Cardinal Laurent MONSENGWO PASINYA - Lord d'une conference de presse le 10 Nov a Kin Le peuple congolais de la R.D.C a toujours été compté parmi les peuples les plus chrétiens d’Afrique. C’est une bonne chose ; cela prouve à suffisance que ce peuple croit en Dieu, comme en celui qui le délivrera de sa misère. Paradoxalement, le peuple congolais est classé au bas de l’échelle des peuples les plus pauvres du monde. Et pourtant, ses dirigeants sont, eux, placés parmi les plus riches de la terre. Cela fait rire, fait réfléchir et fait pleurer à la fois.
Mais, je pense que l’heure est vraiment venue de ne plus se lamenter sur notre sort ; mais d’agir ! Dans toutes les révolutions pacifiques, les églises ont toujours joué un rôle très déterminent ; car elles constituent une force non négligeable dans les changements d’une société!
Tous les chrétiens catholiques informés, connaissent tous le rôle, ô combien noble, qu’a joué l’éminent pape Jean Paul II dans la libération de son pays (la Pologne) du joug communiste ! A sa mort, tout son peuple – en larmes – lui a exprimé sa vive reconnaissance et réclamé qu’il soit proclamé « saint » immédiatement (« Santo subito »!).
Aujourd’hui, ce grand Pape est élevé au rang des bienheureux !
Jadis classé parmi les pays pauvres d’Europe, aujourd’hui la Pologne rivalise de compétitivité avec les autres pays de l’Europe de l’Ouest.
Il en est de même avec l’Eglise protestante anglicane. Tout le monde le sait – et le peuple sud-africain en particulier – combien Monseigneur Desmond TUTU a lutté pour l’abolition de l’apartheid dans son pays !
Aujourd’hui ce serviteur Dieu a été reconnu mondialement et s’est vu attribué le « prix Nobel de la paix » !
Je ne passerai pas sous silence la lutte menée par l’Eglise latino-américaine, dans le dur combat de pour libération du peuple brésilien!
Sans vouloir citer tous les théologiens de la libération, je vais me limiter à l’œuvre de l’éminent théologien et prêtre franciscain Leonardo Boff, dans son livre coécrit avec Mark Hathaway intitulé : « the Tao of liberation : Exploring the ecology of transformation ; Orbis Book, 2009, 448p.
Dans cette œuvre les auteurs parlent du rôle libérateur de l’évangile du Christ dans la vie des hommes. Comme tel, l’évangile ne doit pas être prêché comme une parole morte ; mais doit plutôt permettre à l’homme de vivre dignement et pleinement ici sur terre.
Je trouve donc caduque l’idée, longtemps véhiculée par le pouvoir oppresseur, qui voudrait que l’Eglise soit « neutre » ou encore « au milieu du village » !
De quelle neutralité veut-on nous parler ?
Quand nous savons bien combien le Christ lui-même a combattu les injustices sociales de son époque ! Et tout celui qui se revendique du Christ doit faire pareil que son maître : se mettre du côté du pauvre et de l’opprimé et le défendre contre les puissants et les méchants. On ne peut pas se cacher derrière la parole de Dieu pour défendre ses propres avantages et intérêts.
Les « églises » du Congo ont pour rôle d’éveiller les consciences des chrétiens et non pas de les endormir. Leurs prêches et serments doivent aider le Congolais à prendre conscience de la situation désastreuse dans laquelle il vit et lui fait prendre conscience de ses droits (droit à la dignité humaine, droit à l’éducation, droit aux soins de santé ; bref, droit à la vie digne). Jadis, se présenter comme congolais suscitait respect et admiration à l’étranger ; aujourd’hui cela devient sujet de moquerie partout.
Certains parlent de « peuple amorphe, qui se refugie dans la prière et dans la musique ; incapable de se prendre en main et de lutter pour sa libération ».
L’heure est grave ; très grave même. Le peuple congolais de la R.D.C doit se réveiller. Comme en Pologne, en Amérique Latine et en Afrique du sud, les « églises » ont grand rôle à jouer ; un rôle d’aider le peuple à se réveiller, et non un rôle de l’abrutir.
Le peuple congolais doit ouvrir l’œil, et le bon, pour différencier les vraies « églises de réveil », des « églises de sommeil ». Ces dernières étant au service du pouvoir en place pour endormir la population, en lui promettant un avenir meilleur au ciel. Il ne faut pas oublier que Dieu a envoyé l’home sur terre « pour qu’il soit heureux ».
C’est d’ailleurs pour cela qu’il lui a tout donné pour être heureux. Donc c’est ici sur terre que ce bonheur doit commencer ; l’homme doit œuvrer pour la venue du royaume de Dieu sur terre !
J’appelle donc la population congolaise à déserter les « églises de sommeil » pour se tourner vers les vrais pasteurs ; ceux-là qui se soucient du bien-être, non seulement spirituel, mais aussi et surtout matériel de l’homme congolais.
Les pasteurs ne doivent plus seulement attendre la « dime » des fidèles ; mais doivent faire en sorte que ces derniers arrivent, eux-mêmes, à mieux vivre !
Soyez les bons pasteurs pour mon peuple ; ceux qui défendent leurs troupeaux des loups, et non ceux qui les livrent en pâture !
Symphorien NGUDIE Junior, Dit « TUTASHINDA »
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