04/12/2014
Des opposants feront partie du gouvernement de cohésion nationale en RDC. © Montage/J.A.
En coulisses, les tractations de dernière minute se poursuivent à Kinshasa pour la formation du gouvernement de "cohésion nationale" annoncé depuis un an. Quels sont les opposants qui pourraient faire partie de la nouvelle équipe ?
À quand le gouvernement de "cohésion nationale" tant attendu en RDC ? Annoncée depuis le 23 octobre 2013 par le président Joseph Kabila, la formation d'une nouvelle équipe qui doit inclure des membres de l'opposition et de la société civile pourrait enfin intervenir avant la fin de l'année.
Plus précisément, "quelques jours avant l'adresse du chef de l'État à la nation", croit savoir une source proche de la présidence.
"Des listes ont déjà été envoyées au président Kabila", assure de son côté Franck Mwe di Malila, conseiller de Léon Kengo wa Dondo, président du Sénat de la RDC et "autorité morale" de l'opposition dite "républicaine".
Des noms qui sont issus d'un regroupement de personnalités et de partis politiques qui ont pris part aux "concertations nationales" de septembre et octobre 2013 et qui sont disposés à entrer au nouveau gouvernement.
"C'est dans la logique des choses", confirme Franck Mwe di Malila, rappelant qu'"il s'agit là d'une des 100 recommandations-phares des concertations nationales".
Si personne n'ose ou ne peut confirmer qui, dans l'opposition, fera partie, ou non, de ce gouvernement de "cohésion nationale", certains noms reviennent avec insistance dans les officines des formations politiques à Kinshasa. En voici la liste.
Germain Kambinga, député et porte-parole du Mouvement pour la libération du Congo (MLC)
© Germain Kambinga/Facebook
Trentenaire, Germain Kambinga se dit "flatté" de voir son nom cité parmi les ministrables. "Cela voudrait sans doute dire que l'on me reconnaît certains talents, certaines compétences", commente-t-il.
"Mais il ne s'agit jusqu'ici que de rumeurs, de spéculations", précise l'élu du MLC. En sa qualité du porte-parole du parti de Jean-Pierre Bemba, il confie à Jeune Afrique qu'"à ce jour, la majorité au pouvoir n'a pas engagé de consultations officielles avec le MLC" dans ce sens.
Mais il reste confiant quant à son avenir politique : "Ministre, je le deviendrai, un jour ou l'autre. Je ne suis pas pressé."
Justin Bitakwira, ancien président du groupe parlementaire UNC et alliés
© DR
Avec Vital Kamerhe, c'est le divorce, ou presque. Depuis qu'il a démissionné en mai de son poste de président du groupe parlementaire de l'Union pour la nation (UNC) et alliés, Justin Bitakwira dit avoir recouvré "[sa] liberté de pensée".
Ce cadre de la première heure de l'UNC n'exclut pas de faire partie du gouvernement de "cohésion nationale" attendu. "Le jour où mon pays aura besoin de moi pour le servir ailleurs qu'à l'Assemblée nationale, j'évaluerai et j'assumerai", affirme le député d'Uvira, dans le Sud-Kivu.
José Makila, ancien gouverneur de la province de l'Équateur
© Rajah Roger Muntu/Facebook
Transfuge du MLC, Joseph Makila se revendique désormais "centriste". Et comme la plupart des partis politiques d'opposition qui ont pris part aux "concertations nationales", son parti, l'Alliance des travaillistes congolais pour le développement (ATD), espère obtenir au moins un poste ministériel dans le prochain gouvernement.
Et "c'est le nom du chef qui a été proposé pour représenter notre formation politique dans la future équipe gouvernementale", lâche un cadre de l'ATD.
Michel Bongongo Ikoli Ndombo, ancien coordonnateur du Conseil national de sécurité sous l'ère Mobutu
© Ph. Nyangaza/Monusco
L'Union des forces du changement (UFC), dont le leader, Léon Kengo wa Dondo, est à la tête de "l'opposition républicaine", pourrait aussi voir un ou plusieurs de ses membres rejoindre l'équipe gouvernementale à venir.
Fort de son expérience politique (ancien président de l'assemblée régionale de Kinshasa, coordonnateur du Conseil national de sécurité et chef de la maison civile du chef de l'État sous l'ère Mobutu), c'est le professeur Michel Bongongo Ikoli Ndombo, 64 ans, secrétaire exécutif du parti, qui semble bien placé sur la liste des ministrables pour le compte de l'UFC.
Il a été le "représentant" de Kengo wa Dondo lui-même lors de la constitution du regroupement "opposition républicaine".
Corneille Mulumba, co-fondateur de l'UDPS
© DR
Ancien vice-ministre du Plan (1993-1994), Corneille Mulumba, est le co-fondateur de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Il a participé aux "concertations nationales" en dépit de la consigne de son parti.
Aujourd'hui, il n'exclut pas non plus de faire partie du gouvernement de "cohésion nationale". Signataire de l'acte constitutif de "l'opposition républicaine", cet ancien proche d'Étienne Tshisekedi prône désormais le pragmatisme.
"Lorsqu'on ne peut pas évincer un pouvoir, il faut composer avec lui pour l'intérêt général", soutient-il, réfutant "la politique de la chaise vide" prônée par l'UDPS. "
En participant à la gestion du pays, l'opposition pourrait contribuer à créer des conditions meilleures pour des élections transparentes dans le pays", explique Corneille Mulumba.
Serge Mayamba, député UDPS
Élu député sous l'étiquette UDPS, Serge Mayamba fait partie de ceux qui avaient passé outre le "mot d'ordre" d'Étienne Tshisekedi appelant à boycotter les institutions issues des élections de 2011.
Après avoir occupé plusieurs fonctions au sein du parti - secrétaire national chargé des mouvements des jeunes, responsable du protocole, chef de cabinet du président ou encore mandataire de ce dernier auprès de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni)… - le député de Tshangu, circonscription de la ville-province de Kinshasa, pourrait se voir confier un poste ministériel dans le prochain gouvernement. Une éventualité qui risque encore de faire grand bruit au sein de sa formation politique - même si celle-ci, du moins sa branche la plus radicale, ne reconnaît plus la qualité de membre du parti à celui qui a accepté de siéger dans l'hémicycle.
"Servir la République a toujours été mon leitmotiv", rétorque Serge Mayamba, serein.
"Le reste, qui participera ou pas au gouvernement de cohésion nationale telle que décidé dans les concertations nationales, relève du pouvoir du président de la République, chef de la majorité actuelle au pouvoir", précise-t-il.
>> Lire aussi Opposition congolaise : qui avec qui ?
Et les autres...
Selon des sources concordantes à Kinshasa, plusieurs autres noms ont également été soumis à l'appréciation de Joseph Kabila et de son futur Premier ministre.
À l'instar de ceux de François Muamba, coordonnateur du mécanisme national de suivi de l'accord-cadre d'Addis Abeba pour les Grands Lacs, de Tshimanga Bwana, rapporteur adjoint de la Ceni, et de Juma Balikwisha, élu de Beni et président du caucus des députés nationaux, sénateurs, ministres et notables ressortissants de la province du Nord-Kivu, dans l'est de la RDC.
La liste est loin d'être exhaustive. Mais "la stratégie de débauchage politique que le pouvoir veut mettre en place ne va rien donner", prévient Me Baudoin Mayo, député de l'UNC.
"Seul un vrai dialogue inclusif pourrait ramener une réelle cohésion nationale dans le pays", soutient-il. À l'en croire, il aurait également été approché par le pouvoir "qui a déployé plusieurs tentacules pour piéger des opposants".
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Trésor Kibangula
Jeune Afrique
Des opposants feront partie du gouvernement de cohésion nationale en RDC. © Montage/J.A.
En coulisses, les tractations de dernière minute se poursuivent à Kinshasa pour la formation du gouvernement de "cohésion nationale" annoncé depuis un an. Quels sont les opposants qui pourraient faire partie de la nouvelle équipe ?
À quand le gouvernement de "cohésion nationale" tant attendu en RDC ? Annoncée depuis le 23 octobre 2013 par le président Joseph Kabila, la formation d'une nouvelle équipe qui doit inclure des membres de l'opposition et de la société civile pourrait enfin intervenir avant la fin de l'année.
Plus précisément, "quelques jours avant l'adresse du chef de l'État à la nation", croit savoir une source proche de la présidence.
"Des listes ont déjà été envoyées au président Kabila", assure de son côté Franck Mwe di Malila, conseiller de Léon Kengo wa Dondo, président du Sénat de la RDC et "autorité morale" de l'opposition dite "républicaine".
Des noms qui sont issus d'un regroupement de personnalités et de partis politiques qui ont pris part aux "concertations nationales" de septembre et octobre 2013 et qui sont disposés à entrer au nouveau gouvernement.
"C'est dans la logique des choses", confirme Franck Mwe di Malila, rappelant qu'"il s'agit là d'une des 100 recommandations-phares des concertations nationales".
Si personne n'ose ou ne peut confirmer qui, dans l'opposition, fera partie, ou non, de ce gouvernement de "cohésion nationale", certains noms reviennent avec insistance dans les officines des formations politiques à Kinshasa. En voici la liste.
Germain Kambinga, député et porte-parole du Mouvement pour la libération du Congo (MLC)
© Germain Kambinga/Facebook
Trentenaire, Germain Kambinga se dit "flatté" de voir son nom cité parmi les ministrables. "Cela voudrait sans doute dire que l'on me reconnaît certains talents, certaines compétences", commente-t-il.
"Mais il ne s'agit jusqu'ici que de rumeurs, de spéculations", précise l'élu du MLC. En sa qualité du porte-parole du parti de Jean-Pierre Bemba, il confie à Jeune Afrique qu'"à ce jour, la majorité au pouvoir n'a pas engagé de consultations officielles avec le MLC" dans ce sens.
Mais il reste confiant quant à son avenir politique : "Ministre, je le deviendrai, un jour ou l'autre. Je ne suis pas pressé."
Justin Bitakwira, ancien président du groupe parlementaire UNC et alliés
© DR
Avec Vital Kamerhe, c'est le divorce, ou presque. Depuis qu'il a démissionné en mai de son poste de président du groupe parlementaire de l'Union pour la nation (UNC) et alliés, Justin Bitakwira dit avoir recouvré "[sa] liberté de pensée".
Ce cadre de la première heure de l'UNC n'exclut pas de faire partie du gouvernement de "cohésion nationale" attendu. "Le jour où mon pays aura besoin de moi pour le servir ailleurs qu'à l'Assemblée nationale, j'évaluerai et j'assumerai", affirme le député d'Uvira, dans le Sud-Kivu.
José Makila, ancien gouverneur de la province de l'Équateur
© Rajah Roger Muntu/Facebook
Transfuge du MLC, Joseph Makila se revendique désormais "centriste". Et comme la plupart des partis politiques d'opposition qui ont pris part aux "concertations nationales", son parti, l'Alliance des travaillistes congolais pour le développement (ATD), espère obtenir au moins un poste ministériel dans le prochain gouvernement.
Et "c'est le nom du chef qui a été proposé pour représenter notre formation politique dans la future équipe gouvernementale", lâche un cadre de l'ATD.
Michel Bongongo Ikoli Ndombo, ancien coordonnateur du Conseil national de sécurité sous l'ère Mobutu
© Ph. Nyangaza/Monusco
L'Union des forces du changement (UFC), dont le leader, Léon Kengo wa Dondo, est à la tête de "l'opposition républicaine", pourrait aussi voir un ou plusieurs de ses membres rejoindre l'équipe gouvernementale à venir.
Fort de son expérience politique (ancien président de l'assemblée régionale de Kinshasa, coordonnateur du Conseil national de sécurité et chef de la maison civile du chef de l'État sous l'ère Mobutu), c'est le professeur Michel Bongongo Ikoli Ndombo, 64 ans, secrétaire exécutif du parti, qui semble bien placé sur la liste des ministrables pour le compte de l'UFC.
Il a été le "représentant" de Kengo wa Dondo lui-même lors de la constitution du regroupement "opposition républicaine".
Corneille Mulumba, co-fondateur de l'UDPS
© DR
Ancien vice-ministre du Plan (1993-1994), Corneille Mulumba, est le co-fondateur de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Il a participé aux "concertations nationales" en dépit de la consigne de son parti.
Aujourd'hui, il n'exclut pas non plus de faire partie du gouvernement de "cohésion nationale". Signataire de l'acte constitutif de "l'opposition républicaine", cet ancien proche d'Étienne Tshisekedi prône désormais le pragmatisme.
"Lorsqu'on ne peut pas évincer un pouvoir, il faut composer avec lui pour l'intérêt général", soutient-il, réfutant "la politique de la chaise vide" prônée par l'UDPS. "
En participant à la gestion du pays, l'opposition pourrait contribuer à créer des conditions meilleures pour des élections transparentes dans le pays", explique Corneille Mulumba.
Serge Mayamba, député UDPS
Élu député sous l'étiquette UDPS, Serge Mayamba fait partie de ceux qui avaient passé outre le "mot d'ordre" d'Étienne Tshisekedi appelant à boycotter les institutions issues des élections de 2011.
Après avoir occupé plusieurs fonctions au sein du parti - secrétaire national chargé des mouvements des jeunes, responsable du protocole, chef de cabinet du président ou encore mandataire de ce dernier auprès de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni)… - le député de Tshangu, circonscription de la ville-province de Kinshasa, pourrait se voir confier un poste ministériel dans le prochain gouvernement. Une éventualité qui risque encore de faire grand bruit au sein de sa formation politique - même si celle-ci, du moins sa branche la plus radicale, ne reconnaît plus la qualité de membre du parti à celui qui a accepté de siéger dans l'hémicycle.
"Servir la République a toujours été mon leitmotiv", rétorque Serge Mayamba, serein.
"Le reste, qui participera ou pas au gouvernement de cohésion nationale telle que décidé dans les concertations nationales, relève du pouvoir du président de la République, chef de la majorité actuelle au pouvoir", précise-t-il.
>> Lire aussi Opposition congolaise : qui avec qui ?
Et les autres...
Selon des sources concordantes à Kinshasa, plusieurs autres noms ont également été soumis à l'appréciation de Joseph Kabila et de son futur Premier ministre.
À l'instar de ceux de François Muamba, coordonnateur du mécanisme national de suivi de l'accord-cadre d'Addis Abeba pour les Grands Lacs, de Tshimanga Bwana, rapporteur adjoint de la Ceni, et de Juma Balikwisha, élu de Beni et président du caucus des députés nationaux, sénateurs, ministres et notables ressortissants de la province du Nord-Kivu, dans l'est de la RDC.
La liste est loin d'être exhaustive. Mais "la stratégie de débauchage politique que le pouvoir veut mettre en place ne va rien donner", prévient Me Baudoin Mayo, député de l'UNC.
"Seul un vrai dialogue inclusif pourrait ramener une réelle cohésion nationale dans le pays", soutient-il. À l'en croire, il aurait également été approché par le pouvoir "qui a déployé plusieurs tentacules pour piéger des opposants".
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Trésor Kibangula
Jeune Afrique
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