lundi 19 janvier 2015

RDC : deux policiers et deux civils tués pendant la manifestation contre la loi électorale

19/01/2015

 
Des policiers à Kinshasa, le 12 janvier. © AFP

La manifestation de l’opposition contre le projet de loi électorale en RDC a été réprimée et a dégénéré en émeutes dans plusieurs quartiers de la capitale congolaise.

C’est une journée de violence qu’a connue la capitale congolaise ce lundi. Affrontements avec la police, tirs à balle réelle de cette dernière, pillages de commerces… 

La manifestation à l’appel de l’opposition contre le projet de loi électorale a été réprimée et a dégénéré en émeutes dans plusieurs quartiers de la capitale congolaise.

D'après le porte-parole du gouvernement congolais, cité par RFI, deux policiers et deux civils ont été tués par balles.

Dès l’aube les manifestations auxquelles avaient appelé les principaux partis d’opposition pour empêcher l’adoption d’un projet de loi électorale par le Sénat ont été violemment dispersés par la police, qui a utilisé des tirs de gaz lacrymogènes et de balles réelles.

De leur côté les journalistes de l’AFP ont affirmé avoir aperçu au moins trois manifestants blessés par balle. 

Plusieurs responsables de l’opposition ont confirmé des morts dans les rangs des manifestants comme de la police. Mais aucun des chiffres n’a été confirmé de source indépendante.

Des pillages toute la journée

Une partie des manifestants sont partis de l’Université de Kinshasa, située au sud de la ville tôt le matin avant de remonter en direction du Palais du peuple, dans le centre, où le Sénat devait examiner le projet de loi électorale. Ils ont toutefois été bloqués par la police, qui sécurisait un très large périmètre autour de cette institution.

Les affrontements avec la police et les pillages de magasins, notamment ceux tenus par des commerçants chinois, se sont toutefois poursuivi une grande partie de la journée, notamment dans les quartiers de Lemba, Makala et Ngaba. 

Par mesure de précaution, plusieurs ambassades européennes ont demandé à leurs ressortissants de ne pas quitter leur domicile.

"Les manifestants ont même pillé et incendié les commissariats de police. Des tenues et des armes ont été dérobées", s’inquiétait un responsable de l'une des communes de la capitale congolaise. Des incidents ont également touché la ville de Goma, dans l’est du pays, où les manifestations étaient interdites.

Inquiétudes pour la présidentielle de 2016

Les principaux partis d’opposition protestent contre la nouvelle loi électorale adoptée par l’Assemblée nationale samedi 17 janvier, et en particulier d’une disposition qui lie le prochain scrutin présidentiel au recensement préalable de la population. 

Ils soupçonnent cette opération, qui promet d’être particulièrement longue et complexe dans un pays vaste comme l’Europe occidentale, de durer trop longtemps pour permettre d’organiser cette élection d’ici à 2016, date de la fin du mandat du président Joseph Kabila.

L’adoption de ce texte par l’Assemblée nationale, samedi 17 janvier, jour férié pour commémorer l’assassinat de Patrice Lumumba, avait pris de court l’opposition. 

"Ils ne s’attendaient pas à ce qu’une séance soit organisée ce jour-là, indique un diplomate en poste à Kinshasa. Il y a eu comme une prise de conscience de l’urgence et cela leur a permis de mettre de côté leurs différences."

Ainsi, des responsables de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) et de l’Union pour la nation congolaise (UNC) avaient tous appelés à manifester, notamment pour occuper le parlement.

Les troubles n’ont toutefois pas atteint le quartier administratif de La Gombe, siège de nombreuses institutions et ambassades, mais la ville semblait morte en plusieurs endroits, beaucoup de Kinois étant restés chez eux.

Le président Kabila a du reste pu recevoir, comme prévu, son homologue angolais José Eduardo Dos Santos. Selon un proche du président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo, la chambre haute devrait poursuivre son examen du projet de loi, lequel pourrait être adopté dans les tous prochains jours.
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Pierre Boisselet
Jeune Afrique

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