le 14-06-2014
Le 30 mai dernier, à l'hôpital Heal Africa de Goma.AFP PHOTO/Junior D. Kannah
La plus ambitieuse conférence jamais organisée sur le viol en tant qu'arme de guerre s'est terminée, vendredi 13 juin, à Londres, sur la promesse d'un protocole visant à mettre fin à l'impunité, même si son application sur le terrain reste extrêmement compliquée. En RDC, où 36 femmes et filles sont violées chaque jour, une victime raconte.
Après quatre jours de réunions, débats et témoignages, la conférence sur les violences sexuelles en temps de conflit s’est terminée vendredi à Londres. Le viol est une pratique très répandue, notamment en République démocratique du Congo.
On estime que 36 femmes et filles y sont violées chaque jour. Le phénomène est particulièrement important dans les zones troublées des deux Kivu, dans l'est du pays.
Le viol y est considéré comme une arme de guerre et cette situation n'a pas manqué d'être dénoncée à la conférence sur le viol présidée par Angelina Jolie.
L’actrice, envoyée spéciale du Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies, a insisté, lors de la cérémonie de clôture, sur la nécessité de mettre en place un protocole international destiné à « dissuader » et « mettre fin à l'impunité » des auteurs de violences sexuelles.
« Nous devons placer les survivantes à la pointe de nos efforts - pas comme des victimes, mais comme des personnes inspirantes et résilientes qui peuvent nous guider vers les bons choix et décisions », a-t-elle notamment plaidé.
Le calvaire de Matuta, violée à 12 ans
RFI a rencontré Matuta, l’une de ces survivantes, à l’hôpital Heal Africa à Goma, la capitale du Nord-Kivu, où elle est soignée pour une fistule obstétricale. A 12 ans, elle a été violée par sept hommes.
Aujourd’hui âgée de 14 ans, elle raconte. « Je revenais de l’école dans mon quartier quand des bandits m'ont stoppée, m’ont emmenée dans les buissons et m’ont violée. J’avais alors 12 ans, et ils étaient si nombreux, 7 hommes au total. Tous m’ont violée », raconte-t-elle en sawili. « C’était des civils, ils n’avaient pas d’armes, mais ils étaient beaucoup plus vieux que moi. Je ne les avais jamais vus avant. Après m’avoir violée, ils m’ont laissée sur la route. Je me suis dépêchée de rentrer chez moi pour trouver mes parents. Ils étaient à la maison, je leur ai tout raconté. Il n’arrivait pas à croire ce qui m’était arrivé. Ils étaient sans voix. Ils m’ont emmené dans différents centres de soins pour être traitée. J’étais très faible. J’étais paralysée, mentalement et physiquement. Je n’arrivais même pas à prendre quelques-chose dans mes mains. A chaque fois, l’objet m’échappait », rapporte-t-elle.
Après avoir subi de nombreux tests médicaux, Matuta apprend qu’elle est enceinte. « J’ai réussi à porter cet enfant, mais le bébé faisait 4 kg, l’accouchement fut très, très difficile. J’ai perdu beaucoup de sang et j’ai été déchirée presque partout. J’étais très faible, affamée et l’enfant n’a pas survécu. » Pour elle, « c’est important que le gouvernement garde les violeurs en prison, car cela va aider à stopper la violence sexuelle contre les femmes et les filles. »
Le directeur de l'hôpital Heal Africa, où Matuta est soignée, a de nombreuses fois alerté l'opinion publique internationale sur le phénomène, le Dr Denis Mukwege évoquant même une recrudescence des viols, en 2013.
■ ZOOM : 894 otages des groupes armés, dont des enfants
La situation des droits de l’homme au Nord-Kivu continue d’inquiéter les acteurs de la société civile locale. La coordination de la société civile du Nord-Kivu, lors d’un point presse vendredi à Kinshasa, est revenue sur la situation des droits humains dans cette province de l’Est.
Son vice-président, Omar Kavota, a notamment rappelé que plus de huit cents otages congolais se trouvent encore aux mains de leurs ravisseurs, des groupes armés et les Forces de défense du Rwanda (FDR).
« A ce jour, il y a encore plus de 894 civils qui sont pris en otages par les groupes armés, rapporte-t-il au micro de RFI. Nous demandons au gouvernement de confier, comme objectif principal aux FARDC [les forces armées de RDC, ndlr] la libération de ces personnes parmi lesquelles des prêtres, des enfants, des agents de MSF France ».
A ce jour, il y a encore plus de 894 civils qui sont pris en otages par les groupes armés.
Omar KavotaVice-président de la coordination de la société civile du Nord-Kivu 14/06/2014 écouter
Le 30 mai dernier, à l'hôpital Heal Africa de Goma.AFP PHOTO/Junior D. Kannah
La plus ambitieuse conférence jamais organisée sur le viol en tant qu'arme de guerre s'est terminée, vendredi 13 juin, à Londres, sur la promesse d'un protocole visant à mettre fin à l'impunité, même si son application sur le terrain reste extrêmement compliquée. En RDC, où 36 femmes et filles sont violées chaque jour, une victime raconte.
Après quatre jours de réunions, débats et témoignages, la conférence sur les violences sexuelles en temps de conflit s’est terminée vendredi à Londres. Le viol est une pratique très répandue, notamment en République démocratique du Congo.
On estime que 36 femmes et filles y sont violées chaque jour. Le phénomène est particulièrement important dans les zones troublées des deux Kivu, dans l'est du pays.
Le viol y est considéré comme une arme de guerre et cette situation n'a pas manqué d'être dénoncée à la conférence sur le viol présidée par Angelina Jolie.
L’actrice, envoyée spéciale du Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies, a insisté, lors de la cérémonie de clôture, sur la nécessité de mettre en place un protocole international destiné à « dissuader » et « mettre fin à l'impunité » des auteurs de violences sexuelles.
« Nous devons placer les survivantes à la pointe de nos efforts - pas comme des victimes, mais comme des personnes inspirantes et résilientes qui peuvent nous guider vers les bons choix et décisions », a-t-elle notamment plaidé.
Le calvaire de Matuta, violée à 12 ans
RFI a rencontré Matuta, l’une de ces survivantes, à l’hôpital Heal Africa à Goma, la capitale du Nord-Kivu, où elle est soignée pour une fistule obstétricale. A 12 ans, elle a été violée par sept hommes.
Aujourd’hui âgée de 14 ans, elle raconte. « Je revenais de l’école dans mon quartier quand des bandits m'ont stoppée, m’ont emmenée dans les buissons et m’ont violée. J’avais alors 12 ans, et ils étaient si nombreux, 7 hommes au total. Tous m’ont violée », raconte-t-elle en sawili. « C’était des civils, ils n’avaient pas d’armes, mais ils étaient beaucoup plus vieux que moi. Je ne les avais jamais vus avant. Après m’avoir violée, ils m’ont laissée sur la route. Je me suis dépêchée de rentrer chez moi pour trouver mes parents. Ils étaient à la maison, je leur ai tout raconté. Il n’arrivait pas à croire ce qui m’était arrivé. Ils étaient sans voix. Ils m’ont emmené dans différents centres de soins pour être traitée. J’étais très faible. J’étais paralysée, mentalement et physiquement. Je n’arrivais même pas à prendre quelques-chose dans mes mains. A chaque fois, l’objet m’échappait », rapporte-t-elle.
Après avoir subi de nombreux tests médicaux, Matuta apprend qu’elle est enceinte. « J’ai réussi à porter cet enfant, mais le bébé faisait 4 kg, l’accouchement fut très, très difficile. J’ai perdu beaucoup de sang et j’ai été déchirée presque partout. J’étais très faible, affamée et l’enfant n’a pas survécu. » Pour elle, « c’est important que le gouvernement garde les violeurs en prison, car cela va aider à stopper la violence sexuelle contre les femmes et les filles. »
Le directeur de l'hôpital Heal Africa, où Matuta est soignée, a de nombreuses fois alerté l'opinion publique internationale sur le phénomène, le Dr Denis Mukwege évoquant même une recrudescence des viols, en 2013.
■ ZOOM : 894 otages des groupes armés, dont des enfants
La situation des droits de l’homme au Nord-Kivu continue d’inquiéter les acteurs de la société civile locale. La coordination de la société civile du Nord-Kivu, lors d’un point presse vendredi à Kinshasa, est revenue sur la situation des droits humains dans cette province de l’Est.
Son vice-président, Omar Kavota, a notamment rappelé que plus de huit cents otages congolais se trouvent encore aux mains de leurs ravisseurs, des groupes armés et les Forces de défense du Rwanda (FDR).
« A ce jour, il y a encore plus de 894 civils qui sont pris en otages par les groupes armés, rapporte-t-il au micro de RFI. Nous demandons au gouvernement de confier, comme objectif principal aux FARDC [les forces armées de RDC, ndlr] la libération de ces personnes parmi lesquelles des prêtres, des enfants, des agents de MSF France ».
A ce jour, il y a encore plus de 894 civils qui sont pris en otages par les groupes armés.
Omar KavotaVice-président de la coordination de la société civile du Nord-Kivu 14/06/2014 écouter
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