mardi 8 octobre 2013

Recrutement d'enfants-soldats : Washington frappe le Rwanda

07/10/2013 

 

Paul KAGAME et Barack OBAMA

C'est depuis le vendredi dernier que Washington a enfin frappé le Rwanda. La sous-secrétaire d'Etat chargée des Affaires africaines elle-même a lu les sanctions prises par l'Administration Obama. 


Toute la coopération militaire est mise au congélateur. Kigali ne verra plus un seul dollar des Usa dans son escarcelle ni un quelconque appui opérationnel, toujours en matière de défense.

C'est grave pour l'armée d'un petit pays qui fonctionne grâce à cette assistance militaire américaine. Tout cela est désormais derrière nous. 


La raison ? La colère de l'Oncle Sam vient du fait que le Rwanda a violé la loi américaine de 2008 sur la protection des enfants-soldats. Cette loi interdit formellement le recrutement des enfants-soldats par une armée nationale ou un groupe armé.

Or, les USA ont des preuves formelles que le Rwanda en tant qu'Etat a justement recruté des enfants-soldats pour le compte de ses ouailles du M23. Une première à cette loi. En plus, le M23 a recruté des enfants-soldas sur le territoire congolais avec ou sans l'appui du Rwanda.

Pour les Américains, du fait que le M23 est soutenu par le Rwanda comme ils ont eu à l'attester à plusieurs reprises, des violations par la rébellion de cette loi de protection des enfants-soldats engagent ipso facto la responsabilité des autorités de Kigali. C'est comme cela qu'ils les sanctionnent en stoppant toute la coopération militaire.

Aux USA, le débat sur l'appui ou non du Rwanda aux rebelles du M23 n'a plus court. C'est bien établi que c'est Kigali qui soutient le M23 et ils l'ont rappelé dans la communication de la sous-secrétaire d'Etat chargée des Affaires africaines le même vendredi.

Le Rwanda est le moteur de la déstabilisation de la Rdc par le Nord-Kivu avec son soutien au M23 pour des crimes internationaux comme la conscription d'enfants prohibée par les réglementations internationales que Kigali a librement ratifiées.

Qu'en pense-t-on au Rwanda ? Le même vendredi, c'est d'abord le porte-parole de l'armée rwandaise qui a réagi en rejetant les accusations des Américains et les narguant avec insolence en arguant que leur armée n'a jamais procédé à un quelconque recrutement d'enfants-soldats au profit de qui que ce soit.

Puis Louise Mushikwiyabo, la ministre des Affaires étrangères, est également montée au créneau en rejetant les accusations de Washington qui ne présentent ni faits ni preuves.

Aussi surprenante est la réaction du dictateur rwandais Paul Kagame, le samedi dernier, lorsqu'il a pris la parole à la tribune de sa chambre parlementaire qui venait d'être installée. 


L'homme affirme, pince-sans-rire, que cette décision américaine est injuste et qu'elle bénéficie aux ennemis de son pays. 

Qui sont ces ennemis ? Les FDLR Hutu du Nord-Kivu ? Ou son bras droit le généralissime Kayumba Nyamwassa avec ses autres colistiers refugiés en Afrique du Sud ? Kagame n'a rien dit.

Ce qui est vrai, c'est qu'il est sonné. Il est mis K.O. debout par cette mesure de la suspension de la coopération militaire des USA avec son pays. 


Elle aura des conséquences fâcheuses sur son armée qui jusqu'ici a fonctionné comme un outil du Pentagone dans les Grands lacs. C'est Washington qui a façonné cette armée à qui il coupe toute aide. 

UNE ARMEE IMPERIALISTE

Cette fin de la coopération militaire américaine sonne la fin de l'ère des croisades à l'Est de la Rdc de cette armée impérialiste de Paul Kagame qui se croyait tout permis dans les Grands lacs à cause de ce soutien de l'Oncle Sam depuis le génocide de 94.

Barack Obama vient de faire radicalement changer la donne dans la région. On ne va pas en guerre contre un si puissant maître qui en plus est le principal bailleur de l'aide au développement du Rwanda qui, elle, n'est pas suspendue.

Pas de doute que, désormais, Washington surveillera à la loupe ces dizaines de millions de dollars Us versés chaque année dans le trésor rwandais pour être sûr qu'ils ne seront pas détournés pour aller alimenter des plans de déstabilisation de l'Est de la Rdc par le M23 interposé. 


C'est la toute première fois que les Américains prennent des sanctions exemplaires contre le Rwanda de Paul Kagame.

Pourtant, plusieurs fois, depuis la première mandature d'Obama, ils ont accusé le Rwanda de soutenir le M23. Le Président américain lui-même avait appelé Paul Kagame au téléphone pour le tancer. Mais, ça s'est limité là.

Au chapitre des sanctions, Washington n'avait gelé qu'une aide symbolique de quelque 200.000 Usd fournie à une académie militaire au Rwanda. Modique. Très modique pour faire plier un belliciste comme Paul Kagame. Celui-ci, du reste, avait réussi à mettre en place dans Obama I, un puissant dispositif pour son lobbying.

A l'Onu par exemple, il était farouchement défendu par la Représentante américaine Susan Rice qui bloquait toute Résolution contre les autorités de Kigali en rapport avec l'Est de la Rdc. 


Tandis qu'au Département d'Etat, outre Hillary Clinton, il y avait surtout Johnnie Carson, sous-secrétaire d'Etat chargé de l'Afrique qui présentait toujours Paul Kagame comme modèle de bonne gouvernance dans la gestion de l'aide au développement.

Doit-on fermer les yeux sur les crimes contre l'humanité de Paul Kagame à l'Est de la Rdc comme la conscription d'enfants pour la simple raison qu'il est un bon élève en gouvernance ? 


Or, c'est cette dichotomie là que les soutiens de Paul Kagame dans Obama I imposaient aux Congolais. Aujourd'hui, avec John Kerry, donc Obama II, changement de ton et de cap. 

La première sanction contre le Rwanda tombe. Mais Washington ne doit pas s'arrêter là.
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[Kandolo M.] 

© KongoTimes

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