mardi 24 décembre 2013

Kivu : L’aiguille reste plantée dans le pied de la RDC

23/12/2013


FARDC

Après la défaite militaire de l’agression de la R.D. Congo au Kivu par le M23 interposé, les initiateurs de cette agression ont déployé toute leur diplomatie pour gagner sur le terrain politique.

Les Présidents YOWERI KAGUTA MUSEVENI de l’Uganda et KAGAME Paul du Rwanda, appuyés par madame Mary ROBISON, envoyée spéciale des Nations-Unies pour la région des Grands Lacs, et de Monsieur RUSS FEINGOLD, envoyé spécial des Etats-Unis d’Amérique dans la région, avaient remué ciel et terre pour protéger les criminels du M23 et ainsi gagner sur le plan politique. 


LA SIGNATURE DE LA SOUMISSION CONGOLAISE

Toute la population ainsi que le Parlement congolais s’étaient levés comme un seul homme pour s’opposer à la signature par le gouvernement congolais d’un quelconque document concernant le M23.

Au grand dam des Congolais, le Ministre des affaires étrangères, Monsieur RAYMOND TSHIBANDA, au nom du gouvernement congolais et sur instruction du Président KABILA, a signé à Nairobi, au Kenya, le 12 Décembre 2013, le document d’engagement du gouvernement congolais à amnistier les criminels de M23 ainsi que leur insertion socio-économique aux frais du trésor public congolais.

Pour bluffer le peuple congolais hostile à ces manœuvres, au lieu d’appeler leur document « accord », ils l’ont baptisé « déclaration ». Qu’importe le changement d’appellation, c’est le contenu qui compte. 


D’ailleurs le gouvernement kenyan, hôte de la cérémonie, a parlé de « agreement ». Terme anglais qui signifie « accord » en français ; et le Secrétaire Général des Nations Unies, témoin de la cérémonie, a employé le terme « accord » pour qualifier le texte signé par Kinshasa. 

Alors, qui trompe qui ?

Aussi, pour tromper cette population, ils disent que les membres du M23 accusés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité ne sont pas concernés par cette amnistie.

Ceci étant, qui désignera alors parmi les soldats ennemis qui étaient au front, ceux qui avaient ou non commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité? 


Cette tromperie ne tient pas débout. Avoir commis de crimes ou non, tous les criminels du M23 sont déjà amnistiés exceptés quelques officiers supérieurs militaires poursuivis par la Cour Pénal Internationale, mais protégés les uns par le Rwanda et les autres par l’Ouganda.

Et les autorités politiques civiles du M23 ne sont-ils pas coupables des crimes ? Qu’en dit-on ?

Sans aucun procès, ils sont blanchis et autorisés à transformer leur mouvement politico-militaire en parti politique. Bien sûr, parti politique de la majorité présidentielle pour gouverner ensemble la R.D. Congo ; c’est-à-dire : malgré qu’ils ont perdu la guerre, ils vont gouverner la même population qu’ils ont massacrée, violée et pillée. 


La population se demande à quoi sert alors la position du Parlement congolais qui s’était déjà opposé à la signature d’un quelconque document en faveur du M23, et dont leur Président, Monsieur KABILA s’en moque. 

LE M23, UNE ARMEE EN RESERVE STATIONNEE AU NORD-KIVU

Ce n’est pas l’uniforme militaire qui fait un soldat, mais plutôt la formation militaire reçue, l’arme qu’il détient et sa loyauté à l’égard des institutions et de la population à protéger.

Or, pour ne pas être dispersés dans d’autres provinces de la R.D. Congo loin du Rwanda et de l’Uganda, comme le souhaiterait la population congolaise, les soldats du M23 ôteront tout simplement leurs tenues militaires et seront réinsérés dans la vie soi-disant civile à Rutshuru, Nyiragongo et Masisi, dans la même contrée où ils ont commis des atrocités proche de la frontière avec le Rwanda et de l’Uganda. Là, ces deux pays pourront les remobiliser à tout moment quand ils le voudront.

Et pour prouver que c’est un simple camouflage, ces soldats M23 ont emmené et entreposé leurs armes dans leurs pays d’origine, c’est-à-dire le Rwanda et l’Uganda.

Les militaires des FARDC et ceux de la MONUSCO qui avaient combattu les M23 sur le champ de bataille sont formels quant au nombre de soldats du M23 qui avaient fui en Uganda. 


Ceux-ci ne peuvent pas dépasser 200 soldats et que ceux de Ntaganda qui avaient fui au Rwanda étaient déjà rentrés dans les rangs du M23 à Rutshuru. Cette dernière version avait été officiellement confirmée par le porte-parole militaire du M23, le Colonel Vianney KAZARAMA.

Mais l’Uganda a gonflé le chiffre et parle maintenant de 1700 soldats du M23 qui ont trouvé refuge chez lui, tandis que le Rwanda parle de 600 éléments du M23 chez lui aussi. 


En tout, cela fait 2300 soldats du M23 qui seront réinsérés au Nord-Kivu, tout en sachant que nombreux d’entre eux sont des Rwandais et Ougandais comme cela a été démontré par plusieurs rapports. 

D’où les questions de savoir :

- Pour quel intérêt l’Ouganda et le Rwanda utilisent-ils ce subterfuge ?

- N’est-ce pas qu’ils savent qu’à l’avenir ils auront besoin de ces soldats déjà infiltrés dans la population congolaise pour rééditer leur sale besogne au Kivu ?

Ces gens-là, ne sachant que tuer, il est à craindre, qu’une fois ils ne seront plus utilisés dans l’unique métier qu’ils savent, qu’ils ne se joignent aux terroristes SHEBAB somaliens dont la présence a déjà été signalée au Nord-Kivu. 


En outre, qui empêchera à ce que ces démobilisés du M23 se transforme en des bandes armées insécurisant la région comme les autres groupes armés incontrôlés ?

Alors que les éléments du M23 vont bénéficier du programme DDR, qu’en est-il des membres des autres groupes armés congolais qui sont en train de s’auto-démobiliser mais laissés à leur propre compte ? 


Est-ce parce qu’ils ne sont pas rwandais, ni des protégés de Madame Mary ROBISON et de Monsieur RUSS FEINGOLD ? 

LES LATIFUNDIA TUTSI SOUTENUS AU NORD KIVU

C’est depuis déjà une vingtaine d’années que grâce aux armes et avec la bénédiction de la communauté internationale, surtout des pays qui se disent des modèles de démocratie et protecteurs des droits de l’Homme, que les Rwandais, Tutsi et Hutu, sont en train de chasser les populations autochtones du Nord-Kivu de leurs terres et s’en accaparent. 


Ces Rwandais détrônent même les chefs traditionnels pour s’autoproclamer chefs traditionnels. C’est ainsi qu’actuellement chaque éleveur rwandais détient des latifundia des milliers d’hectares extorqués aux membres des tribus autochtones.

Ainsi, tous leurs leaders sont devenus des grands propriétaires fonciers par expropriation des autres tribus. Quoique taxés de criminels, personne ne pense à restituer aux autochtones du Nord-Kivu leurs terres volées par ces gens. 


Et cette conquête des terres continue sans que personne n’en parle pour protéger les autres tribus dépossédées et qui continuent à l’être. 

QUE LE RWANDA ET L’OUGANDA LANCENT DES POURPARLERS AVEC LEURS REBBELLES

Nombreux des voix s’élèvent aujourd’hui pour demander au Rwanda, à l’Ouganda et au Burundi, à l’instar de la R.D. Congo, d’engager des pourparlers avec leurs rébellions respectives (FDLR, ADF/NALU, FNL…) afin que soit trouvée une solution globale à l’insécurité qui règne dans la région des Grands Lacs.

Mais, les présidents de ces pays, soutenus par la communauté internationale représentée par Madame Mary Robinson et Monsieur RUSS FEINGOLD, disent niet à cette proposition. 


Ces derniers trouvent logique que le gouvernement congolais soit forcé de négocier avec ses rebelles du M23 mais qu’aucune pression ne soit faite pour forcer les gouvernements rwandais et ougandais, à leur tour, de négocier avec les leurs. Ces rébellions n’ont-elles pas toutes commis les mêmes crimes ? 

S.O.S. POUR LE PEUPLE HUNDE DU NORD-KIVU

En 1910, l'Allemagne, l'Angleterre et la Belgique signent les Accords diplomatiques qui délimitent et démarquent les frontières entre les trois puissances coloniales. 


La première guerre mondiale commence de 1914 et finie en 1918, les Allemands sont chassés du Rwanda et du Burundi par la Force Publique en 1916. 

À la fin de cette guerre, naquit la Société des Nations (ancêtre des Nations Unies) qui donna mandat à la Belgique d'administrer le Rwanda et le Burundi aux années 1920. 

Si l'établissement des colons au Kivu commence en ces années, c'est seulement près de vingt ans après, dès 1937, que les colons belges découvrent que les populations locales résistent contre tous les éléments de colonisation, y compris le fait d’effectuer des travaux forcés sur les terres arrachées à leurs ancêtres. 

Le cas des Hunde, à ce chapitre de la résistance, est flagrant. Les administrateurs belges penseront alors à un substitut: favoriser l'implantation des populations rwandaises au Congo Belge, notamment et particulièrement dans le Masisi.

Motif officiel? 


Humanitaire: il faut résoudre le "problème de surpopulation " au Rwanda et au Burundi.

Motif réel? 


Favoriser l'émigration au Congo des populations rwandaises pour produire des aliments moins chers aux belges installés dans la région. Les Hutu sont les plus favorisés. Pour cela, la colonisation belge crée la "Chefferie de Kishali (dit Gishari par les rwandais)" à Masisi dès 1936 (ou 1939)

Notons que toute opération belge au Rwanda et au Burundi est supervisée par les Nations Unies, y compris l'arrivée et l'installation des réfugiés Tutsi de 1959 à 1963, 1964, 1973. (Willame, Jean-Claude, Zaïre : État de crise et perspectives futures (février 1997). Rapport WRITENET (R.-U.).

Entre les années 1937 et 1945, ils sont près 90.000 personnes installées par le colonisateur dans un territoire déjà surpeuplé pour servir de main d’œuvre dans les plantations coloniales de la région ou dans les sites miniers du Katanga. 


Suite aux pogroms ethniques au Rwanda en 1959-1961, en 1963-1964 et en 1973, des dizaines de milliers de Tutsi fuient et se réfugient dans le Nord-Kivu. 

En 1965 [1963], une première guerre tribale, dénommées « KanyaRwanda » oppose les notables d’ethnies « congolais » (Hunde et Nyanga) à ceux des BanyaRwanda à propos du refus des seconds d’accepter l’autorité des premiers qui se considèrent comme les vrais natifs et occupants fonciers des territoires méridionaux du Nord-Kivu (Masisi, Walikale, Goma).

Vint ans après, le Masisi sera ravagé par une deuxième guerre ethnique opposant les Banyarwanda (Hutu et Tutsi) aux autochtones Hunde. 


En effet, en mars 1993, suite à un mouvement de désobéissance civile dans le territoire de Masisi majoritairement peuplé par les ressortissants d’expression rwandophone, un nouveau « KanyaRwanda » fut enclenché. En quelques semaines, la « guerre » fit plus de 200 morts et plus 130.000 déplacées et 80 villages incendiés chez les Hunde.

Depuis, quand bien même rien ne stoppe l'antagonisme Tutsi-Hutu, il suffit que ceux-ci se retrouvent face à des Congolais (Hunde, Nyanga, Tembo, Nande…) pour qu’ils coalisent et refassent l’unité. 


Pour les communs des Congolais, cela sent toujours le complot et en appellent, par conséquent, à la défense du peuple Hunde, Nyanga et Tembo.

En effet, comment expliquer que le territoire de Masisi dont la majorité de la population était Hunde, en 1954, ne compte plus aujourd'hui que près de 20% seulement de la population? 


Comment comprendre qu'aux élections législatives de 2011, Masisi ait envoyé plus de 5 députés nationaux à Kinshasa, tous des Banyarwanda sinon la majorité? 

Le peule Hunde est entrain de dépérir ; il va disparaître…

Depuis le début des années quatre-vingts dix, les Rwandais établis dans le Masisi, tous venus du Rwanda à la faveur des ces opérations de transplantation, s’acharnent contre les Hunde. Ils les tuent et les chassent de leurs terres ancestrales. 


Personne ne prend la défense de cette population abandonnée par les différents gouvernements de Kinshasa. Leur seule faute est d’avoir de bonnes terres convoitées par les Rwandais.

C’est un cri de détresse de ce peuple muet au Nord-Kivu que je lance. Aidez-les.

Bukavu, le 13 décembre 2013.
Néhémie BAHIZIRE 

© KongoTimes

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire