samedi 26 septembre 2015

Congo-Brazzaville: les motifs d’un changement de Constitution ne convainquent pas

le 26-09-2015 

 

Denis-Sassou Nguesso, président du Congo-Brazzaville, le 3 mars 2015 lors d'une visite à Bruxelles.AFP PHOTO / THIERRY CHARLIER

Changer de Constitution pour changer de gouvernance, c'est l'objectif visé par le référendum annoncé pour les tous prochains jours au Congo, selon le ministre de la Communication et des Médias, Thierry Moungalla, qui était face à la presse hier, vendredi 25 septembre. 


Pour lui, le référendum n'a pas été initié pour ouvrir la porte d'un troisième mandat au président Denis Sassou-Nguesso en 2016. Un argumentaire qui a du mal à passer dans la société civile.

Nommé ministre de la Communication et des Médias le 10 août dernier, Thierry Moungalla animait hier sa toute première conférence de presse face à un parterre de journalistes venus de divers horizons. 


Il a tenu à expliquer pendant une heure l’intérêt d’aller au référendum, arguant que la loi fondamentale en vigueur n’est pas inclusive. 

Pour lui, l’objectif visé par le changement de la Constitution n’est pas de donner la possibilité au président Denis Sassou-Nguesso de briguer un troisième mandat en 2016.

« Là, nous ne sommes pas en train de parler des candidats de l’élection de 2016, nous parlons de la modification de la gouvernance de notre pays, a-t-il expliqué. Parce que c’est ça le fond du problème, le problème n’est pas celui d’un homme. Est-ce que le président a dit le 22 septembre, ‘’je veux mon troisième mandat’’ comme le dirait un certain humoriste sur une chaine internationale dont je ne cite pas le nom. ‘’Le troisième mandat’’... il ne s’agit pas d’un troisième mandat, il s’agit de modifier la gouvernance. »

Les déclarations du ministre Moungalla n’ont pas convaincu Trésor Nzila, directeur exécutif de l’Observatoire congolais des droits de l’homme : « En forçant le peuple à aller à un référendum pour adopter une nouvelle Constitution, le président de la République vise un objectif, faire sauter les verrous sur la limite d’âge et le verrou sur le nombre de mandats. Mais quant il opte pour le changement, on comprend que le président de la République veut demeurer au pouvoir. »

« L'habillage d’un coup de force politico-militaire »

L'opposition dénonce aussi une manœuvre du chef de l'Etat pour se maintenir au pouvoir, malgré son âge avancé, 70 ans. 


Et alors que la communauté internationale a discrètement condamné le projet, les ONG parlent d'un coup d'Etat constitutionnel. C'est le cas de la FIDH, qui lance un appel.

« L’ensemble des organisations de la campagne ‘’Mon vote va compter’’, alerte sur la tenue de ce référendum qui ne constitue, en fait, qu’un coup d’Etat constitutionnel, martèle Florent Geel, responsable Afrique à la FIDH. La FIDH et ses organisations membres suivent depuis 20 ans la situation au Congo et les élections ont toujours été entachées d’irrégularités, de problématiques, etc. Il est évident que ce référendum va être organisé, il est évident que ce référendum va être gagné par le président et par le parti au pouvoir, tout simplement parce qu’ils ont la main sur tous les organes et les structures des élections. C’est simplement un habillage d’un coup de force politico-militaire. »

En France, le Parti socialiste, au pouvoir, a également réagi au projet de changement de Constitution. 


Selon Maurice Braud, secrétaire à l'international du PS, le président congolais s'engage dans une voie qui vise à priver le peuple congolais de toute alternative politique : « Nous lui demandons de réfléchir avant de prendre cette décision définitivement, car elle nous semble comporter quelques risques et qui plus est, en ce qui nous concerne et nous y sommes attachés, elle contrevient à des règles constitutionnelles précises, qui d’ailleurs ne devraient pas être modifiées. »

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