vendredi 19 avril 2013

Vives controverses autour de la réintégration de 450 combattants - Le Rwanda et le M-23 pris à leur piège

Vendredi, 19 Avril 2013


Bertrand Bisimwa

Alors que la faction dirigée par Sultani Makenga avait annoncé mercredi dernier la réintégration d’environ 450 combattants appartenant à la faction proche de Bosco Ntaganda qu’elle a défaite en mars dernier et qui s’est réfugiée au Rwanda, elle vient de se raviser dans une mise au point de son nouveau président Bertrand Bisimwa.

En effet, selon le porte-parole militaire de la faction de Sultani Makenga : « Nous avons 150 hommes qui se sont rendus et environ 300 qui ont été capturés au niveau de Kibumba à la frontière avec le Rwanda.

Nous les avons réintégrés dans nos brigades. Kigali s’est immédiatement rendu compte de l’erreur stratégique que vient de commettre ses poulains qui risquerait de le mettre a nu.

L’emprise rwandaise sur le M23 serait manifeste avec les mouvements de troupes à la frontière.

Pour enfoncer le clou, le directeur de l’international Crisis Group (ICG) pour l’Afrique centrale, Thierry Vircoulon, cité par l’AFP a déclaré : “ Environs 500 éléments du M-23 qui avaient fui au Rwanda sont rentrés en RDC le 3 avril et il y a eu une cérémonie de retour/réconciliation “.

Le M-23 fait de son côté savoir qu’il n’a jamais accueilli dans ses rangs des militaires réfugiés au Rwanda.

Les propos de son porte-parole militaire ont été sortis délibérément de leur contexte. Car, précise-t-on, il y avait bel et bien eu capture et reddition dans les rangs de notre armée de plus de 450 militaires ayant combattu aux côtés du trio Bosco Ntaganda, Baudouin NGARUYE et Jean-Marie RUNIGA.

Seulement, les faits ont eu lieu lors des affrontements avec ce groupe c’est-à-dire entre le 1er et le 15 mars 2013. Il ne peut donc s’agir des retournés du Rwanda étant donné que le groupe d’indisciplinés avec les éléments leur restés fidèles ne se sont réfugiés au Rwanda que le 16 mars 2013.

Et d’ajouter que Kibumba, où les forces du Mouvement du 23 mars avaient capturé certains militaires, est une localité du territoire de Nyiragongo en province du Nord-Kivu où le groupe d’indisciplinés avait installé leur Quartier Général. Il serait donc malveillant d’entretenir la confusion autour de la localisation de cette entité.

Kampala : pas de fumée blanche

Kampala, un nouveau rendez-vous pour rien. L’espoir d’un éventuel accord de paix entre la délégation de Kinshasa et le M-23 alors que tout était attendu le mardi 16 avril, s’effrite avec l’imminence du déploiement de la Force neutre. Pendant ce temps, les propositions de la médiation ougandaise comme par enchantement se font aussi attendre.

Le ministre ougandais de la Défense, Crispus Kiyonga, devait en principe, exposer sa synthèse déjà mardi dernier.

Une synthèse devant déboucher sur sa proposition d’accord à signer entre les deux parties. Rendez-vous avait été donné à 9h00 du matin. Puis repoussé à 10h00. Ensuite reporté dans l’après-midi... Et finalement, plus rien.

Du côté du mouvement rebelle, on pense que le gouvernement fait tout pour retarder l’accord, privilégiant ainsi la voie militaire, c’est-à-dire la brigade d’intervention des Nations unies. “Pas du tout “, rétorque la délégation de Kinshasa. Celle-ci assure au contraire attendre la décision du médiateur.

Le M-23 désapprouve le déploiement de cette Force neutre et promet de riposter si elle était attaquée. Il tente de dissuader la Tanzanie et l’Afrique du Sud, deux pays contributeurs à la brigade, d’envoyer des troupes en RDC.
Chacun des deux protagonistes a fait ses propositions d’accord. Elles sont aux antipodes l’une de l’autre. Le gouvernement propose une dissolution immédiate du M-23. Le M-23 voudrait au contraire conforter sa présence pendant cinq années, qui seraient consacrées à la lutte contre les autres groupes armés.

La rébellion du M-23 qui occupe plusieurs localités du Nord-Kivu depuis le mois de mai 2012 a connu une scission suite à des querelles internes en février dernier quelques jours après la signature d’un accord-cadre pour la paix en RDC signé par onze chefs d’Etat africains.

Après de violents combats entre les deux factions rivales pendant près de deux semaines, les hommes fidèles à Sultani Makenga ont délogé ceux de Bosco Ntaganda de Kibumba au Nord-Kivu. Ces derniers, environ 600 combattants selon certaines sources, ont trouvé refuge au Rwanda.

LP
 

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