jeudi 18 juillet 2013

Julien Paluku : "Les islamistes Shebab combattent aux côtés du M23 et de l'ADF-Nalu"

Thursday, 18 July 2013


Le crépitement des balles et des armes lourdes résonnent de nouveau aux alentours de la ville de Goma. À une dizaine de kilomètres au Nord-ouest de la capitale du Nord-Kivu, sur les collines de Mutaho, des combats opposent depuis le 14 juillet l’armée congolaise aux insurgés du Mouvement du 23 mars (M23). 

Des affrontements qui interviennent au lendemain des incursions des rebelles ougandais de l’ADF-Nalu (Forces démocratiques alliées – Armée de libération de l’Ouganda) à Kamango et à Kikingi, deux localités du territoire de Beni, plus au Nord de Goma. 

Dans cette recrudescence de violences dans le Nord-Kivu, Julien Paluku, le gouverneur de province, affirme que des rebelles islamistes Shebab sont entrés en action aux côtés des groupes armés qui pullulent dans l’Est de la RDC, notamment le M23 et l’ADF-Nalu. Interview.

Vous soutenez que les Shebab se battent aux côtés des rebelles du M23 et de l’ADF-Nalu au Nord-Kivu ? De son côté, le M23 vous accuse de considérer comme islamiste tout Congolais de confession musulmane, et notamment son chargé de mobilisation, Ali Musagara, que vous auriez accusé de faciliter le recrutement dans le milieu jihadiste...

Non, je ne taxe pas tout musulman congolais d’islamiste, encore moins de rebelle, mais on ne doit pas non plus dédouaner quelqu’un, sous prétexte qu’il est musulman. Aujourd’hui, nous avons constaté que les groupes armés cherchent de plus en plus à recruter dans la communauté musulmane. C’est pourquoi nous nous considérons en droit de « contrôler » toute personne suspecte. Il ne s’agit nullement d’une quelconque stigmatisation de tous les musulmans sous l’étiquette « islamiste ».

Depuis le 14 juillet, les affrontements à l’artillerie lourde ont éclaté entre les rebelles du M23 et l’armée congolaise à Mutaho, à 12 km de Goma. Ces combats vont-ils continuer jusqu’à la neutralisation du M23 ?

Nous avons déjà les troupes de la brigade internationale d’intervention de la Monusco à Goma. Nous n’allons pas nous-mêmes commencer à trouver la solution aux problèmes alors que nous avons déjà recours aux forces onusiennes. La prochaine étape sera plutôt la mise en place d’une opération coordonnée entre les FARDC [Forces armées de la RDC] et les soldats tanzaniens, sud-africains et malawites qui composent la brigade d’intervention.

Ce que l’armée congolaise a pu faire à Mutaho, c’était juste une réplique à la provocation des rebelles du M23 qui cherchaient à marcher de nouveau sur Goma en espérant forcer le gouvernement congolais à répondre favorablement à toutes leurs revendications dans les discussions de Kampala. Du côté de Beni où les assaillants ougandais de l’ADF-Nalu ont attaqué deux localités congolaises, les FARDC les ont déjà chassés de Kamango et sont en train de se déployer à Kikingi.

Mais dans la « réplique » de l’armée congolaise, deux bombes sont tombées, le 15 juillet, à Gisenyi, au Rwanda. Kigali parle d’une « provocation délibérée »…

Nous avons des unités spéciales formées dans l’artillerie. Elles ne peuvent pas se tromper de cibles et bombarder la localité de Gisenyi. Ce sont des rebelles du M23 qui ont jeté des bombes au Rwanda pour tenter d’obtenir officiellement l’entrée des RDF [Forces de défense rwandaises] au Kivu, sous prétexte d’un éventuel droit des poursuites sur les rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR).

Jeune Afrique & LP

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