mardi 10 juillet 2012

La démocratie, la paix et la guerre en RDC : qui a raison ?

La paix n’est pas nécessairement l’absence de guerre. De même, dans un Etat démocratique, l’organisation des élections n’est pas la fin en soi, si le bien-être du peuple ne suit pas. La guerre non plus n’apportera jamais la paix si les belligérants se battent pour leurs propres ventres.

Les Congolais ont marre des «faiseurs de paix» kalachnikov à la main. Tous les «libérateurs» – ceux d’hier comme d’aujourd’hui – n’ont jamais su imposer une paix véritable, celle qui assure au peuple le pain quotidien, loin des bruits de canon.

Un pays scandaleusement riche comme la RDC devrait, en 50 années d’indépendance, avoir les moyens de sa politique pour prétendre aspirer au cercle des «pays émergents». Mais qu’est-ce qui fait que chaque fois où le pays se trouve à un virage décisif de sa destinée historique, il manque son rendez-vous avec l’histoire ?

L’expérience enseigne que depuis 1960, la politique au Congo démocratique vacille dans une dialectique tumultueuse entre démocratie-paix-guerre.

Les ratés de la démocratie

Malgré les efforts déployés par le gouvernement congolais et ses «partenaires traditionnels» pour doter la Commission électorale nationale indépendante de moyens de sa politique, les résultats publiés par la CENI sont loin d’avoir rassuré les électeurs.

Des critiques sont tombées de partout, qui remettaient en cause la victoire du candidat Joseph Kabila avec 48,90% à ce scrutin à un tour face à son challenger direct Etienne Tshisekedi qui a engrangé 32% des suffrages exprimés.

C’est clair. Avec tout l’imbroglio qui a entouré l’organisation des élections de 2011 en RDC, les «maîtres à penser de la démocratie» peuvent comprendre que le sort des élections ne dépend pas seulement de la portée des améliorations techniques et réglementaires avec des moyens alloués, mais aussi des acteurs du jeu électoral et de leurs comportements.

En toute cause, il revient aux acteurs politiques de parvenir à cette dédramatisation de l'élection gage du bon déroulement du processus électoral.

Un regard rétrospectif sur l'histoire politique récente de l'Afrique renseigne que le succès des élections passe à la fois par la fixation de règles du jeu politique ouvertes et capables d'éviter l'exclusion (ou ce qui est ressenti comme tel) des perdants et des minorités. 

Le Mali et le Sénégal offrent de bons exemples de cette corrélation entre le déroulement non contesté des élections et à tout le moins l'acceptation de leurs résultats et l'utilisation des procédures de concertation visant l'obtention d'un consensus. C'est le défi des élections pour les nouvelles démocraties d'Afrique et leurs dirigeants politiques.

RDC, terre d’avenir et d’espoir

Au regard de l’évolution politique tumultueuse, l’avenir de la démocratie en RDC demeure un gros point d’interrogation, une énigme. Il faudra mener une inflexion durable qui permette, une fois pour toutes, de bâtir un Etat de droit avec ses corollaires.

Mais par-delà tout, il faudra repenser une autre économie à la dimension du Congo. D’ailleurs, un ministre français disait : «Faites-moi une bonne politique, je vous ferai une bonne économie».

C’est dire que sur le plan économique, il faut que commence véritablement une perspective de changement. Cela appelle une éducation à ces nouveaux modes logiques de penser. «La bataille logique, comme dirait le professeur Kä Mana, se trouve à ce niveau de l’éducation à des modes logiques qui puissent permettre au Congo de sortir de sa léthargie, de son tombeau pour devenir ce qu’il est véritablement, c’est-à-dire un grand pays qui a des moyens énormes». 

Un autre préalable pour un Congo, terre d’espoir, c’est sans doute la redéfinition du rôle de l’armée et de la police nationale. Sinon, la RDC deviendra un bien sans maître, où on y entre par effraction et on en sort souvent par violence et éjection. 

Difficile dans ces conditions de bâtir un véritable Etat de droit et de prétendre à un développement durable. Faute de culture politique. Mais au finish, la question de départ demeure : faut-il encore croire en d’autres «libérateurs» ?

RICH NGAPI
Le potentiel

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