28 mars 2014
Cela ne concernerait pas encore celle de la République du Congo mais celle de la RDC, surtout en ce qui concerne son article 220, sujet particulièrement sensible.
De vifs débats animent la classe politique congolaise démocratique, bien qu’absolument rien d’officiel n’ait été proclamé à ce sujet. Cependant,l’administration américaine du président Barack Obama représentée par son Envoyé Spécial, Russ Feingold, n’a pas hésité à prendre les devants.
Dans une récente interview accordée à RFI, l’Envoyé Spécial du président américain n’est pas allé par quatre chemins pour interpeller le chef de l’Étatcongolais, Joseph Kabila, mais aussi le rwandais Paul Kagame et le burundais Pierre Nkurunziza par rapport aux velléités de retouche de leurs Constitutions respectives.
« La RDC, le Rwanda et le Burundi se trouvent, en effet, en plein processus électoral et la tentation de modifier la Constitution est grande dans ces trois pays des Grands lacs », a reconnu Russ Feingold.
Et il les invite à respecter leurs Constitutions respectives y compris les dispositions sur la limitation du nombre de mandats. « Ce n’est pas une bonne pratique de modifier la Constitution simplement pour le bénéfice de celui ou de ceux qui sont au pouvoir », a-t-il martelé tout en se réservant de divulguer la réaction américaine si jamais ces trois États venaient à enfreindre cette mise en garde.
« C’est qu’une hypothèse pour le moment. Nous verrons comment y répondre si la situation se présente », a-t-il laissé entendre.Pour lui, cette exhortation tient lieu d’un conseil aux chefs d’État précités qui ont intérêt à respecter leurs Constitutions.
« Ce que j’espère, c’est que chacun de ces dirigeants va voir à quel point c’est important que leur Constitution soit respectée. C’est ce qui va aussi conditionner la manière dont sera perçu leur héritage politique en tant que dirigeants de leurs pays », a-t-il expliqué.
Le respect de la Constitution, dans son entendement, est « très important pour la population pour qu’elle ait l’impression de pouvoir participer et choisir son président ».
Et Russ Feingold d’ajouter qu’il est tout aussi important « pour la réputation internationale de ces pays, de prouver qu’ils peuvent avoir des transitions pacifiques ». Ce qui importe à la fin, a-t-il conclu en s’appuyant sur le credo de Barack Obama, c’est l’avancement du continent noir qui a plus que jamais besoin des institutions fortes plutôt que des hommes forts.
En RDC, au Rwanda, au Burundi et au Congo Brazza, on ne manquera pas de sourire à pareille argumentation tellement décalée par rapport à l’appétit démesuré de conservation du pouvoir des potentats en place.
Mais Russ Feingold,à ne pas en douter, n’a fait que rendre publique la détermination du président américain et on voit mal comment les pays concernés ne pourront pas en tenir compte.Il sera difficile à d’autres pays comme le nôtre, la République du Congo, de faire exception à cette règle que va sans aucun doute imposer Barack Obama au risque de déplaire aux « Sages de la Likouala et aux Sages du Niari » !
Alors que dans l’entourage de l’autocrate congolais, roi de l’Alima, Denis Sassou NGuesso, l’on s’apprêtait à communiquer sur un prochain référendum bâclé pour amener à la modification de notre Constitution de 2002, nul doute que cette nouvelle donne a fait et fera longtemps l’effet d’une douche froide, malgré tous les brasiers qui avaient été consciencieusement allumés en RCA….
Gloire au réveil, même tardif, du président Obama ! Il y avait bien longtemps que nous attendions tous cela. Le nom de Sassou Nguesso n’a pas été encore prononcé. Il appartient maintenant aux démocrates congolais de faire entendre leurs propres voix.
Ils savent désormais qu’il y a quelqu’un dans le Bureau Ovale,à Washington, qui est disposé à les écouter et sûrement à agir en conséquence.
A lire l’intégralité de l’interview sur rfi de Russ Feingold, envoyé spécial des États-Unis pour les Grands Lacs .
RFI : Officiellement, les opérations conjointes Monusco - Armée congolaise contre les FDLR ont été lancées au début du mois. Mais sur le terrain, il n’y a que peu de résultats. Est-ce que vous estimez que suffisamment d’efforts sont faits pour les désarmer ?
Russ Feingold : Je pense que c’est un pas important. Le début de ce qui est, j’espère, une opération sérieuse et durable pour arrêter les FDLR. Les efforts combinés de l’armée congolaise et des FARDC ont porté leurs fruits contre le M23.
Apparemment, c’est aussi le cas contre les ADF-Nalu. Et tous ceux qui travaillent sur cette région pensent que c’est très important que cela soit aussi le cas avec les FDLR.
Le gouvernement rwandais accuse l’armée congolaise d’y mettre de la mauvaise volonté. Le groupe d’experts des Nations unies parle de complicité locale entre officiers congolais et FDLR. Est-ce que vous pensez que le gouvernement congolais est de bonne foi dans cette affaire ?
C’est vraiment essentiel que le gouvernement et l’armée congolaise travaillent avec la Monusco pour empêcher les FDLR de poursuivre les agissements. Il y a déjà une coopération. Mais j’appellerai à plus encore de coopération et de soutien des FARDC à la Monusco.
Tout cela ne peut se faire que conjointement. Mais je crois que le gouvernement, comme la Monusco, s’est engagé à combattre tous les groupes armés dans l’est du Congo, et particulièrement les FDLR.
Un an après sa création, êtes-vous satisfait du travail accompli par la nouvelle brigade d’intervention ?
J’ai été très impressionné par la nouvelle brigade de l’ONU. L’offensive avec l’armée congolaise contre le M23 était très bien menée. Beaucoup de gens d’ailleurs ne croyaient pas son succès possible. Mais c’est le cas.
Il y a aussi une bonne coopération entre la brigade et les FARDC contre un autre groupe meurtrier, les ADF-Nalu qui terrorisaient la population congolaise dans certaines parties de l’est du Congo depuis un moment.
Maintenant, s’assurer que la même chose se produise avec les FDLR est essentiel pour pouvoir continuer de dire que la brigade d’intervention est un succès, qu’elle n’est pas partiale, qu’elle est capable de s’en prendre à tous les groupes armés. Mais je suis optimiste, je pense qu’elle prouvera cela à l’issue des opérations.
Donc, ce que je peux dire, c’est que jusqu’ici, tout va bien. Nous soutenons évidemment le renouvellement de son mandat. La manière dont je le vois, c’est que si l’histoire de la brigade s’écrivait dans un livre, les premiers chapitres étaient très bon, espérons que la suite avec les FDLR le soit aussi.
Il y a très peu d’avancée aujourd’hui au Congo dans la réforme du secteur de la sécurité. Depuis le début de l’année, selon la Monusco, l’essentiel des exactions commises l’ont été par l’armée congolaise. Est-ce que cela vous inquiète ?
Cette réforme est essentielle pour l’avenir de la RDC. Avoir une armée, une police, une justice en lesquels la population peut avoir confiance est important pour parvenir à gouverner le pays.
Cette réforme du secteur de la sécurité doit prévoir le paiement de salaires décents pour les soldats et cela pourrait se faire facilement à travers les systèmes bancaires développés sur les téléphones portables, plutôt que de se retrouver avec des militaires qui ne sont pas payés.
Il faut améliorer la logistique. Mais il faut aussi que ces militaires ou policiers rendent des comptes s’ils commettent des exactions contre la population. Il faut faire plus d’efforts en ce sens.
L’un des exemples, c’est le procès de Minova qui est en cours, des militaires accusés d’avoir commis des viols dans la région de Minova sont jugés. Ce genre de procédure, c’est une partie essentielle de la réforme du secteur de la sécurité.
Vous avez récemment été reçu par le président Kagamé et parmi les sujets qui ont été évoqués, il y avait les attaques dont sont victimes les opposants rwandais en Afrique du Sud. Le département d’Etat américain a fait des déclarations très fortes à ce sujet. Quelle a été la réaction du président Kagamé aux inquiétudes de Washington ?
Ce que je lui ai répété, c’est que nous condamnons l’assassinat de Patrick Karegeya et l’attaque contre la maison du Général Kayumba, deux attaques qui ont eu lieu en Afrique du Sud où les deux vivaient en exil. Je lui ai aussi dit que nous étions inquiets par ce qui apparait comme une succession d’attaques à caractère politique contre des figures rwandaises en exil.
Mais aussi que certaines des déclarations qui ont été faites par les autorités rwandaises, le président Kagamé inclus, sur les conséquences pour ceux qui trahissent le Rwanda nous préoccupent. Une démocratie vivante est une démocratie qui accepte les oppositions pacifiques.
Ca a été mentionné dans nos échanges. On a parlé de deux sujets différents. L’un d’eux, c’était l’ouverture de l’espace politique, la liberté de la presse et la démocratie au Rwanda. Et l’autre, c’est ce schéma qui semble émerger à l’égard d’opposants en Afrique du Sud. Mais nous avons eu une longue et bonne discussion avec le président à ce sujet.
Dans les trois années à venir, il y aura des élections au Congo, Burundi, Rwanda et en Ouganda. Est-ce que les Etats-Unis vont suivre de près ces processus électoraux ?
Oui, nous allons suivre cela de près et nous allons essayer d’être aussi cohérents que possible avec ce que nous défendons dans nos prises de positions. Et c’est pourquoi nous appellerons instamment la RDC et ses voisins à respecter leurs Constitutions et cela inclut les dispositions sur la limitation du nombre de mandats.
Le président Obama a dit que ce dont l’Afrique avait besoin, ce n’était pas d’hommes forts, mais d’institutions fortes. Je l’ai dit publiquement et dans la plupart de ces capitales, ce n’est pas une bonne pratique de modifier la Constitution simplement pour le bénéfice de celui ou de ceux qui sont au pouvoir.
Les présidents Kabila, Kagame et Nkurunziza en sont à leurs derniers mandats selon leurs Constitutions respectives. Comment réagiraient les Etats-Unis s’ils modifiaient d’une quelconque manière leurs Constitutions pour rester au pouvoir ?
Ce n’est qu’une hypothèse pour le moment. Nous verrons comment y répondre si la situation se présente.
Mais je tiens à répéter ce en quoi nous croyons : c’est notre expérience et notre conseil à nos amis dans ces pays, le respect de la Constitution est important, très important pour la population pour qu’elle ait l’impression de pouvoir participer et choisir son président, très important aussi pour la réputation internationale de ces pays, de prouver qu’ils peuvent avoir des transitions pacifiques.
Ce que j’espère, c’est que chacun de ces dirigeants va voir à quel point c’est important que leur Constitution soit respectée. C’est ce qui va aussi conditionner la manière dont sera perçu leur héritage politique en tant que dirigeants de leurs pays.
Vous souteniez l’idée de l’importance d’un dialogue entre les chefs d’Etat des pays de la région. Où en est cette initiative ?
C’est un succès, nous sommes ravis qu’au sommet de la CIRGL, la conférence internationale sur la région des Grands Lacs, à Luanda en janvier, la présidence de l’organisation soit revenue au président Dos Santos d’Angola.
Il a immédiatement pris la décision de s’engager dans cette direction en posant des jalons pour créer justement cet espace de dialogue dont la région a besoin. Il a réuni les présidents du Rwanda, de la RDC, de l’Ouganda et même de l’Afrique du Sud.
Et maintenant, il y a des suites significatives, d’abord pour régler le problème des FDLR. Ce que j’espère et je pense que c’est aussi le souhait des chefs d’Etat de la région que ce dialogue au niveau des chefs d’Etat continue pour régler d’autres problèmes, comme les entraves au retour des réfugiés, la création d’opportunités économiques, la sécurité aux frontières, tout ce qui est à l’origine des problèmes dans l’est du Congo.
En quelques mois, on est passé d’un accord-cadre avec des objectifs à un dialogue plus substantiel et essentiel entre les dirigeants des pays de la région. Tous les envoyés spéciaux de la communauté internationale ont encouragé ce processus. Et je félicite les présidents de la région et particulièrement le président Dos Santos pour faire des pas dans la bonne direction.
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Rigobert OSSEBI
Cela ne concernerait pas encore celle de la République du Congo mais celle de la RDC, surtout en ce qui concerne son article 220, sujet particulièrement sensible.
De vifs débats animent la classe politique congolaise démocratique, bien qu’absolument rien d’officiel n’ait été proclamé à ce sujet. Cependant,l’administration américaine du président Barack Obama représentée par son Envoyé Spécial, Russ Feingold, n’a pas hésité à prendre les devants.
Dans une récente interview accordée à RFI, l’Envoyé Spécial du président américain n’est pas allé par quatre chemins pour interpeller le chef de l’Étatcongolais, Joseph Kabila, mais aussi le rwandais Paul Kagame et le burundais Pierre Nkurunziza par rapport aux velléités de retouche de leurs Constitutions respectives.
« La RDC, le Rwanda et le Burundi se trouvent, en effet, en plein processus électoral et la tentation de modifier la Constitution est grande dans ces trois pays des Grands lacs », a reconnu Russ Feingold.
Et il les invite à respecter leurs Constitutions respectives y compris les dispositions sur la limitation du nombre de mandats. « Ce n’est pas une bonne pratique de modifier la Constitution simplement pour le bénéfice de celui ou de ceux qui sont au pouvoir », a-t-il martelé tout en se réservant de divulguer la réaction américaine si jamais ces trois États venaient à enfreindre cette mise en garde.
« C’est qu’une hypothèse pour le moment. Nous verrons comment y répondre si la situation se présente », a-t-il laissé entendre.Pour lui, cette exhortation tient lieu d’un conseil aux chefs d’État précités qui ont intérêt à respecter leurs Constitutions.
« Ce que j’espère, c’est que chacun de ces dirigeants va voir à quel point c’est important que leur Constitution soit respectée. C’est ce qui va aussi conditionner la manière dont sera perçu leur héritage politique en tant que dirigeants de leurs pays », a-t-il expliqué.
Le respect de la Constitution, dans son entendement, est « très important pour la population pour qu’elle ait l’impression de pouvoir participer et choisir son président ».
Et Russ Feingold d’ajouter qu’il est tout aussi important « pour la réputation internationale de ces pays, de prouver qu’ils peuvent avoir des transitions pacifiques ». Ce qui importe à la fin, a-t-il conclu en s’appuyant sur le credo de Barack Obama, c’est l’avancement du continent noir qui a plus que jamais besoin des institutions fortes plutôt que des hommes forts.
En RDC, au Rwanda, au Burundi et au Congo Brazza, on ne manquera pas de sourire à pareille argumentation tellement décalée par rapport à l’appétit démesuré de conservation du pouvoir des potentats en place.
Mais Russ Feingold,à ne pas en douter, n’a fait que rendre publique la détermination du président américain et on voit mal comment les pays concernés ne pourront pas en tenir compte.Il sera difficile à d’autres pays comme le nôtre, la République du Congo, de faire exception à cette règle que va sans aucun doute imposer Barack Obama au risque de déplaire aux « Sages de la Likouala et aux Sages du Niari » !
Alors que dans l’entourage de l’autocrate congolais, roi de l’Alima, Denis Sassou NGuesso, l’on s’apprêtait à communiquer sur un prochain référendum bâclé pour amener à la modification de notre Constitution de 2002, nul doute que cette nouvelle donne a fait et fera longtemps l’effet d’une douche froide, malgré tous les brasiers qui avaient été consciencieusement allumés en RCA….
Gloire au réveil, même tardif, du président Obama ! Il y avait bien longtemps que nous attendions tous cela. Le nom de Sassou Nguesso n’a pas été encore prononcé. Il appartient maintenant aux démocrates congolais de faire entendre leurs propres voix.
Ils savent désormais qu’il y a quelqu’un dans le Bureau Ovale,à Washington, qui est disposé à les écouter et sûrement à agir en conséquence.
A lire l’intégralité de l’interview sur rfi de Russ Feingold, envoyé spécial des États-Unis pour les Grands Lacs .
RFI : Officiellement, les opérations conjointes Monusco - Armée congolaise contre les FDLR ont été lancées au début du mois. Mais sur le terrain, il n’y a que peu de résultats. Est-ce que vous estimez que suffisamment d’efforts sont faits pour les désarmer ?
Russ Feingold : Je pense que c’est un pas important. Le début de ce qui est, j’espère, une opération sérieuse et durable pour arrêter les FDLR. Les efforts combinés de l’armée congolaise et des FARDC ont porté leurs fruits contre le M23.
Apparemment, c’est aussi le cas contre les ADF-Nalu. Et tous ceux qui travaillent sur cette région pensent que c’est très important que cela soit aussi le cas avec les FDLR.
Le gouvernement rwandais accuse l’armée congolaise d’y mettre de la mauvaise volonté. Le groupe d’experts des Nations unies parle de complicité locale entre officiers congolais et FDLR. Est-ce que vous pensez que le gouvernement congolais est de bonne foi dans cette affaire ?
C’est vraiment essentiel que le gouvernement et l’armée congolaise travaillent avec la Monusco pour empêcher les FDLR de poursuivre les agissements. Il y a déjà une coopération. Mais j’appellerai à plus encore de coopération et de soutien des FARDC à la Monusco.
Tout cela ne peut se faire que conjointement. Mais je crois que le gouvernement, comme la Monusco, s’est engagé à combattre tous les groupes armés dans l’est du Congo, et particulièrement les FDLR.
Un an après sa création, êtes-vous satisfait du travail accompli par la nouvelle brigade d’intervention ?
J’ai été très impressionné par la nouvelle brigade de l’ONU. L’offensive avec l’armée congolaise contre le M23 était très bien menée. Beaucoup de gens d’ailleurs ne croyaient pas son succès possible. Mais c’est le cas.
Il y a aussi une bonne coopération entre la brigade et les FARDC contre un autre groupe meurtrier, les ADF-Nalu qui terrorisaient la population congolaise dans certaines parties de l’est du Congo depuis un moment.
Maintenant, s’assurer que la même chose se produise avec les FDLR est essentiel pour pouvoir continuer de dire que la brigade d’intervention est un succès, qu’elle n’est pas partiale, qu’elle est capable de s’en prendre à tous les groupes armés. Mais je suis optimiste, je pense qu’elle prouvera cela à l’issue des opérations.
Donc, ce que je peux dire, c’est que jusqu’ici, tout va bien. Nous soutenons évidemment le renouvellement de son mandat. La manière dont je le vois, c’est que si l’histoire de la brigade s’écrivait dans un livre, les premiers chapitres étaient très bon, espérons que la suite avec les FDLR le soit aussi.
Il y a très peu d’avancée aujourd’hui au Congo dans la réforme du secteur de la sécurité. Depuis le début de l’année, selon la Monusco, l’essentiel des exactions commises l’ont été par l’armée congolaise. Est-ce que cela vous inquiète ?
Cette réforme est essentielle pour l’avenir de la RDC. Avoir une armée, une police, une justice en lesquels la population peut avoir confiance est important pour parvenir à gouverner le pays.
Cette réforme du secteur de la sécurité doit prévoir le paiement de salaires décents pour les soldats et cela pourrait se faire facilement à travers les systèmes bancaires développés sur les téléphones portables, plutôt que de se retrouver avec des militaires qui ne sont pas payés.
Il faut améliorer la logistique. Mais il faut aussi que ces militaires ou policiers rendent des comptes s’ils commettent des exactions contre la population. Il faut faire plus d’efforts en ce sens.
L’un des exemples, c’est le procès de Minova qui est en cours, des militaires accusés d’avoir commis des viols dans la région de Minova sont jugés. Ce genre de procédure, c’est une partie essentielle de la réforme du secteur de la sécurité.
Vous avez récemment été reçu par le président Kagamé et parmi les sujets qui ont été évoqués, il y avait les attaques dont sont victimes les opposants rwandais en Afrique du Sud. Le département d’Etat américain a fait des déclarations très fortes à ce sujet. Quelle a été la réaction du président Kagamé aux inquiétudes de Washington ?
Ce que je lui ai répété, c’est que nous condamnons l’assassinat de Patrick Karegeya et l’attaque contre la maison du Général Kayumba, deux attaques qui ont eu lieu en Afrique du Sud où les deux vivaient en exil. Je lui ai aussi dit que nous étions inquiets par ce qui apparait comme une succession d’attaques à caractère politique contre des figures rwandaises en exil.
Mais aussi que certaines des déclarations qui ont été faites par les autorités rwandaises, le président Kagamé inclus, sur les conséquences pour ceux qui trahissent le Rwanda nous préoccupent. Une démocratie vivante est une démocratie qui accepte les oppositions pacifiques.
Ca a été mentionné dans nos échanges. On a parlé de deux sujets différents. L’un d’eux, c’était l’ouverture de l’espace politique, la liberté de la presse et la démocratie au Rwanda. Et l’autre, c’est ce schéma qui semble émerger à l’égard d’opposants en Afrique du Sud. Mais nous avons eu une longue et bonne discussion avec le président à ce sujet.
Dans les trois années à venir, il y aura des élections au Congo, Burundi, Rwanda et en Ouganda. Est-ce que les Etats-Unis vont suivre de près ces processus électoraux ?
Oui, nous allons suivre cela de près et nous allons essayer d’être aussi cohérents que possible avec ce que nous défendons dans nos prises de positions. Et c’est pourquoi nous appellerons instamment la RDC et ses voisins à respecter leurs Constitutions et cela inclut les dispositions sur la limitation du nombre de mandats.
Le président Obama a dit que ce dont l’Afrique avait besoin, ce n’était pas d’hommes forts, mais d’institutions fortes. Je l’ai dit publiquement et dans la plupart de ces capitales, ce n’est pas une bonne pratique de modifier la Constitution simplement pour le bénéfice de celui ou de ceux qui sont au pouvoir.
Les présidents Kabila, Kagame et Nkurunziza en sont à leurs derniers mandats selon leurs Constitutions respectives. Comment réagiraient les Etats-Unis s’ils modifiaient d’une quelconque manière leurs Constitutions pour rester au pouvoir ?
Ce n’est qu’une hypothèse pour le moment. Nous verrons comment y répondre si la situation se présente.
Mais je tiens à répéter ce en quoi nous croyons : c’est notre expérience et notre conseil à nos amis dans ces pays, le respect de la Constitution est important, très important pour la population pour qu’elle ait l’impression de pouvoir participer et choisir son président, très important aussi pour la réputation internationale de ces pays, de prouver qu’ils peuvent avoir des transitions pacifiques.
Ce que j’espère, c’est que chacun de ces dirigeants va voir à quel point c’est important que leur Constitution soit respectée. C’est ce qui va aussi conditionner la manière dont sera perçu leur héritage politique en tant que dirigeants de leurs pays.
Vous souteniez l’idée de l’importance d’un dialogue entre les chefs d’Etat des pays de la région. Où en est cette initiative ?
C’est un succès, nous sommes ravis qu’au sommet de la CIRGL, la conférence internationale sur la région des Grands Lacs, à Luanda en janvier, la présidence de l’organisation soit revenue au président Dos Santos d’Angola.
Il a immédiatement pris la décision de s’engager dans cette direction en posant des jalons pour créer justement cet espace de dialogue dont la région a besoin. Il a réuni les présidents du Rwanda, de la RDC, de l’Ouganda et même de l’Afrique du Sud.
Et maintenant, il y a des suites significatives, d’abord pour régler le problème des FDLR. Ce que j’espère et je pense que c’est aussi le souhait des chefs d’Etat de la région que ce dialogue au niveau des chefs d’Etat continue pour régler d’autres problèmes, comme les entraves au retour des réfugiés, la création d’opportunités économiques, la sécurité aux frontières, tout ce qui est à l’origine des problèmes dans l’est du Congo.
En quelques mois, on est passé d’un accord-cadre avec des objectifs à un dialogue plus substantiel et essentiel entre les dirigeants des pays de la région. Tous les envoyés spéciaux de la communauté internationale ont encouragé ce processus. Et je félicite les présidents de la région et particulièrement le président Dos Santos pour faire des pas dans la bonne direction.
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Rigobert OSSEBI
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