vendredi 21 septembre 2012

RDC : John Tshibangu rallie Honoré Ngbanda

L'opposant congolais Honoré Ngbanda, président de l'Apareco, annonce avoir "accepté de travailler" avec le Colonel dissident John Tshibangu. Depuis plusieurs mois, l'Apareco s'est rapproché de différents mouvements armés en lutte contre le régime du président Joseph Kabila : l'ARP du général Munene et les hommes du Commandant Yakutumba.

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Nouveau ralliement pour l'Apareco. Après l'ARP du général Munene, le Colonel Tshibangu, rejoint le mouvement d'opposition dirigé par Honoré Ngbanda. Selon l'Apareco, le Colonel dissident s'est désormais placé "sous l'autorité" d'Honoré Ngbanda.

Le Colonel John Tshibangu et ses hommes ont fait défection des FARDC, l'armée régulière congolaise, le 13 août 2012.

Depuis cette date, Kinshasa s'est lancé dans une véritable traque dans la région du Kasaï, où les troupes de Tshibangu ont pris le maquis.

Soupçonné par Kinshasa d'être d'abord proche des rebelles du M23, les autorités congolaises l'accusent maintenant de soutenir Etienne Tshisekedi, candidat malheureux aux dernières élections de novembre 2011.

John Tshibangu n'a en effet jamais caché son objectif : chasser le président Joseph Kabila du pouvoir pour y installer Etienne Tshisekedi.

Le ralliement annoncé de John Tshibangu à Honoré Ngbanda chance la donne. L'Apareco affirme vouloir d'abord "libérer le Congo". Candide Okeke, la conseillère d'Honoré Ngabanda affirme que l'accord avec Tshibangu s'est scellé autour d'un seul mot d'ordre : "Kabila doit partir". Quant à Etienne Tshisekedi : "la question n'est pas d'actualité".

L"Apareco dénonce le risque de "balkanisation" de la RDC par le Rwanda et "l'imposture" du régime de Joseph Kabila.

Le ralliement de Tshibangu n'est pas le premier pour Honoré Ngbanda. Le 14 juin dernier, l'Apareco s'était déjà rapproché de l'ARP du général Munene, un autre dissident à Kinshasa, actuellement en résidence surveillée au Congo-Brazzaville. Avec Munene à Brazzaville (et des hommes un peu partout en RDC), Tshibangu au Kasaï et Yakutumba au Sud-Kivu, l'Apareco entend fédérer un front armé anti-Kabila capable de faire basculer le pouvoir central.

Pour Honoré Ngbanda, l'ancien monsieur sécurité de Mobutu et féroce opposant à Joseph Kabila, le moment est venu d'entrer en "résistance".

Sur le site de l'Apareco, un numéro de téléphone et une adresse mail permettent d'entrer en contact avec le mouvement. Selon Candide Okeke, les appels n'ont jamais été aussi nombreux.

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

De Mobutu à Kabila : Les deux guerres du Congo (1996-1998)

 
Depuis la prise de Kigali par les troupes de Paul Kagame, le 4 juillet 1994, les vaincus de l’ancien régime rwandais s’organisent dans l’est du Zaïre d’où ils espèrent repartir à la conquête du Rwanda avec l’appui de Paris et de Kinshasa. Plus d’un million de Rwandais sont réfugiés dans des camps proches de la frontière, à Goma et à Bukavu, aux deux extrémités du lac Kivu.
 
D’autres ont investi des villages congolais. Fidèle à son pair défunt, Habyarimana, Mobutu compte aussi sur les facilités offertes au dispositif militaire français pour redorer son blason international. Il n’oublie pas non plus de défendre ses positions intérieures en utilisant la pression des réfugiés rwandais sur ses administrés pour relancer la question de la «nationalité douteuse».
 
Dans l’Est, celle-ci vise les Congolais qui parlent la langue du Rwanda, parmi lesquels les Banyamulenge de la région d’Uvira. Mobutu menace de les expulser avec les réfugiés hutu. Kigali va saisir l’occasion pour repousser la menace des vaincus de 1994. Chronologie : deuxième partie.
22 avril 1996 : Visite «privée» du maréchal Mobutu à Paris. La France annonce la reprise «partielle» de sa coopération bilatérale.
 
29 avril 1996 : L’UDPS éclate en plusieurs factions.

Mai-juin 1996 : Dans l’Est, les rebelles rwandais se signalent par toutes sortes d’exactions contre les populations congolaises, en particulier contre les Tutsi du Kivu.

22 août 1996 : Mobutu est opéré à Lausanne (Suisse) pour un cancer de la prostate.


18 octobre 1996 : A l’initiative de Kigali, une Alliance des forces démocratiques pour la libération (AFDL) est créée au cours d’une réunion qui rassemble dans le Sud-Kivu le Parti révolutionnaire du peuple (PRP) de Laurent-Désiré Kabila (un Luba du Katanga) toujours plus ou moins actif sur les rives du Tanganyika depuis les années soixante, l’Alliance démocratique des peuples (ADP), de Déogratias Bugera, un Tutsi congolais du Masisi, le Mouvement révolutionnaire pour la libération du Zaïre (MRLZ) d’Anselme Masasu Ningaba, un Kivutien, et le Conseil national de résistance pour la démocratie (CNRD) d’André Kisasse Ngandu, un Luba du Kasaï.

20 octobre 1996 : Les premières actions de l’Armée patriotique rwandaise (APR) et de l’AFDL dans la région d’Uvira au Sud-Kivu provoquent la fuite à l’intérieur du Zaïre des centaines de milliers de réfugiés rwandais installés près de Bukavu depuis 1994. Nombre d’entre eux sont tués.

25 octobre 1996 : L’AFDL revendique les actions en cours et se réclame de Laurent-Désiré Kabila comme «coordinateur».

31 octobre 1996 : Epaulées par l’armée rwandaise, les troupes de l’AFDL frappent aux environs de Goma où sont réfugiés quelque 800 000 Rwandais, parmi lesquels des miliciens et des soldats de l’ancien régime Habyarimana. Des dizaines de milliers de réfugiés rescapés s’enfuient sous le couvert de la brousse.

4 novembre 1996 : Kinshasa annonce avoir perdu le contrôle de Goma et de Bukavu, sur le lac Kivu.

15 novembre 1996 : Au moins 500 000 Rwandais réfugiés au Zaïre rentrent au Rwanda avant l’arrivée de la force internationale de l’Onu demandée par la France pour les protéger au Kivu.

21 novembre 1996 : De retour de Roquebrune-Cap Martin, où il a rencontré Mobutu dans la villégiature française où il se repose après son traitement en Suisse, Etienne Tshisekedi annonce qu’il s’est entendu avec lui pour former un gouvernement de réconciliation nationale.

30 novembre 1996 : L’armée ougandaise fait incursion au nord-est, officiellement pour traquer les rebelles ougandais du Front démocratique allié (ADF).

8 décembre 1996 : Mobutu nomme le général Mahele Lioko chef d'état-major de l'armée zaïroise et commandant de la Division spéciale présidentielle (DSP).

Malade et affaibli, Mobutu fait appel à des mercenaires

17 décembre 1996 : Mobutu rentre à Kinshasa.

Décembre 1996 : De sources humanitaires, plus de 120 000 réfugiés rwandais exténués et affamés sont regroupés à Tingi-Tingi, une localité située à 150 kilomètres de Kisangani, dans la province orientale. Quelque 40 000 autres se sont arrêtés à une cinquantaine de kilomètres de Tingi-Tingi, à Amisi.

8 janvier 1997 : L’AFDL annonce que le général André Kisasse Ngandu a été tué dans une embuscade tendue par des Maï-Maï. Les esprits critiques rappellent que Ngandu faisait de l’ombre à Laurent-Désiré Kabila.

21 janvier 1997 : Un mercenaire belge, Christian Tavernier, revendique le commandement de quelque 300 mercenaires chargés d’aider Mobutu à reprendre à l’AFDL les territoires de l’Est où les Forces armées du Zaïre (Faz) se sont débandées.

30 janvier 1997 : La rébellion prend Lulimba, au sud de Fizi, au bord du lac Tanganyika, dans le Sud-Kivu.

30 janvier 1997 : La rébellion balaie les mercenaires à Watsa, dans le Haut-Zaïre.
3 février 1997 : Les rebelles s’emparent de Kalemie, dans le Shaba, au bord du lac Tanganyika et lancent un ultimatum à Mobutu.

11 février 1997 : Prise de Shabunda par les rebelles qui encerclent Kisangani et Kindu.

Laurent-Désiré Kabila tente de négocier le départ de Mobutu

24-27 février 1997 : Au Cap, en Afrique du Sud, Laurent-Désiré Kabila rencontre George Moose, le secrétaire d'Etat adjoint américain pour les Affaires africaines et Mohamed Sahnoun, l'envoyé spécial de l'Onu et de l'OUA. Il est reçu le 26 par le président sud-africain Nelson Mandela. Kabila entend négocier le départ de Mobutu.

28 février 1997 : Faradje, aux confins du Nord-Est, tombe aux mains des rebelles qui marchent également sur Kisangani, prenant les réfugiés de Tingi-Tingi à revers. Pour eux commencent de nouvelles marches de la mort qui conduisent les rescapés jusqu'au Cameroun ou en Zambie.

2 mars 1997 : Les rebelles prennent Kindu, dans l’Est, carrefour sur le fleuve entre Kisangani et Kinshasa et sur la voie de chemin de fer qui dessert le Shaba.

15 mars 1997 : Kisangani tombe aux mains des rebelles. De nombreux réfugiés rwandais seront massacrés à Mbandaka, au sud de la province de l’Equateur, où ils ont fui en masse les semaines précédentes.

22 mars 1997 : A Kisangani, Laurent-Désiré Kabila décrète illégale toute activité des partis politiques dans les régions contrôlées par l’AFDL.

24 mars 1997 : A Kinshasa, le Premier ministre Kengo wa Dondo démissionne. Il avait été nommé par Mobutu pour contrecarrer les plans d’Etienne Tshisekedi qui n’a pas cessé de se revendiquer Premier ministre de la transition.

31 mars 1997 : Les rebelles prennent le contrôle de la base militaire de Kamina, au centre du Katanga.
2 avril 1997 : Mobutu reconnaît Etienne Tshisekedi comme Premier ministre mais l’AFDL refuse d’entrer dans son gouvernement.

4-5 avril 1997 : La rébellion prend Mbuji-Mayi, la métropole diamantifère du Kasaï oriental.

5-6 avril 1997 : Des pourparlers de paix s’ouvrent en Afrique du Sud.

8 avril 1997 : Mobutu décrète l’état d’urgence sur tout le pays et nomme un nouveau Premier ministre, le général Likulia Bolongo ainsi que cinq gouverneurs militaires des régions encore sous contrôle gouvernemental : le Bandundu, le Bas-Zaïre, l’Equateur, le Kasaï occidental et Kinshasa.

9 avril 1997 : La deuxième ville du pays, la métropole cuprifère du Shaba, Lubumbashi, tombe aux mains des rebelles. Le vice-président rwandais reconnaît qu’il soutient l’AFDL.

13 avril 1997 : Chute de Kananga, capitale du Kasaï occidental et de Kolwezi, au nord-est de Kisangani.

14 avril 1997 : L’UDPS organise une journée ville morte à Kinshasa pour contraindre Mobutu à quitter le pouvoir.

29 avril 1997 : Les rebelles progressent vers Kinshasa et dans l’Equateur. Ils entrent à Kikwit, à 500 kilomètres de la capitale.

4 mai 1997 : Un navire sud-africain ancré à Pointe-Noire, au Congo-Brazzaville accueille une rencontre entre Mobutu et Kabila, qui réclame le pouvoir.

5 mai 1997 : L’AFDL refuse l’accès à Goma d’une mission d’enquête de l’Onu qui veut vérifier les allégations de massacres dans les régions sous contrôle des rebelles.

15 mai 1997 : Kabila invoque des problèmes de sécurité pour annuler une deuxième rencontre prévue avec Mobutu. Les journées villes mortes de l’UDPS se poursuivent.

Mobutu s'exile au Maroc, l'AFDL entre à Kinshasa


Mobutu Sese Seko lors de sa rencontre avec Laurent Désiré Kabila le 4 mai 1997 à Pointe-Noire. 

		(Photo : AFP)
Mobutu Sese Seko lors de sa rencontre avec Laurent Désiré Kabila le 4 mai 1997 à Pointe-Noire.
(Photo : AFP)

16 mai 1997 : Mobutu s’envole en exil au Maroc où il meurt le 7 septembre 1997 à l’âge de soixante-six ans, après trente-deux ans de règne sans partage.

17 mai 1997 : L’AFDL entre à Kinshasa. Depuis Lubumbashi, où il se trouve encore, Laurent-Désiré Kabila se déclare président de la République démocratique du Congo (RDC) qui remplace le Zaïre du maréchal Mobutu Sese Seko.

20 mai 1997 : Médecins sans frontières accuse l’AFDL d’avoir exterminé quelque 190 000 réfugiés rwandais qui manquent à l’appel.

23 mai 1997 : Etienne Tshisekedi refuse de reconnaître le gouvernement formé la veille par Kabila qui s’est réservé le portefeuille de la Défense.

26 mai 1997 : L’AFDL «suspend» les activités politiques des partis dans tout le pays.

28 mai 1997 : l'AFDL promulgue son troisième «décret-loi constitutionnel du 27 mai 1997 relatif à l'organisation et à l'exercice du pouvoir en République démocratique du Congo». Celui-ci abroge les dispositions constitutionnelles antérieures jusqu'à l'adoption d'une «Constitution de la transition par l'Assemblée constituante». En attendant, le président Laurent-Désiré Kabila coiffe l'exécutif et les forces armées. La formation d'une Assemblée constituante est programmée pour le 30 juin 1998, des élections législatives et présidentielle pour avril 1999.

27 juin 1997 : Au moins une quarantaine d’habitants d’Uvira au Sud-Kivu tombent dans la répression d’une manifestation provoquée par l’exécution d’une dizaine de personnes la veille et imputée à l’AFDL. L’un des quatre membres fondateurs de l’AFDL, le général Anselme Masasu Ningaba, demande en vain la création d’une commission d’enquête. Il paiera cette audace de sa vie quelques années plus tard.

29 mai 1997 : Kabila est assermenté comme président de la République.

27 juin 1997 : Pour avoir voulu poursuivre leurs activités politiques, Etienne Tshisekedi est interpellé et Joseph Olengakoy, le président des Forces novatrices pour l’union sacrée (Fonus), est arrêté. 

1er juillet 1997 : Deux alliés de Kabila sont arrêtés pour avoir critiqué l’AFDL.

9 juillet 1997 : Paul Kagame, vice-président et ministre de la Défense du Rwanda, reconnaît la participation des troupes de Kigali dans la rébellion congolaise.

25 novembre 1997 : Sur fond de luttes intestines, le Rwandais James Kabarebe prend la tête de l’état-major de l’AFDL. Anselme Masasu Ningaba est jeté en prison pour «activités douteuses».

30 juin 1998 : Ancien pilier du mobutisme, Jean-Pierre Bemba crée dans l’Equateur, au nord-est, à Gbadolite, fief du défunt Mobutu, un Mouvement de libération du Congo (MLC) soutenu par Kampala.


Le président Kabila s'émancipe de Kigali


Laurent Désiré Kabila en 1998. 

		(Photo : AFP)
Laurent-Désiré Kabila en 1998.
(Photo : AFP)

Mi-juillet 1998 : Laurent-Désiré Kabila limoge le chef d’état-major des Forces armées congolaises (Fac), le Rwandais James Kabarebe, qui avait également la haute main sur les services de renseignements militaires.

27 juillet 1998 : Laurent-Désiré Kabila annonce qu’il met fin «à la présence des militaires rwandais qui nous ont assisté pendant la période de libération» du Congo.

2 août 1998 : La deuxième rébellion fomentée dans le Kivu par les anciens parrains rwandais de Kabila passe à l’offensive. Pour lui faire front, Laurent-Désiré Kabila négocie l’appui de l’Angola, de la Namibie, du Tchad et du Zimbabwe qui dépêchent des troupes. A Kinshasa, Abdoulaye Yerodia Ndombasi, conseiller présidentiel, appelle les Congolais à exterminer «méthodiquement» les Rwandais. La chasse au faciès tutsi donne lieu à de terribles exactions.

6 août 1998 : Les rebelles contrôlent les principales villes du Kivu frontalier du Rwanda et du Burundi, Goma, Bukavu et Uvira.

16 août 1998 : La rébellion annonce la création du Rassemblement congolais pour la démocratie (RDC) basé à Goma. Tout d’abord officiellement coordonné par Arthur Zaïdi Goma jusqu’à l’élection de son premier président Wamba dia Wamba, un professeur fraîchement revenu de Tanzanie. Le mouvement politico-militaire rassemble une partie des chefs de file banayamulenge (rwandophones du Kivu), des officiers déçus des FAC en rupture de ban derrière Jean-Pierre Ondekane promu commandant du RCD et d’autres mécontents parmi lesquels des mobutistes.

23 août 1998 : Kisangani tombe aux mains des rebelles du RCD.

25 août 1998 : Grâce à l’appui de troupes zimbabwéennes et angolaises, Kinshasa reprend le contrôle du sud-ouest frontalier de l’Angola, où Luanda veut prendre à revers l’Unita de Jonas Savimbi.

27 août 1998 : La Namibie annonce qu’elle appuie militairement Kabila.

Août 1998 : Müller Ruhimbika fonde les Forces républicaines fédéralistes (FRF) pour regrouper les Banyamulenge hostiles à la deuxième guerre du Congo et à l’occupation rwandaise qui dessert selon lui les intérêts de la communauté rwandophone du Congo.


7-8 septembre 1998 : Un sommet des pays impliqués dans la guerre du Congo réunit à Victoria Falls (Zimbabwe) les chefs d’Etat de RDC, d’Angola, de Namibie et du Zimbabwe d’une part, du Rwanda et de l’Ouganda de l’autre, sous l’égide de l’organisation de l’unité africaine (OUA) et de la Zambie dont le président Frederick Chiluba fait office de médiateur. Les rebelles congolais refusent le cessez-le-feu.

13-14 septembre 1998 : Le sommet annuel de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) déclare légitimes les interventions militaires au Congo du Zimbabwe, de l’Angola et de la Namibie, «invités» par le régime Kabila. Toutefois, la SADC ne condamne pas l’implication du Rwanda et de l’Ouganda aux côtés des rebelles congolais dont Laurent-Désiré Kabila persiste à nier l’existence.

28 septembre 1998 : N’Djamena reconnaît que des troupes tchadiennes appuient Kabila.

26-27 octobre 1998 : Sous la houlette du président zambien Frederick Chiluba, les ministres de onze pays africains adoptent le principe d’un cessez-le-feu à Lusaka.

6 novembre 1998 : Le Rwanda reconnaît son implication militaire en RDC aux côtés des rebelles.

13 novembre 1998 : L’Ouganda reconnaît que ses troupes soutiennent les rebelles en RDC.

17 décembre 1998 : L’OUA obtient que les rebelles congolais acceptent le principe d’un cessez-le-feu en échange de leur participation à des négociations qui vaudraient reconnaissance de leur existence par Laurent-Désiré Kabila.

18 avril 1999 : Laurent-Désiré Kabila et le président ougandais, Yoweri Museveni, signent à Syrte (Libye) un projet d’accord prévoyant un cessez-le-feu et le «retrait des forces étrangères».
Mai 1999 : Les troupes tchadiennes quittent la RDC.

17 mai 1999 : Première scission au RCD dont Kigali et Kampala se disputent la direction pour emporter le contrôle de Kisangani.

Kinshasa, ses alliés et ses adversaires signent un cessez-le-feu à Lusaka

10 juillet 1999 : La République démocratique du Congo, représentée par le régime Kabila, et ses alliés (Zimbabwe, Angola, Namibie) signent un accord de cessez-le-feu avec leurs adversaires, le Rwanda et l’Ouganda, à Lusaka, lors d’un sommet auquel participe le Burundi, non signataire de l’accord puisqu’il ne reconnaît pas la présence de troupes au Congo. L’accord prévoit le retrait des troupes étrangères du Congo, le démantèlement des groupes armés non congolais (rebelles rwandais, burundais, ougandais et angolais) et la tenue d’un Dialogue intercongolais (DIC). Il prévoit aussi la création d’une commission militaire composée de deux représentants de chaque partie sous l’autorité d’un médiateur nommé par l’Organisation de l’unité africaine (OUA).

1er août 1999 : Jean-Pierre Bemba, pour le MLC, ainsi que les deux chefs de factions RCD, ratifient l’accord de Lusaka.

14-17 août 1999 : Des centaines d’habitants de Kisangani sont tués dans la bataille qui oppose Kigali et Kampala pour le contrôle de la ville.

12 octobre 1999 : Kinshasa accuse le Burundi dirigé par le major Pierre Buyoya de prêter main forte au Rwanda et à ses alliés congolais.

30 novembre 1999 : La résolution 1279 du Conseil de sécurité autorise le déploiement d’une Mission des Nations unies pour le Congo (Monuc) organisée autour de trois phases : 1) observer le retrait des troupes étrangères de la ligne de front ; 2) vérifier le retrait des troupes étrangères ; 3) Désarmement volontaire, démobilisation, rapatriement, réinstallation et réintégration (DDRRR) des groupes armés non congolais.

24-26 janvier 2000 : Sommet à New York de sept chefs d’Etat de la région des Grands lacs avec des médiateurs de l’ONU.

23 février 2000 : Nouveau sommet à Lusaka pour dresser le calendrier du cessez-le-feu.

24 février 2000 : La résolution 1291 du Conseil de sécurité autorise le renforcement de la Monuc jusqu’à 5 537 militaires dont 500 observateurs.

Mars 2000 : Le général de division sénégalais Mountaga Diallo est nommé commandant des forces de la Monuc.

3 juin 2000 : Kabila et Kagame se rencontrent au Kenya, officiellement pour la première fois depuis le début de la guerre.

5-10 juin 2000 : Une deuxième bataille opposant le Rwanda et l’Ouganda à Kisangani fait au moins 600 morts.

16 octobre 2000 : Réunis à Maputo (Mozambique), les belligérants acceptent un retrait de leurs troupes respectives de 15 kilomètres de part et d’autre de la ligne de front.

Octobre 2000 : Relâché en 1998, Anselme Masasu Ningaba est à nouveau arrêté et vraisemblablement passé par les armes à Pweto, au Katanga. Des purges frappent des dizaines de militaires et d’officiers membres de l’AFDL originaires du Kivu. 

28 décembre 2000 : L’Onu demande au Rwanda et à l’Ouganda de retirer leurs troupes de RDC.
Troisième partie : D'un Kabila l'autre, consécration diplomatique et accords intercongolais

par Monique  Mas
Article publié le 10/07/2006

On s’inquiète à Kinshasa de l’«accalmie sur la ligne de front » du Rutshuru

vendredi 21 septembre 2012


Des voix s’élèvent en République démocratique du Congo (RDC) pour exhorter le gouvernement à ne pas laisser se prolonger l’« accalmie sur la ligne de front qui sépare les unités des FARDC et les mutins » observée au cours « des six dernières semaines » et qui, de toute évidence, semble profiter au M23 (Mouvement du 23 mars).

Selon le porte-parole du gouvernement, le ministre des Médias Lambert Mende Omalanga, « il n'y a pas eu d'offensive majeure au sens militaire au cours des cinq ou six dernières semaines, mais cela peut changer très vite et dans de nombreuses directions ».

Pendant ce temps, a constaté l’ONU, « les éléments du M23 sont concentrés dans un coin de l'Est du Kivu, près des frontières du Rwanda et de l'Ouganda.

Ils ont déjà établi une sorte d'administration de facto, contrôlant la population, levant des taxes sur les personnes de passage », alors que « la souveraineté de la République démocratique du Congo doit être respectée ».

Mais, « la situation peut changer très rapidement et cela dans plusieurs directions, les rebelles du M23 peuvent décider de rentrer dans leurs anciennes positions à Masisi ou ils peuvent décider de bouger vers Goma, au Sud », craint-elle.

« Tous les civils sous administration du M23 sont soumis à des taxes », a confirmé à la presse Me Omar Kavota, vice-président et porte-parole de la Société civile du Nord-Kivu.

A en croire les personnes interrogées vendredi 21 septembre à Kinshasa, « l’actuel statu quo observé sur la ligne de front est inacceptable et le gouvernement doit tout faire pour mettre fin à cette accalmie sur la ligne de front, parce qu’il permet au M23 d’installer en toute liberté une administration parallèle à celle de l’Etat dans le territoire du Rutshuru sous son contrôle ».

Parmi elles, certaines n’arrivent « pas à comprendre que, dans un Etat de droit, un mouvement rebelle, soutenu ou pas par une puissance étrangère, pille et dépouille des passagers de leurs biens sur les routes, cependant que le gouvernement se contente de condamner +les exactions persistantes des assaillants contre les paisibles populations congolaises dans la province du Nord-Kivu + ».

Réuni en début de semaine à Kinshasa, l’Exécutif congolais a déploré « le cas de pillage d’un important stock de matériel de construction d’une caserne de la Police nationale congolaise et celui des cargaisons des véhicules de la CICR et de l’ICCN et des passagers dépouillés de leurs biens sur l’axe Mabenga-Busendu, dans le territoire de Rutshuru » par des éléments du M23.

Pour l’heure, l’ONU dénonce « « trop de victimes, trop de souffrances, plusieurs personnes déplacées (plus de 300.000, ndlr) et des réfugiés » dans cette partie du Nord-Kivu.

Angelo Mobateli
Le Potentiel 

Kinshasa : la police fait démolir les maisons situées à proximité de la voie ferrée entre Kintambo et Gombe

21 septembre, 2012


Démolition des constructions anarchiques le long de la voie ferrée par la police le 17/07/2012 à Kinshasa.

La police nationale congolaise a démoli jeudi 20 septembre des habitations le long de la voie ferrée depuis la commune de Kintambo jusqu’à la Gombe. Objectif : instaurer une distance de sept mètres entre les habitations et le voie ferrée.

Sur ordre de la police, les habitants ont été invités à casser eux-mêmes leurs maisons. Certains ont qualifié cette opération d’injuste, se disant esclaves dans leur propre pays.

Au quartier Basoko, dans la commune de Ngaliema, les policiers étaient déjà en position à une heure du matin, en vue de l’opération de destruction, affirment des témoins.

« Nous avons vu certains policiers, et nous avons appelé le chef du quartier pour lui poser la question. Il nous a dit qu’il va y avoir démolition vers 4 heures du matin. Cela a créé une psychoses comme c’est l’habitude, quand on parle de démolitions », a expliqué un habitant.

Pour le colonel Kanyama, commandant de la police pour le district de la Lukunga, « l’exécution d’une mesure n’a rien avoir avec le temps, surtout en ce qui concerne les récalcitrants ».

Au moment de la démolition, c’est avec amertume que des propriétaires cassaient leurs propres maisons, sous la pression de la police.

L’un d’eux témoigne :

« Eux-mêmes les policiers nous ont demandé de casser et qu’ils ne vont rien toucher. J’ai fait 38 ans dans l’armée, je ne reçois rien comme paiement et voila la vie que je suis en train de mener jusqu’aujourd’hui. Nous vivons comme des esclaves dans notre propre pays ! Nous ne sommes pas étrangers ».


Les témoins de l’évènement ont estimé qu’il ya deux poids et deux mesures dans l’exécution de cette opération par la police qui ne cassent que les habitations du petit peuple et épargne celles des « grosses légumes ».

« Les clôtures sont là, elles ne sont pas touchées et les indiens qui y vivent ne sont même pas inquiétés », déclare l’un d’entre eux.

Pour sa part, le colonel Kanyama affirme qu’aucune maison longeant le chemin de fer ne sera épargnée.

Radiookapi.net

KABILA saura-t-il se sortir du feu allumé à l`Est ?

Goma, le 08 Septembre 2013



Chaque jour qui passe apporte son lot de malheur sur les populations de l’Est de la République Démocratique du Congo. Les hostilités imposées au M23 depuis mai 2012 par le gouvernement de Kinshasa ont été très violentes et très meurtrières.

``Quoi qu`il en coûte, elles doivent continuer`` vient de déclarer la classe politique congolaise qui réfute toute idée de négociation avec le M23 du Colonel MAKENGA Sultani qui malgré sa supériorité tactique s’est arrêté à la porte de Goma alors que cette dernière était déjà désertée par les FARDC et ses alliés de la MONUSCO et des FDLR.

Le congolais de fraîche date, monsieur Joseph Kabila, second d`une récente dynastie dont l`avènement à la tête de la RDC coïncide avec le début du long chemin de croix de notre nation et probablement dont le déclin va coïncider avec la décadence du Zaïre mon amour, s’est rendu à Kampala avec comme seule mission de saborder l’initiative de ses pairs de la CIERGL de ramener la paix dans cette partie de l’est de la République Démocratique du Congo.

Comment mettre fin à cette guerre qui n’a que trop duré lorsque ceux qui sont censés protéger les peuples sont ceux la même qui continuent à enfoncer le poignard dans la chair de la nation ?

De notre source de Kampala nous apprenons que la commission technique qui prépare la matière de discussion de la réunion des chefs d’Etat s’enlise, d’abord parce que le gouvernement congolais s’obstine à vouloir imposer l’idée selon laquelle, il faut donner à la MONUSCO le mandat de la force neutre qui aura comme mission de désarmer par la force toutes les forces négatives qui pullulent à l’Est de la République mais aussi le gouvernement de Kinshasa refuse que soit inscrit à l’ordre du jour l’étude des causes profondes des conflits de l’Est de la République Démocratique du Congo.

Neutre tel est le mot clef et pourtant l’opinion se demande comment la MONUSCO peut elle l’être dans une situation où elle s’est montrée partie prenante dans le conflit aux cotés des FARDC mais aussi n’a-t-elle pas démontrée son incapacité à neutraliser les FDLR qu’elle côtoie pourtant tous les jours et qui continuent à semer désolation sous la barbe de la Mission des Nations Unies ?

Récemment encore cette même Force que Kabila veut rendre « neutre » s’est affichée aux cotés du Gouvernement congolais dans le recrutement de certaines forces négatives pourtant très meurtrières pour combattre le M23.

Cette complicité entre les FARDC, la MONUSCO et les forces négatives censées être désarmées par la ‘’force neutre’’, rend la MONUSCO non partante pour cette mission de la dernière chance pour rétablir la paix durable à l’est de la République Démocratique du Congo.

Toutes ces tentatives menées par la MONUSCO afin de fédérer toutes les Forces Négatives de l’Est (qui se sont illustrées par des violences extrêmes) autour des FARDC risquent de compromettre à jamais les efforts de rétablissement durable de la Paix dans cette partie de la République et renforcer les inimitiés et les massacres entre jeunes gens qui ne se connaissent pas, pourtant tous enfants de la patrie, tout cela au nom de la mafia kabiliste soutenue par la Mission de des Nations Unies pour la Stabilisation du Congo (Y a risque de venir une mission de déstabilisation).

Rappeler que ces tentatives sont vraiment inutiles et que tous les amis du Congo devraient imposer le retour à la raison, au clan Kabila, celle de s’assoir sur une même table avec les rebelles du M23 et décortiquer les causes profondes des conflits à l’est.

Tout en reconnaissant que la guerre est une occasion rêvée pour s`enrichir, il est aussi important de savoir que dans cette course à l`enrichissement illicite on risque de se faire attraper pour crime contre l’humanité.

``Quoiqu`il en coûte, disent-ils tout bas, nous devons nous entretuer``. On est en plein délire paranoïaque. ``Les fonctionnaires, les magistrats, les soldats, les diplomates,… serez vos ceintures, la nation va traverser une zone de hautes turbulences, il faut en bombarder la partie Est``.

Entre-temps, KAMPALA est partie sur une mauvaise note, le Corum n’est pas atteint, sur 9 présidents attendus, 4 seulement sont déjà arrivés sur place pour une réunion qui devrait clôturer ses portes aujourd’hui. Aide toi et le ciel t’aidera disent les français et pourtant la solution est à Rutshuru chez Sultani MAKENGA.

Notre pays est vraissemblement le plus surréaliste des toutes les nations du monde!

soleildugraben.com

Jésus était-il marié ?

Jésus était-il marié ?
© Photo : K. King

Une étude scientifique pourrait chambouler l'histoire du christianisme : la découverte d'un papyrus datant du IVe siècle montre, selon une chercheuse, que les premiers chrétiens pensaient que Jésus-Christ était marié.

Par Amara MAKHOUL-YATIM
 
Jésus était-il marié ? Une découverte récente vient relancer ce vieux débat au sein du monde chrétien. Sur un morceau de papyrus pas plus gros qu’une carte de crédit, une phrase en ancien copte a attiré l’attention de Karen King, historienne et professeure à la Harvard Divinity School  à Cambridge dans le Massachusetts aux Etats-Unis. Sur le papyrus, on peut ainsi lire : "Et Jésus leur a dit : 'Ma femme…'", suivi un peu plus bas d'une autre citation du Christ : "Elle sera capable d'être ma disciple".

Il s’agirait vraisemblablement d’un fragment d’évangile datant du IVe siècle, selon les historiens qui ont déjà pu l’examiner. Il appartient à un collectionneur privé qui a contacté Karen King afin de l’aider à le traduire et à l’analyser. Il aurait été découvert en Égypte ou en Syrie.

"Ce nouvel évangile ne prouve pas que Jésus était marié ", insiste toutefois l’historienne américaine. Selon elle, ce document témoigne avant tout du fait que le débat sur la sexualité et le mariage de Jésus faisait déjà rage à l’époque des premiers chrétiens.

Au-delà du statut marital de Jésus, le fragment découvert s’inscrit dans le cadre d’un débat plus large sur le mariage et le célibat, mais également sur la place des femmes dans la religion chrétienne - aucune femme ne figurant au nombre des disciples de Jésus.

"Dès le début du christianisme, les chrétiens se sont opposés sur le fait de savoir s'il était préférable ou non d’être marié. Et bien après la mort de Jésus, ils ont commencé à se référer à la position maritale de Jésus pour soutenir leur position", a ainsi expliqué Karen King lors du 10e Congrès international des études coptes qui se tient du 17 au 22 septembre à Rome.

"La tradition chrétienne a ainsi longtemps considéré que Jésus n'était pas marié, même si aucun élément historique n'existe pour étayer ce fait ", s’étonne la chercheuse. Au fil de ses recherches, elle découvre que ce n’est que vers 200 après Jésus-Christ qu’on commence à affirmer que Jésus n’était pas marié

Le mystère de la vie humaine du Christ

Odon Vallet, historien des religions, invite à aborder la question avec "la plus grande prudence". Tout d’abord en raison de la langue d’origine de l’écrit retrouvé, le copte ancien. "Une langue très spéciale et difficile à traduire", explique-t-il à FRANCE 24.

Pour lui, la question du mariage de Jésus est un débat récurrent en tous points comparable à celui portant sur l’existence de frères et sœurs de Jésus. "Selon les traductions, il s’agit soit de frères, soit de cousins", explique-t-il. Aussi, il rappelle que dans les évangiles Jésus s’adresse à plusieurs reprises à Marie, sa mère, en l’appelant "femme".

"Femme, que me veux tu ?", demande en effet Jésus-Christ à sa mère dans le célèbre récit des noces de Canaa. "Il suffit de rajouter un petit article et le sens change complètement", fait-il remarquer. Et de conclure, fataliste : "On peut fantasmer mais on ne saura jamais... Que ce soit pour le mariage ou pour les frères du Christ".

Il y a en effet autant d’arguments pour que contre. Alors qu’on peut dire que la quasi-totalité des hommes à l’époque de Jésus étaient mariés, il est vrai aussi qu’il y avait des célibataires vivant comme des moines du désert, à l’image de Jean-Baptiste, le cousin de Jésus. "Ils portaient des peaux de chameaux et prophétisaient les foules", rappelle Odon Vallet.

Christian Terras, théologien et rédacteur en chef de la revue "Golias", relativise également la portée de ce document. "S’il date effectivement du IVe siècle, il est possible qu’il provienne d’un évangile apocryphe, or ces textes regorgent de ce genre de chose, que ce soit sur la femme de Jésus ou sur ses frères et sœurs. Ce ne serait donc pas vraiment nouveau", explique-t-il.

Après avoir examiné en profondeur le fragment de manuscrit, Karen King et ses collègues en ont conclu qu’il était authentique. Mais il doit néanmoins subir d’autres examens, et notamment des tests sur la composition de l’encre. Les résultats de cette analyse doivent être publiés dans la revue théologique d’Harvard en janvier 2013.
 
L'historienne Karen King évoque et montre le fragment de papyrus découvert (vidéo en anglais)
 

France24

RDC : la nostalgie Mobutu

20/09/2012 Par François Soudan



En juin 1983, à Lubumbashi © Pascal MAITRE/J.A.


Le 7 septembre 1997, l'ex-président du Zaïre décédait à Rabat, au Maroc, loin des siens. Cette mort en exil était l'épilogue d'une lente agonie. Quinze ans après, le jugement des Congolais oscille entre indulgence, regret d'un orgueil perdu et souvenir cauchemardesque d'une dictature à bout de souffle.

Quinze années déjà que sa dépouille, rongée par le cancer, s'en est allée reposer au fond d'une sépulture d'exil à Rabat, au Maroc. Quinze années pendant lesquelles son ombre, sa toque, ses lunettes fumées, sa canne sculptée, sa gestuelle et sa voix métallique n'auront cessé de hanter ses concitoyens.

Beaucoup de Congolais ont avec celui qui les dirigea de 1965 à 1997 une relation qui s'apparente au syndrome de Stockholm. Il fut leur dictateur, mais ils ont fini, après sa disparition, par tout (ou presque) lui pardonner.

De Mobutu, ils ont effacé l'image d'un homme assimilé dans le monde à l'archétype de la mal-gouvernance à l'africaine. Ils ont oublié le chaos sécuritaire des dix dernières années de son règne, la corruption, l'asphyxie économique, l'article 15, la police politique, les disparitions, l'agonie d'un pays saigné à blanc, pour ne retenir qu'une seule chose : la nostalgie d'un orgueil perdu.



Et il est vrai qu'au cours des décennies 1970 et 1980, à l'époque de l'« authenticité » et du boom du cuivre, de l'abacost et des pagnes obligatoires, de la rumba triomphante et des exploits des Léopards, les Zaïrois avaient la conviction de vivre dans un grand pays courtisé, différent des autres, dont le chef d'État savait s'imposer par sa seule présence lors des sommets internationaux.

À eux que la colonisation avait infantilisés, Mobutu avait su donner une estime de soi, une manière d'être et de vivre, un soin à paraître reconnaissables entre tous. Il avait su cimenter le sentiment national en les faisant rêver sur leur richesse potentielle, lui qui martelait à longueur de discours que le Zaïre était un « scandale géologique ».

Indulgence

Bien sûr, tout cela n'était qu'un mirage, car l'éléphant aux pieds d'argile, dépecé de l'intérieur par cette catastrophe que fut la zaïrianisation, ne pouvait que s'effondrer, à l'image d'une armée de parade qui ne gagna aucune guerre mais dont le maréchal était si fier, avec ses Mirage et ses C-130 aux ventres aussi rebondis que ceux de ses généraux.

De ces temps d'illusion, où il était permis de croire que l'on pouvait gagner sa vie sans travailler en multipliant les « coups » en haut comme en bas de l'échelle sociale, est pourtant née une identité qui a jusqu'ici résisté à la destruction de l'État.

De Mobutu à Kabila père, le Zaïre devenu Congo est passé de la captation de l'usufruit au bradage des actifs, sans que cesse la prédation mais sans que s'interrompe non plus le fil d'un rêve de grandeur que seul Mobutu avait donné l'impression de tutoyer.

Constamment déçus de ce qu'ils sont, les Congolais vivent dans le rêve de ce qu'ils pourraient être. Griot cathodique, kitsch et mystique, un certain Sakombi Inongo l'avait bien compris, lui qui imagina de faire apparaître l'effigie subliminale du dernier « dinosaure » chaque soir en ouverture du journal télévisé, perché dans les nuages tel Dieu en son paradis.

Nul doute que pour panser leur peine, entretenir leur don unique pour la survie et croire en leur revanche sur le destin, les Congolais aiment qu'on les berce d'espoir. C'est pour cela que, en dépit de tout, ils ont fini par regretter Mobutu, le magicien.

Nigeria : la guerre du Biafra en images

Il y a 40 ans s’achevait l’un des conflits les plus meurtriers d’Afrique : vidéos
 

Le 12 janvier 1970, les rebelles Ibos du Biafra signent un cessez-le-feu immédiat et sans conditions avec les autorités nigérianes. Trois jours plus tard, s’achève cette guerre civile débutée le 6 juillet 1967 et qui a fait un à deux millions de morts, selon les diverses estimations.

Elle avait commencé avec la sécession de la région orientale du Nigeria, qui s’était auto-proclamée République du Biafra sous la direction du colonel Odumegwu Emeka Ojukwu. La guerre du Biafra a été le premier conflit africain largement médiatisé sur la scène internationale.
Les points clés
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Soldats au nom de Dieu
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Le Biafra après la guerre
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Photo : Gilles Caron, 1968

RDC: la Gecamines gagne 2 procès contre le Fonds vautour et récupère plus de 150 millions USD

Vendredi, 21 Septembre 2012



La Gécamines a déjà récupéré plus de 150 millions de dollars américains sur plus de 280 millions de dollars américains gelés, depuis plusieurs années, par FG Hémisphère, un fonds vautour qui a son siège à Delaware, aux Etats-Unis d’Amérique.

La Gécamines a en effet remporté, au cours de ce mois de septembre, deux procès contre FG Hémisphère. Cette victoire lui permet de récupérer cette somme d’argent saisie par cet investisseur spéculant sur d’anciennes créances de la RDC.

Le président du conseil d’administration de la Gecamines, Albert Yuma, a expliqué qu’«il s’agissait des litiges dans lesquels la Gecamines n’était pas impliquée. Les Fonds Vautours ont saisi les fonds de la Gécamines qui étaient payés soit via Hong Kong, soit via Gervais pour récupérer les créances sur l’Etat congolais sur une entreprise publique.»

Les Fonds vautours sont pour mission de racheter des dettes. Ils rachètent à bas prix des parts de dettes émises par des États proches du défaut de paiement, puis intentent des procès partout où ils le peuvent afin d’obtenir le paiement intégral de la valeur faciale des créances, intérêts compris.

Albert Yuma a précisé que la Gecamines a gagné les deux procès et a pu récupérer des fonds saisis depuis plusieurs années:

«Après avoir perdu en première instance et en appel, nous avons gagné à la Cour suprême de Gervais et à Hong Kong. Et depuis lors, nous avons récupéré la libre jouissance des fonds qui avaient été saisis. A Gervais, c’était 101, 4 millions USD dont une partie a été déjà libérée par le tribunal. Nous avons récupéré 70% de fonds qui ont été gelés. Sur Hong Kong, il s’agissait de 175 millions USD qui avaient gelés et qui ont été libérés à la suite du jugement en notre faveur.»

La Gécamines était faible lorsqu’elle était une entreprise publique sur laquelle on pouvait saisir les fonds de l’Etat, selon lui. «Depuis que nous sommes devenus une entreprise commerciale, nous avons changé de statut; même si l’actionnaire reste encore l’Etat», a poursuivi le président du conseil d’administration de la Gecamines.

Dans le cas de la RD Congo, la Société nationale d’électricité (Snel) et la Gécamines ont été les deux grandes victimes des Fonds vautours. La Snel avait mené le premier combat et l’avait perdu.

En 2009, après avoir racheté une créance impayée de la Snel pour moins de 10 % de sa valeur (18 millions de dollars), FG Hémisphère avait obtenu d’un tribunal sud-africain la condamnation de la RDC au paiement de 104 millions de dollars.

La somme est depuis lors saisie sur les recettes d’exportation de l’électricité de la Snel vers le Sud-africain Eskom.

Le pillage des ressources naturelles de la RDC

photo-fleuve-congo
Le fleuve Congo.

La République démocratique du Congo est dotée d'une abondance de ressources minérales rares du nord-est au sud-est du pays (coltan, diamants, or, cuivre, cobalt, zinc, manganèse…), de ressources forestières et de faune (gorilles, okapis…) très riches et de vastes sols fertiles propres à l'agriculture (café, tabac, thé…).

Depuis longtemps, bien avant le conflit de 1998, de telles richesses naturelles ont fait l'objet de troc, de contrebande et de trafic enrichissant la classe dirigeante de l'ex-Zaïre. Elles ont toujours exacerbé les convoitises des pays voisins de la RDC, notamment le Rwanda et l'Ouganda.

Elles expliquent l'occupation des provinces dans l'est du pays par les troupes rwandaises et ougandaises entre 1996 et 2002, durant le conflit. Ainsi que les luttes fratricides entre le Rwanda et l'Ouganda sur le sol congolais.

«L'histoire de la République démocratique du Congo n'est que la longue suite de déprédations dont ses richesses naturelles et son capital humain ont fait l'objet, quels qu'aient été le régime politique ou le gouvernement en place. Cette exploitation, le plus souvent appuyée par la force brutale, avait pour but l'enrichissement de quelques-uns.

Alors que les précieuses ressources du pays étaient pillées ou allaient à vau-l'eau, une économie informelle faite de troc, de contrebande et de trafic de matières premières, s'est mise à prospérer jusqu'à devenir l'unique moyen de subsistance de la plus grande partie de la population.

Cette économie a renforcé les liens ethniques et claniques et les structures coloniales entre les provinces du Kivu et les États voisins, comme le Burundi et le Rwanda, ou le Kenya, l'Ouganda et la Tanzanie.

Des réseaux analogues d'échanges informels unissent étroitement la province du Katanga à la Zambie et à l'Angola.

C'est ainsi qu'un pays vanté pour l'abondance de ses richesses naturelles s'est retrouvé au début des années 90 dans les rangs des États les plus pauvres et les plus endettés.»

L'exploitation illégale des ressources du pays par des étrangers avec la participation des Congolais a commencé avec le premier conflit en 1996.

Au fur et à mesure de la progression des rebelles de l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL) dans les régions est et sud-est du Zaïre, appuyés par les armées rwandaises et ougandaises, leur chef Laurent-Désiré Kabila, a signé des contrats avec un certain nombre de sociétés étrangères.

C'est le début de la main-mise des Rwandais et des Ougandais sur les ressources naturelles des zones qu'ils contrôlent.

Mise en place d'une "économie de guerre"

Arrivé au pouvoir en 1997, Laurent-Désiré Kabila reprend à son compte les pratiques frauduleuses de ses prédécesseurs. Il exerce un pouvoir personnel sur les ressources publiques, s'appuyant sur «les figures familières de la corruption, du clientélisme et de l'impunité».

Par la suite, des marchés lucratifs, des concessions minières sont conclus avec l'Angola, la Namibie et le Zimbabwe qui, en contrepartie, fournissent à la RDC en 1998 un appui militaire dans le conflit.

Carte d'Afrique.
Celui-ci concentre les armées de sept pays africains sur le sol congolais. Au gré des combats et de l'avancée des troupes qui s'élargit et pénètre en profondeur vers les provinces de l'Equateur, du Kasaï et du Katanga, les belligérants se partagent le territoire et l'exploitation de ses richesses naturelles : or diamant, cuivre etc…En deux phases, ils passent du pillage systématique à un stade méthodique et intensif d'exploitation. Ils mettent en place une véritable "économie de guerre" qui s'autofinance.

Première phase : les zones occupées sont systématiquement dépouillées de tous leurs stocks entre 1998 et 1999 pour financer le conflit

«Les stocks de minéraux, de café, de bois, le bétail et les fonds qui se trouvaient dans les territoires conquis par les armées du Burundi, de l'Ouganda et du Rwanda ont été enlevés pour être transférés dans ces pays, soit exportés sur les marchés internationaux par les ressortissants de ceux-ci, militaires ou civils. (…)

Quelle que soit la nationalité du pilleur, le processus était le même : des troupes burundaises, ougandaises, rwandaises et/ou des soldats du RCD, commandées par un officier, visitaient les fermes, usines et banques, se faisant ouvrir portes et coffres par la direction. Ordre était ensuite donné aux soldats de charger les produits et les biens sur les véhicules de l'armée».

Deuxième phase : une fois les stocks de ressources épuisés, les Congolais, civils et militaires, et les étrangers (surtout Rwandais, Ougandais, Zimbabwéens alliés de Kabila), passent à une phase active d'extraction et d'exploitation directe et illégale des ressources.

Par exemple, dans le secteur minier, «l'extraction directe était pratiquée de trois manières, à savoir : par des soldats pour leur compte personnel ; par des villageois organisés par des commandants rwandais et ougandais ; par des étrangers pour le compte de l'armée ou des commandants».

En même temps, les pilleurs se livrent à l'exploitation illégale du système commercial. Dans certains cas, les forces rwandaises et ougandaises et les rebelles congolais «ont contraint les entreprises locales et certaines entreprises étrangères à fermer. Les méthodes utilisées variaient, allant du pillage au harcèlement des propriétaires ; l'objectif final était d'obtenir le contrôle du commerce local, aboutissant à l'exercice d'un contrôle sans précédent de l'économie dans les régions est et nord-est du Congo.»

Un pillage organisé


Depuis les accords de Pretoria de juillet 2002 entre RDC et Rwanda et les accords de Luanda de septembre 2002 entre RDC et Ouganda, les troupes étrangères se sont retirées progressivement mais elles ont laissé la place vacante à une prolifération de groupes armés congolais.

«Le pillage, qui était auparavant le fait des armées, a été remplacé par des systèmes organisés de détournement de fonds, de fraude fiscale, d'extorsions de fonds, d'octroi d'options d'achat d'actions comme dessous-de-table et de détournements de fonds publics sous la direction de groupes assimilables à des organisations criminelles, (.) qualifiées de réseaux d'élites (.) composés d'un petit noyau de dirigeants politiques et militaires, d'hommes d'affaires (.), de certains chefs rebelles et administrateurs.»

Actuellement, l'exploitation illégale des ressources se poursuit malgré le retrait des troupes étrangères. Par des réseaux structurés et par guérillas interposées, le Rwanda et l'Ouganda conservent leur main-mise sur les richesses naturelles de l'est de la RDC. Ce pillage savamment entretenu représente une manne pour le trafic d'armes dans la région.

D'après les rapports des groupes d'experts au Conseil de sécurité de l'ONU sur l'exploitation illégale des ressources naturelles en RDC.

Le commerce des armes financé par le pillage des ressources


Par la résolution 1493 du 28 juillet 2003, un embargo de douze mois sur les armes est imposé par le Conseil de sécurité de l'ONU :

«Tous les Etats, y compris la RDC, sont tenus d'empêcher la fourniture, la vente ou le transfert directs ou indirects d'armes et de tout matériel connexe, ainsi que la fourniture de toute assistance, de conseils et de formation se rapportant à des activités militaires, à tous les groupes armés et milices étrangers et congolais opérant dans le Nord et Sud-Kivu et l'Ituri, et aux groupes qui ne sont pas partie à l'Accord global et inclusif sur la transition en RDC».

Malgré cet embargo, renouvelé jusqu'au 31 juillet 2005 par la résolution 1552 du 27 juillet 2004, l'exploitation illicite des ressources naturelles continue à financer les trafics d'armes, difficiles à surveiller.
En effet, la porosité, la perméabilité et la permissivité des frontières orientales de la RDC -qui partage 9 000 kms de frontière avec neuf pays voisins- sont autant d'obstacles à la surveillance des mouvements d'armes et d'autres produits illicites dans le pays, que les fournisseurs soient des marchands d'armes ou des gouvernements étrangers.

«Le gouvernement de transition exerce peu ou pas d'autorité sur de vastes étendues de sa frontière orientale. En Ituri, par exemple, le commerce transfrontière est contrôlé par les groupes armés qui en retirent des bénéfices substanciels tant du point de vue des impôts prélevés que de la facilité d'accès aux produits, licites et illicites, provenant de l'étranger. Tenir les frontières revêt également une grand importance stratégique car cela permet de battre rapidement en retraite dans les pays voisins en cas de besoin».

La violation généralisée de l'embargo sur les armes met en cause aussi bien le gouvernement congolais que le Rwanda et l'Ouganda. Le trafic continue d'entretenir les microconflits dans l'est du pays qui représentent un menace permanente de déstabilisation pour le gouvernement de transition.

Source : Rapport du groupe d'experts sur l'application de l'embargo sur les armes, 15 juillet 2004, Conseil de sécurité de l'ONU. La parution d'un autre rapport est prévue pour décembre 2004.

Pour en savoir plus

> Giraudon Robert, Le Zaïre, un scandale géologique ? Afrique contemporaine n°183, juillet-septembre 1997, La Documentation française

Des parcs nationaux ravagés


Située de part et d'autre de l'équateur, la RDC possède une des plus riches biodiversité de la planète en raison de sa position géographique. Selon l'Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), «la biodiversité de la RDC est caractérisée par 11 000 espèces de plantes, 409 espèces de mammifères, 1 086 espèces d'oiseaux, 1 069 espèces de poissons, 152 espèces de serpents.» La faune renferme des espèces uniques et rares, par exemple le chimpanzé nain ou Bonobo, le gorille des montagnes, le rhinocéros blanc du nord, l'okapi.

Sur les huit parcs nationaux existant en RDC et classés au patrimoine mondial de l'Unesco, cinq se trouvent dans l'est du pays. Ces derniers ont été inscrits progressivement sur la liste du patrimoine mondial en péril :
Malheureusement, l'étendue des dégâts écologiques résultant du conflit armé et de l'exploitation illégale des ressources est considérable sur cet environnement exceptionnel.

«La conjugaison des activités d'exploitation et de la poursuite du conflit a, de fait, éliminé tout contrôle administratif sur les parcs et conduit à une militarisation de nombre d'entre eux, notamment des réserves de Virunga, de Kahuzi-Biega et d'Okapi.

Ces parcs occupent une position stratégique le long de la frontière orientale de la RDC, et sont régulièrement utilisés comme point de passage par les forces armées pour pénétrer dans l'est du Congo.»
Ils sont aussi le lieu de violents combats entre des forces rebelles locales et des groupes armés qui occupent une partie de ces parcs presque en permanence. Ils se livrent régulièrement à des activités de braconnage d'éléphants pour le commerce de l'ivoire, de gibier et d'espèces rares, et pillent les ressources forestières.

«Les modes migratoires de nombreuses espèces sauvages ont été considérablement perturbés, ce qui crée des problèmes durables pour ce qui est du repeuplement de certaines zones des parcs ou du maintien de l'équilibre démographique dans d'autres.»

Les populations locales s'installent, ou se réinstallent, également dans les parcs pour assurer leur subsistance grâce à la pêche, au braconnage et pratiquent un abattage intensif des arbres.

Source : Groupe d'experts mandaté par le Conseil de sécurité de l'ONU, Rapport intérimaire sur l'exploitation illégale des ressources naturelles et autres richesses de la RDC, 22 mai 2002

© La Documentation française

Guerre dans l’Est de la RDC : aucune négociation avec le M23

jeudi 20 septembre 2012

Malgré la prise de position du Conseil de sécurité de l’UA



Positions ambigües de l’Union africaine (UA), tergiversations funestes de la Conférence internationale pour la région des Grands Lacs (CIRGL), la RDC ne doit pas se départir des acquis diplomatiques enregistrés.

Le M23 est depuis classé parmi les forces négatives de la région tant à Addis-Abeba qu’à Kampala 1. A l’unanimité, tous avaient considéré que le M23 devrait être traité au même titre que les FDLR.

Tout effort tendant à faire de cette force négative un interlocuteur du gouvernement congolais est inacceptable. Fait curieux à épingler, le communiqué du mercredi 19 septembre du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine en rapport avec la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC ne fait aucunement mention de l’implication du Rwanda, se limitant juste à condamner l’action du M23 et de toutes les forces négatives actives sur le terrain.

Il est à ce jour difficile de soutenir dans les faits les avancées diplomatiques vantées par le gouvernement congolais. Cela, au regard de l’évolution de la situation sur le terrain et dans les rencontres internationales.

Tous ces acquis risquent de tomber au cas où Kinshasa tomberait dans le piège d’accepter le M23 comme interlocuteur. La déclaration de l’Union africaine du 19 septembre 2012 est en flagrante contradiction avec les prises de position antérieurement affichées par l’organisation régionale.

Les propositions faites de même que les actions initiées par le Rwanda au niveau bilatéral ont continué à prévaloir sur celles de Kinshasa. D’abord, à la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), ensuite au Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.

Preuve. La décision rendue mercredi dernier par le Conseil de sécurité. Aux termes de cette décision, l’on se rend compte que Kigali continue à mener la barque tandis que Kinshasa se contente du rôle d’encaisseur. Il a réussi à se débarrasser du M23 comme charge compromettante.

Si bien que, Kinshasa a beau crier sur tous les toits, mais sa voix est toujours brouillée sinon étouffée par les ondes magnétiques émises par le radar de son voisin. Quid ? Le Conseil de paix et de sécurité de l’UA a entériné les décisions prises au niveau de la CIRGL.

Au grand dam de la RDC, il n’a pas daigné condamner le soutien apporté par le Rwanda au M23, force négative qui est à la base de la nouvelle vague d’insécurité qui sévit dans l’Est de la RDC.

Qu’est-ce à dire ? Que l’organe de sécurité de l’UA aurait ignoré tous les rapports, dont celui publié en primeur par l’Organisation des Nations unies, et relayé par plusieurs ONG internationales, notamment Human Rights Watch ?

Epargnant totalement le Rwanda, le Conseil de sécurité de paix et de sécurité de l’UA exprime juste « sa ferme condamnation de l'action du M23 et de toutes les autres forces négatives se trouvant à l'Est de la RDC ».

Compromission ou complicité ?

La débâcle pour la RDC c’est le fait de s’être laissé mener en bateau au niveau bilatéral et de la CIRGL. Il revient que même au niveau de l’UA, c’est la version présentée par le Rwanda qui a désormais cours légal. Aussi d’aucuns se demandent si Kinshasa n’a pas, de manière implicite, joué le jeu de Kigali.

Qu’est-ce que la RDC pourrait tirer comme bénéfice d’une phraséologie du Conseil de sécurité et de paix formulée de la manière suivante : « Réitère la préoccupation de l'UA face à la situation sécuritaire et humanitaire qui prévaut à l'Est de la RDC, son attachement au respect de l'unité et de l'intégrité territoriale de la RDC, ainsi que son rejet du recours à la rébellion armée, qui fait peser une grave menace sur la paix, la sécurité et la stabilité en RDC et dans la région, en même temps qu'elle compromet la viabilité du processus de démocratisation en cours dans ce pays ».

Kinshasa est mis devant un fait accompli : négocier avec le M23 et cesser d’incriminer son voisin rwandais. Autrement dit, la RDC est renvoyée à la case départ, celle de la mise en œuvre effective de l’accord du 23 mars 2009 signé à Goma dans la province du Nord-Kivu.

Cela ressort de la clause suivante de la décision prise mercredi par l’organe de paix de l’UA qui «Souligne la nécessité d'efforts soutenus pour éradiquer la présence des forces négatives à l'Est de la RDC, restaurer effectivement l'autorité de l'État et promouvoir durablement la paix, la sécurité et la stabilité dans cette région, y compris à travers la mise en œuvre effective de l'Accord de Goma du 23 mars 2009 entre le gouvernement de la RDC et le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), sur la base d'une évaluation exhaustive des progrès accomplis dans la mise en œuvre des recommandations des anciens envoyés spéciaux conjoints de la CIRGL, de l'UA et des Nations unies, les anciens présidents Benjamin Mkapa et Olusegun Obasanjo, en vue de permettre aux pays de la région de décider de la voie à suivre».

En lieu et place de contraindre le Rwanda à arrêter son soutien au M23, le Conseil de sécurité contourne cette évidence et «Lance un appel à tous les États membres de l'UA pour qu'ils contribuent aux efforts en cours de la CIRGL visant à trouver une solution durable, y compris l'opérationnalisation de la Force internationale neutre et du MVC (Mécanisme de vérification conjoint) élargi, ainsi qu'à l'assistance humanitaire aux populations affectées ».


Tout compte fait, c’est Kinshasa qui se trouve perdant sur toute la ligne – le Rwanda étant parvenu à aligner l’UA à sa cause. En acceptant les recommandations faites au sein de la CIRGL, du reste avalisées par le sous-comité des ministres de la Défense de la CIRGL réuni à Goma le 15 septembre 2012, Kinshasa a donné des arguments à Kigali pour se dédouaner de son implication dans la situation d’insécurité qui prévaut dans l’Est.

Kinshasa a-t-il joué le jeu de Kigali ? Est-ce par compromission, par incompétence ou par complicité ? C’est toute la clé de l’énigme qu’il faudra élucider pour comprendre finalement ce qui s’est passé dans toutes les négociations menées par le gouvernement.

Ci-dessous, la décision rendue le mercredi 19 septembre 2012 par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.
Le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine (UA), en sa 335ème réunion, tenue le 19 septembre 2012, a adopté la décision qui suit sur la situation sécuritaire à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) et le déploiement d'une Force internationale neutre dans cette région :

Le Conseil,

1. Prend note de la communication faite par la Commission, ainsi que des déclarations des représentants de l'Ouganda, au nom de la présidence en exercice de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), de la RDC et du Rwanda. Le Conseil prend également note des déclarations faites par les représentants de l'Union européenne (UE) et des États‐Unis;

2. Rappelle le communiqué de presse PSC/PR/COMM(CCCXXIV), adopté lors de sa 324ème réunion, tenue le 21 juin 2012, ainsi que le paragraphe 8 de la décision Assembly/AU/Dec.432(XIX), qui porte sur la situation à l'Est de la RDC, adoptée par la 19ème session ordinaire de la Conférence de l'Union, tenue à Addis-Abeba, les 15 et 16 juillet 2012;

3. Réitère la préoccupation de l'UA face à la situation sécuritaire et humanitaire qui prévaut à l'Est de la RDC, son attachement au respect de l'unité et de l'intégrité territoriale de la RDC, ainsi que son rejet du recours à la rébellion armée, qui fait peser une grave menace sur la paix, la sécurité et la stabilité en RDC et dans la région, en même temps qu'elle compromet la viabilité du processus de démocratisation en cours dans ce pays.

À cet égard, le Conseil exprime à nouveau sa ferme condamnation de l'action du M23 et de toutes les autres forces négatives se trouvant à l'Est de la RDC;

4. Souligne la nécessité d'efforts soutenus pour éradiquer la présence des forces négatives à l'Est de la RDC, restaurer effectivement l'autorité de l'État et promouvoir durablement la paix, la sécurité et la stabilité dans cette région, y compris à travers la mise en œuvre effective de l'Accord de Goma du 23 mars 2009 entre le gouvernement de la RDC et le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), sur la base d'une évaluation exhaustive des progrès accomplis dans la mise en œuvre des recommandations des anciens envoyés spéciaux conjoints de la CIRGL, de l'UA et des Nations unies, les anciens présidents Benjamin Mkapa et Olusegun Obasanjo, en vue de permettre aux pays de la région de décider de la voie à suivre;

5. Se félicite des efforts que déploient les pays membres et le secrétariat exécutif de la CIRGL pour trouver une solution durable à la situation qui prévaut à l'Est de la RDC et, en particulier, exprime son appréciation au Président Yoweri K. Museveni, président en exercice de la CIRGL, pour son rôle et les initiatives qu'il a prises qui ont abouti à une suspension des affrontements armés entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et le M23.

À cet égard, le Conseil apporte son plein appui à toutes les mesures énoncées dans la Déclaration adoptée par le 3ème Sommet extraordinaire de la CIRGL, tenu à Kampala, en Ouganda, le 8 septembre 2012, à savoir : (i) la cessation des hostilités et les efforts diplomatiques, (ii) la Force internationale neutre, (iii) le Mécanisme conjoint de vérification (MCV) élargi et le Centre conjoint de fusion des renseignements, et (iv) le Fonds d'assistance humanitaire.

Le Conseil se félicite également de la coopération entre la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) et les pays de la région dans la recherche d'une solution durable;

6. Souligne en particulier l'importance que revêtent l'opérationnalisation intégrale du MCV, ainsi que la constitution et le déploiement de la Force internationale neutre envisagée, se réjouit des dispositions en cours en vue de l'envoi d'une équipe militaire d'évaluation à l'Est de la RDC, comprenant des représentants des pays membres de la CIRGL et de la Commission de l'UA, et à laquelle des partenaires internationaux, notamment les Nations unies et l'Union européenne, ont été invités à participer. Le Conseil se félicite de l'élaboration par le Comité des ministres de la Défense de la CIRGL, réuni à Goma, en RDC, le 15 septembre 2012, des termes de Référence de l'équipe d'évaluation.

Le Conseil demande à la Commission, en coopération avec le secrétariat exécutif de la CIRGL et avec l'appui des Nations unies et d'autres partenaires internationaux, d'élaborer, sur la base des conclusions de l'équipe d'évaluation, un document stratégique articulant de façon holistique les mesures politiques, militaires et sécuritaires à prendre, ainsi que les synergies et les complémentarités avec les mécanismes et dispositifs existants dans la région, notamment la Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO), et ce aux fins de faciliter l'aboutissement des efforts en cours;

7. Prend note avec satisfaction des mesures déjà prises par la Commission en appui aux efforts de la CIRGL, y compris sa participation aux différentes réunions organisées par les pays de la région, le soutien envisagé à la mission de l'équipe militaire d'évaluation et sa contribution au renforcement des capacités du secrétariat de la CIRGL.

Le Conseil demande à la Commission de poursuivre les efforts engagés et de contribuer à la mobilisation du soutien international requis en vue de la mise en œuvre effective des décisions du Sommet de Kampala;

8. Lance un appel à tous les États membres de l'UA pour qu'ils contribuent aux efforts en cours de la CIRGL visant à trouver une solution durable, y compris l'opérationnalisation de la Force internationale neutre et du MVC élargi, ainsi qu'à l'assistance humanitaire aux populations affectées;

9. Demande aux Nations unies d'apporter l'appui nécessaire aux efforts des pays de la région, notamment en ce qui concerne l'opérationnalisation de la Force internationale neutre et du MVC élargi. À cet égard, le Conseil rappelle le rôle crucial du Conseil de sécurité au titre de sa responsabilité principale en ce qui concerne le maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Le Conseil en appelle à tous les autres membres de la communauté internationale, en particulier les partenaires bilatéraux et multilatéraux de l'UA, à apporter tout le soutien nécessaire aux efforts de la CIRGL. Le Conseil se réjouit de la tenue prévue le 27 septembre 2012, à New York, d'une réunion de haut niveau sur la situation en RDC, à l'initiative du Secrétaire général des Nations unies;

10. Attend avec intérêt les conclusions du Sommet extraordinaire des chefs d'État de la CIRGL prévu à Kampala, le 8 octobre 2012, pour examiner l'état de mise en œuvre des décisions prises le 8 septembre 2012, afin de lui permettre de se prononcer à nouveau sur l'évolution de la situation et d'adopter toutes décisions appropriées sur la question; Décide de rester activement saisi de la question.

Le Potentiel

Prison centrale de Makala : Un mouroir pour les prisonniers

20/09/2012

Prisonniers

La Fondation Bill Clinton pour la Paix(FBCP), une organisation non gouvernementale de défense et de promotion des droits humains, a rendu public le mardi 11 septembre 2012 son rapport sur les conditions carcérales dans la prison centrale de Makala.

Dans ce rapport, l'Ongdh dénonce l'insécurité grandissante qui sévit au Centre Pénitentiaire et de Rééducation de Kinshasa (CPRK) et déplore que ce lieu de détention est devenu assimilable à un mouroir, au regard du nombre de décès enregistrés par jour suite aux maladies et à la malnutrition.

L'insécurité qui règne au CPRK est l'œuvre des prisonniers militaires condamnés à mort. Ces derniers règnent sur les prisonniers civils, précise la FBCP.
Phénomène récidiviste

A l'ex-Makala, le pavillon 6 abrite un cachot surnommé " Mabele ", logeant plus de 180 prisonniers récidivistes qui y dorment superposés jusque dans les installations sanitaires (WC), sans aération convenable à une bonne respiration, note l'Ongdh.

Celle-ci regrette de constater que Chaque fois qu'il y a augmentation du nombre de prisonniers récidivistes, de nouveaux cas de décès sont enregistrés au sein de ce cachot.

Pas de place convenable pour dormir au pavillon 6 ; les prisonniers peuvent y passer au-delà de 5 mois dormant en position assise ou debout, en se relayant minutes après minutes.

Pratiques de tortures

D'après la FBCP, un système de tortures est bien organisé, chaque jour après 15h00'. Les travaux de vidange des fosses septiques sont exécutés à mains nues, sans que les exécutants ne prennent un bain après, dormant avec les corps badigeonnés d'excréments.

Et tout se passe sous l'œil complice et complaisant du directeur chef d'établissement pénitencier CPRK, Dido Kitungwa.

Ce dernier gère les rapports des pavillons par le truchement des agents prisonniers commis à tous ces postes en lieu et place des agents formés et compétents du ministère de la Justice, engagés pour assurer ces services.
Conditions sanitaires

Au CPRK, le nombre de prisonniers par chambre dépasse la limite du tolérable. Cette promiscuité des pensionnaires est source de transmission des maladies par les agents vecteurs tels que les poux (sur les murs et les habits), les cafards, les rats, les cancrelats, les moustiques.

Pour leur hygiène corporelle, la Croix-Rouge remet un bloc de savons de 150 g à chaque prisonnier pour 1 mois, ce qui n'est pas suffisant.

Les installations sanitaires sont insalubres, ce qui est à la base de diverses maladies infectieuses, indique la FBCP. Le dispensaire n'existe que de nom, car ne contenant aucun médicament.

Il est difficile pour les prisonniers malades d'obtenir une autorisation de sortie pour des soins ailleurs. Les prisonniers du CPRK font l'objet d'une malnutrition en qualité et en quantité.

Tous les jours, les cuisiniers leur préparent l'unique repas constitué de haricots mélangés à des grains de maïs secs, pratiquement indigestes. Les prisonniers qui n'ont pas de privilège d'être visités par leurs familles et proches n'ont pas d’autre choix, ils le mangent.

Construite par les Belges pendant la colonisation et améliorée par la suite sous le règne du défunt président maréchal Mobutu, cette prison est devenue trop vieille et risque de voir ses bâtiments s'écrouler dans un proche avenir.

Le cas du pavillon 11, où sont emprisonnées plusieurs personnalités dont l'ancien procureur général de la Haute cour militaire, le Colonel Alamba, qui a vu son plancher littéralement tomber du 2ème étage.

Pour cause, la surpopulation. D'après les colonisateurs belges, chaque pavillon devrait accueillir au total 300 personnes.

A titre d'exemple, le pavillon 5 abritant Gabriel Mokia, enregistre un total de 1.154 prisonniers.

Le CPRK est surpeuplé. L'effectif des prisonniers se présente comme suit : nombre total des prisonniers, 6.059 dont 5.117 civils et 942 militaires.

La Fondation Bill Clinton pour la Paix recommande au gouvernement, à travers son ministère de la Justice et droits humains, d'humaniser le CPRK en améliorant les conditions de vie des prisonniers pour le respect de leurs droits.

© KongoTimes

Guerre de l'Est : Le nombre de Congolais morts a fini par susciter la compassion de la communauté internationale

20/09/2012


Drapeau - Pays-Bas

Le nombre de Congolais morts - plus de 6 millions - suite aux affrontements armés récurrents a fini par susciter la compassion de la communauté internationale. Sensibilisées et prises de compassion, certaines nations ont imaginé et instauré des mécanismes visant, notamment, à décourager le commerce des minerais du sang, et par la même occasion, casser le cycle de fausses rébellions et autres seigneurs de guerre.

Il s’agit, d’abord, des Etats-Unis avec la loi Dodd-Frank. Et, tout dernièrement, des Pays-Bas avec l’«initiative étain sans conflit », lancée depuis le mardi 18 septembre 2012. Le fond de toutes ces initiatives étant la certification des minerais de l’Est du Congo, source de tensions récurrentes dans cette partie de la RDC.

Il est une lapalissade de dire que les conflits armés récurrents en RDC ont comme soubassement l’exploitation et le commerce illicites de ses minerais. Raison pour laquelle les affrontements entre les groupes armés à la solde des multinationales qui pullulent dans l’Est du pays sont observés autour ou dans les localités qui regorgent des substances minérales très prisées, notamment l’or, la cassitérite, le coltan, le diamant, le nobium, l’étain...

C’est d’ailleurs cet ancrage spatial des conflits armés en RDC qui a permis de remonter la filière maffieuse qui va des zones minières jusqu’aux seniors de la chaîne en passant par une série d’intermédiaires, au nombre desquels des régimes des pays voisins.

Se servant des enquêtes menées sur le terrain, les Etats-Unis ont été le premier pays à prendre des initiatives visant à casser, sinon à réduire l’exploitation et le commerce illicites des substances minérales en provenance des zones de conflits, particulièrement l’Est de la RDC. Le gouvernement américain a appelé, à juste titre, ces substances « minerais du sang ».

Pour concrétiser l’initiative, l’administration américaine a initié la « loi Dodd-Frank » pour décourager, entre autres, le commerce illicite de minerais dans la partie Est de la RDC.

Le texte de plus de 2 300 pages de la loi Dodd-Frank - du nom de ses principaux artisans, le sénateur Chris Dodd et le représentant Barney Frank – a été adopté par le Congrès américain le 12 juillet 2010. Il constitue la plus vaste réforme de la régulation financière aux Etats-Unis, depuis les années 1930.

Les Etats-Unis avaient donc pris une bonne longueur d'avance, il y a deux ans, en votant ces dispositions sur les ressources minières de l’Est de la RDC. Cette loi impose aux entreprises américaines de s'assurer qu'elles n'ont utilisé ni or, ni tungstène, ni coltan (colombite-tantalite) extrait de mines sous contrôle des groupes armés de RDC.

Autrement dit, elles doivent certifier qu’elles n’ont acheté aucun « minerai du sang ».

D’ailleurs, il nous revient que le nom de la République démocratique du Congo est inscrit noir sur blanc dans le chapitre 1 502 de la loi Dodd-Frank. Elle a été rédigée pour réformer le secteur financier américain après la crise de 2008. Son vote est intervenu en juillet 2010. Toutefois, deux ans plus tard, la loi n'est toujours pas entrée en vigueur.

Raison : le texte d'application n'est pas encore signé par la Securities and Exchange Commission (SEC), structure qui passe pour le gendarme des marchés aux Etats-Unis. Un brin d’espoir reste, à savoir une soixantaine d'élus du Congrès vient de demander à la SEC d'accélérer le pas.

Il est vrai que l’adoption de la loi Dodd-Frank par les deux chambres du Parlement américain reste un pas décisif dans la lutte contre le commerce illicite de minerais en provenance de l’Est de la RDC.

« Initiative étain sans conflit » aux Pays-Bas

Deux ans après, l’initiative américaine fait des émules. Il s’agit de la Hollande. Les partenaires de l'industrie de la cassitérite viennent d’annoncer le 18 septembre 2012 aux Pays-Bas le lancement d’un programme d' « étain sans conflit ». L’initiative vise essentiellement l’étain en provenance de l’Est de la RDC, notamment le Sud-Kivu.

Cette initiative a réuni plus de 175 intervenants représentant l'industrie, le gouvernement et la Société civile. Selon notre source, l'« Initiative étain sans conflit » vise à créer une action pour limiter le commerce illicite de l’étain exploité dans l’Est de la RDC, une région dont l'économie s'est effondrée en raison de la série de graves conflits internes et transfrontaliers.

Les groupes armés dans l'Est de la RDC exercent un contrôle sur le commerce des matières premières où ils perçoivent des impôts en tant que source de revenus. De nombreuses entreprises dans le monde ont hésité à acheter des minéraux de certaines parties de la RDC. En outre, la législation récente aux États-Unis a créé un embargo de facto dans la région.

L'Initiative « étain sans conflit » introduit une chaîne d'approvisionnement étroitement contrôlé, en dehors du contrôle des groupes armés. Elle pose le premier pas vers l'activité économique renouvelée et d'espoir aux masses de mineurs au chômage.

Actuellement, l'infrastructure est mise en place en RDC pour le démarrage de ce projet pilote. Jusqu'à présent, Royal Philips Electronics, Tata Steel, Motorola Solutions, Research In Motion (RIM), Alpha Metals & Alloys AIM, Malaysia Smelting Corporation Berhad (MSC), Traxys et ITRI se sont engagés à participer à l'initiative.

L'Initiative se félicite de toutes les entreprises, y compris les mines, les fonderies, les fabricants de composants et les fabricants de produits (utilisateurs finaux) qui ont accepté à se joindre, et son succès sera largement mesuré par la participation de l'industrie dans le système d'approvisionnement en cette matière.

Le ministère néerlandais des Affaires étrangères a pris une part active à cette initiative en amenant tous les partenaires de la chaîne d'approvisionnement de l’étain à rejoindre le projet. Le gouvernement de la RDC et la Société civile locale sont étroitement impliqués dans l'initiative qui est structurée dans le cadre de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et sera compatible avec les directives de diligence raisonnable de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Ce projet devrait contribuer aux efforts de réforme du gouvernement de la RDC et de son ministère des Mines. Sa progression dépendra de la façon dont la situation sécuritaire au Sud-Kivu se développera.

Ben Knapen, ministre néerlandais de la Coopération au développement espère que « cela peut être une première étape dans une région où il y a beaucoup de torts à faire droit ».

[Le Potentiel]