mercredi 1 janvier 2014

RDC - Paul-Joseph Mukungubila : "Ils nous ont massacrés pour rien"

31/12/2013

 
Le pasteur Paul-Joseph Mukungubila. © DR

Vingt heures après les attaques simultanées de ses "frères" à Kinshasa, Lubumbashi, et Kindu, le pasteur Paul-Joseph Mukungubila livre à Jeune Afrique sa lecture des événements du 30 décembre. Il accuse notamment les autorités congolaises d'avoir "massacré" ses adeptes alors qu'ils n'étaient pas armés, selon lui. Interview.

Plus de 100 personnes tuées en une journée. Kinshasa a revu à la hausse, le 31 décembre, le bilan des attaques de la veille dans la capitale congolaise mais aussi à Lubumbashi et à Kindu commises par un groupe de personnes se réclamant du pasteur Paul-Joseph Mukungubila, candidat malheureux à la présidentielle de 2006 en RDC (0,35% au premier tour).

>> Lire aussi : quatre choses à savoir sur Paul-Joseph Mukungubila

Joint au téléphone par Jeune Afrique, l'investigateur présumé des attaques du 30 décembre s'est dit d'emblée "affecté" par ce lourd bilan. Paul-Joseph Mukungubila, père de "10 ou 12 enfants" (il ne se rappelle plus du "nombre exact"), soutient toutefois qu'il n'y a pas eu de préméditation de la part de ses "frères" qui ont attaqué les différents sites à Kinshasa (le siège de la télévision nationale congolaise, l'aéroport de N'djili et l'état-major de l'armée) et dans les autres villes du pays.

Jeune Afrique : Les personnes qui ont attaqué certains sites, le 30 décembre, à Kinshasa ont déclaré agir en votre nom. Vous reconnaissez-vous dans ces attaques ?

Paul-Joseph Mukungubila : mes frères ont agi ainsi parce que je venais d'être attaqué pour la cinquième fois par le pouvoir en place à Kinshasa. Il me reproche d'avoir écrit récemment deux lettres ouvertes dans lesquelles je dénonce l'imposture de Kanambe [nom attribué à Joseph Kabila, président de la RDC, par certains de ses détracteurs qui ne lui reconnaissent pas la nationalité congolaise, NDRL]. Celui qui est à la tête du pays n'a jamais digéré ma candidature à la présidentielle de 2006 parce qu'il craignait que je dévoile sa vraie identité. Il sait très bien que je suis le frère de Laurent-Désiré Kabila, l'ami de son père. Ce qui s'est passé le 30 décembre était commandité par le pouvoir. Avant-hier [le 29 décembre], les forces de l'ordre ont arrêté des enfants, accusés de distribuer ces lettres ouvertes. Puis, elles ont encerclé la maison d'un autre frère, avant d'attaquer ma résidence à Lubumbashi. C'est ainsi que, pris de colère, mes frères ont attaqué les différents sites à Kinshasa et à Kindu. Ce n'était pas prémédité. Mais un mouvement de colère par des civils non armés.

Pourquoi avoir envoyé vos "frères" dans cette entreprise qualifiée de "suicidaire" par le gouvernement congolais, vu leur nombre et leurs armes.

Nous nous considérons déjà comme morts.


Je ne les ai pas envoyés. C'était un mouvement spontané. Mes frères ont réagi par la colère pour démontrer à cet homme [Joseph Kabila] ce dont nous sommes capables. De toutes les façons, nous nous considérons déjà comme morts.

Le bilan est lourd. Plus de 100 morts selon Kinshasa…

Je suis complément dépassé. Ils nous ont massacrés pour rien. Mes frères étaient en civil et sans armes.

Que répondez-vous à ceux qui soutiennent que les attaques du 30 décembre auraient un rapport avec le récent réaménagement à la tête de la police nationale congolaise ?

Je n'ai pas de problème avec Charles Bisengimana [récemment confirmé chef de la police nationale congolaise, en remplacement du général John Numbi, NDRL]. Mon problème, c'est celui qui se trouve à la tête du pays. Il ne faut pas chercher à changer de sujet.

Étes-vous en contact avec les miliciens indépendantistes Kata Katanga ?

Nullement. Dieu m'a donné la mission de défendre l'ensemble du Congo et non celle de le couper en morceaux.

On vous suspecte pourtant de recruter vos adeptes parmi les anciens miliciens maï-maï démobilisés ?

Ceux qui ont attaqué les différents sites à Kinshasa ne sont pas des anciens miliciens, mais de jeunes gens, étudiants, commerçants. Toutefois, il n'est pas interdit aux anciens combattants maï maï de se convertir et de croire en Dieu. Ils sont les bienvenus dans mon église pour apprendre la parole de Dieu.

Kinshasa dit que vous avez fui. Où êtes-vous en ce moment ?

(Rires). Non, je ne peux pas répondre à cette question pour des raisons de sécurité. ________________________
Propos recueillis par Trésor Kibangula

Jeune Afrique

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire