Le Canada jouit d’une réputation angélique à l’échelle internationale. Il prétend constamment défendre la démocratie dans le monde et se fait passer pour l’ami de l’Afrique. Pourtant, en 1960, il a participé à l’assassinat du premier chef de gouvernement démocratiquement élu du Congo, Patrice Emery Lumumba. Depuis le début des années 90, le Canada soutient le régime violent des extrémistes tutsis rwandais dirigé par le Président Paul Kagame; pourtant accusé par la justice espagnole d’avoir assassiné de sang froid des citoyens canadiens, sans que cela ne préoccupe outre mesure le gouvernement du Canada. C’est en 1994, avec l’aide de l’officier canadien le Général Roméo Dallaire, que ces extrémistes tutsis rwandais tuent deux chefs d’état africains, déclenchent un génocide et s’emparent du pouvoir au Rwanda par la force des armes. Louangés par les grands médias et fortement soutenus par le Canada, les USA, Israël et les multinationales, ils envahissent, en 1996, la République Démocratique du Congo où ils massacrent plus de huit millions de Congolais et de centaines de milliers d’hutus rwandais. Ils violent de milliers de femmes congolaises, pillent allègrement les ressources minières du Congo et les exportent au Rwanda pour le compte des multinationales occidentales, surtout canadiennes. Malgré tous ces crimes, ils sont exonérés par la justice internationale. Et pour cause : Ces Seigneurs de guerre qui dirigent le Rwanda aujourd’hui sont en fait les laquais d’un capitalisme machiavélique en Afrique centrale.
Dans cet ouvrage sans concessions et remarquablement documenté, Patrick Mbeko nous plonge dans les méandres de l’économie du crime qui sévit en Afrique centrale, particulièrement en RD Congo. Il dévoile l’existence d’opérations concertées entre le Canada, les puissances occidentales et leurs multinationales, par le Rwanda interposé, pour dépouiller la RDC de ses ressources stratégiques, quitte à la démembrer en des micro-états. Il met en lumière l’assujettissement de la justice internationale à une communauté d’élites mondialistes et révèle comment, en 2006, la « communauté internationale » et un ancien premier ministre canadien ont parrainé une fiction électorale pour maintenir au pouvoir le président Joseph Kabila, présenté comme le garant des intérêts occidentaux au Congo. Un exemple ahurissant de ce dont le Canada et les classes dominantes occidentales sont capables dès qu’ils se sentent touchés dans leurs intérêts fondamentaux.
« Un livre très stimulant, décapant, on pourrait dire terrifiant, en ce qu'il dévoile au lecteur les dérives et les pratiques mafieuses d'une démocratie emblématique, miroir de la société canadienne. » B. McMillan (Spécialiste des questions géostratégiques)
Extraits
Sur le terrain des opérations, les choses se bousculent. Les États-Unis offrent au général Baril la caserne Kelly de Stuttgart en Allemagne comme Quartier général arrière qui servira de lieu de rencontre pour les diverses agences gouvernementales et non gouvernementales et, de point de contrôle avancé pour le déploiement des troupes. Nous sommes en pleine phase d’exécution de la mise en place effective de la force internationale; le général Baril entreprend une mission d’inspection dans la région. Des détachements de reconnaissance canadiens s’envolent les 17 et 18 novembre à bord des C 130 de la base militaire de Trenton, en Ontario, vers Kigali et Entebbe pour commencer l’installation de l’état-major de la Force Multinationale. Une cellule de planification avancée s’installe à la caserne Kelly de Stuttgart - Quartier général du commandement américain en Europe, EUCOM. Le 21 novembre, un Groupe de direction ad hoc est créé sous présidence canadienne au QG de l’ONU à New York. 235 autres militaires canadiens sont déployés en Ouganda, avec une quantité impressionnante d’équipements militaires sophistiqués, tandis qu’une autre équipe de militaires canadiens est restée en standby au Kenya. L’arsenal canadien s’ajoute aux tonnes de matériels militaires que les Américains ont acheminées en secret, dès juillet-août 1996, de la Somalie après le fiasco de l’opération « Restore Hope » à Mogadiscio où 18 GI’s trouvèrent la mort.
Si les autorités politiques françaises croient encore en la bonne fois des Canadiens et des Américains, leurs spécialistes militaires présents sur le ground ont très vite compris que « les Canadiens ont servi de prête-nom aux Américains tant que l’on parlait d’opération multinationale. »
[...] Afin de totalement court-circuiter les efforts pour la mise en place de cette force internationale, l’armée rwandaise décida, le 16 novembre, − au lendemain du vote à l’ONU− de bombarder les camps pour pousser les réfugiés à regagner le Rwanda! Un geste totalement inhumain et illégal selon le droit international. La panique s’empare des réfugiés qui courent dans tous les sens. Les miliciens hutus, les ex-FAR et un grand nombre des civils hutus préfèrent prendre la route de la forêt zaïroise, tandis qu’un autre groupe de réfugiés se dirige vers le Rwanda. Pour Kigali et ses mentors anglo-saxons, c’est l’euphorie, « les réfugiés ont ainsi regagné leur pays ». Applaudissez, s’il vous plaît !
Les organisations des droits de l’Homme et plusieurs ONG internationales sont restées muettes! Alain Destexhe, sénateur belge et ancien Secrétaire général de Médecins sans frontières, est allé jusqu’à prétendre que « parfois, une solution politique douloureuse est préférable à une politique de compassion ! » De manière tout à fait stupéfiante, les gouvernements étrangers et les organisations intergouvernementales, notamment le HCR, se sont déclarés relativement satisfaits de ces opérations de rapatriement... Les Américains qui patronnent l’hécatombe n’ignorent rien du sort réservé aux réfugiés ayant regagné leur pays. Au terme d’une enquête menée pour vérifier les informations divulguées par les humanitaires sur la disparition des milliers de hutus ayant regagné le Rwanda, les militaires américains et officiels de l’aide aux réfugiés annoncèrent secrètement la vérité des faits: «Parmi les 600.000 Hutus qui étaient dans les camps et qui ont été rapatriés au Rwanda manu militari, plus de la moitié d’entre eux, soit 300.000 Hutus sont portés disparus. »
[...] Dans la forêt équatoriale, les morts hutus et zaïrois se comptent déjà par centaines de milliers, rapportent les humanitaires. Les services secrets français font état de la présence d’une vingtaine d’officiers américains des Forces spéciales venus tout spécialement de Fort Bragg aux États-Unis. Les Français s’interrogent aussi sur l’origine des mitraillages aériens opérés de nuit contre les camps de réfugiés, d’autant plus que ni les Rwandais, ni même les mercenaires européens engagés sur place n’étaient capables d’accomplir de tels vols de nuit, qui exigent un entraînement très particulier. Cela pose de graves questions, quand on sait que parmi les avions américains déployés figurait au moins un C130 Gunship des forces spéciales, véritable canonnière volante, blindée et armée d’un canon de 105 mm, de roquettes et de mitrailleuses, pouvant même larguer des mines. Que faisait-il là, si comme le disait alors le commandement américain, il s’agissait seulement de rechercher des réfugiés pour étudier ensuite les moyens de leur porter assistance? Les Français n’hallucinent pas. D’une façon très claire, les Américains ont spécialement affrété des avions pour traquer les hutus, en témoigne un rapport confidentiel (REPORT 678 REF 567/JL/RW/UG) des services secrets rwandais : « Il a été conclu que les forces aériennes américaines enverront 3 P-3 ORION PROPELLER PLANES à Entebbe. Ils opéreront pendant la journée d’Entebbe au Zaïre à la recherche des Hutus qui se cachent dans les forêts. Les avions seront équipés de trois équipements pour traquer les mouvements des gens sur terrain. » Un autre document secret (CRISIS 68 REF 560/RW/ZR) mentionne explicitement que le porte-parole du département de la défense, Kenneth Bacon, « veut un siège à feu et à sang à Goma. »
[...] Face à un tel carnage, l’idée canado-américaine de mettre abruptement fin à la constitution de la force internationale rencontra certaines réticences. Tout au long des discussions au Groupe de direction de l’ONU, la France, les Pays-Bas et le Sénégal se montrèrent farouchement opposés à l’arrêt de la mission. Il faudra dix jours d’âpres discussions pour mettre définitivement fin à la mission. Dans une lettre approuvée, le président du Conseil de Sécurité, Paolo Fulci, informa Boutros Ghali que « les membres du Conseil ont pris bonne note des considérations du Canada » et qu’ils décident que « les fonctions de la force multinationale prennent fin.» Aussitôt dit, aussitôt fait ! [...]
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