mercredi 1 juin 2011

Kinshasa-Luanda: Autour du territoire de Tshela

Mercredi, 01 Juin 2011 


 Kinshasa est à nouveau embarrassé par la conduite peu agréable des autorités de Luanda qui ont délibérément énervé les règles de bon voisinage. Tout part avec la présence fortuite de militaires angolais dans le territoire congolais de Tshela, dans la province du Bas Congo au début du mois de mai dernier. Alertées par la population, les autorités congolaises, mais aussi des responsables de la mission onusienne, se rendent sur le lieu aux fins de s’enquérir sur la signification de cette incursion frauduleuse sur le territoire d’un voisin.

Il ressort des différents rapports que l’armée angolaise, aux trousses des rebelles Cabindais du Front de libération de l’enclave de Cabinda (FLEC), s’est arrogée la liberté de franchir les frontières congolaises. Pris en chasse depuis leur forfait historique contre l’équipe nationale guinéenne, lors de la CAN 2010, les rebelles du FLEC se seraient retirés dans les forêts congolaises.

 D’où le « droit de poursuite » usé par Luanda ; malheureusement, sans prendre la politesse de saisir les autorités congolaises aux fins d’obtenir l’autorisation de franchir les limites territoriales. Acte mal apprécié par Kinshasa mais qui a pris de la hauteur en s’ouvrant à des concertations qui ont finalement abouti au retrait des soldats angolais du territoire congolais. La charge de contrôler et de traquer les rebelles Cabindais était ipso facto transférée aux soldats congolais devant, de ce fait, déployer une force significative dans la zone afin d’assurer la sécurité des populations et s’occuper des éventuels rebelles localisés dans la forêt. Que les soldats angolais se soient retirés ou non du territoire congolais – sous l’instigation de la MONUSCO – leur incursion n’a pas moins jeté le froid sur les relations entre les deux pays. Thambwe Mwamba, ministre congolais des Affaires étrangères ne s’est pas retenu de transmettre à l’ambassadeur angolais les récriminations de Kinshasa au sujet de cette aventure pour le moins discourtoise. L’acte a été qualifié par Kinshasa de « contraire aux liens d’amitié, de fraternité et de bon voisinage censés caractériser les deux peuples et les deux Etats ». La nuance est bien introduite cette fois-ci ; Kinshasa ne se convaincrait-il plus que les Angolais prennent les Congolais au sérieux ?

 Après assez de diplomatie et de hauteur dans les nombreuses escarmouches entre les deux peuples, les Congolais sont excédés de la hargne des Angolais à torpiller les accords, les engagements … pris par les deux Etats dans nombreux domaines. Il en est ainsi de la délicate question du partage du pétrole du plateau continental dont le Parlement angolais vient d’ordonner l’exploitation, éludant les droits de la RDC. Le récurrent dossier des expulsions des Congolais – sur fond de viol des femmes et filles, de tortures, de tueries, etc. – n’a jamais emprunté les couleurs d’humanisme, en dépit des appels et des observations du gouvernement de Kinshasa, des ONG internationales, voire des agences spécialisées du système des Nations unies.

 Ainsi, la lettre de protestations transmise au diplomate angolais traduit l’exaspération de Kinshasa de se voir solitaire sur le credo des relations de bon voisinage avec un voisin visiblement campé sur l’orbite de la paranoïa pour de raisons diverses. Plus d’une fois, en effet, les autorités angolaises ont placé leurs homologues en position inconfortable vis-à-vis de l’opinion nationale congolaise. Cette fois encore, le gouvernement de la République s’est retrouvé fortuitement devant ses citoyens arrachés violemment à leurs terres par des soldats d’un « pays ami ». L’acte est de trop. Il est vrai que la RDC affiche une santé précaire, mais Luanda devrait se pénétrer de la vérité que les brouilles avec Kinshasa ne le laisseraient pas en position de poursuivre son programme de reconstruction du pays après plus de 25 ans de guerre.

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