mardi 22 octobre 2013

Négociations RDC - M23. La reprise, pourquoi faire ?

22/10/2013 


Bertrand BISIMWA

Les négociations, bloquées avant-hier faute d’Accord, sont suspendues pour 48 heures. 


La reprise, pourquoi faire avec les mêmes revendications du M23 sur l’amnistie totale et leur intégration dans les Fardc ?

Le président du M23, Bertrand Bisimwa s’exprimant samedi dernier, avait parlé de grandes concessions faites par son mouvement rebelle pour faciliter un Accord de compromis 


Au fil des heures, ces allégations se sont révelées un menseonge cousu avec du fil blanc. La nouvelle a fait le tour du monde en suscitant des espoirs fous sur l’avènement de la paix au Nord-Kivu.

Moins de 24 heures après la déclaration de Bertrand Bisimwa, les négociations capotent. Elles tournent au vinaigre. Plus grave elles sont bloquées, tournent court et sont brutalement suspendues et renvoyées à 48 heures, faute de compromis entre les deux parties. 


C’est tout le contraire de ce qu’a annoncé Bisimwa qui donne la preuve que son mouvement n’a aucune carte en mains. La décision qui lui échappe vient d’ailleurs.

C’est ce qui explique que pendant que lui Bertrand Bisimwa parlait des avancées à partir des hauteurs de Bunangana, à Kampala même sa délégation continuait à camper sur les mêmes louvoiements. Ce qui a eu comme conséquence de faire capoter ce round de négociations dont le résultat est nul.

Que s’est-il passé ? 


Pendant 4 jours des séances marathons ont eu lieu, sous l’œil vigilant des représentants de la Communauté internationale notamment l’Envoyée spéciale du secrétaire général de l’Onu pour les Grands lacs, Mary Robinson, de son collègue de la Monusco Martin Kobler, de l’Envoyé spécial des USA pour les Grands lacs le sénateur Russ Feingold, du délégué de l’UE et celui de l’UA.

Les internationaux étaient sûrs qu’un compromis était désormais à portée de la main vu que certaines divergences étaient élaguées. Mal leur en prit. Ils venaient à peine de quitter Kampala vendredi la conscience tranquille en laissant sur place pour maintenir la pression infranationale sur les négociateurs l’Allemand Kobler de la Monusco et le sénateur américain Russ Feingold, émissaire spécial du Président Obama que les choses se gâtèrent rapidement pour conduire au blocage. 


Comment ? Le M23 incrimine le Gouvernement en l’accusant d’avoir cherché le blocage à dessein car il prépare la guerre.

Les rebelles rejettent les propositions de Kinshasa visant à envoyer en exil certains de leurs officiels qui sont sous sanction soit de l’Onu ou des USA. Pour ce qui est du désarmement, ils disent qu’il n’en est pas question tant que les FDLR seraient encore actives au Nord-Kivu. 


Comment alors vont-ils se défendre contre les attaques de ces génocidaires s’ils déposent les armes, interrogent-ils ?

Mais ce que le M23 ne dit pas et qui est connu de tous, c’est que ce sont eux qui sont à la base du dernier blocage du fait d’avoir remis sur le tapis à prendre ou à laisser la question d’amnistie et leur intégration dans les Fardc. 


Ils exigent illico presto une loi d’amnistie pour couvrir leur impunité, à eux tous, et pas dans le sens de la volonté du Gouvernement qui est de trouver la solution en examinant les demandes au cas par cas.

Ce sont ces deux points avec leur cantonnement au Nord-Kivu qui ont conduit la Médiation à suspendre les négociations faute d’Accord. Chose bizarre, le samedi dernier au cours d’une très longue séance qui avait mis les délégués congolais sur les nerfs, c’est la facilitation ougandaise qui est revenue à la charge en plaidant pour une amnistie totale en faveur du M23 et non au cas par cas comme le propose Kinshasa.

Sur ces entrefaites, la Médiation a suspendu les négociations de Kampala pour une durée de 48 heures. Ce serait encore pour y faire quoi dès lors que c’est bien établi que Kampala ne sert au M23 et à ses parrains ougandais et rwandais qu’à gagner du temps tout en préparant une offensive de grande envergure contre les Fardc. 


UNE DIVERSION

C’est dans cette optique que Sultani Makenga, le chef militaire du M23 s’était permis d’interdire le week-end, le mouvement de la Monusco sur la partie occupée par le M23 même s’il a démenti cette information en nuançant que les Casques bleus peuvent circuler mais il leur est interdit d’ appuyer les Fardc et d’attaquer le M23. 


Décidément Kampala n’est qu’une diversion. L’évaluation de presque 12 mois de négociations en donne la preuve. Rien n’est signé.

Qui peut s’assurer qu’à la reprise cette fois-ci serait la bonne alors que ce sont les mêmes revendications qui seraient à l’ordre du jour. Le M23 ne désarmera jamais, il l’a dit tant que les FDLR seraient toujours actives au Nord-Kivu. Là, il s’agit d’une revendication du Rwanda portée par le M23.

La présence des FDLR au Nord-Kivu, le prétexte de toujours, récupéré pour le besoin de la cause par les rebelles pour justifier un refus catégorique au désarmement. 


Celui-ci serait suicidaire pour eux et la communauté tutsi du Nord-Kivu et surtout pour les refugiés tutsi congolais, dont ils réclament le retour.

En plus le désarmement lui-même, où se ferait-il quand on sait qu’à ce jour toute la partie sous contrôle du M23 a reçu un renforcement en hommes et en armes que même la Monusco a dénoncé. Ce qui est pour compliquer encore la donne du désarmement.

Ce qui sous-entend qu’avec tous ces caches d’armes dans le Nord-Kivu, même si l’actuel M23 se pliait sous quelque pression internationale, c’est une réflexion par l’absurde, à un éventuel désarmement, le Rwanda trouverait un autre bras à armer qui est déjà en place au Nord-Kivu. 


 créerait un autre M23 soi-disant pour solutionner la problématique FDLR. Il l’a fait avec le RCD-Goma avec son abondante constellation, le CNDP-Nkunda et CNDP-Tanganda et aujourd’hui le M23-Tanganda qui est devenu le M23-Sultani Makenga.

Comme on le voit, la vraie négociation c’est donc avec Kigali que le Gouvernent congolais doit la mener…
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[Kandolo M.] 


Réaction du Gouvernement de la RDC


1. Le gouvernement de la République démocratique du Congo porte à la connaissance de l’opinion publique tant nationale qu’internationale que poursuivant ses efforts en vue du rétablissement de la sécurité et de la paix dans l’Est du pays, et fidèle aux engagements internationaux de la République, il avait, à la demande du Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), accepté d’écouter le groupe armé M23, dont la revendication principale était le soi-disant non-respect de l’Accord du 23 mars 2009 signé entre le gouvernement et le CNDP.

2. C’est ce qui explique la participation des délégués du gouvernement aux pourparlers de Kampala; participation qui procède de la politique prêchée et mise en œuvre par Son Excellence Monsieur Joseph Kabila Kabange, président de la République, chef de l’Etat, qui, en sa qualité de garant de la Nation, ne ménage aucun effort pour rechercher la paix et rétablir la sécurité sur l’ensemble du territoire national, gages de la cohésion nationale et d’un développement harmonieux.

3. Il est cependant regrettable de noter que, contrairement au Dialogue intercongolais de Sun City, en Afrique du Sud, qui avait produit des conclusions finales au bout de cinquante deux jours, les Pourparlers de Kampala en sont à dix mois de discussions.

4. Une fois de plus, le gouvernement vient de répondre présent à une énième rencontre à Kampala où il a été représenté par une forte délégation conduite par le ministre des Affaires Etrangères, Coopération internationale et Francophonie, et ce, en présence des envoyés spéciaux de l’Organisation des Nations unies, des Etats-Unis d’Amérique, de l’Union européenne et de l’Union africaine.

5. L’Accord recherché n’a cependant pas été conclu, malgré les séances marathon de mercredi 16, jeudi 17, vendredi 18, samedi 19 et dimanche 20 octobre 2013, dans la mesure où, tenant à préserver les intérêts supérieurs de la Nation, la délégation du gouvernement s’est opposé à toute proposition susceptible de constituer une violation de la Constitution de la République ou des engagements internationaux de cette dernière, ainsi que toute celles qui soient de nature à encourager la récidive et l’impunité.

6. C’est notamment le cas de l’Amnistie qui, pour le gouvernement, ne peut en aucune manière concerner les crimes de guerre, les actes de génocide et les crimes contre l’humanité; en ce compris les violences sexuelles et le recrutement d’enfants et qui, même pour les faits de guerre et l’insurrection, doit être assortie de conditions dont le non respect entrainerait automatiquement la caducité de l’Amnistie.

C’est aussi le cas de l’intégration éventuelle des éléments ex-M23 dans les FARDC, qui n’est envisageable qu’au cas par cas, sur base du dossier individuel de chacun, et dans le strict respect des lois de la République, notamment la loi sur les FARDC et celle sur le Statut du militaire.

De ce qui précède, il résulte que, pour le gouvernement, plusieurs éléments M23 ne peuvent, sous aucun prétexte, être intégrés ou réintégrés dans les FARDC.

7. Le gouvernement réaffirme sa détermination à poursuivre ses efforts jusqu’à la pacification totale du Nord-Kivu et du Sud-Kivu qui doivent, d’une façon ou d’une autre, être définitivement et irréversiblement débarrassés des groupes armés et de toutes les Forces Négatives.

A ce sujet, tout en restant ouvert au dialogue et déterminé à contribuer à son aboutissement heureux dans les limites indiquées ci-haut, le gouvernement réaffirme son soutien sans réserve à la brigade d’intervention de la MONUSCO et en appelle à la mise en œuvre de son mandat en appui aux FARDC.

8. Le gouvernement remercie les envoyés spéciaux des pays et Organisations internationales précités pour leur appui renouvelé.

9. Le gouvernement remercie surtout la population congolaise pour son soutien, et l’exhorte à plus de vigilance pour faire échec à tous les agendas cachés tant des nationaux qui bravent l’Etat de droit et la légalité internationale que de leurs soutiens et commanditaires. 

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© KongoTimes

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