dimanche 21 avril 2013

L’armée, mon ami armée, mon ennemie: confession d’un militaire congolais



L’armée a différentes réputations d’un pays à l’autre. Elle représente pour nombre de peuples la protection qu’il faut à un pays. Toutefois, dans certains pays, l’armée n’est ni formé, ni payé.

Dans certains pays comme la République démocratique du Congo (RDC), la vue de l’uniforme vert notoire apporte des sentiments de peur et de méfiance, alors qu’il devrait principalement rassurer en donnant confiance aux populations.

Le soir, malheur à celui qui croise un militaire congolais sur son chemin. Vous êtes pris par la peur, le coeur est prêt à lâché La seule chose qui vous passe par la tête est la solution pour changer de route sans que l’homme en uniforme s’en rend compte.

Ce sentiment n’est pas unique à la nuit tombée. Même si vous vous heurter avec un militaire soit dans une épicerie ou un magasin quelconque la peur vous terrorise du coup.

Désertion, viols, pillages, vols, l’armée congolaise a en effet été au cœur de nombreuses critiques et condamnations.

A Goma, province du Nord-Kivu, la forte présence des militaires dans les rues de la ville ne choque plus personne. Ils circulent partout, à la différence d’autres villes où ces derniers sont en caserne.

Comme souvent, on ne compte pas le nombre de soldats croisés. Mais aujourd’hui, curieusement, celui-là n’avait pas l’air menaçant, il portait son AK-47, il ne me regardait pas agressivement comme la plupart d’entre eux, par contre il pleurait.

« Mon nom est Itchal. Je suis originaire de Lubumbashi » me dit-il.

« Je ne m’entendais pas bien avec mon père alors j’ai quitté la maison très jeune et j’ai décidé de rejoindre l’armée, c’était a l’époque de la guerre de l’AFDL dirigé par l’ancien président de la RDC, Mzee Laurent Désiré Kabila qui était en croisade vers la capitale Kinshasa. « A-t-il détaillé, alors qu’il arrête lentement ses pleurs.

« Je suis de ceux-la qui ont chassé Mobutu avec l’AFDL, sans formation militaire quelconque. » Il s’arrête. et s’installe un long moment de silence.

D’une province à l’autre, Itchal a terminé sa course dans la province du Nord-Kivu où la guerre faisait rage.

Il pensait faire fortune, ou même briguer un poste de commandement. Mais la réalité en est tout autre. Depuis son enrôlement dans l’armée, il a découvert la misère, la crainte de la mort et la famine qui est devenu son quotidien.

« Actuellement, j’ai un problème avec mon oreille. Lors d’une bataille qui nous opposait avec les rebelles de CNDP de Laurent NKUNDA au niveau de KITCHANGA, une balle est passée près de mon oreille et m’a rendu jusqu’à ce jour sourd » ; Dit-il avec une voix plaintive.

En union libre, père de quatre enfants, la solde de vingt dollars, pas toujours payé ne permet plus de vivre. Impossible de prendre correctement soin des siens.

Pourquoi des larmes ?

« Je viens de recevoir un appel de mon cousin qui m’a dit que mon père, ma mère et mes deux jeunes frères sont morts. » Répondit-il calmement.

On lit aisément sur son regard la culpabilité et pas tellement de la tristesse.

« Je suis un soldat, je suis censé défendre les gens et je n’étais pas là pour défendre ma famille. » Dit-il d’une voix sombre.

Lorsqu’on lui parle de l’armée et de sa place dans sa vie. Itchal interrompt et d’ajoute fermement comme s’il était question d’affirmer son autorité:

« Oui. L’armée. Mon unité. Mon ami, ce fusil. »

« L’armée que vous voyez souvent tuer, piller, voler et violer son propre peuple. A chaque bataille, je peux soit tomber, morts ou revenir vivant.

Maintenant en vie, je suis ici à me demander ce que c’est, ce qui est arrivé à ma famille. Ma mère. Mes frères. Mais je dois accepter ce que je ne peux pas changer. Cette armée est mon amie, elle est également mon ennemie. »

Propos recueillis par Mwanza Kasongo
Goma - Oeil d’Afrique

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