le 30 mai 2014
Vladimir Poutine et Hu Jintao, en Chine. (Mark Ralston/AP/SIPA)
J’entends de plus en plus d’Africains dire que l’alternative pour le continent africain, c’est la Chine. Maintenant on ajoute aussi la Russie. Un frère du Cameroun m’a demandé ce que je pense de la rivalité sino-américaine.
Je lui ai répondu qu’il n’y avait rien de nouveau sous le soleil. Rien de plus normal. « Êtes-vous sérieux M. MBEKO ? »
Et moi de répondre : « Oui cher monsieur ». Le problème est que beaucoup d’Africains fantasment beaucoup sur cette rivalité. Le professeur Pougala en est devenu le spécialiste. La Chine a fait ceci, elle a fait cela, elle a mit l’Occident chaos…
Honnêtement, j’apprécie certains papiers du professeur Jean-Paul Pougala, mais je considère qu’il fait de la géostratégie sans maitriser la géopolitique de l’État profond américain.
J’insiste : État profond américain. Les rivalités entre puissances sont une réalité et elles sont normales. La rivalité sino-américaine n’est pas différente de la guerre froide. Une escroquerie et une réalité.
Mais ce qu’il faut que Pougala et ses adeptes comprennent, c’est que ce n’est pas la Chine qui est en guerre contre les États-Unis, mais bien les États-Unis qui se sont fabriqué, comme au temps de la guerre froide, un ennemi imaginaire pour justifier les politiques de l’État profond américain. Vous pensez que je dis une chose et son contraire. Peut-être. C’est cela la géopolitique au plus haut niveau.
Voilà pourquoi je parle de l’État profond. Celui-là même qui combattait le communisme en investissant massivement en Russie, combattait le nazisme en soutenant la machine de guerre hitlérienne, combat le terrorisme en soutenant les mouvements terroristes, combat la Chine en délocalisant ses entreprises dans cette même Chine, rivalise avec la Chine en Afrique alors qu’il s’entretient avec elle souvent dans le cadre du partenariat sino-américain sur l’Afrique, rivalise avec la Chine en sous-traitant une partie de l’industrie technologique militaire aux entreprises chinoises…On peut continuer comme ça sans s’arrêter.
Le frère camerounais m’a dit : « Avouez que la Chine est quand même trop forte. Aujourd’hui, même les Américains ne peuvent plus se passer des produits chinois […] ».
Et moi de répondre : « Oui mais les Américains consomment les produits américains fabriqués en Chine. Nuance ».
Pour finir, je lui ai posé la question : « Quelle différence y a-t-il entre la Chine et les USA ? »
Avant qu’il ne réponde, j’ai répondu : « Ce sont tous deux des pays capitalistes qui parlent la langue de l’économie de marché ». Comprenne qui pourra.
Oui. S’il faut signer des partenariats stratégiques, mieux vaut le faire avec la Chine qu’avec l’Occident, mais n’empêche que l’alternative aux problèmes des Africains, ce sont les Africains eux-mêmes.
Sur ce, je bois mon lait…
____________
Patrick Mbeko
Auteur / Analyste des questions géopolitiques
Vladimir Poutine et Hu Jintao, en Chine. (Mark Ralston/AP/SIPA)
J’entends de plus en plus d’Africains dire que l’alternative pour le continent africain, c’est la Chine. Maintenant on ajoute aussi la Russie. Un frère du Cameroun m’a demandé ce que je pense de la rivalité sino-américaine.
Je lui ai répondu qu’il n’y avait rien de nouveau sous le soleil. Rien de plus normal. « Êtes-vous sérieux M. MBEKO ? »
Et moi de répondre : « Oui cher monsieur ». Le problème est que beaucoup d’Africains fantasment beaucoup sur cette rivalité. Le professeur Pougala en est devenu le spécialiste. La Chine a fait ceci, elle a fait cela, elle a mit l’Occident chaos…
Honnêtement, j’apprécie certains papiers du professeur Jean-Paul Pougala, mais je considère qu’il fait de la géostratégie sans maitriser la géopolitique de l’État profond américain.
J’insiste : État profond américain. Les rivalités entre puissances sont une réalité et elles sont normales. La rivalité sino-américaine n’est pas différente de la guerre froide. Une escroquerie et une réalité.
Mais ce qu’il faut que Pougala et ses adeptes comprennent, c’est que ce n’est pas la Chine qui est en guerre contre les États-Unis, mais bien les États-Unis qui se sont fabriqué, comme au temps de la guerre froide, un ennemi imaginaire pour justifier les politiques de l’État profond américain. Vous pensez que je dis une chose et son contraire. Peut-être. C’est cela la géopolitique au plus haut niveau.
Voilà pourquoi je parle de l’État profond. Celui-là même qui combattait le communisme en investissant massivement en Russie, combattait le nazisme en soutenant la machine de guerre hitlérienne, combat le terrorisme en soutenant les mouvements terroristes, combat la Chine en délocalisant ses entreprises dans cette même Chine, rivalise avec la Chine en Afrique alors qu’il s’entretient avec elle souvent dans le cadre du partenariat sino-américain sur l’Afrique, rivalise avec la Chine en sous-traitant une partie de l’industrie technologique militaire aux entreprises chinoises…On peut continuer comme ça sans s’arrêter.
Le frère camerounais m’a dit : « Avouez que la Chine est quand même trop forte. Aujourd’hui, même les Américains ne peuvent plus se passer des produits chinois […] ».
Et moi de répondre : « Oui mais les Américains consomment les produits américains fabriqués en Chine. Nuance ».
Pour finir, je lui ai posé la question : « Quelle différence y a-t-il entre la Chine et les USA ? »
Avant qu’il ne réponde, j’ai répondu : « Ce sont tous deux des pays capitalistes qui parlent la langue de l’économie de marché ». Comprenne qui pourra.
Oui. S’il faut signer des partenariats stratégiques, mieux vaut le faire avec la Chine qu’avec l’Occident, mais n’empêche que l’alternative aux problèmes des Africains, ce sont les Africains eux-mêmes.
Sur ce, je bois mon lait…
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Patrick Mbeko
Auteur / Analyste des questions géopolitiques
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