calamiteuse du pays. Et ça encore notre peuple le sait. Nous sommes toujours resté constant dans la défense de l’Etat de droit, nous sommes certain que c’est notre message qui va remporter.

Vous n’êtes pas plus faible tout même dans des provinces comme le Katanga, les deux Kivu, la province Orientale, peut-être dans le Bas-Congo ?

Non, pas du tout, pas du tout, d’autant plus que vous parlez du Kivu ? Mais c’est le Kivu qui avait cru dans les paroles de Kabila qui avait été élu sur toutes les promesses qu’il avait faites. Donc, le Kivu maintenant sait qu’il n’y a qu’un parti qui ne s’est pas compromis dans tout ça, c’est l’UDPS. Toutes les provinces c’est l’UDPS.  Bien sûr, dans le Katanga, on ne peut pas dire que nous aurons la majorité, mais nous aurons 50 ,50 entre l’UDPS et le pouvoir.

Donc, vous êtes plus confiant pour les 11 provinces du pays, sauf peut-être pour la Katanga ?

Absolument, c’est une certitude.

Pour la présidentielle, le 2è tour a été supprimé. Est-ce que ça n’oblige pas l’opposition à trouver un candidat unique ?

Bien sûr, nous nous organisons. Nous nous sommes déjà entendus toute l’opposition pour avoir un seul candidat. Il reste que nous puissions entrer dans le détail des négociations pour désigner ce candidat-là.

Il reste un inconu : Vital Kamerhe, l’autre opposant en vue. Est-ce qu’un accord et possible entre lui et vous ?

Bien sûr, Kamerhe, dans l’opinion du Sud-Kivu, est associé à Kabila. Donc il ne suffit de dire que je suis contre Kabila, pour que tout le monde dise : « Amen ».

Il n’est pas dans l’opposition depuis assez longtemps pour être crédible, c’est ça que vous voulez dire ?

Oui, c’est ça parce qu’il faut des actes quand même avec un Congo où tout le monde tourne sa casaque, on ne peut croire tout de suite sans avoir vu les actes. Donc, si Kamerhe est vraiment de l’opposition, je crois qu’il va nous rejoindre dans les négociations que nous allons engager entre l’opposition pour trouver un candidat commun.

Est-ce dans la stratégie d’un candidat unique, vous accepterez de vous effacer en faveur d’un autre candidat de l’opposition ou pas ?

Au moment où nous parlons, je vous informe déjà qu’une quinzaine de partis d’opposition ont déjà formé une plate-forme qu’ils appellent « Tshisekedi président ».

Tshisekedi président ?

Oui. Quinze partis politiques qui ne nous ont posé aucune condition, ils font campagne pour ça. Je ne sais pas si on peut se passer d’un tel capital quand on a lutté 30 ans dans son pays, pour un candidat qui viendra je ne sais d’où.

CB : 79 ans, est-ce n’est pas un handicap pour aller à une élection présidentielle ?

Pour moi-même ?

Oui.

Mais je viens de vous dire toute l’histoire de mon parti, la lutte que nous avons menée contre les différentes dictatures qui ont régné dans le Congo. Tout cela, c’est un capital que nous avons investi dans le cœur des Congolais. Ce n’est pas un jeune qui peut avoir un tel capital de confiance, de crédibilité.

Et la santé, ça va ?

Oui, la santé va bien, malgré l’âge que vous évoquez, la santé va bien et je n’ai pas de problèmes.
Etienne Tshisekedi, merci.

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