dimanche 31 août 2014

RDC : le scénario est prêt pour un nouveau mandat de Joseph Kabila

28 août 2014

La majorité présidentielle vient d’acter cette semaine une modification de la Constitution par référendum, qui ouvre la voix à un troisième mandat du président congolais.


Le président congolais "Joseph Kabila" à Washington en 2014 – Licence Creative Commons- White House

Après plusieurs mois d’atermoiement et de polémiques sur une possible révision constitutionnelle permettant au président Joseph Kabila de briguer un nouveau mandat, la stratégie de la majorité présidentielle se précise. 

La réunion du lundi 25 août dans la ferme présidentielle de Kingakati a mis fin au suspens : la Constitution sera bien modifiée et ce, par référendum. 

La voie s’éclaircit donc pour un troisième mandat présidentiel de Joseph Kabila, jusqu’ici bridé à deux par l’article 220 de la Constitution. Le scénario discuté à Kingakati pourrait même aller au-delà d’une simple modification d’articles constitutionnels et s’orienter vers l’écriture d’une nouvelle Constitution qui ferait basculer la RDC dans la 4ème République. 

Un bon moyen de « noyer » la modification de l’article 220 dans une révision plus large du texte. Pour certains observateurs politiques, le basculement dans la 4ème République permettrait également de « remettre les compteurs à zéro« , « d’effacer le tableau« , ce qui autoriserait le président Joseph Kabila à se représenter en 2016. 

Dans ce scénario, un élargissement de la base politique de la majorité deviendrait alors une nécessité. Joseph Kabila devrait donc nommer rapidement un gouvernement dit « de cohésion nationale » (dans les tuyaux depuis 10 mois) afin de pouvoir s’appuyer sur de nouveaux alliés, venus notamment de l’opposition (le tour de table serait d’ailleurs déjà bouclé).

Référendum crédible ?

La réunion de la majorité présidentielle autour de Joseph Kabila n’a pas manqué de suscité l’ire du reste de l’opposition politique, qui voit ainsi se profiler la réélection programmée du président sortant. 

Plusieurs dangers guettent l’opposition si un référendum venait à être organisé. 

Premier risque : le référendum peut-il se déroulé de manière transparente et crédible ? 

Pour l’opposition, la réponse est non. Les dernières élections de 2011 avaient été qualifiées de « chaotiques » et émaillées de nombreuses fraudes massives. 

Dernier exemple en date, la Commission électorale (CENI) a révoqué 96 agents soupçonnés d’avoir délivré frauduleusement des cartes d’électeurs.

Une campagne sous pression

Après les risques liés à la crédibilité du référendum, certains s’inquiètent aussi de la manière dont pourrait se dérouler la campagne électorale. Il y a quelques semaines, un meeting de l’opposition, qui s’était déroulé dans le calme, s’est tout de même terminé par l’arrestation de Jean-Bertrand Ewanga, secrétaire général de l’UNC, un des principaux partis d’opposition. 

L’opposition dénonce régulièrement la répression des autorités congolaises qui s’abat sur ses membres, comme Eugène Diomi Ndongala, où dernièrement un cadre de l’UDPS de Mbuji-Mayi, arrêté au sortir d’un débat politique à la télévision. Dans ces conditions, l’opposition doute fortement de ses capacités à pouvoir mener campagne en toute liberté.

Retour en arrière

L’écriture d’une nouvelle Constitution et l’entrée de la RDC dans une 4ème République signerait l’arrivée de nouvelles règles du jeu. L’opposition craint clairement un retour en arrière démocratique qui replongerait la RDC au temps de la Deuxième République de Mobutu. 

Un régime caractérisé par « l’enchaînement du nombre illimité des mandats du Chef de l’Etat« , comme l’écrit un journaliste de Kinshasa. Enfin, le scénario du référendum ne signifie pas forcement que l’élection présidentielle se tiendra bien en 2016 comme prévu. 

En effet, la promulgation d’une nouvelle Constitution pourrait être suivie d’une période de transition qui prolongerait de fait le mandat actuel de Joseph Kabila. 

Le président de la CENI, l’Abbé Malu-Malu s’est montré « évasif » sur la tenue de la présidentielle en 2016 : « nous sommes activement engagés dans la préparation des élections municipales, urbaines et locales, fixées en 2015… » sans plus de précisions.
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Christophe RIGAUD
Afrikarabia

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