mardi 13 octobre 2015

Des bombes françaises refont surface aux mains de Boko Haram

le 13-10-2015 

 

Photo publiée par l’armée nigériane montrant une sous-munition de type GR-66 récupérée dans une cache attribuée à Boko Haram. Une arme achetée à la France par le Nigeria dans les années 1980.Armée nigériane

Un double attentat-suicide a fait au moins neuf morts, dimanche matin, dans la région de Mora, dans l'Extrême-Nord du Cameroun, en proie aux attaques des islamistes nigérians de Boko Haram. 


Selon une source sécuritaire et un responsable local, ce sont deux femmes kamikazes qui étaient porteuses des charges. Des explosifs qui, depuis quelque temps, attirent l'attention des services de sécurité camerounais et nigérians. 

En effet, à plusieurs reprises déjà, ce sont des grenades issues de bombes à sous-munitions françaises « Beluga » qui ont été retrouvées sur les candidats aux opérations suicides.

La semaine dernière, l’armée nigériane a donné l'alerte. Des spécialistes du génie ont retrouvé des éléments provenant de ces bombes dans des zones où sévit Boko Haram, dans la région de l'Etat de l'Adamawa. 


Les numéros de série sur ces explosifs sont riches en enseignements, ils ont orienté les recherches de RFI vers la France et l’entreprise Matra qui, au début des années 1980, a équipé l’armée nigériane en bombes à sous-munition de type Beluga.

A l’époque, aucun traité n’interdisait l’usage ou la cession de ces armements et cette période coïncide avec la vente, pour le compte de l’aviation nigériane, de plusieurs avions d'attaque Alpha jets. Des engins fabriqués par Dassaut-Breguet en France et Dornier en Allemagne. Les modèles nigérians provenaient d’ailleurs d'Allemagne.

Des prises de guerre

Les insurgés ont donc probablement récupéré ces bombes Beluga dans des dépôts de munitions sur des bases aériennes nigérianes. Les Alpha jets nigérians étaient notamment basés à Kano et Kainji. Problème, chaque bombe pèse 285 kilos. Elles sont généralement rangées dans de gros conteneurs fermés de 3,5 mètres de long, difficiles à dissimuler.

Les sous-munitions découvertes, beaucoup plus petites, ne pèsent que 1,3 kilo. Chaque bombe Beluga contient 151 de ces sous-munitions. D'après les photos publiées par l'armée nigériane, les explosifs retrouvés seraient de type GR-66-EG, autrement dit des grenades à éclats, mortelles dans un rayon de 50 mètres.

L'armée nigériane utilise toujours ses Alpha jets et vient même d'en acheter deux supplémentaires sur le marché civil aux Etats-Unis. Le Nigeria est signataire de la convention d'Oslo sur les sous-munitions, mais n'a pas encore ratifié le texte.


Equipe de formation du constructeur lors de la livraison des Alpha jets à l’armée nigériane dans les années 80.
via Der Alpha jet, Bernd and Franck Vetter


Gilets d'explosifs conçus à partir de sous-munitions provenant de bombes d’aviation (Document BIR).
RFI/Nicolas Champeaux




Photo publiée par l’armée nigériane montrant une sous-munition de type GR-66 récupéré dans une cache attribuée à Boko Haram. Une arme achetée à la France par le Nigeria dans les années 80.
Armée nigériane




Schéma explicatif d’une sous-munition montée sur les Béluga.
Uxo.com


Alpha jets nigérians lors de leur livraison par l’Allemagne dans les années 80.
via Der Alpha jet, Bernd and Franck Vetter


Nicolas Champeaux
Olivier Fourt

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