Vendredi 21 Novembre 2014
Une marche de la population pour exiger le départ de Blaise Compaoré.
La chute de Blaise Compaoré au Burkina Faso semble avoir refroidi à Kinshasa les partisans d'une révision constitutionnelle susceptible de permettre au président congolais Joseph Kabila de rester en poste après 2016.
Pour plusieurs diplomates et analystes, l'option désormais privilégiée pour permettre à M. Kabila de se maintenir consiste à retarder au maximum l'échéance de la présidentielle censée avoir lieu en novembre 2016 en République démocratique du Congo.
En poste depuis 1987, M. Compaoré a été contraint de quitter le pouvoir sous la pression de la rue et de l'armée après avoir annoncé un projet de révision constitutionnelle destiné à lui permettre de briguer un nouveau mandat.
"Cela a changé les choses ici, cela a été un vrai coup de tonnerre, un vrai signal d'alerte pour le pouvoir", dit un diplomate en poste à Kinshasa.
"Kabila et ses acolytes ont dû suivre cela de près et non sans inquiétude. La censure de ces événements ou leur minimisation dans le discours public sont assez révélateurs", commente un analyste congolais sous le couvert de l'anonymat.
André Atundu, ancien ambassadeur et responsable de la communication pour la Majorité présidentielle, doute que les Congolais suivent "aveuglément ce qui s'est passé au Burkina", mais concède : "La leçon c'est que la classe politique doit faire attention au pouvoir que le peuple lui a donné, car le peuple peut le lui reprendre."
Agé de 43 ans, M. Kabila est arrivé au pouvoir en 2001 après l'assassinat de son père, Laurent-Désiré Kabila. Il a été élu en 2006 à l'occasion des premières élections démocratiques du pays, puis en 2011 lors d'un scrutin contesté par l'opposition et la communauté internationale.
La Constitution lui interdit de briguer un nouveau mandat en 2016. Lui-même n'a jamais révélé publiquement ses intentions, mais des membres de la majorité et du gouvernement ont plaidé ouvertement pour un changement de Constitution dont il serait bénéficiaire.
- 'bonnes élections' -
Au cours de la session en cours, le Parlement doit étudier des projets de révision constitutionnelle présentés par l'exécutif pour modifier le mode de scrutin des prochaines élections provinciales.
L'opposition soupçonne que l'examen de ces textes sera le moment choisi par la majorité pour toucher plus largement à la loi fondamentale afin de permettre à M. Kabila de rester après 2016.
Mais les événements au Burkina ont conduit, "au moins provisoirement, à mettre sous le boisseau le projet de révision constitutionnelle", note le diplomate.
Selon des sources parlementaires, les élus devraient à la place se pencher sur une proposition de loi électorale, déposée par un député indépendant.
Pour Fidel Bafilemba, chercheur de l'ONG américaine Enough Project, le scénario d'une modification constitutionnelle avait déjà "perdu de l'élan" avant la révolte burkinabè, à cause des pressions de la communauté internationale et de l'Église catholique, et des mises en garde de plusieurs responsables politiques influents, certains membres de la majorité.
Pour retarder la présidentielle, plusieurs scénarios sont jugés possibles : l'organisation préalable d'un recensement administratif, qui devrait prendre au minimum 18 mois vu la taille du pays (cinq fois la France), ou la tenue en premier d'élections locales (prévues en théorie pour 2015).
Plusieurs analystes et hommes politiques estiment qu'une telle consultation risque d'attiser les antagonismes locaux, en particulier dans l'Est, ravagé depuis plus de vingt ans par des conflits armés, et d'aviver une violence susceptible de servir de prétexte pour bloquer le processus électoral.
L'ONU, l'Union africaine, l'Union européenne et les États-Unis tentent d'éviter un report des élections. Néanmoins, indique-t-on de source diplomatique, certains pays pourraient s'en accommoder, si et seulement si cela permettait de "faire de bonnes élections".
Pour plusieurs diplomates, la forte augmentation des budgets alloués à l'armée, à la police et aux autres services de sécurité inscrite dans le projet de loi de finances pour 2015, comme les récentes nominations à la tête de l'armée, pourraient être le signe que le pouvoir se prépare à une épreuve de force.
Le récent déboulonnage d'une statue du président Kabila par une foule en colère dans l'Est serait-il le signe avant-coureur d'émeutes populaires susceptibles d'emporter le pouvoir ?
Beaucoup en doutent. Les habitants de Kinshasa rappellent volontiers qu’on tire facilement à balles réelles sur les manifestants, et les morts des violences pré et post-électorales de 2011 sont encore bien présentes dans les mémoires.
Pour un haut fonctionnaire de l'ONU à New-York, "seule l'armée" serait en mesure de déstabiliser le régime.
Une marche de la population pour exiger le départ de Blaise Compaoré.
La chute de Blaise Compaoré au Burkina Faso semble avoir refroidi à Kinshasa les partisans d'une révision constitutionnelle susceptible de permettre au président congolais Joseph Kabila de rester en poste après 2016.
Pour plusieurs diplomates et analystes, l'option désormais privilégiée pour permettre à M. Kabila de se maintenir consiste à retarder au maximum l'échéance de la présidentielle censée avoir lieu en novembre 2016 en République démocratique du Congo.
En poste depuis 1987, M. Compaoré a été contraint de quitter le pouvoir sous la pression de la rue et de l'armée après avoir annoncé un projet de révision constitutionnelle destiné à lui permettre de briguer un nouveau mandat.
"Cela a changé les choses ici, cela a été un vrai coup de tonnerre, un vrai signal d'alerte pour le pouvoir", dit un diplomate en poste à Kinshasa.
"Kabila et ses acolytes ont dû suivre cela de près et non sans inquiétude. La censure de ces événements ou leur minimisation dans le discours public sont assez révélateurs", commente un analyste congolais sous le couvert de l'anonymat.
André Atundu, ancien ambassadeur et responsable de la communication pour la Majorité présidentielle, doute que les Congolais suivent "aveuglément ce qui s'est passé au Burkina", mais concède : "La leçon c'est que la classe politique doit faire attention au pouvoir que le peuple lui a donné, car le peuple peut le lui reprendre."
Agé de 43 ans, M. Kabila est arrivé au pouvoir en 2001 après l'assassinat de son père, Laurent-Désiré Kabila. Il a été élu en 2006 à l'occasion des premières élections démocratiques du pays, puis en 2011 lors d'un scrutin contesté par l'opposition et la communauté internationale.
La Constitution lui interdit de briguer un nouveau mandat en 2016. Lui-même n'a jamais révélé publiquement ses intentions, mais des membres de la majorité et du gouvernement ont plaidé ouvertement pour un changement de Constitution dont il serait bénéficiaire.
- 'bonnes élections' -
Au cours de la session en cours, le Parlement doit étudier des projets de révision constitutionnelle présentés par l'exécutif pour modifier le mode de scrutin des prochaines élections provinciales.
L'opposition soupçonne que l'examen de ces textes sera le moment choisi par la majorité pour toucher plus largement à la loi fondamentale afin de permettre à M. Kabila de rester après 2016.
Mais les événements au Burkina ont conduit, "au moins provisoirement, à mettre sous le boisseau le projet de révision constitutionnelle", note le diplomate.
Selon des sources parlementaires, les élus devraient à la place se pencher sur une proposition de loi électorale, déposée par un député indépendant.
Pour Fidel Bafilemba, chercheur de l'ONG américaine Enough Project, le scénario d'une modification constitutionnelle avait déjà "perdu de l'élan" avant la révolte burkinabè, à cause des pressions de la communauté internationale et de l'Église catholique, et des mises en garde de plusieurs responsables politiques influents, certains membres de la majorité.
Pour retarder la présidentielle, plusieurs scénarios sont jugés possibles : l'organisation préalable d'un recensement administratif, qui devrait prendre au minimum 18 mois vu la taille du pays (cinq fois la France), ou la tenue en premier d'élections locales (prévues en théorie pour 2015).
Plusieurs analystes et hommes politiques estiment qu'une telle consultation risque d'attiser les antagonismes locaux, en particulier dans l'Est, ravagé depuis plus de vingt ans par des conflits armés, et d'aviver une violence susceptible de servir de prétexte pour bloquer le processus électoral.
L'ONU, l'Union africaine, l'Union européenne et les États-Unis tentent d'éviter un report des élections. Néanmoins, indique-t-on de source diplomatique, certains pays pourraient s'en accommoder, si et seulement si cela permettait de "faire de bonnes élections".
Pour plusieurs diplomates, la forte augmentation des budgets alloués à l'armée, à la police et aux autres services de sécurité inscrite dans le projet de loi de finances pour 2015, comme les récentes nominations à la tête de l'armée, pourraient être le signe que le pouvoir se prépare à une épreuve de force.
Le récent déboulonnage d'une statue du président Kabila par une foule en colère dans l'Est serait-il le signe avant-coureur d'émeutes populaires susceptibles d'emporter le pouvoir ?
Beaucoup en doutent. Les habitants de Kinshasa rappellent volontiers qu’on tire facilement à balles réelles sur les manifestants, et les morts des violences pré et post-électorales de 2011 sont encore bien présentes dans les mémoires.
Pour un haut fonctionnaire de l'ONU à New-York, "seule l'armée" serait en mesure de déstabiliser le régime.
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