mardi 10 décembre 2013

Tentative de balkanisation de la RDC

09/12/2013  

 Un révisionnisme dangereux pour l’Afrique

 
 
Paul KAGAME, Joseph KABILA, Ban KI-MOON et Yoweri MUSEVENI. Addis-Abeba Janvier 2013 


Pour justifier leur entreprise, les partisans de la partition du Congo évoquent à l'appui de leur thèse plusieurs éléments non fondés en droit international. le Congo est trop grand pour être bien dirigé par les congolais, les frontières qui le délimitent sont imparfaites, ces frontières n'ont pas été délimitées naturellement. 


Le Rwanda, le Burundi et l'Ouganda n'ont pas un espace vital viable comparé à celui du Congo. De telles théories basées sur la conquête du Lebensraum de l'espace vital sont intrinsèquement déstabilisatric es et n'ont pas été reçues en droit international comme mode d'acquisition d'un titre de souveraineté. 

Imaginons un seul instant que le Mexique qui réclamerait le Nouveau Mexique, la Californie ou le Texas aux Etats-Unis d'Amérique !!! 

La tentative de balkanisation de la République Démocratique du Congo (RDC) : Un révisionnisme dangereux pour l’Afrique du principe de l’uti possidetis juris. Curieusement, cette incitation au démembrement du Congo contraire aux buts et principes de la Charte des Nations Unies, se fait en parfaite connaissance du principe de l'uti possidetis juris et celui de l'intangibilité des frontières, de la Résolution 1514(xv) « Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux » dont l'article 6 stipule que « toute tentative visant à détruire partiellement ou totalement l'unité nationale et l'intégrité d'un pays est incompatible avec les buts et les principes de la Charte des Nations Unies », de la Résolution 3314 (XXIX) sur la définition de l'agression, de la jurisprudence de la Cour internationale de justice sur l'intangibilité des frontières.

L’Union africaine (UA) a endossé (depuis 2007) un programme dont l’objet est de redéfinir les frontières héritées de la colonisation. But apparent : procéder aux corrections commises en 1885 à Berlin. 


But caché : jouer le jeu des prédateurs de l’Afrique qui ne jurent que sur le contrôle des ressources naturelles du continent noir. L’UA fait fausse route, s’aliène et aliène son âme au nom d’une idéologie étrangère mal cernée.

L’Afrique compte 80 000 km de frontières, mais seules 30% sont précisément démarquées. L’Union africaine (UA) s’est appropriée cet axiome venu de l’Occident et s’est empressée, dès 2007, de concevoir un programme dont la mise en œuvre débutera en 2017. 


Il s’agit du « Programme frontière de l’Union africaine (PFUA) ». L’organisation continentale s’est mise en tête qu’elle a été investie pour redéfinir les frontières africaines.

 Selon des sources citant les experts en charge de cette opération macabre, l’UA voudrait porter des corrections aux erreurs commises dans les tracés définis en 1885.

Nos fameux experts brandissent comme motivations l’arbitraire qui a entouré les tracés dits de Berlin. Ils renchérissent en laissant entendre que les conflits armés et autres rébellions qui endeuillent l’Afrique aujourd’hui seraient liés à ces erreurs. 


Mauvaise lecture des faits


A y regarder de près, l’UA fait fausse route. Elle s’est laissé embrigader par les prédateurs de l’Afrique. Car, dans ses principes, tout comme dans ses objectifs, le PFUA ne profite en aucune manière aux Etats africains. 


Son seul point fort est de réveiller le vieux démon de la division en remettant en cause les frontières tracées en 1885 en marge de la conférence de Berlin.

En réalité, l’UA se fourre le doigt dans l’œil. En croyant résoudre le problème, elle va, au contraire, en créer d’autres et exacerber ceux qui peinent à trouver des solutions durables et ne cessent de mettre en mal la paix, l’équilibre et le développement du continent.

Embarquée dans une aventure dont elle ne connaît ni les tenants ni les aboutissants, l’UA se fourvoie dans le rôle de fossoyeur de ses terres en acceptant le morcellement de ses sociétaires. 


Ailleurs, à l’instar de l’Union européenne, la tendance est au regroupement en de grands ensembles pour une meilleure intégration économique et sociale. Voilà que l’UA est poussée à ramer à contre-courant de cette nouvelle dynamique dans les relations internationales. 

Les dessous des cartes

S’il est vrai que la plupart des guerres en Afrique ont pour base des conflits frontaliers ou ethniques, il faudrait s’interroger sur ceux qui les suscitent et les entretiennent. Par ailleurs, quel intérêt a l’UA à vouloir agiter le couteau dans des plaies qui peinent à se cicatriser ? Cela fait jaser et interpelle.

Le fond du problème c’est encore et toujours les ressources naturelles de l’Afrique. L’Occident est en crise et se bat comme diable dans un bénitier pour s’en sortir. Ne pouvant recourir à une nouvelle colonisation dans le contexte actuel, l’Occident a choisi de nouvelles stratégies pour obtenir les matières premières et maintenir sa domination sur le Tiers monde en général et sur l’Afrique en particulier.

La région des Grands Lacs est dans ce viseur et en première ligne la RDC. Ses voisins, notamment le Rwanda et l’Ouganda, ont été instrumentalisés pour qu’ils lui vouent une animosité du fait de ses richesses. 


Au point que des raisons liées à la faiblesse de leadership politique, à la mauvaise gouvernance et à la violation des droits de l’Homme ont été invoquées pour soutenir sa partition. 

Point besoin de dessin pour comprendre cela, quand on sait que la partie Est de la RDC, frontalière à ces voisins envieux, a toujours été le théâtre des tensions récurrentes entretenues par des seigneurs de guerre et autres rebelles créés de toutes pièces.

Qu’est-ce à dire ? Les soubassements de ce projet de révision des frontières héritées de la colonisation sont et restent d’ordre économique. Malheur et pitié pour ces Africains qui tombent dans ce panneau conçu par les Occidentaux contre l’Afrique. 


Ce sont des négriers des temps modernes ; ils n’arrivent pas à s’émanciper des idéologies occidentales qui les abâtardissent. Faut-il continuer à croire en ce slogan avilissant : ’’Peau noire masques blancs’’ ? (Franz Fanon).

Dans une étude parue à l’édition de mars et avril 2013 de la revue « Manière de voir » sous le titre « Des nations africaines aux contours fragiles », Anne-Cécile Robert pose le problème en ces termes : « Inscrit dans la charte de l’Organisation de l’Unité africaine en 1964, le principe de l’intangibilité des frontières n’a pas empêché le développement d’affrontements territoriaux qui ont affaibli les Etats du continent noir. 


Lesquels se trouvent de surcroît fragilisés par la multiplication des conflits internes à caractère politico-ethnique à partir des années 1990 ». Et de s’interroger par la suite : « Faut-il imaginer un ’’contre-congrès’’ de Berlin ? »

L’Ethiopie et le Soudan ont déjà vécu cette triste expérience. Malgré la déclaration le principe de l’intangibilité des frontières inscrite dans la charte de l’OUA, en mai 1993, l’Ethiopie a été amputée de l’Erythrée. Le Mali a été sauvé de justesse grâce à l’intervention française.

Dans la mise en œuvre de son programme, l’UA a recouru aux archives d’anciennes puissances coloniales. C’est le cas de l’Allemagne (juin 2013), la France (novembre 2013). Quant à la Belgique et au Portugal, ils n’ont pas encore réagi. 


Les documents, indique RFI, correspondent à 45 traités, concernant une vingtaine de pays d’Afrique de l’Ouest, du Nord et de l’Est, pour une période allant de 1845 à 1956.

Pour Aguibou Diarrah, responsable de ce programme, «L’intangibilité des frontières africaine repose sur les archives. Ce sont les frontières héritées de la colonisation. Donc, ces archives sont des documents qui permettront de façon certaine à démarquer ces frontières sans créer de problèmes ».

Au finish, l’objectif avoué est de faire de ces frontières des passerelles pouvant permettre une meilleure intégration dans la perspective d’un important marché d’un million de consommateurs. Mon œil ! 


Partage des ressources


Ce programme s’inscrit dans la logique prônée par l’ex-secrétaire d’Etat américain aux Affaires africaines, Herman Cohen, et relayée plus tard par l’ex-président français, Nicolas Sarkozy.

Selon eux, la paix dans la région des Grands Lacs passait inévitablement par une gestion partagée des ressources naturelles que regorge la RDC. Leur vision est aussi soutenue par Aldo Ajello, ex-représentant spécial de l’Union européenne dans la région des Grands Lacs, dans ses mémoires intitulés : « Le Brasier de l’Afrique ».

Entre le Programme Frontière de l’UA et le vieux projet de balkanisation de la RDC, il n’y a qu’un pas, vite franchi. 


Dans un mémo adressé au défunt président Mobutu, repris par Vangu Mambweni dans : « Guerres préméditées en région des Grands Lacs : rôles et tentacules du Tutsi international power en RDC », M. Rwakabuba Shinga note que «coutumièrement parlant, les terres de Rutshuru et de Goma constituent le domaine foncier exclusif et ancestral des Banyarwanda, à l’exception de la collectivité de Bwito, traditionnellement reconnue aux Bahunde».

En 1981, un collectif, se réclamant Banyamulenge, également cité par Vangu Mambweni, adresse une lettre au secrétaire général des Nations unies, avec copie pour information au secrétaire général de l’OUA. 


Alors que le collectif réclame à ce qu’on reconnaisse collectivement la nationale zaïroise, de l’époque, à tous les Banyamulenge, dans sa lettre, il implore les deux personnalités à « intervenir auprès du gouvernement zaïrois pour que, en accord avec les populations, un référendum de l’autodétermination soit organisée dans les zones de Goma, Rutshuru, Walikale, Masisi, Kalehe et Idjwi qui, après ce référendum sous l’égide des Nations unies et de l’Organisation de l’unité africaine, constitueront un Etat à part qui aura à solliciter sa reconnaissance internationale ».

Plus récemment, écrit Anne-Cécile Robert, M. Nicolas Sarkozy, à quelques semaines d’un voyage en RDC, en 2009 suggérait ce qui suit :

« Il faudra bien qu’à un moment ou à un autre, il y ait un dialogue qui ne soit pas simplement un dialogue conjoncturel, mais un dialogue structurel : comment dans cette région du monde, on partage l’espace, on partage les richesses et on accepte de comprendre que la géographie a ses lois, que les pays changent rarement d’adresse et qu’il faut apprendre à vivre les uns à côté des autres ? »

Anne-Cécile Robert rappelle que « ces déclarations ont suscité l’inquiétude dans la région des Grands Lacs, où on a craint une tentative de redécoupage à l’ancienne ».

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Pour rappel… parce que la mémoire est une faculté qui oublie! 


RDC : problèmes de délimitation de frontières avec l’Angola, l’Ouganda et le Rwanda

Radio Okapi, le 22 septembre, 2012

Les ministres provinciaux de l’intérieur de la RDC s’engagent à réaffirmer les limites du pays et de les doter des technologies de pointe afin de les préserver. Ils l’ont décidé à l’issue de la table-ronde des ministres provinciaux de l’intérieur tenu à Lubumbashi dans la province du Katanga. 


La gestion des frontières nationales et internationales ainsi que la coopération transfrontalière a été au centre de cette réunion. Les problèmes de respect des frontières entre la RDC et l’Angola, l’Ouganda et le Rwanda y ont été évoqués.

La délimitation des frontières avec certains pays pose plusieurs problèmes à la RDC. Les ministres provinciaux de la République démocratique du Congo et leurs experts l’ont reconnu au cours de cette table-ronde. 


Les experts ont cité le cas de la frontière entre la RDC et l’Angola qui fait l’objet des discussions jusqu’à ce jour. Aucun problème ne se pose sur la frontière terrestre longue de plus de 2000 Kilomètres. Il se situe au niveau de la frontière maritime du coté de l’océan atlantique. 

La délimitation de cette frontière n’a jamais eu lieu et la question avait été évoquée en 2009 par le ministre congolais des hydrocarbures. Cela a entamé les relations entre les deux pays. L’enjeu, ici, est l’exploitation du pétrole.

La frontière entre la RDC et l’Ouganda souffre du même problème. Il n’y a aucune démarcation sur le lac Albert.

La frontière entre le Rwanda et la RDC est également un problème. La vérification des frontières, engagée depuis quelques années n’a toujours pas aboutie.

Pour améliorer la gestion des ces zones frontalières, les ministres se sont engagés à réaffirmer les limites du pays et leurs doter de technologies de pointes d’ici à six mois comme l’indique l’un des experts, le professeur Jean Mbayo :

« Il a été demandé à la République de doter ces postes frontaliers des infrastructures minimales permettant qu’il y ait un bon filtrage des mouvements migratoires. Ensuite, il faudra faire en sorte que ces frontières soient délimitées et que, de concerts avec les Etats voisins, l’on trouve des voies et moyens pour que ces limites ne soient pas mouvantes ».

Les assises ont été organisées par le secrétaire général au ministère de l’intérieur.

Ituri : la borne frontière avec l’Ouganda ramenée à plus ou moins 9 kilomètres, à l’intérieur de la RDC, selon l’ADG de l’Ofida

Radio Okapi, le 29 mai 2009


A l’issue d’une visite de travail qu’il a effectuée mercredi à Mahagi, en Ituri, l’administrateur délégué général de l’Office des douanes et accises (Ofida), Deo Rugwiza, a exprimé ses inquiétudes sur l’emplacement actuel de la barrière douanière dans ce territoire. 


Il a constaté que celle-ci est très éloignée de la frontière naturelle entre la RDC et l’Ouganda, rapporte radiookapi.net

Le numéro un de l’Ofida voudrait, donc, rapprocher cette barrière de la frontière réelle qui sépare les deux pays. Cependant selon lui, son initiative est butée à un obstacle. Il l’a expliqué :
« Aujourd’hui, le bureau de la douane se trouve à pratiquement plus ou moins 9 kilomètres de la frontières avec l’Ouganda. L’idéal, c’est de rapprocher ce bureau de la frontière. Mais j’aimerais au passage signaler qu’il m’a été rapporté que la borne qui fait frontière entre nos deux pays, l’Ouganda et la RDC, a été déplacée de la frontière naturelle qui est d’ailleurs un ruisseau qui sépare nos deux pays, vers l’intérieur de notre pays.

Je le dis pour que les autorités qui vont m’entendre puissent vérifier ce cas. Parce que, sinon, ce serait accepter le fait accompli, de dire, voilà, là où se trouve le bureau de l’Ofida, c’est là la réelle frontière, alors que je viens de vous le dire, la borne a été déplacée. L’idéal serait de résoudre cette question très rapidement, avant que nous ne puissions construire nos bureaux à la frontière, réelle et effective. »
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© KongoTimes

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