C’est le temps des complots. Si le professeur Samba diarra – paix à son âme – était encore en vie, il aurait matière à roman, car la côte d’ivoire vit désormais au rythme des complots relayés par la rumeur abidjanaise.
Le pouvoir issu de l’implication directe de la France coloniale dans la crise ivoirienne donne déjà des signes de fébrilité en amplifiant lesdites rumeurs dont il montre toute son incapacité à enrayer.
La grande France qui tient ce pouvoir à bout de bras ne manque pas à cette messe de la «complotite». Il n’y a pas longtemps, longuet, le ministre français de la défense en visite en côte d’ivoire s’est maladroitement invité dans cette «rumeurlogie» avec des bouts de phrases qui ne sont pas faits pour aider le poulain d’Abidjan.
«Toutes les frontières ivoiriennes seront protégées» avait-il confié sans gêne lors de sa visite sur les bords de la lagune ebrié. L’homme donnait ainsi un signal bien fort au RHDP.
Longuet est venu pour s’assurer de la sécurité de «son» pouvoir qui est en proie à toutes sortes de rumeurs. C’est dans cette même logique qu’il avait eu des entretiens avec l’ex-patron de la licorne, aujourd’hui responsable de la coopération militaire, qui est le vrai chef d’etat major de l’armée de Ouattara.
D’ailleurs, le général mangou est encore là parce que visiblement le régime manque d’hommes pour assumer cette fonction. Longuet qui depuis Paris surveille le pouvoir ivoirien retrouve ses réflexes coloniaux, en ramenant la côte d’ivoire plus de 50 ans en arrière.
Pour ses intérêts, l’Hexagone n’est pas prête à lâcher du lest. Longuet peut donc à loisir heurter la bonne conscience africaine, cela semblera normal à Paris. Le ministre français de la défense se trouve ainsi ébranlé par l’ampleur des rumeurs qui alimentent désormais les foyers abidjanais. cette sortie qui, en réalité, est une menace contre tous ceux qui voudraient menacer le pouvoir d’Abidjan devient au final une ridicule mise en scène, car la sécurisation des frontières fait partie des fonctions régaliennes d’un etat. On n’a donc pas besoin de monter sur ses grands chevaux pour crier à la sécurisation des frontières.
La licorne est constamment mise à contribution pour les mêmes raisons; rumeurs de déstabilisation de la côte d’ivoire. des appareils volants de l’Onu et de l’armée française survolent régulièrement le ciel ivoirien à la recherche d’éventuels déstabilisateurs. Sans résultats probants, car en vérité, il n’y a rien sous le soleil ivoirien. La France qui a longtemps combattu Gbagbo se trouve pris à son propre piège de la déstabilisation au point qu’elle voit partout l’ombre de faiseurs de coup d’etat. C’est la réaction du voleur qui croit que tout le monde est comme lui. dans cette démarche qui n’est pas du tout rassurante pour l’Hexagone, s’ajoutent avec une bonne dose de comédie, les Frci qui s’offrent aussi en spectacle au quotidien. Histoire de se donner une importance qu’ils n’ont pas aux yeux de l’opinion nationale. «Le Ghana n’est pas une menace pour la Côte d’Ivoire» s’est permis de rassurer le com’zone de noé, village situé à la frontière ivoiro-ghanéenne.
Face aux sorties de la France aux allures coloniales, il fallait donner une assurance locale à Ouattara même s’il ne compte plus sur les Frci pour sécuriser son pouvoir. L’exercice n’a pas été du tout aisé pour le com’zone, mais il s’y est essayé. il faut qu’il montre que dans cette affaire les Frci ont aussi leur mot à dire. On dirait tout simplement pas important, puisse qu’il est clairement établi que Ouattara n’a vraiment pas besoin de ça. Et toutes les pontes de cette armée le savent si bien. Le chef de l’etat ne compte que sur l’armée française et à un degré moindre sur les Forces onusiennes. Dans ce flot de rumeurs qui rend le pouvoir fébrile, il y a Soro qui se trouve hanté par ses ombres de Ouaga d’avant 2002. Il fait alors le tour des capitales africaines à la recherche de déstabilisateurs du pouvoir Ouattara. le Ghana et liberia qui ont reçu un grand contingent de réfugiés ivoiriens sont dans le viseur du pouvoir ivoirien. et cela sous l’oeil bienveillant de l’Élysée. Soro est donc allé au Ghana et au liberia. A-t-il eu gain de cause? L’avenir nous le dira. en attendant, le Premier ministre se rappelle bien ses années d’exil dans la capitale du Faso. L’homme pense bien que les ivoiriens qui ont fui la répression des Frci feront comme lui. La presse qui lui est proche crie déjà victoire sur le camp Gbagbo. Pour eux la présidente du liberia a lâché Gbagbo et son camp. Pourtant elle n’a fait qu’accueillir des personnes en détresse. Mais le rhdp refuse de voir cette réalité. C’est au nom de cela qu’un véritable «djihad» a été lancé contre tous les proches du pouvoir Gbagbo. Car pour Ouattara et ses amis français la menace est partout. Comble du ridicule, le Premier ministre Aké Ngbo a été inculpé avant qu’on ne lui trouve un chef d’accusation. C’est ça l’etat qu’on veut construire. Les Frci s’y adonnent déjà à coeur joie. Dans l’histoire de la côte d’ivoire, c’est la première fois qu’une force dite républicaine ne travaille que sur des rumeurs. une simple rumeur ou une dénonciation, et ils vous font passer de vie à trépas.
Source: Guéhi Brence – Le Temps