mardi 20 mai 2014

Rwanda : une atmosphère de fin de règne à Kigali ?

Mardi 20 mai 2014


Paul Kagame_Londres 2012_photo wikipédia

Les vingt ans de règne sans partage de Paul Kagame et de son groupe qui se sont emparés du Rwanda en 1994 semblent avoir été complètement usés par ce pouvoir et même que cette usure du pouvoir semble avoir ouvert les yeux aux puissances qui ont créé ce monstre et qui ont tout fait pour l’installer à Kigali et surtout l’y maintenir 20 ans durant, au prix des millions de morts au Rwanda même comme dans toute la région.

Des signes qui ne trompent pas

Depuis quelques temps, le culte de la personnalité à Paul Kagame qui, jusqu’ici se faisait de manière feutrée, est devenue une obligation pour chaque haute personnalité politique du pays. 

C’est ainsi que chaque ministre, chaque ambassadeur, se doit, au début de son discours et à n’importe quelle circonstance, louer « Son Excellence le Kagame pour avoir créé le Rwanda ». 

Dernièrement, on a entendu un ancien Chef d’Etat-Major tombé en disgrâce et envoyé en Chine comme ambassadeur, être obligé de déclarer publiquement qu’il était très honoré et qu’il en remercie le président Kagame qui a bien voulu l’envoyer le représenter en Chine ! 

Le pauvre ne sait même pas qu’en Chine il doit y représenter le Rwanda et pas un certain Paul Kagame !

Vendre son image à l’étranger est devenu un objectif national et tous les moyens financiers disponibles doivent y être consacrés. 

C’est ainsi que les grands médias du monde sont approchés par ses lobbies qui leur proposent de juteux « contrats de communication » en échange de ne parler que du bien de lui ou tout au moins d’occulter ses crimes et violations des droits de l’homme. 

D’autres officines appartenant à des escrocs bien inspirés s’en mettent aussi plein les poches en lui attribuant régulièrement des Prix et des Diplômes « bidons » pourvus qu’à l’occasion de leurs attributions, son image soit diffusée dans la presse et surtout qu’il puisse aller dans des pays où il ne peut plus effectuer des visites officielles ( USA, France, Belgique, GB, Suisse, etc…). 

Ces magouilles et surtout les déplacements intempestifs coûtent très cher aux pauvres contribuables rwandais, mais ce qui est ahurissant est qu’en fin de compte, c’est Kagame lui-même qui est payé pour ces déplacements. 

En effet, les jets privés qui le trimbalent chaque semaine à travers le monde appartiennent à sa société privée et l’Etat rwandais doit les lui louer avec à chaque voyage ! 

Pour augmenter les bénéfices de sa société de transport, il n’a donc qu’à multiplier les voyages et le plus loin possible.

Parallèlement, une campagne de terreur et d’intimidation est en cours à travers tout le pays. Les plus importants membres du gouvernement sillonnent le pays en terrorisant la population et en menaçant quiconque serait reconnu ou dénoncé comme « complice de l’ennemi », entendez par là quiconque aurait des contacts avec un opposant vivant à l’extérieur du pays. 

Des arrestations sont opérées touchant même des responsables administratifs de haut niveau comme dans la province du Nord (Ruhengeri) où plus de six Secrétaires Exécutifs de Secteurs (équivalents aux anciens bourgmestres) ont été arrêtés pour, officiellement, « être en contact avec l’ennemi ». 

A ces arrestations, il faut y ajouter les « disparitions » inexpliquées d’autres personnes mais qui en réalité sont détenues dans des endroits secrets des services des renseignements militaires comme le dénoncent timidement certaines organisations de défense des Droits de l’Homme qui ont encore le courage de dénoncer les crimes du régime de Paul Kagame comme Human Rights Watch.

Le plus inquiétant est que les agents du régime semblent avoir perdu la tête et se sont engagés dans une fuite en avant. En effet, ils n’hésitent même plus à commettre des exécutions extrajudiciaires en plein jour. 

Comme ce vendredi 16 mai 2014 quand le Secrétaire Exécutif de Cyuve dans les faubourgs de la ville de Ruhengeri fut froidement abattu par son gardien alors qu’il l’emmenait près de son domicile où il devait, selon le communiqué de la police, montrer une cache d’armes. 

Selon le même communiqué, il aurait alors tenté de fuir avant d’être abattu. La version de la police qui parle de tentative de fuite est non seulement peu crédible mais aussi ridicule et maladroite, étant donné que le prévenu était menotté et qu’il a été tué par une balle tirée dans la tête à bout portant selon les témoins oculaires.

Il y a enfin la relance et l’intensification de la campagne dite « Ndi Umunyarwanda » qui consiste à convaincre les Hutu qu’ils sont collectivement coupables et qu’ils doivent demander pardon pour les crimes commis en leurs noms par d’autres Hutu. 

Comme à son lancement, c’est le général James Kabarebe, ministre de la Défense, qui est monté au créneau. Il mêle les propos méprisants comme quoi les Rwandais de l’intérieur avant 1994 n’avaient et ne connaissaient rien, à sa tentative de réécrire l’Histoire quand il décrète que depuis la colonisation, les Rwandais étaient méprisés à travers le monde et n’ont retrouvé leur dignité qu’à l’avènement du FPR en 1994… ainsi que d’autres inepties du genre. 

L’ancien Chef d’Etat-major de l’Armée congolaise entre 1997 et 1998 va jusqu’à affirmer que dans les instances dirigeantes du Rwanda, il n’y a pas de problème entre Hutu et Tutsi alors qu’il sait bien que tous les services sensibles sont sous le contrôle des seuls Tutsi comme lui-même avait été détaché au Congo pour tenter d’asseoir le pouvoir que venait de conquérir les Tutsi congolais dits « Banyamulenge » à Kinshasa, même s’ils n’ont pas réussi à s’y maintenir.

Pourquoi cette agitation et pourquoi maintenant ?

Ne pouvant pas répondre précisément à cette interrogation, nous ne pouvons que répondre par d’autres interrogations. 

Les « boys de Museveni » lâchés sur le Rwanda en 1994 et qui plus tard seront utilisés pour s’emparer sans coup férir du Grand Zaïre auraient-ils déçus leurs maîtres ou seraient-ils devenus trop encombrants aux yeux de leurs créateurs et commanditaires anglo-saxons ? 

Les autres peuples de la région, en RDC, en Tanzanie, en Angola, en Afrique du Sud…, auraient-ils découvert eux aussi l’astuce et tenteraient de convaincre les super-puissances qui régentent le monde que eux aussi peuvent défendre les intérêts américains et britanniques dans la région des Grands Lacs et même plus efficacement que l’oligarchie arrogante du Rwanda? 

Ou alors les descendants de seigneurs féodaux qui avaient fui la Démocratie en 1959, devenus des maquisards en Ouganda et qui sont arrivés pieds nus à Kigali en 1994, mais aujourd’hui sont répertoriés parmi les personnalités les plus riches du monde, commenceraient-ils à comprendre que tout a une fin et que vu leur parcours et les crimes commis dans toute la région, ils risquent de ne plus trouver où aller et donc qu’ils doivent tenir à outrance ? 

Comment pourront-ils tenir tout en refusant de négocier avec les populations qu’ils ont conquises en 1994 et qui 20 après à travers les organisations politiques ou politico-militaires opérant à l’extérieur du pays continuent de réclamer leur part dans la gestion du pays ?

L’avenir nous le dira.
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Zédoc Bigega
18/05/2014 

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