mercredi 25 juin 2014
En République Démocratique du Congo, on attend encore l’autopsie des 5 soldats congolais ayant été tués à la frontière avec le Rwanda le 11 juin 2014. Kinshasa parle d’exécution, ce que dément Kigali qui attribue la mort de ses militaires à d’affrontements entre les FARDC[1] et les FRD[2].
Comment sécuriser efficacement la frontière congolo-rwandaise ?
Les relations entre les deux pays sont-elles condamnées à être mauvaises ? Telles sont les questions judicieusement posées par Juan Gomez, dans le cadre de son émission Appels sur l’actualité diffusée sur les ondes de Radio France internationale.
La fin de la récréation ?
Dans l’euphorie de son élection en 2006 à la magistrature suprême, que l’opposition congolaise n’a jamais cessé de contester, Joseph Kabila avait déclaré avec détermination : « Avec l’accord de vous tous, j’annonce […] la fin de la récréation afin que le peuple puisse se consacrer entièrement au travail, et ce dans la paix et la tranquillité ».
Presque huit années après cette déclaration, force est de constater que la paix et la tranquillité restent une arlésienne aux yeux de la plus grande majorité des populations de la République Démocratique du Congo.
Ce peuple est sans cesse en proie à l’instabilité organisée, d’une manière ou d’une autre, soit par des acteurs frontaliers et plus ou moins cautionnées, à force de rester systématiquement ambigu, par le gouvernement de Kinshasa.
Ainsi la violence est-elle devenue une variable d’ajustement qui permet à Kinshasa de conserver le pouvoir et quelques pays frontaliers d’affirmer leur leadership en Afrique centrale et dans la région des Grands Lacs.
Incapacité à s’affirmer régionalement
Trois raisons expliquent l’incapacité dans laquelle se trouve la République Démocratique du Congo, laquelle l’empêche de prendre en main son destin.
Primo, l’absence flagrante de vision commune de la part des leaders politiques congolais, et de l’élite, affaiblit l’autorité de l’Etat.
Secundo, tant que le problème des FDLR[3] ne sera pas définitivement réglé, le président Paul Kagamé trouvera toujours un prétexte relatif à un danger imaginaire qui pèserait sur le Rwanda à partir du territoire congolais.
Raison pour laquelle l’armée rwandaise n’a jamais achevé le travail qu’elle était censée faire, lors de l’opération « Umoja wetu » menée conjointement au Nord-Kivu avec les forces armées congolaises entre janvier et février 2009.
Tertio, les différents petits conflits ethniques à travers le territoire congolais ont sans cesse été exploités par des pays voisins dans l’espoir de piller les ressources naturelles et de fragmenter la République Démocratique du Congo.
Le caractère ternaire de la fatalité
L’aspect ternaire a sans conteste été depuis très longtemps, au dire des spécialistes de la problématique congolaise, au cœur de la direction et de la gestion du pays. Celui-ci s’est reposé sur trois piliers : le parti unique[4], l’armée et l’Eglise.
Or, de nos jours, l’armée s’est affaiblie et le parti unique a fait long feu.
Seule l’Eglise reste l’actrice majeure en mesure d’irriguer l’ensemble du corps social, de suppléer convenablement l’administration étatique, d’assumer correctement le système éducatif et de garantir le processus électoral.
Pourquoi, dans un pays qui se dit républicain, les fonctions relevant de l’Etat peuvent-elles être assumées par la seule Eglise ?
Il semble que, dans un pays dont le président est l’émanation de l’armée, la sécurité nationale et les relations avec les pays frontaliers doivent rester des prérogatives gouvernementales.
La stabilité de la région du Kivu
Il est évident que la paix dans la région du Kivu dépend, avant tout, du rapport de force, sur le plan militaire, entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda.
Ce n’est un secret pour personne. Si les autorités congolaises veulent réellement sécuriser la partie orientale, elles doivent commencer par déployer ne serait-ce qu’une brigade – composée de 9 720 hommes aguerris – pour protéger la frontière avec le Rwanda.
Dans l’insécurité qui règne dans le Kivu, la force onusienne est plutôt une partie de la solution et non le fond du problème. 25 000 hommes pour un pays dont la superficie est de 2 345 000 km2, c’est très largement insuffisant par rapport aux 70 000 soldats bien entraînés que compte l’armée rwandaise.
Pour mieux sécuriser la République Démocratique du Congo, pays partageant 9 frontières avec ses voisins, l’armée nationale devra être dans l’absolu composée de 500 000 hommes. Ce dispositif devra être complété de 2 administratifs, ou logisticiens, par soldat.
Partant du principe selon lequel la stabilité et la croissance économique de tout pas sont tributaires d’un système de sécurité et de défense performant et républicain, la République Démocratique du Congo devra revoir en hausse la dotation globale actuellement allouée aux FARDC et remanier leur chaîne de commandement[5].
Le secteur de la défense nationale doit être considéré comme un devoir patriotique consistant à sécuriser et à assurer l’intégrité du territoire, à protéger les centres et les installations d’intérêts vitaux contre les agressions armées d’où qu’elles viennent.
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Gaspard-Hubert Lonsi Koko
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[1] Forces armées de la République Démocratique du Congo.
[2] Forces rwandaises de défense.
[3] Forces démocratiques de libération du Rwanda.
[4] En l’occurrence le Mouvement populaire pour la révolution (MPR)
[5] Pour plus de précisions, lire Ma vision pour le Congo-Kinshasa et la région des Grands Lacs.
En République Démocratique du Congo, on attend encore l’autopsie des 5 soldats congolais ayant été tués à la frontière avec le Rwanda le 11 juin 2014. Kinshasa parle d’exécution, ce que dément Kigali qui attribue la mort de ses militaires à d’affrontements entre les FARDC[1] et les FRD[2].
Comment sécuriser efficacement la frontière congolo-rwandaise ?
Les relations entre les deux pays sont-elles condamnées à être mauvaises ? Telles sont les questions judicieusement posées par Juan Gomez, dans le cadre de son émission Appels sur l’actualité diffusée sur les ondes de Radio France internationale.
La fin de la récréation ?
Dans l’euphorie de son élection en 2006 à la magistrature suprême, que l’opposition congolaise n’a jamais cessé de contester, Joseph Kabila avait déclaré avec détermination : « Avec l’accord de vous tous, j’annonce […] la fin de la récréation afin que le peuple puisse se consacrer entièrement au travail, et ce dans la paix et la tranquillité ».
Presque huit années après cette déclaration, force est de constater que la paix et la tranquillité restent une arlésienne aux yeux de la plus grande majorité des populations de la République Démocratique du Congo.
Ce peuple est sans cesse en proie à l’instabilité organisée, d’une manière ou d’une autre, soit par des acteurs frontaliers et plus ou moins cautionnées, à force de rester systématiquement ambigu, par le gouvernement de Kinshasa.
Ainsi la violence est-elle devenue une variable d’ajustement qui permet à Kinshasa de conserver le pouvoir et quelques pays frontaliers d’affirmer leur leadership en Afrique centrale et dans la région des Grands Lacs.
Incapacité à s’affirmer régionalement
Trois raisons expliquent l’incapacité dans laquelle se trouve la République Démocratique du Congo, laquelle l’empêche de prendre en main son destin.
Primo, l’absence flagrante de vision commune de la part des leaders politiques congolais, et de l’élite, affaiblit l’autorité de l’Etat.
Secundo, tant que le problème des FDLR[3] ne sera pas définitivement réglé, le président Paul Kagamé trouvera toujours un prétexte relatif à un danger imaginaire qui pèserait sur le Rwanda à partir du territoire congolais.
Raison pour laquelle l’armée rwandaise n’a jamais achevé le travail qu’elle était censée faire, lors de l’opération « Umoja wetu » menée conjointement au Nord-Kivu avec les forces armées congolaises entre janvier et février 2009.
Tertio, les différents petits conflits ethniques à travers le territoire congolais ont sans cesse été exploités par des pays voisins dans l’espoir de piller les ressources naturelles et de fragmenter la République Démocratique du Congo.
Le caractère ternaire de la fatalité
L’aspect ternaire a sans conteste été depuis très longtemps, au dire des spécialistes de la problématique congolaise, au cœur de la direction et de la gestion du pays. Celui-ci s’est reposé sur trois piliers : le parti unique[4], l’armée et l’Eglise.
Or, de nos jours, l’armée s’est affaiblie et le parti unique a fait long feu.
Seule l’Eglise reste l’actrice majeure en mesure d’irriguer l’ensemble du corps social, de suppléer convenablement l’administration étatique, d’assumer correctement le système éducatif et de garantir le processus électoral.
Pourquoi, dans un pays qui se dit républicain, les fonctions relevant de l’Etat peuvent-elles être assumées par la seule Eglise ?
Il semble que, dans un pays dont le président est l’émanation de l’armée, la sécurité nationale et les relations avec les pays frontaliers doivent rester des prérogatives gouvernementales.
La stabilité de la région du Kivu
Il est évident que la paix dans la région du Kivu dépend, avant tout, du rapport de force, sur le plan militaire, entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda.
Ce n’est un secret pour personne. Si les autorités congolaises veulent réellement sécuriser la partie orientale, elles doivent commencer par déployer ne serait-ce qu’une brigade – composée de 9 720 hommes aguerris – pour protéger la frontière avec le Rwanda.
Dans l’insécurité qui règne dans le Kivu, la force onusienne est plutôt une partie de la solution et non le fond du problème. 25 000 hommes pour un pays dont la superficie est de 2 345 000 km2, c’est très largement insuffisant par rapport aux 70 000 soldats bien entraînés que compte l’armée rwandaise.
Pour mieux sécuriser la République Démocratique du Congo, pays partageant 9 frontières avec ses voisins, l’armée nationale devra être dans l’absolu composée de 500 000 hommes. Ce dispositif devra être complété de 2 administratifs, ou logisticiens, par soldat.
Partant du principe selon lequel la stabilité et la croissance économique de tout pas sont tributaires d’un système de sécurité et de défense performant et républicain, la République Démocratique du Congo devra revoir en hausse la dotation globale actuellement allouée aux FARDC et remanier leur chaîne de commandement[5].
Le secteur de la défense nationale doit être considéré comme un devoir patriotique consistant à sécuriser et à assurer l’intégrité du territoire, à protéger les centres et les installations d’intérêts vitaux contre les agressions armées d’où qu’elles viennent.
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Gaspard-Hubert Lonsi Koko
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[1] Forces armées de la République Démocratique du Congo.
[2] Forces rwandaises de défense.
[3] Forces démocratiques de libération du Rwanda.
[4] En l’occurrence le Mouvement populaire pour la révolution (MPR)
[5] Pour plus de précisions, lire Ma vision pour le Congo-Kinshasa et la région des Grands Lacs.
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