jeudi 13 mars 2014

La brouille diplomatique s’amplifie entre Kigali et Pretoria

le 13-03-2014

 
Il y a deux jours, Jacob Zuma, le président sud-africain, avait tenté de minimiser l'ampleur de la discorde.REUTERS/Siphiwe Sibeko

La tension monte entre l’Afrique du Sud et le Rwanda, suite à l’expulsion croisée, la semaine dernière, de diplomates des deux pays. Hier, mercredi 12 mars, pour la première fois, le gouvernement sud-africain s’est expliqué. 

Son ministre de la Justice, Jeff Radebe, a mis en garde Kigali : « L’Afrique du Sud ne doit pas être utilisée comme un tremplin pour mener des activités illégales ». Une déclaration qui a aussitôt suscité une réaction rwandaise dans la soirée.

Au départ de cette brouille, l’Afrique du Sud avait expulsé trois diplomates rwandais après l’attaque de la résidence d’un ex-général rwandais, un opposant à Kigali, qui vit en exil dans le pays.

Et les derniers propos du ministre de la Justice sont très forts, les accusations très précises. C’est la première fois que Pretoria fait publiquement le lien entre les diplomates rwandais en poste en Afrique du Sud et l’assassinat de l’opposant rwandais Patrick Karegeya en début d’année à Johannesburg, ainsi que les tentatives d’assassinat contre le général Kayumba.

« La décision d’expulser était basée sur des activités illégales sur le territoire sud-africain, des tentatives de meurtres sur des citoyens rwandais, ainsi qu’un assassinat », a ainsi déclaré le ministre sud-africain de la Justice, Jeff Radebe. On ne peut être plus clair.

Affaire transférée

Il s’agit quand même d’une violation de la souveraineté d’un pays puisque le régime rwandais est accusé de s’attaquer à des citoyens rwandais ayant le statut d’exilé en Afrique du Sud. 

D’ailleurs, l’affaire a été transférée du ministère des Affaires étrangères à un petit groupe de ministres, dont ceux de la Justice, de la Défense ou encore de la Police.

Mais en même temps, Pretoria ne veut surtout pas que l’affaire prenne trop d’ampleur. 

D’où la petite phrase du président sud-africain Jacob Zuma, il y a deux jours : « Même les démocraties les plus avancées ont des désaccords et la situation entre l’Afrique du Sud et le Rwanda n’est pas unique. » 

L’Afrique du Sud ne veut surtout pas trop se brouiller avec Kigali : Pretoria a beaucoup d’intérêts en Afrique centrale.

■ VU DU RWANDA : le régime rwandais campe sur ses positions

Pour ce qui est des explications, la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, préfère pour l'instant tweeter : « De bonnes relations diplomatiques seraient plus faciles si l'Afrique du Sud faisait quelque chose contre les activités illégales sur son sol des réfugiés rwandais qu'elle protège. »

« Les fugitifs rwandais continuent de se livrer à des activités terroristes contre leur pays d'origine. En dépit des promesses répétées de Pretoria, le problème reste non résolu », poursuit Louise Mushikiwabo. 

Et de conclure : « L'expulsion par l'Afrique du Sud de Rwandais respectueux de la loi a été une erreur et le Rwanda a le droit de rendre la pareille. »

Positions opposées

Il y a donc deux positions officielles opposées. Si Pretoria dit avoir des preuves de l'implication des diplomates rwandais expulsés dans des activités criminelles, Kigali rétorque que l'Afrique du Sud abrite sur son sol des personnes condamnées pour des activités terroristes.

Les autorités rwandaises avait même demandé l'extradition de deux d'entre eux : Patrick Karegeya, et Kayumba Nyamwasa dont la maison a été attaquée la semaine dernière. Deux hommes qui avaient été jugés par contumace et condamnés pour des attaques à la grenade.

Ce que Kigali essaie de démontrer depuis des mois, ce sont les liens entre le RNC, le mouvement de Karegeya et Nyamwasa, et les FDLR, le groupe armé qui sévit dans l'est de la RDC, et ennemi juré du régime de Kagame. 

C'est tout l'objet du procès de la terreur ouvert par la justice rwandaise et qui doit reprendre au mois de mai.

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