Vendredi, 07 Décembre 2012
La rencontre de Kampala patine avant même d’avoir commencé. En cause, une divergence majeure entre le Gouvernement et les mutins du M23. Une divergence terminologique d’abord avant de devenir thématique.
Sur la terminologie, Kinshasa parle de discussion et évaluation, alors que les rebelles mettent en exergue le vocable négociation.
Quant à la thématique, le Gouvernement n’entend pas aller au-delà de la relecture arithmétique des acquis et non acquis des Accords de Goma conclus avec le Cndp. et de ce point de vue d’ailleurs, à Kinshasa on se vante de ce que à Kampala il n’y aura pas beaucoup de travail, parce qu’à l’analyse, il est établi que ces fameux Accords ont globalement trouvé satisfaction. De sorte qu’en termes de comptabilité, la balance penche en faveur de Kinshasa et au détriment des mutins.
Au M23, on porte un regard tout autre sur la question. L’approche thématique des rebelles va plus loin, beaucoup plus loin en tout cas, que le champ proposé par Kinshasa.
Pour Jean-Marie Runiga et sa bande, les pourparlers de Kampala doivent embrasser plusieurs sujets, à savoir la levée du blocus autour de la résidence de Tshisekedi, l’arrestation de John Numbi, une commission d’enquête sur les massacres des adeptes de Bundu Dia Kongo dans le Bas-Congo, le renvoi et l’arrestation de tous les membres du Bureau de la Ceni …
A ces revendications de généralisation, le M23 ajoute, pour sa propre chapelle, l’intégration aux conditions et aux modes définies par ce mouvement, de tous ses officiers et militaires. Mais aussi, l’intégration des membres de la branche politique du mouvement au niveau des institutions nationales et provinciales.
Il y a aussi et surtout la question du retour des réfugiés « congolais » vivant au Rwanda. Un retour qui signifie clairement la transplantation des populations rwandaises vers la RDC. Avec tout ce que cela comporte comme conséquences politiques et géostratégiques.
Pour l’honneur
Nous sommes devant un véritable dialogue de sourds. La confusion est à ce point totale qu’aux dernières nouvelles, Runiga et Makenga ont clairement fait savoir qu’ils ne se rendent pas à Kampala, parce que le Chef de l’Etat, Joseph Kabila, n’y sera pas. La suffisance à fleur de peau.
Pour dire vrai, l’absence de Joseph Kabila à Kampala enlève au M23 tout statut d’interface incontournable dans la prétendue crise congolo-congolaise chère à Kagame et Museveni. Le message lancé est clair. Les membres des congolais, au même titre que tout le reste, dont les revendications n’appellent aucune disposition particulière pour trouver satisfaction.
Ce message là a terriblement blessé Kagame et Museveni dans leur amour-propre.
Pour se sauver des accusations grave que l’Onu a portées contre eux, il faut que Kinshasa sanctifie et offre une tribune officielle au M23. C’est la seule façon pour eux d’échapper aux éventuelles sanctions qui se profitent à l’horizon et de retrouver un costume de respectabilité internationale.
C’est pourquoi au nom et pour l’honneur de leurs « géniteurs », Runiga et Makenga ne peuvent effectuer le déplacement de Kampala.
LP
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