(Le Potentiel 13/03/2012)
Dans son ouvrage de 344 pages, Christophe Boltanski, grand reporter au Nouvel Observateur, a enquêté sur le parcours de la Cassitérite, principal composant de l’étain, l’un des minerais les plus disputés pour les téléphones portables, les MP3, les scanners, les imprimantes, les ordinateurs…
Ainsi, dans ce livre captivant et dense publié aux éditions Grasset, l’auteur montre que la guerre qui secoue la région des Grands Lacs, aussi lointaine soit-elle, est liée à la modernité et au quotidien des Occidentaux. Interrogé par notre correspondant en France, Christophe Boltanski fait le point. Ci-dessous l’intégralité du texte de l’interview que Boltanski lui a accordée.
Que recouvre la formule «minerais de sang» ?
Cette expression découle d’une autre : «Diamants de sang». C’est à propos des diamants que cette formule a été utilisée pour la première fois. Ces diamants de conflits ont alimenté les nombreuses guerres livrées par des rebelles aux gouvernements en Afrique, notamment en Angola, au Liberia, au Sierra-Leone…
Extraits de mines localisées dans des zones où la guerre faisait rage, ces diamants étaient vendus en toute illégalité et en toute clandestinité, afin de fournir en armes et en munitions les groupes armés qui les exploitaient.
C’est la raison pour laquelle a été mis sur pied le processus de Kimberley dont l’objectif est d’éviter de négocier, sur le marché mondial, l’achat des diamants présentés par des mouvements rebelles dans le but de financer leurs activités militaires.
Qu’est-ce qui a motivé cette enquête ?
J’ai découvert le Kivu en 2008 lors de l’offensive de Laurent Nkunda sur Goma. Nous avons été un certain nombre de journalistes à se rendre sur place pour couvrir la énième guerre qui secoue le Kivu, région réputée pour son sous-sol truffé de richesses naturelles mais déstabilisée par quinze ans de conflits sporadiques et de rebellions incontrôlées.
Les troubles datent de 1994, quand les auteurs des massacres passent en RDC, en fuite désorganisée, rapidement transformée en razzia sur la population et le sous-sol. Sur le terrain, je réalise à quel point ce conflit est généré par cette terre riche en minerais rares : plusieurs armées rebelles, servant les intérêts des Etats voisins ou de groupes industriels occidentaux, sont en manœuvres perpétuelles dans la région depuis les années 1990.
Troublé par ce scandale humanitaire, j’ai décidé d’explorer le sujet pour déterminer combien cette guerre de quinze ans, qui paraît si lointaine aux yeux des Occidentaux, est liée à leur confort technologique et à leur image de la modernité. En particulier, je pointe un minerai-clé dans la poursuite de la guerre : la cassitérite.
Quelle a été la démarche du journaliste que vous êtes ?
Pendant deux ans, j’ai tenté de retrouver les acteurs de cette longue chaîne de production. J’ai écouté les creuseurs exploités dans les mines artisanales du Nord-Kivu, dans l’Est du Congo, à la frontière avec le Rwanda.
J’ai côtoyé les soldats qui écument la région et se servent au passage, j’ai voyagé avec les pilotes slaves qui approvisionnent les comptoirs de Goma ou de Kigali dans leurs vieux coucous soviétiques, je suis allé voir les fondeurs qui transforment la cassitérite en étain, métal indispensable à la fabrication de toute notre technologie électronique.
J’ai parlé aux ONG, aux experts en relations internationales, à un brahmane, à des chefs d’entreprise et à des syndicalistes ; à des traders du London Metal exchange, à des géologues, aux directeurs commerciaux des multinationales de la hi-fi. J’ai voyagé sur un tiers de la planète, déterminé à mesurer à quel prix parlons-nous au téléphone, consultons-nous Internet ou photographions-nous les êtres qui nous sont chers ?
La Cassitérite est le minerai-clé dans la poursuite de la guerre dans la région des Grands Lacs, dites-vous. Pourquoi ?
La guerre n’est évidemment pas un hasard. Elle est motivée par l’exploitation des ressources du sous-sol congolais. Depuis le XIXe siècle, le Congo et ses immenses ressources suscitent toutes les convoitises. Il a toujours été considéré comme une terre de richesses à piller.
Oui, la cassitérite, métal préféré de l’industrie de pointe, est à la fois le nerf et l’enjeu de cette guerre. Aujourd’hui, ce principal composant de l’étain en est le carburant. Et l’étain, facile à manipuler et à souder, excellent conducteur, est devenu un métal indispensable dans la composition d’innombrables objets électroniques dont les circuits imprimés rendent notre quotidien si confortable : PC, MP3, cellulaires, avion, voitures, PlayStation, hi-fi, radios, télévisions, décodeurs, scanners, imprimantes…, tout ce qui comporte d’électronique, toute notre modernité en contient une trace.
On nous avait annoncé l’entrée dans l’ère du virtuel, l’industrie minière était devenue synonyme de charbon, de saleté, de XIXème siècle. Or, nous sommes plus que jamais dépendant de ces matières premières.
Vous avez suivi la livraison de cargaison de Cassitérite. Avez-vous réussi à connaître la destination de cette cargaison ?
Patiemment, j’ai remonté la filière. Le minerai est d’abord convoyé à vélo, ou à dos d’homme, par sac de 50 ou 60 kg, jusqu’à une petite localité, Walikale, où il est acheminé à Goma, capitale du Nord-Kivu, par avion. Concassé et pulvérisé, le minerai file ensuite au Rwanda. De Kigali, il part en camion vers Dar-es-Salaam.
Puis, il est exporté en Malaisie dans la fonderie de Butterworth, qui raffine un huitième de la production mondiale, transforme la poudre d’étain en lingots argentés, étincelants, pur à plus de 99%. Ses plus gros clients : les fabricants de fils de soudure parmi lesquels le groupe allemand Henkel, célèbre géant lessivier.
Dans quelles conditions travaillent les creuseurs dans les mines ?
Ils travaillent dans des conditions très difficiles : sous une chaleur hallucinante, ils doivent arpenter des tunnels toujours plus longs, les sacs de 50kg portés sur les épaules. Les risques qu’ils prennent pour gagner quelques francs congolais sont insensés.
Parfois, ils ne gagnent rien quand leur exploitation est pillée par les hommes en armes ou qu’ils doivent trimer gratuitement sur les nouveaux filons, pas encore rentables. Les creuseurs sont presque tous endettés. C’est vraiment une forme d’esclavage.
Qui est responsable de ce nouvel esclavage ?
Contrairement à l’époque coloniale, il est difficile de dire qui est responsable de ce nouvel esclavage. C’est tout le paradoxe : il se passe des choses effroyables au Congo, mais la mobilisation est assez faible, car chaque acteur peut facilement se décharger de ses responsabilités.
Or, tout est préfinancé. Les négociants achètent les minerais avec l’argent des comptoirs, qui eux-mêmes en reçoivent du principal trader, Minerals Supply Africa, qui lui-même se fait préfinancer par la fonderie Malaysia Smelting Corporation.
Donc, contrairement à ce qu’ils disent, ils savent tout à fait d’où vient le minerai. Il y a bien évidemment une responsabilité internationale dans tout ce qui se passe dans cette région du Congo. Pourtant, il est absolument indispensable que les industriels s’impliquent davantage.
Comment faire en sorte qu’ils s’engagent sur le terrain et offrent des conditions de travail décentes ?
Il faut de véritables campagnes d’opinion. Que les gens prennent conscience que les objets qui nous entourent, de moins en moins cher et la durée de vie de plus en plus courte- ce qui provoque des tonnes de déchets, retraités dans des conditions épouvantables dans le Tiers-monde-ont un coût humain très élevé.
Il faut une pression des consommateurs. On doit se battre pour qu’il y ait une vraie traçabilité des matières premières. A chaque fois que j’allais interroger des entreprises, en aval, elles me disaient qu’elles ne pouvaient évidemment rien dire, ni sur leurs clients ni sur leurs fournisseurs, que c’étaient des secrets commerciaux.
Au nom de quoi ? Les bouchers sont bien obligés de dire si leur viande vient de l’Ecosse ou du Limousin ! Pourquoi les industriels peuvent-ils s’abriter derrière le secret commercial si facilement ?
Il existe bien une loi américaine qui interdit l’usage des minerais de sang dans l’électronique…
Tout à fait. Et c’est une bonne loi, car elle montre que les industriels peuvent être tenus responsables de ce qui se passe sur le terrain. Elle a un vrai impact dans le secteur électronique. Mais le danger, c’est qu’elle pousse les industriels à se désengager du Congo, ce qui aboutirait à un boycott de la région.
Or, en dehors des minerais, elle n’a rien. L’extraction continuera donc, mais en contrebande, via des circuits encore plus opaques qui passent par la Chine ou le Kazakhstan. C’est ce qu’il faut éviter.
Pourquoi vous vous êtes rendu au Ghana pour terminer votre enquête ?
Le Ghana est devenu ces dernières années l’une des principales terres d’accueil des déchets électroniques en provenance d’Europe et des Etats-Unis. Des milliers d’ordinateurs et autres appareils électroniques y sont désossés et brûlés en plein air par des adolescents, dans des décharges insalubres.
Objectif : récupérer le cuivre, revendu ensuite à l’étranger. Un business illégal mais toléré, aux conséquences dramatiques sur l’environnement et la santé des ouvriers.
Quelle leçon tirez-vous de ce voyage au long cours ?
Le système dans lequel nous vivons-à cette époque de la mondialisation-est basé sur une déresponsabilisation généralisée. En effet, personne n’est responsable de rien, personne n’a plus de compte à rendre à personne.
Des choses épouvantables se cachent derrière le concept de modernité. Il faut les dénoncer. Une partie de notre travail de journaliste est d’établir cette chaîne de responsabilité.
Propos recuellis par Robert Kongo, correspondant en France
Auteur de «Minerais de sang, les esclaves du monde moderne»
Dans son ouvrage de 344 pages, Christophe Boltanski, grand reporter au Nouvel Observateur, a enquêté sur le parcours de la Cassitérite, principal composant de l’étain, l’un des minerais les plus disputés pour les téléphones portables, les MP3, les scanners, les imprimantes, les ordinateurs…
Ainsi, dans ce livre captivant et dense publié aux éditions Grasset, l’auteur montre que la guerre qui secoue la région des Grands Lacs, aussi lointaine soit-elle, est liée à la modernité et au quotidien des Occidentaux. Interrogé par notre correspondant en France, Christophe Boltanski fait le point. Ci-dessous l’intégralité du texte de l’interview que Boltanski lui a accordée.
Que recouvre la formule «minerais de sang» ?
Cette expression découle d’une autre : «Diamants de sang». C’est à propos des diamants que cette formule a été utilisée pour la première fois. Ces diamants de conflits ont alimenté les nombreuses guerres livrées par des rebelles aux gouvernements en Afrique, notamment en Angola, au Liberia, au Sierra-Leone…
Extraits de mines localisées dans des zones où la guerre faisait rage, ces diamants étaient vendus en toute illégalité et en toute clandestinité, afin de fournir en armes et en munitions les groupes armés qui les exploitaient.
C’est la raison pour laquelle a été mis sur pied le processus de Kimberley dont l’objectif est d’éviter de négocier, sur le marché mondial, l’achat des diamants présentés par des mouvements rebelles dans le but de financer leurs activités militaires.
Qu’est-ce qui a motivé cette enquête ?
J’ai découvert le Kivu en 2008 lors de l’offensive de Laurent Nkunda sur Goma. Nous avons été un certain nombre de journalistes à se rendre sur place pour couvrir la énième guerre qui secoue le Kivu, région réputée pour son sous-sol truffé de richesses naturelles mais déstabilisée par quinze ans de conflits sporadiques et de rebellions incontrôlées.
Les troubles datent de 1994, quand les auteurs des massacres passent en RDC, en fuite désorganisée, rapidement transformée en razzia sur la population et le sous-sol. Sur le terrain, je réalise à quel point ce conflit est généré par cette terre riche en minerais rares : plusieurs armées rebelles, servant les intérêts des Etats voisins ou de groupes industriels occidentaux, sont en manœuvres perpétuelles dans la région depuis les années 1990.
Troublé par ce scandale humanitaire, j’ai décidé d’explorer le sujet pour déterminer combien cette guerre de quinze ans, qui paraît si lointaine aux yeux des Occidentaux, est liée à leur confort technologique et à leur image de la modernité. En particulier, je pointe un minerai-clé dans la poursuite de la guerre : la cassitérite.
Quelle a été la démarche du journaliste que vous êtes ?
Pendant deux ans, j’ai tenté de retrouver les acteurs de cette longue chaîne de production. J’ai écouté les creuseurs exploités dans les mines artisanales du Nord-Kivu, dans l’Est du Congo, à la frontière avec le Rwanda.
J’ai côtoyé les soldats qui écument la région et se servent au passage, j’ai voyagé avec les pilotes slaves qui approvisionnent les comptoirs de Goma ou de Kigali dans leurs vieux coucous soviétiques, je suis allé voir les fondeurs qui transforment la cassitérite en étain, métal indispensable à la fabrication de toute notre technologie électronique.
J’ai parlé aux ONG, aux experts en relations internationales, à un brahmane, à des chefs d’entreprise et à des syndicalistes ; à des traders du London Metal exchange, à des géologues, aux directeurs commerciaux des multinationales de la hi-fi. J’ai voyagé sur un tiers de la planète, déterminé à mesurer à quel prix parlons-nous au téléphone, consultons-nous Internet ou photographions-nous les êtres qui nous sont chers ?
La Cassitérite est le minerai-clé dans la poursuite de la guerre dans la région des Grands Lacs, dites-vous. Pourquoi ?
La guerre n’est évidemment pas un hasard. Elle est motivée par l’exploitation des ressources du sous-sol congolais. Depuis le XIXe siècle, le Congo et ses immenses ressources suscitent toutes les convoitises. Il a toujours été considéré comme une terre de richesses à piller.
Oui, la cassitérite, métal préféré de l’industrie de pointe, est à la fois le nerf et l’enjeu de cette guerre. Aujourd’hui, ce principal composant de l’étain en est le carburant. Et l’étain, facile à manipuler et à souder, excellent conducteur, est devenu un métal indispensable dans la composition d’innombrables objets électroniques dont les circuits imprimés rendent notre quotidien si confortable : PC, MP3, cellulaires, avion, voitures, PlayStation, hi-fi, radios, télévisions, décodeurs, scanners, imprimantes…, tout ce qui comporte d’électronique, toute notre modernité en contient une trace.
On nous avait annoncé l’entrée dans l’ère du virtuel, l’industrie minière était devenue synonyme de charbon, de saleté, de XIXème siècle. Or, nous sommes plus que jamais dépendant de ces matières premières.
Vous avez suivi la livraison de cargaison de Cassitérite. Avez-vous réussi à connaître la destination de cette cargaison ?
Patiemment, j’ai remonté la filière. Le minerai est d’abord convoyé à vélo, ou à dos d’homme, par sac de 50 ou 60 kg, jusqu’à une petite localité, Walikale, où il est acheminé à Goma, capitale du Nord-Kivu, par avion. Concassé et pulvérisé, le minerai file ensuite au Rwanda. De Kigali, il part en camion vers Dar-es-Salaam.
Puis, il est exporté en Malaisie dans la fonderie de Butterworth, qui raffine un huitième de la production mondiale, transforme la poudre d’étain en lingots argentés, étincelants, pur à plus de 99%. Ses plus gros clients : les fabricants de fils de soudure parmi lesquels le groupe allemand Henkel, célèbre géant lessivier.
Dans quelles conditions travaillent les creuseurs dans les mines ?
Ils travaillent dans des conditions très difficiles : sous une chaleur hallucinante, ils doivent arpenter des tunnels toujours plus longs, les sacs de 50kg portés sur les épaules. Les risques qu’ils prennent pour gagner quelques francs congolais sont insensés.
Parfois, ils ne gagnent rien quand leur exploitation est pillée par les hommes en armes ou qu’ils doivent trimer gratuitement sur les nouveaux filons, pas encore rentables. Les creuseurs sont presque tous endettés. C’est vraiment une forme d’esclavage.
Qui est responsable de ce nouvel esclavage ?
Contrairement à l’époque coloniale, il est difficile de dire qui est responsable de ce nouvel esclavage. C’est tout le paradoxe : il se passe des choses effroyables au Congo, mais la mobilisation est assez faible, car chaque acteur peut facilement se décharger de ses responsabilités.
Or, tout est préfinancé. Les négociants achètent les minerais avec l’argent des comptoirs, qui eux-mêmes en reçoivent du principal trader, Minerals Supply Africa, qui lui-même se fait préfinancer par la fonderie Malaysia Smelting Corporation.
Donc, contrairement à ce qu’ils disent, ils savent tout à fait d’où vient le minerai. Il y a bien évidemment une responsabilité internationale dans tout ce qui se passe dans cette région du Congo. Pourtant, il est absolument indispensable que les industriels s’impliquent davantage.
Comment faire en sorte qu’ils s’engagent sur le terrain et offrent des conditions de travail décentes ?
Il faut de véritables campagnes d’opinion. Que les gens prennent conscience que les objets qui nous entourent, de moins en moins cher et la durée de vie de plus en plus courte- ce qui provoque des tonnes de déchets, retraités dans des conditions épouvantables dans le Tiers-monde-ont un coût humain très élevé.
Il faut une pression des consommateurs. On doit se battre pour qu’il y ait une vraie traçabilité des matières premières. A chaque fois que j’allais interroger des entreprises, en aval, elles me disaient qu’elles ne pouvaient évidemment rien dire, ni sur leurs clients ni sur leurs fournisseurs, que c’étaient des secrets commerciaux.
Au nom de quoi ? Les bouchers sont bien obligés de dire si leur viande vient de l’Ecosse ou du Limousin ! Pourquoi les industriels peuvent-ils s’abriter derrière le secret commercial si facilement ?
Il existe bien une loi américaine qui interdit l’usage des minerais de sang dans l’électronique…
Tout à fait. Et c’est une bonne loi, car elle montre que les industriels peuvent être tenus responsables de ce qui se passe sur le terrain. Elle a un vrai impact dans le secteur électronique. Mais le danger, c’est qu’elle pousse les industriels à se désengager du Congo, ce qui aboutirait à un boycott de la région.
Or, en dehors des minerais, elle n’a rien. L’extraction continuera donc, mais en contrebande, via des circuits encore plus opaques qui passent par la Chine ou le Kazakhstan. C’est ce qu’il faut éviter.
Pourquoi vous vous êtes rendu au Ghana pour terminer votre enquête ?
Le Ghana est devenu ces dernières années l’une des principales terres d’accueil des déchets électroniques en provenance d’Europe et des Etats-Unis. Des milliers d’ordinateurs et autres appareils électroniques y sont désossés et brûlés en plein air par des adolescents, dans des décharges insalubres.
Objectif : récupérer le cuivre, revendu ensuite à l’étranger. Un business illégal mais toléré, aux conséquences dramatiques sur l’environnement et la santé des ouvriers.
Quelle leçon tirez-vous de ce voyage au long cours ?
Le système dans lequel nous vivons-à cette époque de la mondialisation-est basé sur une déresponsabilisation généralisée. En effet, personne n’est responsable de rien, personne n’a plus de compte à rendre à personne.
Des choses épouvantables se cachent derrière le concept de modernité. Il faut les dénoncer. Une partie de notre travail de journaliste est d’établir cette chaîne de responsabilité.
Propos recuellis par Robert Kongo, correspondant en France
Auteur de «Minerais de sang, les esclaves du monde moderne»
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