samedi, avril 19, 2014
Dans un entretien à la Voix de l’Amérique, l’émissaire américaine pour la région des Grands Lacs revient sur les débats qui agitent ces deux pays en vue des prochaines élections présidentielles.
Russ Feingold invite la RDC à accélérer la stabilisation des zones pacifiées dans l'Est de la RDC.
Russ Feingold
Quel bilan dressez-vous de votre voyage récent dans la région, notamment la République Démocratique du Congo ?
Russ Feingold : "Suite à l’accord d’Addis-Abeba en 2013, les pays de la région se sont engagés à désarmer les groupes armés qui déstabilisent la région, en particulier l’Est de la RDC. Nous avons réussi à rendre le M23 inactif. De grands efforts sont en cours contre les ADF. Il faut une action forte de la part de la Monusco et des FARDC contre les FDLR. Il faut maintenant renforcer la stabilisation des zones qui ont été libérées des groupes armes. On ne peut pas les laisser libres pour que d’autres groupes viennent s’y implanter."
Le M23 ne mène donc plus aucune activité militaire sur le terrain ?
Russ Feingold : "C’est exact. Le M23 a rendu ses armes. Et abandonne la rébellion. La plupart de ses membres sont dans des camps en Ouganda et au Rwanda. Ils sont censés rentrer en RDC dans le cadre du DDR."
Que faire de Sultani Makenga qui ne semble pas inquiété en Ouganda ?
Russ Feingold : "Cela doit faire partie du processus né de la déclaration de Nairobi. Au sommet approprié."
Etes-vous satisfait du rythme des opérations contre les FDLR qui semblent au point mort ?
Russ Feingold : "Il faut une action forte contre les FDLR. La Monusco et la brigade d’intervention sont impatients et capables de le faire. Les FARDC doivent donner le feu vert pour mener ces opérations. Cela doit être fait dans un futur proche. J’en ai parlé récemment avec le président Kabila. C’est LA priorité militaire."
Quel regard portez-vous sur la situation politique en RDC ?
Russ Feingold : "Le pays doit pouvoir se défendre et se gouverner lui-même. Cela signifie des élections libres, transparentes et équitables."
Et le débat autour d’une possible candidature de Joseph Kabila en 2016 ?
Russ Feingold : "Il n’y a pas de débat. La constitution est claire : le président le peut faire que deux mandats. Cela doit être respecté. La constitution ne doit pas être changée par quiconque est au pouvoir. Je pense que c’est une mauvaise pratique. C’est important que les élections locales, provinciales et présidentielle soient achevées d’ici 2016 dans le respect de la constitution."
Quel est votre avis sur une éventuelle diminution des effectifs de la Monusco ?
Russ Feingold : "Cela serait une erreur. Cela ne marcherait pas si on ne maintenait que la brigade d’intervention qui a besoin du soutien de la Monusco. C’est une seule et même force."
Mais cette force onusienne coûte cher, en particulier aux contribuables américains ?
Russ Feingold : "Il n’y a aucun doute que cela coûte cher et ne peut durer indéfiniment. Au vue des succès actuels de la Monusco et de la brigade d’intervention, ce n’est certainement pas le moment de réduire la mission."
Etes-vous inquiet de la situation au Burundi ?
Russ Feingold : "Nous sommes très préoccupés. Franchement, les choses ne vont pas dans le bon sens concernant l’ouverture de l’espace politique. J’ai rencontré deux fois le président Nkurunziza. Je lui ai fait part de nos préoccupations de voir l’opposition politique parfois réprimée. Washington et nos partenaires dans le monde pensent que la situation au Burundi doit changer. Il faut des élections libres et transparentes, plus de libertés pour l’opposition, etc. Nous continuerons de parler au gouvernement burundais pour qu’il poursuive les progrès réalisés dans le passé. 2015 ne doit pas être un retour en arrière."
Le président Nkurunziza pourrait se représenter en changeant la constitution.
Qu’en pensez-vous ?
Russ Feingold : "Je pense que personne ne doit changer la constitution pour prolonger son temps au pouvoir. Ce n’est pas une idée."
Propos recueillis par Nicolas Pinault
Dans un entretien à la Voix de l’Amérique, l’émissaire américaine pour la région des Grands Lacs revient sur les débats qui agitent ces deux pays en vue des prochaines élections présidentielles.
Russ Feingold
Quel bilan dressez-vous de votre voyage récent dans la région, notamment la République Démocratique du Congo ?
Russ Feingold : "Suite à l’accord d’Addis-Abeba en 2013, les pays de la région se sont engagés à désarmer les groupes armés qui déstabilisent la région, en particulier l’Est de la RDC. Nous avons réussi à rendre le M23 inactif. De grands efforts sont en cours contre les ADF. Il faut une action forte de la part de la Monusco et des FARDC contre les FDLR. Il faut maintenant renforcer la stabilisation des zones qui ont été libérées des groupes armes. On ne peut pas les laisser libres pour que d’autres groupes viennent s’y implanter."
Le M23 ne mène donc plus aucune activité militaire sur le terrain ?
Russ Feingold : "C’est exact. Le M23 a rendu ses armes. Et abandonne la rébellion. La plupart de ses membres sont dans des camps en Ouganda et au Rwanda. Ils sont censés rentrer en RDC dans le cadre du DDR."
Que faire de Sultani Makenga qui ne semble pas inquiété en Ouganda ?
Russ Feingold : "Cela doit faire partie du processus né de la déclaration de Nairobi. Au sommet approprié."
Etes-vous satisfait du rythme des opérations contre les FDLR qui semblent au point mort ?
Russ Feingold : "Il faut une action forte contre les FDLR. La Monusco et la brigade d’intervention sont impatients et capables de le faire. Les FARDC doivent donner le feu vert pour mener ces opérations. Cela doit être fait dans un futur proche. J’en ai parlé récemment avec le président Kabila. C’est LA priorité militaire."
Quel regard portez-vous sur la situation politique en RDC ?
Russ Feingold : "Le pays doit pouvoir se défendre et se gouverner lui-même. Cela signifie des élections libres, transparentes et équitables."
Et le débat autour d’une possible candidature de Joseph Kabila en 2016 ?
Russ Feingold : "Il n’y a pas de débat. La constitution est claire : le président le peut faire que deux mandats. Cela doit être respecté. La constitution ne doit pas être changée par quiconque est au pouvoir. Je pense que c’est une mauvaise pratique. C’est important que les élections locales, provinciales et présidentielle soient achevées d’ici 2016 dans le respect de la constitution."
Quel est votre avis sur une éventuelle diminution des effectifs de la Monusco ?
Russ Feingold : "Cela serait une erreur. Cela ne marcherait pas si on ne maintenait que la brigade d’intervention qui a besoin du soutien de la Monusco. C’est une seule et même force."
Mais cette force onusienne coûte cher, en particulier aux contribuables américains ?
Russ Feingold : "Il n’y a aucun doute que cela coûte cher et ne peut durer indéfiniment. Au vue des succès actuels de la Monusco et de la brigade d’intervention, ce n’est certainement pas le moment de réduire la mission."
Etes-vous inquiet de la situation au Burundi ?
Russ Feingold : "Nous sommes très préoccupés. Franchement, les choses ne vont pas dans le bon sens concernant l’ouverture de l’espace politique. J’ai rencontré deux fois le président Nkurunziza. Je lui ai fait part de nos préoccupations de voir l’opposition politique parfois réprimée. Washington et nos partenaires dans le monde pensent que la situation au Burundi doit changer. Il faut des élections libres et transparentes, plus de libertés pour l’opposition, etc. Nous continuerons de parler au gouvernement burundais pour qu’il poursuive les progrès réalisés dans le passé. 2015 ne doit pas être un retour en arrière."
Le président Nkurunziza pourrait se représenter en changeant la constitution.
Qu’en pensez-vous ?
Russ Feingold : "Je pense que personne ne doit changer la constitution pour prolonger son temps au pouvoir. Ce n’est pas une idée."
Propos recueillis par Nicolas Pinault
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