vendredi 21 novembre 2014

"L’humeur du moment"


Des Congolais réunis au cours d’une réunion politique

Deux semaines après la chute du Burkinabé Blaise Compaoré, des voix s’élèvent non seulement parmi les proches de celui-ci mais aussi au sein de l’opposition pour dire que le chef d’Etat déchu - dont le mandat devait s’achever en décembre 2015 - avait perdu le contact avec le "Burkina profond". 

Aussi, n’avait-il plus la capacité de prendre la température de ce que les spécialistes en communication appellent "l’humeur du moment".

C’est quoi donc l’humeur du moment? L’humeur du moment n’est rien d’autre que les "attentes" de la population. Des attentes qu’il faut analyser en termes de "préoccupations" ou de "vrais problèmes" qui sont au centre des soucis quotidiens des citoyens.

Voilà pourquoi, les dirigeants des nations dites de "vieille tradition démocratique" commandent des sondages périodiques d’opinions. Le but est de s’assurer que la conduite des affaires publiques est en phase avec "la rue".

Usé par vingt-sept années d’un pouvoir despotique, "Blaise" était devenu sourd et aveugle. Il voulait un cinquième mandat. Point barre. Il n’avait que faire des états d’âme de la "populace". Erreur fatale!

Dans un registre congolo-congolais, l’annonce du départ du "katangais" Jean-Claude Muyambo et son parti Scode ( Solidarité congolaise pour la démocratie et le développement) de la mouvance kabiliste pourrait, à brève échéance, se révéler dévastatrice pour les "béquilles" tribalo-régionales sur lesquelles s’appuie jusqu’ici le pouvoir de "Joseph Kabila". 

L’ancien ministre des Affaires humanitaires a dit bruyamment ce que murmurent des millions de ses concitoyens.

Aux quatre coins du Congo démocratique, la seule évocation du "nom" du locataire du Palais de la nation ne suscite que ricanement et ironie. L’homme bat des records d’impopularité. 

Des "kabilistes" ne manqueront pas de rétorquer qu’il n’y a pas eu d’enquête scientifique d’opinions. Ils ont sans doute raison.

A-t-on franchement besoin d’un sondage d’opinions dans un pays où la pauvreté et l’insécurité crèvent les yeux aux quatre coins du territoire national? 

A-t-on besoin d’un sondage pour réaliser que la très grande majorité de Congolais n’a pas accès à l’eau courante et à l’électricité? 

A-t-on besoin d’un institut de sondage pour réaliser que la grande masse congolaise croule sous le chômage et vit - survie? - avec moins d’un dollar par jour et ne peut éduquer et entretenir ses progénitures comme des être chers ?

A l’instar des Burkinabés, les Congolais de Kinshasa aspirent au bonheur et non à la souffrance. Ils rêvent d’un Etat au service du bien commun et non d’une minorité. 

Les Congolais aspirent à un Etat impulseur du progrès économique et social. Un Etat capable de promouvoir une vie collective harmonieuse fondée sur l’égalité de chances, la justice, la liberté et la solidarité. Un Etat qui offre à chacun et à tous les conditions minimales de sécurité.

A la veille du quatorzième anniversaire de son accession au pouvoir suprême, "Joseph Kabila" paraît usé et déconnecté des réalités. 

Distant, protégé par une garde rapprochée tenue par des Zimbabwéens et des Tanzaniens, l’homme regarde tout en refusant de voir. A l’instar de ses pairs africains accros au pouvoir, "Joseph" est incapable de percevoir l’humeur du moment.

Le "raïs" et ses laudateurs seraient mal inspirés de minimiser la portée du coup de gueule de l’ancien bâtonnier du barreau de Lubumbashi. Chacun est libre d’aimer ou ne pas aimer Muyabo. 

Une chose est sûre : l’homme incarne en réalité l’humeur du moment. Une humeur qui se résume en ces quelques mots : vivement le respect de la Constitution et l’alternance démocratique! Gare aux tricheurs.

Il est minuit moins cinq... 
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Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant

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