vendredi 23 décembre 2011

RDC: la sénatrice honoraire belge Els Schelfhout éventre le boa électoral

Auteur d’un fameux rapport sur l’exàploitation illégale des mines à l’est de la RDC, elle revient à la charge avec ce coup de guele :

De hele wereld houdt van Congo, maar niet van de Congolezen (3)
Na de pest kreeg Congo de Cholera
(Le monde entier aime le Congo mais n’aime pas les congolais- Après la peste c’est la choléra)
On pourrait protester pour moins que ça !
(Els Schelfhout)

« Je suis sûre de ceci à 100%: sans pression internationale sur le régime de Kabila, il n’y aura aucun changement au Congo les prochaines cinq années. Tout le monde aime le Congo, mais pas les Congolais.»

Cette semaine débute le second mandat de Kabila comme président ‘ démocratiquement élu’ du Congo. Un grand nombre de Congolais est furieux. A l’instar de l’appel du candidat de l’opposition Etienne Tshisekedi, ils n’acceptent pas les résultats des élections.

Le torchon brûle non seulement au Congo, mais aussi dans des pays comme le nôtre où un nombre de Congolais (Belges) ‘de la diaspora’, qui souvent ont fui le régime, vivent. La question est de savoir quand le baril de poudre explosera-t-il. Lorsque ceci arrivera, on ne devra pas pointer du doigt les Congolais de l’extérieur.

Nous aussi, la Belgique, l’UE et toute la Communauté Internationale sommes coupables par abstention.

Joseph Kabila. Pour beaucoup de Congolais, il a pris un mauvais départ en 2001, ou il aurait peut-être ne pas dû commencer. Le Numéro Un du pays, présumé ‘taximan’ en Tanzanie, aux origines rwandaises, né à Fizi, Sud-Kivu, ment sur ses origines, son diplôme et sur un peu de tout.

Mais qui le dira?

Tous les messages nous parviennent comme un jeu de chuchotement en chinois. Plus personne ne sait encore ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas.

 Joseph Kabila, aussi avec beaucoup de certitude, ancien commandant des ‘kadogo’, enfants soldats qui se frayèrent un chemin en 1996-1997 en pillant et tuant de Bukavu au Sud-Kivu vers Kinshasa pour dire au revoir au président de l’époque Mobutu.

Dix jours après la mort de son (beau-) père, Laurent-Désiré Kabila, il reprit le 26 janvier 2001 les rennes du pouvoir. Après le Mobutisme, le Kabilisme devint un fait. Après la peste vint le cholera au Congo.

Quand en décembre 2005, la nouvelle Constitution Congolaise fut adoptée, le chemin vers les premières élections présidentielles et parlementaires fut ouvert. Au 30 juillet 2006, se rendirent pour la premières depuis près de 40 ans 25 millions de Congolais aux urnes.

Pour mener à bien les élections, les Nations Unies payaient la facture et mobilisa 17000 militaires. A l’époque circulaient déjà aussi des rumeurs sur des fraudes électorales. Des bureaux de votes furent saccagés et bulletins de vote brûlés.

Néanmoins, Joseph Kabila fut proclamé vainqueur du premier tour des élections avec 45% de voix contre 20% pour le vice-président et ancien chef rebelle Jean-Pierre Bemba. N’ayant pas obtenu la majorité des voix, un second tour fut organisé le 29 octobre 2006. La Cour Suprême de Justice confirma la victoire de Kabila avec 58% contre 42% de voix. Les jours, qui suivirent, furent très agités.

Juste après les élections de 2006, il semblait un moment que le gouvernement nouvellement élu travaillerait sur la bonne gouvernance et qu’elle réprimerait la corruption, criminalité et l’impunité. Mais ce processus s’arrêta très rapidement et le président Joseph Kabila se flattait d’être sur la même table comme celle sur laquelle Mobutu Ses Seko se gavait, restreignant le parlement, le pouvoir judiciaire ainsi que les droits civils fondamentaux.

Il s’accaparait du pouvoir dans tous les domaines de l’Etat et créait des réseaux parallèles de pouvoir. Sur le plan de la justice et sécurité, aucune évolution digne d’être mentionnée n’a été faite. Les juges sont corruptibles et dépendants du pouvoir présidentiel.

Le budget pour la justice s’élevait à peine à 1,27 pourcent du budget total. Les dépenses officielles de la Présidence étaient trois fois pus élevées (rapport d’International Crisis Group, 2010). Le processus démocratique s’immobilisa, les élections locales, promises depuis un temps,

Pour couronner le tout, l’Est du Congo fut terrassé par la crise de Kivu en 2007: le Rwanda exporte son conflit entre frères au Congo et sur le dos de Congolais. Rebelles et militaires de toute sorte terrorisent la population déjà exaspérée. Kabila ferme les yeux sur tout ceci.

Puisqu’il y a ou il y avait beaucoup d’enjeux avec le chaos. Les provinces de l’Est du Congo disposent en effet d’une quantité immense de richesses naturelles. Ces ressources sont de plusieurs façons pillées de toutes parts. A ceci, les pays voisins, avec en tête le Rwanda, ainsi que la Communauté Internationale ne pensent pas faire de leur mieux.

C’est ainsi que le Canada possède des intérêts juteux dans l’exploitation des minerais au Congo. Plusieurs multinationales Canadiennes sont actives dans le secteur minier. Aussi la Chine a le sens des affaires en RDC. Comme remerciement pour les projets lucratifs, les Chinois réalisent des travaux d’infrastructures et construisent des routes.

Ils ont asphalté la moitié du Boulevard du 30 juin (long de 5 km ), suffisamment loin pour éloigner la poussière de la tribune principale des invités lors de l’anniversaire de l’indépendance du Congo l’année passée, et suffisamment loin pour faire reculer tous les commerçants et vendeurs dans la cité et ainsi réprimer l’économie informelle qui pour plusieurs Congolais constitue leur unique source de revenus.

Au Congo, règne la loi de l’impunité. Le sous-sol nourrit la violence et l’insécurité: l’argent du commerce illégal maintient les groupements armés et l’achat des armes.

Des entreprises Belges achètent toujours des minerais venant des partis mêlés aux conflits. Cela fait plus de dix ans que les organisations internationales comme le Nations Unies et Global Witness signalent systématiquement que ces entreprises maintiennent le conflit sanglant à l’Est du Congo à cause de leur commerce avec les parties en guerre.

Global Witness fit dans le passé également feu sur le gouvernement Belge car ce dernier négligea d’entreprendre des mesures concrètes contre ce commerce non éthique de plusieurs entreprises Belges en question.

Mais lorsqu’il s’agit du Congo, le gouvernement Belge souffle le chaud et le froid. Il donne des petites claques et enduit ensuite. La ‘normalisation discrète’ des contacts bilatéraux, après la politique du mégaphone du ministre de Gucht, nous fait marcher sur les oeufs.

Le Congo est le plus important partenaire de la Belgique sur le plan de coopération au développement. Non seulement l’Etat Belge mais aussi un certain nombre d’ONG Belges et universités essaient de contribuer à l’amélioration des conditions de vie de millions de Congolais.

Dernièrement, notre pays annula les dettes du Congo d’une valeur d’un demi-milliard. Avec 16,5 millions d’euro sur 47,5 millions d’euro d’aide totale Européenne, nous étions le deuxième plus important donateur pour les élections. Mais à quoi bon placer de l’argent dans un fût sans fond ?

Il est impératif d’avoir une vision, un plan bien étayé pour notre politique extérieure pour le Congo; durable et intégré dans un plus grand cadre international. Nous avons plusieurs possibilités mais préférons plutôt ne rien faire. Restant ainsi dans notre position confortable de petite roue dans un dispositif de la Communauté Internationale qui surtout garantit ses intérêts personnels grâce au mot magique ‘stabilité’.

Le 28 novembre, plus de 30 millions de Congolais sont allés aux urnes. A Matadi, où j’observais moi-même le déroulement des élections et où j’ai assisté dans quelques bureaux au comptage des voix, Etienne Tshisekedi atteignait facilement 85% des voix. Cela pousse à la réflexion.

Le Centre Américain Carter qui fut présent avec 26 équipes d’observation à travers tous le pays dans les bureaux de vote et de compilations. A Kinshasa, où les partisans de Tshisekedi résident, il disparut tous les bulletins de vote d’environ 2000 des 10000 bureaux de vote. Dans les régions pro-kabilistes, il y aurait eu 100% d’électeurs venus voter, pendant que dans les provinces où Tshisekedi avait plusieurs partisans, la participation fut tout d’un coup faible.

‘Raïs Kabila … 100% sûr’, imprimé en grand caractère sur d’immenses affiches d’élections à côté d’un visage satisfait de Joseph Kabila. Il peut être 100% sûr, Président Kabila, que malgré et grâce à sa tricherie qu’un second mandat l’attend.

Et 100% sûr du fait que la Communauté internationale, marmonnant et en dépit des constatations du Centre Carter, ne l’empêchera point.

Je suis sûre de ceci à 100%: Sans pression internationale sur le régime, il n’y aura aucun changement au Congo les prochaines cinq années. Tout le monde aime le Congo, mais pas les Congolais.

On pourrait protester pour moins que ça !

Els SCHELFHOUT, 22 décembre 2011 – Belgique

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