dimanche 25 novembre 2012

RDC : le chef des rebelles rencontre Kabila en vue de "négociations"

 
 De g à d: les présidents kényan Mwai Kibaki, congolais Joseph Kabila et ougandais Yoweri Museveni lors du sommet extraordinaire de Kampala ©AFP
 
Le chef politique des rebelles congolais du M23 a déclaré samedi avoir rencontré à Kampala le président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, en assurant que des "négociations directes" étaient "prévues".

"Des négociations directes sont prévues entre nous (le M23) et Kabila", a déclaré le président du mouvement rebelle, Jean-Marie Runiga, joint par téléphone dans la capitale ougandaise.

"Demain (dimanche), nous allons discuter de tout ça.On va parler des modalités de ces négociations et des points" qui seront à l’ordre du jour, a-t-il affirmé.

La confirmation de cette rencontre - sans précédent depuis l’arrivée au pouvoir de M. Kabila en 2001 - n’a pu être obtenue dans l’immédiat auprès de la présidence.

M. Runiga a évoqué une entrevue "dans une ambiance tendue" mais qui s’était "très bien passée", la médiation étant assurée par le président ougandais Yoweri Museveni.

Joseph Kabila participait, dans la capitale ougandaise, à un sommet extraordinaire avec son hôte et ses homologues Mwai Kibaki (Kenya) et Jakaya Kikwete (Tanzanie).

Dans leur déclaration finale, les quatre dirigeants ont demandé aux rebelles d’arrêter la guerre dans l’est de la RDC et de se retirer de la ville de Goma (est) qu’ils avaient prise mardi, mais ont aussi enjoint à Kinshasa de prendre en compte leurs revendications.

A la question de savoir s’il était satisfait de la réunion, M. Kabila a simplement répondu qu’il serait satisfait "quand la paix reviendrait" dans l’est de son pays.

Son homologue rwandais, Paul Kagame, n’avait pas fait le déplacement.Des responsables ougandais avaient pourtant assuré que le sommet serait "dénué de sens" si MM.Kagame et Kabila n’étaient pas tous les deux présents.

Le rôle du Rwanda dans la rébellion suscite la controverse : Kigali est accusé par des experts de l’ONU d’"apporter un soutien militaire direct" au M23 dans l’est de la RDC, région aux ressources minières et agricoles très convoitées, frontalière avec le Rwanda.

"Revendications légitimes"

Un retrait de Goma est exigé d"ici 48 heures", a indiqué le ministre ougandais des Affaires étrangères, Sam Kutesa, lisant un texte légèrement différent des conclusions finales remises à la presse.

M. Kutesa a déclaré que le M23 devait se retirer à "au moins 20 kilomètres au nord de Goma", ce qui correspond aux positions que tenaient les rebelles près de Kibumba avant de s’emparer de Goma.

Les dirigeants africains ont aussi déclaré que le M23 devrait arrêter de "déclarer qu’il faut renverser le gouvernement élu" en RDC.

De son côté, Kinshasa doit "écouter, évaluer et prendre en compte les revendications légitimes" des rebelles, ont-ils écrit en tête de leur communiqué.

Les rebelles avaient posé comme "préalable" à tout retrait de Goma de "dialoguer" avec M. Kabila."Se retirer de Goma ne peut être que le fruit des négociations", a répété samedi leur chef politique, avertissant que le M23 se défendrait en cas d’attaque de l’armée congolaise sur ses positions.

L’est de la RDC (ex-Congo belge, ex-Zaïre) est depuis une vingtaine d’années le théâtre de conflits quasiment ininterrompus en raison de ses richesses minières et agricoles que se disputent le gouvernement congolais, des mouvements rebelles et les pays voisins.

Apparu au printemps, le M23 a été créé par des militaires mutins.Ayant participé à la précédente rébellion menée par Laurent Nkunda, ils avaient intégré l’armée congolaise en 2009 à la suite des accords de paix du 23 mars.

Mais ils se sont mutinés en avril, arguant que Kinshasa n’avait pas respecté ses engagements, eux qui refusent notamment d’être mutés dans d’autres régions que l’est de RDC.

D’après M. Runiga, les pourparlers devraient concerner l’application des accords de 2009 mais la rébellion veut également "parler d’autres questions de fond qui concernent la vie nationale".

 Sassou Nguesso auprès de Kagame


Le sommet de Kampala assigne à la force des Nations unies en RDC (Monusco, 17.000) - largement contestée ces derniers jours pour n’avoir pas pu empêcher les rebelles de conquérir des localités stratégiques - la mission d’"occuper et sécuriser une zone neutre entre Goma et les nouvelles zones occupées par le M23".

Est également prévu le déploiement à l’aéroport de Goma d’une force tripartite qui serait composée d’une "force neutre", de soldats de l’armée régulière de RDC ainsi que de rebelles.M. Kutesa a précisé à l’AFP que la Tanzanie s’était engagée à contribuer à cela par l’envoi d’"au moins 200 soldats".

Un point important figure dans le communiqué : le processus "sera supervisé par les chefs d’état-major du Rwanda et de la RDC et mené par le dirigeant des forces armées ougandaises".

Outre le Rwanda, l’Ouganda a aussi été accusé par l’ONU de soutenir militairement le M23, ce que Kampala dément.

De son côté, le président du Congo (Brazzaville) Denis Sassou Nguesso s’est rendu samedi à Kigali, officiellement pour évoquer les "relations bilatérales" avec Paul Kagame.

Déjà, mercredi, les présidents Kabila, Kagame et Museveni avaient sommé le M23 de se retirer de Goma.
Outre la capitale du Nord-Kivu, les rebelles tiennent depuis mercredi la localité de Sake, à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Goma.

Jeudi, ils avaient repoussé autour de Sake une contre-offensive de l’armée loyaliste alliée à une milice locale.

Leur avancée a provoqué le déplacement de dizaines de milliers de personnes et fait craindre une catastrophe humanitaire.

 ©AFP

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