samedi 14 juillet 2012

John Numbi arrêté à Lubumbashi et acheminé à Kinshasa manu militari !

Samedi, 14 Juillet 2012



Inspecteur général de la police nationale congolaise suspendu depuis juin 2010, à la suite de l’assassinat de Floribert Chebeya d’heureuse mémoire, John Numbi Banza a été arrêté il y a deux jours à Lubumbashi et acheminé à Kinshasa où il devra en principe comparaitre mardi prochain au procès en appel comme prévenu.

De sources judiciaires, il revient à Congoone que John Numbi qui vit retranché à Lubumbashi depuis bientôt deux ans, dispose d’une garde rapprochée, circule comme il l’entend entre Lubumbashi et Kinshasa et dispose toujours d’une escorte militaire, ne s’attendait pas à être mis aux arrêts dans le cadre du procès Chebeya. Aussi, s’est-il opposé farouchement à son interpellation avec armes à la main.

Sa garde rapprochée n’a pas résisté à la tentation d’ouvrir le feu en vue d’empêcher l’arrestation qu’il y a eu mort d’hommes selon notre source. Numbi a été malgré tout arrêté, ligoté et amené manu militari à Kinshasa où il est gardé au secret.

Mais comment en est-on arrivé là alors que John Numbi Banza, homme de confiance de Kabila Kabange, avait reçu toutes les assurances qu’il ne serait jamais mis en cause dans le procès Chebeya ?

En effet, tout a basculé à la suite de la conférence de presse animée au parlement européen mardi dernier par le journaliste belge Thierry Michel au cours de laquelle il a rapporté les révélations du policier congolais du nom de Paul Mwilambwe, aujourd’hui en exil dans un pays africain. 

Selon ce dernier, Floribert Chebeya a été assassiné parce qu’il avait recueilli suffisamment d’éléments prouvant l’implication du bataillon Simba, dirigé à l’époque par le général John Numbi, dans les massacres des adeptes de Bundu dia Kongo, en 2007 et 2008, au Bas-Congo. On se souviendra de ce que le bilan de cette boucherie humaine était de l’ordre de plusieurs centaines des civils massacrés.

Avec force détails, Paul Mwilambwe affirme avoir assisté à l’exécution de Floribert Chebeya. Son témoignage troublant et édifiant ôte de tout doute la nature scélérate du régime de Kabila Kabange. Ce d’autant plus que Paul Mwilambwe affirme qu’il se trouvait à l’Inspection générale de la police nationale congolaise au moment où Chebeya y était convoqué. 

Il s’était entretenu avec feu le président de la Voix des Sans Voix pour les droits de l’homme avant d’assister à son exécution depuis son bureau via les caméras de surveillance. C’est de là qu’il verra Chebeya étouffer par des sacs en plastique scotchés sur la tête.

De Bazana dont le corps n’a jamais été retouvé, Paul Mwilambwe souligne qu’il a été tué un peu plus tôt, son corps déshabillé, puis enveloppé dans un imperméable militaire avant d’être enterré dans une fosse commune.

Qu’on se souvienne de ce que la kabilie, à travers sa presse prépayée, s’était employée à livrer à l’opinion une version des faits destinée à faire passer Chebeya pour un délinquant primaire. C’est ainsi que Jean de Dieu Oleko, inspecteur provincial de la police pour la ville de Kinshasa, ne s’était pas offusqué d’affirmer le mercredi 2 juin 2010 que le corps de Chebeya a été retrouvé à Mont Ngafula, sans aucune trace de violence. 

Faisant la description de l’état dans lequel le corps de la victime avait été trouvé par ses services, Oleko ajoutait, toute honte bue que « l’étirette » du pantalon était ouverte, qu’à côté du corps se trouvaient deux préservatifs déjà utilisés et un paquet entier de trois pièces non utilisées, une boite de stimulant Viagra contenant une plaquette de deux comprimés déjà utilisés, deux ongles artificiels et quelques mèches de dames. Kin Kiey Mulumba, patron du Soft, mobutiste converti à la kabilie en déduisait que Chebeya aurait succombé à la suite d’une crise cardiaque. Pouah !

Comme si cela ne suffisait pas, le même Kin Kiey Mulumba, aujourd’hui ministre de PTT de la kabilie, s’employait avec un rare cynisme à dédouaner le pouvoir de toute responsabilité. C’est ainsi qu’au lendemain de l’exécution de Chebeya, l’éditeur du Soft, député de la majorité présidentielle à l’époque, justifiait déjà ce qui apparait aujourd’hui comme un crime d’Etat bien planifié. Le 4 juin 2010, le Soft rapportait que John Numbi ne pouvait être à l’Inspection générale de la police au moment où Chebeya y était entendu (avant d’y être exécuté NDRL). 

Car, il avait passé toute la journée du 2 juin en compagnie de Kabila et de Lumanu Mulenda Bwana Nsefu, vice-premier ministre et ministre PPRD de l’Intérieur, à la ferme de Kingakati, non loin de Menkao, pour une séance de travail en rapport avec la préparation du dispositif sécuritaire à déployer à Kinshasa en prévision des festivités du cinquantenaire de l’indépendance.

Les manœuvres dilatoires de la kabilie ne pouvaient s’arrêter en si bon chemin. Joseph Kabila dépêchera lui-même Pierre Lumbi, son Conseiller spécial en matières spéciales auprès de la famille Chebeya. Et pour cause, demander à la veuve ce qu’elle voulait qu’il fasse pour elle ? Pareille question aurait pu être également posée à la veuve d’Armand Tungulu, à la veuve de Bapuwe Mwamba et aux orphelins de Franck Ngyke pour ne citer qu’eux quand bien même il n’est secret pour personne que le régime d’essence rwandaise au pouvoir à Kinshasa n’a cessé de semer la désolation dans nombre de familles congolaises. Passons !

La réponse d’Annie Chebeya à Kabila via Pierre Lumbi se passe de tout commentaire : « dites au chef de l’Etat, je reconnais qu’il a le pouvoir, les moyens d’arrêter et de sanctionner tous ceux qui ont assassiné mon mari ». Relire à cet effet, l’interview et la lettre ouverte de la veuve Chebeya publiées par Congoone dans son édition du 23 novembre 2010.

En tout état de cause, les révélations du policier en exil Paul Mwilambwe confirment ni plus ni moins les aveux de Daniel Mukalay, colonel de la police nationale cnngolaise et bras droit de John Numbi, rapportés par Congoone dans son édition du dimanche 4 juin 2010, selon lesquels la mort de Floribert Chebeya est due à une torture qui a mal tourné.

Dès lors, s’il se confirme que John Numbi comparaitra mardi prochain au procès Chebeya en appel comme prévenu, il ne fait l’ombre d’aucun doute que la responsabilité de l’auteur intellectuel de l’exécution de Chebeya ne pourra être abordée par un tribunal congolais. Les activistes des droits de l’homme qui se sont confiés à Congoone sont d’avis que cette question sera abordée, en temps utiles, auprès d’un tribunal international quand le commanditaire aura perdu son immunité présidentielle. Suivez mon regard !

En dernière minute, d’autres sources autorisées dont un ancien ministre de la kabilie contactées ce samedi par Congoone à Lubumbashi au sujet de l’arrestation de John Numbi mettent un bémol et parlent plutôt d’une tentative d’arrestation qui a avorté il y a trois jours. 

Selon elles, John Numbi et les soldats rwandais qui le protègent auraient résisté à l’assaut lancé par les militaires dépêchés par Kabila et seraient toujours retranchés dans la ferme de Numbi à Lubumbashi. Auquel cas, John Numbi ne serait qu’un prisonnier en sursis car Kabila qui tient à sauver sa peau ne reculera pas pour s’offrir la tête de son ancien bras qui a négocié avec les généraux Nkunda et Ntandaga. 

Comme par hasard, tous les trois étaient les protégés de Kabila qui semble aujourd’hui prêt à les sacrifier en dépit des services rendus pour consolider son régime policier.

On se rappellera que sentant le sol se dérober sous les pieds, des sources lui ayant confié la volonté de Kabila de le livrer à la justice, John Numbi Banza avait organisé une messe noire de sa tribu dans sa ferme de Lubumbashi le 18 novembre 2010. 

Il s’agissait en fait d’une ultime manœuvre politique destinée à dissuader Kabila de livrer Numbi à la justice dans l’affaire Chebeya. Rapportant cette manifestation, Congoone notait dans son édition du 18 novembre 2010 qu’en mobilisant les Balubakat, John Numbi Banza envoyait un message clair à Kabila Kabange : « je te tiens, tu me tiens où nous coulons ensemble ».

L’avenir risque de nous réserver des surprises.

Justine Mbelu
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4 commentaires:

  1. Fallait s'y attendre. Bientôt la fin d'un cauchemar. Wait and see !

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  2. moi mon problème est de faire comprendre a francois hollande la bêtise qu'il va commette en venant au sommet de la honte à Kinshasa car après ce sommet KABILA aura les coudées franches pour modifier la constitution et se maintenir au pouvoir et lui hollande sera le dindon de la farce et la rumeur se confirmera qu'il n'est qu'un couille molle.

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  3. Peut-on raisonnablement souhaiter le départ J.Kabila? pour le remplacer par qui? En RDC, le choix politique s'est limite à choisir le moins pire des individus, pas le meilleur.

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