vendredi 23 décembre 2011

RDC : La Communauté Internationale ne fera pas partir "KABILA"pour installer TSHISEKEDI

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Joseph KABILA - President sortant de la RDC


«Les opposants congolais auraient tort de penser que la communauté internationale fera partir Joseph Kabila pour installer Etienne Tshisekedi à la tête de la RDC, confie un diplomate européen. La communauté internationale a fait sa part en dénonçant les irrégularités graves qui ont émaillé l’élection présidentielle.

Il appartient désormais à Tshisekedi ainsi qu’aux opposants à faire la leur …». Pour ce diplomate, le rôle de la communauté internationale se limitera «à accompagner la volonté du peuple congolais».

C’est la déclaration faite par Lambert Mende Omalanga, ministre congolais de la Communication et presse, mercredi 21 décembre dans la soirée, sur les ondes de la radio publique francophone belge (RTBF).

Joint au téléphone à Kinshasa par Cyprien Wetchi (Les Amis de Wetchi), le secrétaire général de l’UDPS, Jacquemain Shabani Lukoo soutient le contraire. Pendant ce temps, des éléments de la garde présidentielle, les fameux «Bana Moura», procèdent à des enlèvements des opposants politiques ou supposés tels. Ils effectuent des patrouilles la nuit.

Isolément diplomatique

Conscient de l’isolément diplomatique auquel il fait face depuis sa «mauvaise réélection» du 16 décembre, «Joseph Kabila» a dépêché en Europe un des ses «petits soldats» pour une tournée d’explication.

L’homme n’est autre que Lambert Mende Omalanga, le ministre de la Communication et presse qui est par ailleurs porte-parole du gouvernement. Avec son aplomb habituel, «Lambert» a fait une intervention mardi 20 décembre à Paris sur la chaîne publique à vocation internationale «France 24». Dans la soirée de mercredi 21, il est passé à la RTBF (radio).

Pour l’essentiel, il a exclu toute idée de «recomptage» des bulletins de vote. Au motif, selon lui, que le peuple «a choisi» «Joseph Kabila». «C’est Joseph Kabila qui a eu la majorité des voix», a-t-il déclaré. Et d’ajouter : «En RDC, c’est l’élection qui donne la légitimité».

Sur un ton empreint de morgue, Mende a, dans la foulée, balayé d’un revers de la main les «irrégularités graves» et autres «fraudes» rapportées tant par des observateurs internationaux que natiobaux.

Interrogé sur la cérémonie de prestation d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba prévue vendredi 23 décembre comme "Président élu", Mende de tempêter : «Je doute fort qu’Etienne Tshisekedi prête serment vendredi». "Je ne pense pas que le bourgmestre de la commune de Limete le laissera faire". Il a néanmoins laissé entendre que «Kabila» gardait «la main tendue» en direction du président de l’UDPS. "Si Tshisekedi accepte cette main tendue, tout est possible", a-t-il souligné.

Joint au téléphone jeudi 22 décembre par Cyprien Wetchi (Les Amis de Wetchi), le secrétaire général de l’UDPS, Jacquemain Shabani Lukoo a été formel : «Le président élu Etienne Tshisekedi wa Mulumba prêtera serment vendredi 23 décembre à 10 heures au Stade des Martyrs».

Pour Shabani, l’armée ne pourrait être que du côté de la population. Elle ne pourrait donc pas s’opposer à la tenue de cette cérémonie. Optimisme béat?

Dans une déclaration faite quarante-huit heures auparavant sur «France 24», Félix Tshisekedi Tshilombo, secrétaire national de l’UDPS chargé des relations extérieures, est apparu moins catégorique sur le sujet. «La prestation de serment aura lieu au Stade des Martyrs ou ailleurs», déclarait-il.

Il a exclu toute idée de «négociation» avec «Kabila». Pour lui, «ce qui s’est passé le 9 décembre (Ndlr : publication des résultats provisoires de l’élection présidentielle) constitue une imposture» du fait qu’«on a volé la victoire du peuple».

Terreur

Quelle est l’ambiance à Kinshasa à la veille de la journée fatidique du 23 décembre 2011? Selon diverses sources, c’est la terreur qui règne dans capitale. La ville est toujours quadrillée par des éléments de la garde prétorienne de «Joseph Kabila», les fameux «Bana Moura», assistés par des «mercenaires africains».

« Il n’est plus rare de voir des éléments de la garde présidentielle patrouiller la nuit en lieu et place des policiers, dit un Kinois joint jeudi au téléphone. Ces hommes procèdent à des perquisitions sans mandat. Ils arrêtent qui ils veulent avant de l’emmener vers une destination inconnue.»

A en croire notre interlocuteur, il ne se passe plus un jour sans qu’une famille fasse état de kidnapping d’un de ses membres. "Les familles ne savent à quelle porte frapper dans un pays où les forces de sécurité échappent à tout contrôle et dépendent toutes du président de la République", ajoute-t-il.

Dans un communiqué daté 21 décembre, l’association de défense des droits humains «La Voix des Sans Voix pour les Droits de l’Homme» (VSV), confirme cette ambiance de terreur dans la ville. Ce groupement dénonce une «chasse aux sorcières». Cette chasse aux sorcières a commencé «quelques jours avant la proclamation des résultats provisoires de l’élection présidentielle», peut-on lire. Et continue «jusqu’à ce jour».

La «VSV» fait état «des cas d’enlèvements et des disparitions forcées» portés à sa connaissance. Qui sont les auteurs de ces rapts ? Se fondant sur des informations en sa possession, l’association cite "des hommes armés habillés en tenue de la police Nationale Congolaise et des FARDC notamment de la Garde Républicaine". Les victimes ont été amenées «vers une destination inconnue».

«Il revient à la VSV que plusieurs de ces victimes seraient détenues au secret dans des cachots ne dépendant pas des parquets, précise le communiqué. Il s’agit notamment des cachots de l’Agence nationale des renseignements (ANR), du bataillon PM/Camp Kokolo, de l’Etat Major des Renseignements Militaires (ex DEMIAP), du camp militaire colonel Tshatshi, du Palais de Marbre, GLM etc».

A l’appui de sa thèse, la VSV cite quelques noms de victimes : Mwamba Katubilondi Jacob, chef du quartier Mbamu/Kingabwa-Limete ; Ndjoli Mputu Célestin Célé Mbunda, artiste musicien folklorique, arrêté en lieu et place de son fils Chaguy ; Mukania Kalonji, Tshamala Lumbala, Jean-Claude Ntambwe, Bovic Buele, Rosky Sengambo, Alain Apamato, mademoiselle Elianne Buele tous habitant Cité des anciens Combattants, Kinshasa/Ngaliema ; Tshintshi Lantulu, homme d’affaires, membres de l’UDPS ; Tharcisse Mukeba, âgé de 78 ans et ses deux fils en l’occurrence Jean-Claude Mukeba (48 ans, enseignant) et Jean de Dieu Tshimanga Mukeba (33 ans, peintre). Ces derniers ont été enlevés à leur domicile à Bandalungwa.

Malentendu

On le voit, le Congo dit démocratique a plus que jamais besoin d’un bouleversement institutionnel pour mettre fin au régime autoritaire et criminel incarné par le président sortant «Joseph Kabila».

Dans certains milieux diplomatiques à Bruxelles, il est fait état de plus en plus d’un «malentendu» qui existerait, selon eux, entre l’opposition congolaise et la «communauté internationale». Un mal entendu qui consisterait à penser que Bruxelles, New York, Paris, Washington pourraient ou devraient désigner le «vainqueur» de l’élection présidentielle du 28 novembre 2011 au Congo.

«Les opposants congolais auraient tort de penser que la communauté internationale fera partir Joseph Kabila pour installer Etienne Tshisekedi à la tête de la RDC, confie un diplomate européen. La communauté internationale a fait sa part en dénonçant les irrégularités graves qui ont émaillé l’élection présidentielle.

Il appartient désormais à Tshisekedi ainsi qu’aux opposants à faire la leur …». Pour ce diplomate, le rôle de la communauté internationale se limitera «à accompagner la volonté du peuple congolais».

Question : Comment réagiront les partisans de Tshisekedi en cas d’interdiction, par le "bourgmestre de Limete", de la cérémonie de prestation de serment prévue ce vendredi ?

Baudouin Amba Wetshi

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