dimanche 5 avril 2015

Génétiquement, les Maghrébins ne sont pas des Arabes

lundi 30 mars 2015
  

“Le fantasme de la pureté identitaire est un signe d’appauvrissement intellectuel”
Sophie Bessis, historienne franco-tunisienne 


Le Fantasme

Alors que la vaste majorité des Tunisiens (98 %), et des autres Maghrébins, s'identifient culturellement aux Arabes, des études scientifiques tendent à indiquer qu'ils seraient ethniquement plus proches des Berbères et de certains Européens, qu'ils ne le sont des Arabes. 


« Comparés avec d'autres communautés, notre résultat indique que les Tunisiens sont très liés aux Nord-Africains et aux Européens de l'Ouest, en particulier aux Ibériques, et que les Tunisiens, les Algériens et les Marocains sont proches des Berbères, suggérant une petite contribution génétique des Arabes qui ont peuplé la région au VIIe ou VIIIe siècle. » ( A. Hajjej, H. Kâabi, M. H. Sellami, A. Dridi, A. Jeridi, W. El Borgi, G. Cherif, A. Elgaâïed, W. Y. Almawi, K. Boukef et S. Hmida, « The contribution of HLA class I and II alleles and haplotypes to the investigation of the evolutionary history of Tunisians », Tissue Antigens, vol. 68, n°2, août 2006, pp. 153–162).

Bien que ces études se soient basées sur des échantillons restreints, elles sont parlantes. 


Elles confirment ce que les historiens ont toujours affirmé : l'apport arabe est très minoritaire dans les populations maghrébines (Ibn Khaldoun, Gabriel Camps, etc.), car quelques dizaines de milliers d'envahisseurs arabes n'ont pas pu, matériellement, changer des millions de Berbères en Arabes. 

Le verdict des chercheurs ci-dessus est sans appel : l’identité arabe (ou arabo-musulmane) de la Tunisie, ou du Maghreb, relève plus du fantasme que de la réalité.  


Ce fantasme a été injecté dans les têtes et les esprits à une époque récente : nos pères, nos grands pères et nos aïeux, certainement plus réalistes, n’ont jamais revendiqué cette filiation douteuse, inventée par les monarchies pétrolières et leurs valets islamistes. 

En psychologie, un fantasme est une construction consciente ou inconsciente, permettant au sujet qui s’y met en scène, d’exprimer et de satisfaire un désir plus ou moins refoulé, de surmonter une angoisse.

Oublier ses ancêtres, c’est être un ruisseau sans source, un arbre sans racines Proverbe chinois 


Nous savons que le Maghreb, initialement peuplé de Berbères, a été envahi par de nombreuses populations, qui ont toutes été assimilées à des degrés divers : Phéniciens, Romains, Vandales , Arabes, Espagnols, Turcs et Français. De plus, beaucoup de Maures (Espagnols islamisés) et de Juifs arrivèrent d'Andalousie à la fin du XVe siècle. 


Les premiers Arabes orientaux, venus à partir du VIIe siècle avec les conquêtes musulmanes, ont contribué à l'islamisation de la majeure partie de l'Ifriqiya. 


C'est à partir du XIe siècle, avec l'arrivée des tribus hilaliennes chassées d'Égypte, que l'arabisation linguistique et culturelle devient déterminante. 

Selon Gabriel Camps (Les Berbères. Mémoire et identité, éd. Errance, Paris, 1995, p. 102), « en renforçant par leur présence la part de population nomade, les Arabes arrivés au Xe siècle ont été d'un poids insignifiant sur le plan démographique, mais déterminant sur le plan culturel et socio-économique. » 

Comme le dit Ibn Khaldoun, "nous (Maghrébins) ne sommes pas des Arabes, nous sommes des « arabisés » (moustaaraboune)". Il n’y a aucune honte à le reconnaître : les Maghrébins sont …des Maghrébins (Magharibeh).

Génétique : Adn et généalogie ou l’histoire de nos ancêtres 


A partir d’un simple prélèvement salivaire, les généticiens sont désormais en mesure de retracer l’histoire des migrations des ancêtres de tout individu. 


Leurs techniques sont si performantes qu’elles permettent de remonter jusqu’à la préhistoire, soit 900 ans avant Jésus-Christ, juste avant l’arrivée, en 814 av.J.C., de Didon/Elyssa, fondatrice et reine de Carthage. 

C’est au travers de l’haplogroupe que les généticiens sont capables de remonter la lignée généalogique sur autant de décennies. 


Les haplogroupes peuvent se définir comme les branches de l’arbre généalogique des Homo Sapiens, ils représentent l’ensemble des personnes ayant un profil génétique similaire grâce au partage d’un ancêtre commun. 

On distingue deux sortes d’haplogroupe, le premier étant d’ADN mitochondrial et le second de chromosome Y. 


L’ ADN mitochondrial (ADNmt) est transmis de la mère à ses enfants (fille et garçon), l’haplogroupe ADNmt réunit les personnes d’une même lignée maternelle. 

Le chromosome Y est transmis uniquement du père vers son fils, l’haplogroupe chromosome Y se compose des hommes partageant un ancêtre de la lignée paternelle. 

Grâce à l’identification des haplogroupes et à leur comparaison entre populations, il est possible de connaître, avec une certitude relative, les déplacements migratoires réalisés par des peuples. Ces techniques permettent donc de déterminer la zone géographique dans laquelle nos ancêtres vécurent. 


L’haplogroupe se détermine à partir des SNPs, c’est-à-dire les single nucleotide polymorphism qui sont eux-mêmes des variations de couples de base (A-D-T-N) de séquences d’ADN. 


Différents tests et analyses existent aujourd’hui et permettent d’identifier rapidement les SNP, sur l’ADNmt et le chromosome Y. Les similitudes sont alors regroupées en haplogroupe. 

Bien que non significatif en termes de généalogie (les haplogroupes constituent des ensembles trop importants pour fournir des renseignements spécifiques à une unique lignée familiale), ces données renseignent sur les migrations géographiques de peuples et fournissent progressivement une cartographie mondiale de plus en plus précise sur l’histoire des hommes préhistoriques.

Lignée paternelle maghrébine : l'ADN du chromosome Y

La principaux haplogroupes du chromosome Y des Tunisiens et des Maghrébins (berbérophones et arabophones) en général sont : le marqueur berbère E1b1b1b (M81) (65 % en moyenne) et le marqueur arabe J1 (M267) (15 % en moyenne) auxquels plus de 80 % des Maghrébins appartiennent. 


D'après les données du tableau intitulé "Lignée paternelle : l'ADN du chromosome Y" figurant dans l'article de Wikipedia relatif aux Maghrébins , nous avons calculé que, en moyenne, chez les Maghrébins, le marqueur berbère est majoritaire à 59,6% , et que le marqueur arabe est minoritaire à 20,6%.



E1b1b1b (le marqueur berbère, carte ci-dessus), est caractéristique des populations du nord-ouest de l'Afrique (Maghreb) où sa fréquence moyenne est d'environ 50 %. Dans certaines parties isolées du Maghreb, sa fréquence peut culminer jusqu'à 100 % de la population. 


Cet haplogroupe se retrouve aussi dans la péninsule Ibérique (5 % en moyenne) et à des fréquences moins élevées, en Italie, en Grèce et en Franc
J1 est un haplogroupe « sémitique » très fréquent dans la péninsule arabique, avec des fréquences avoisinant 70 % au Yémen. 


J1 est le marqueur « arabe », carte ci-dessous. 20 % des Juifs appartiennent aussi à J1. On en conclut que l'origine des Arabes est le Yémen. Le marqueur arabe se retrouve aussi en Turquie, en Europe du Sud et en France.


Lignée maternelle : l'ADN mitochondrial

De nombreuses études ont été menées sur des populations du Maroc, d'Algérie, de Tunisie, ou plus globalement du Nord de l'Afrique. Les auteurs montrent que la structure génétique mitochondriale générale des Tunisiens et des populations du Maghreb est composée majoritairement d'haplogroupes (H, J, T, V...) fréquents dans les populations européennes (de 45 à 85 %), d'haplogroupes L (de 3 à 50 %) très fréquents dans les populations sub-sahariennes, de l'haplogroupe M1 (de 0 à 15 %) détectés principalement dans les populations est-africaines, de l'haplogroupe U6 (0 à 28 %), surtout présent en Afrique du Nord et également a des fréquences de 5 % dans la péninsule Ibérique, et d'haplogroupes M, N ou X (de 0 à 8 %) détectés principalement en Eurasie. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Maghr%C3%A9bins#G.C3.A9n.C3.A9tique).

Conclusions de la génétique

D'après wikipedia "La principaux haplogroupes du chromosome Y des Tunisiens et des Maghrébins berbérophones et arabophones en général sont : E1b1b1b (M81) (65 % en moyenne) et J1 (M267) (15 % en moyenne) auxquels plus de 80 % des Tunisiens appartiennent."

En moyenne, le Maghrébin est donc :

- à 65% d'ascendance berbère et à 15% d'ascendance arabe du côté paternel,

à plus de 50% d'ascendances diverses, qu'il partage avec les Européens, du côté maternel.

Cette conclusion devrait clouer le bec aux racistes des deux bords de la Méditerranée : par nos mères, nous avons une forte ascendance commune avec les Européens. 


Les défenseurs de l’hégémonie, voire même de l’exclusivité du caractère arabo-musulman de la Tunisie, et plus généralement du Maghreb, tentent de gommer de la mémoire collective toutes les autres composantes de l’identité nationale ou maghrébine et d’imposer une conception extra-territoriale de l’Etat nation, en l’occurrence la oumma islamique, prélude à la dissolution de la Tunisie, de l'Algérie et du Maroc dans un califat archaïque et cauchemardesque.

Mais là où le bât blesse encore plus, c’est que, alors que la plupart des sociétés s’orientent vers le multiculturalisme, le "monde arabe" semble à la recherche d’une pureté identitaire complètement fantasmée.
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Hannibal GENSERIC


NOTES (30/03/2015) :

1) Cet article a été publié initialement le 06/08/2012. Il a déchaîné des réactions généralement hostiles, car les racistes détestent voir la réalité en face.

Voici une citation que je reprends à mon compte : "A Eupedia, nous considérons que la connaissance de l’histoire est essentiel pour comprendre la mosaïque ethnique, culturelle et linguistique complexe du monde moderne. Retraçant l’ascendance et les anciens mouvements des populations en Europe et de ses interactions avec d’autres régions comme l’Asie de l’Ouest ou de l’Afrique du Nord fournit des informations précieuses sur ce que signifie être européen aujourd’hui et sur ce patrimoine commun que les Européens partagent avec leurs voisins. Comprendre la diversité des variations génétiques dans la société et comment de nombreuses migrations historiques ont façonné nos gènes et notre identité est l’un des moyens les plus efficaces pour éradiquer la xénophobie et dissiper les mythes au sujet du racisme."

2) Je parlais ci-dessus, en 2012, d'un "califat cauchemardesque" : il est là. Il s'appelle Etat Islamique/ISIS/ DAESH. Implanté par l'Occident et par ses valets arabes (Arabie, Qatar, ...) en Syrak, il s'étend maintenant vers le Maghreb, en s'implantant en Libye. La Tunisie vient d'en subir les premières conséquences (attentat au Bardo). L'Europe sera sa prochaine étape, si elle continue à suivre aveuglément la politique que lui dictent Washington et Tel Aviv. Ceux-là ne cherchent que leur seul intérêt, au détriment de celui de l'Europe et du reste du Monde.

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